GENOCIDE DES TUTSIS
Ibuka France proteste contre Canal+
Ibuka France a adressé un courrier au Président du CSA pour protester
contre la profanation de la mémoire du génocide des Tutsi par la
chaine Canal + :
` Monsieur le Président,
L'association pour la mémoire du génocide des Tutsi du Rwanda, Ibuka
France, proteste contre la profanation de cette mémoire par la chaîne
Canal+ le vendredi 20 décembre dernier dans son émission phare « Le
Débarquement - Le rendez-vous en parenthèses inattendues », dont le
lien est Dans un dialogue entre comédiens autour d'un thé à la menthe
et d'un repas, on entend dire « Franchement, même après le génocide,
ils sont encore là ces Rwandais ...on te dit Génocide, Génocide, moi
je trouve qu'il y en a encore un paquet en pleine forme... Fais dodo
Colas mon p'tit frère...Maman est en haut coupée en morceau... Papa
est en bas, il lui manque un bras... ».
Pire que les mots, nous dénonçons l'ambiance de gouaillerie dans
laquelle a baigné l'échange. Peut-on rire autant de la souffrance des
autres ? Les tirades des comédiens et le rire du public rappellent
étrangement les émissions de la fameuse Radio des Mille Collines
(RTLM) à Kigali en 1994 dans lesquelles les appels aux meurtres
étaient accompagnés de plaisanteries cyniques. « Il y en a encore un
paquet » évoque la formule largement attribuée à la RTLM : « la fosse
n'est pas encore pleine ». Quant à la berceuse macabre, elle rappelle
par trop la morbidité des caricatures du bimensuel raciste Kangura.
Au nom des victimes, nous demandons :
au CSA de publier des excuses publiques pour son manque de vigilance à
la Chaîne de condamner les auteurs du scénario aux pouvoirs publics de
sortir d'un silence et des ambiguïtés qui sont devenus le lit d'un
négationnisme public et vulgaire. Que l'on nous comprenne bien. Nous
ne sommes pas contre la liberté de création. Mais lorsque celle-ci
devient le lieu d'outrage à la douleur des femmes et des hommes, il
faut le dénoncer. Non, on ne peut pas tout dire. En tout cas, nous
estimons qu'on ne peut pas rire de tout.
Et s'il est vrai que l'on peut apprendre en s'amusant et que l'on peut
donc enseigner tout en faisant rire, il y a, dans ce cas, