TURQUIE
La rue réclame le départ d'Erdogan, empêtré dans un scandale de corruption
Six mois après la fronde populaire qui a fait vaciller le pouvoir de
M. Erdogan, plusieurs organisations ont appelé à deux rassemblements
de masse à Istanbul, sur l'emblématique place Taksim, et dans la
capitale Ankara pour exiger le départ de M. Erdogan et de son
gouvernement islamo-conservateur.
Le chef du gouvernement fait face à un vaste scandale de corruption
qui a éclaté le 17 décembre avec l'arrestation de dizaines de
personnes, parmi lesquelles figurent les fils de trois ministres.
L'enquête de police avait été menée en secret depuis plusieurs mois.
M. Erdogan a de nouveau affirmé vendredi être la victime d'un «
complot » de « lobbies des taux d'intérêts et du chaos », exploitant
son pays et ses richesses. Lors d'une allocution à Sakarya
(nord-ouest), il s'en est pris à l'action de certains procureurs et
magistrats qui ont mis au jour le scandale.
Bras de fer avec la justice
Le remaniement gouvernemental d'urgence qu'il a opéré après la
démission de trois ministres éclaboussés n'a pas suffi à étouffer
l'onde de choc. L'annonce jeudi du dessaisissement d'un des procureurs
en charge de l'enquête a mis en lumière le bras de fer qui oppose la
justice turque et l'exécutif.
Dénonçant des « pressions » de la police et de sa hiérarchie, ce
procureur a accusé la police d'avoir refusé d'appréhender une
trentaine de personnes, notamment des personnalités proches du Parti
de la justice et du développement (AKP) du Premier ministre, et des
hommes d'affaires connus.
Le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative turque, a
asséné vendredi un camouflet à l'exécutif en bloquant un décret
gouvernemental controversé publié dans la foulée du scandale. Ce
décret obligeait la police à informer sa hiérarchie avant toute
arrestation.
Dans sa chasse aux sorcières au sein de la police, M. Erdogan a
sanctionné plus d'une centaine de hauts gradés, leur reprochant de ne
pas avoir mis le gouvernement au courant de l'enquête qui le vise.
Démissions au parlement
La presse turque a vu dans cette épreuve de force entre le
gouvernement et la police d'un côté, la magistrature de l'autre, une
atteinte flagrante à l'indépendance de la justice.
Trois députés du parti gouvernemental, menacés d'expulsion pour s'être
prononcés en faveur de l'indépendance de la justice, ont annoncé leur
démission.
« Il n'est plus possible de faire entendre quoi que ce soit au parti
au pouvoir », a indiqué l'un d'eux, Ertugrul Günay, un ancien ministre
de la Culture. Il a accusé son ancien parti d'« arrogance » et
d'entraver les actions de la justice. En dix jours, l'AKP a perdu cinq
députés.
L'armée prend ses distances
L'armée, qui a pris plusieurs fois dans le passé le pouvoir en
Turquie, a jugé bon d'affirmer publiquement qu'elle refusait de
prendre parti dans cette crise. « Les forces armées turques (TSK) ne
veulent pas être impliquées dans les débats politiques », selon un
communiqué en ligne.
Les médias ont indiqué par ailleurs que l'enquête s'intéressait de
près à l'un des deux fils du Premier ministre, Bilal Erdogan,
président d'une fondation. Il est soupçonné de trafic d'influence. Le
chef du gouvernement aurait lui-même admis son inquiétude. « La cible
principale de cette opération, c'est moi », aurait-il dit à son
entourage.
Tension sur les marchés
La crise politique a provoqué une forte nervosité sur les marchés. La
devise nationale est tombée à 2,1661 livres pour un dollar vendredi,
soit un nouveau bas historique, en dépit d'interventions de la banque
centrale. La Bourse d'Istanbul a reculé de 2%.
L'ampleur du scandale est susceptible d'affecter le score de M.
Erdogan aux élections locales de mars et à la présidentielle d'août
qui, pour la première fois, aura lieu au suffrage universel direct.
dimanche 29 décembre 2013,
Stéphane ©armenews.com
From: A. Papazian
La rue réclame le départ d'Erdogan, empêtré dans un scandale de corruption
Six mois après la fronde populaire qui a fait vaciller le pouvoir de
M. Erdogan, plusieurs organisations ont appelé à deux rassemblements
de masse à Istanbul, sur l'emblématique place Taksim, et dans la
capitale Ankara pour exiger le départ de M. Erdogan et de son
gouvernement islamo-conservateur.
Le chef du gouvernement fait face à un vaste scandale de corruption
qui a éclaté le 17 décembre avec l'arrestation de dizaines de
personnes, parmi lesquelles figurent les fils de trois ministres.
L'enquête de police avait été menée en secret depuis plusieurs mois.
M. Erdogan a de nouveau affirmé vendredi être la victime d'un «
complot » de « lobbies des taux d'intérêts et du chaos », exploitant
son pays et ses richesses. Lors d'une allocution à Sakarya
(nord-ouest), il s'en est pris à l'action de certains procureurs et
magistrats qui ont mis au jour le scandale.
Bras de fer avec la justice
Le remaniement gouvernemental d'urgence qu'il a opéré après la
démission de trois ministres éclaboussés n'a pas suffi à étouffer
l'onde de choc. L'annonce jeudi du dessaisissement d'un des procureurs
en charge de l'enquête a mis en lumière le bras de fer qui oppose la
justice turque et l'exécutif.
Dénonçant des « pressions » de la police et de sa hiérarchie, ce
procureur a accusé la police d'avoir refusé d'appréhender une
trentaine de personnes, notamment des personnalités proches du Parti
de la justice et du développement (AKP) du Premier ministre, et des
hommes d'affaires connus.
Le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative turque, a
asséné vendredi un camouflet à l'exécutif en bloquant un décret
gouvernemental controversé publié dans la foulée du scandale. Ce
décret obligeait la police à informer sa hiérarchie avant toute
arrestation.
Dans sa chasse aux sorcières au sein de la police, M. Erdogan a
sanctionné plus d'une centaine de hauts gradés, leur reprochant de ne
pas avoir mis le gouvernement au courant de l'enquête qui le vise.
Démissions au parlement
La presse turque a vu dans cette épreuve de force entre le
gouvernement et la police d'un côté, la magistrature de l'autre, une
atteinte flagrante à l'indépendance de la justice.
Trois députés du parti gouvernemental, menacés d'expulsion pour s'être
prononcés en faveur de l'indépendance de la justice, ont annoncé leur
démission.
« Il n'est plus possible de faire entendre quoi que ce soit au parti
au pouvoir », a indiqué l'un d'eux, Ertugrul Günay, un ancien ministre
de la Culture. Il a accusé son ancien parti d'« arrogance » et
d'entraver les actions de la justice. En dix jours, l'AKP a perdu cinq
députés.
L'armée prend ses distances
L'armée, qui a pris plusieurs fois dans le passé le pouvoir en
Turquie, a jugé bon d'affirmer publiquement qu'elle refusait de
prendre parti dans cette crise. « Les forces armées turques (TSK) ne
veulent pas être impliquées dans les débats politiques », selon un
communiqué en ligne.
Les médias ont indiqué par ailleurs que l'enquête s'intéressait de
près à l'un des deux fils du Premier ministre, Bilal Erdogan,
président d'une fondation. Il est soupçonné de trafic d'influence. Le
chef du gouvernement aurait lui-même admis son inquiétude. « La cible
principale de cette opération, c'est moi », aurait-il dit à son
entourage.
Tension sur les marchés
La crise politique a provoqué une forte nervosité sur les marchés. La
devise nationale est tombée à 2,1661 livres pour un dollar vendredi,
soit un nouveau bas historique, en dépit d'interventions de la banque
centrale. La Bourse d'Istanbul a reculé de 2%.
L'ampleur du scandale est susceptible d'affecter le score de M.
Erdogan aux élections locales de mars et à la présidentielle d'août
qui, pour la première fois, aura lieu au suffrage universel direct.
dimanche 29 décembre 2013,
Stéphane ©armenews.com
From: A. Papazian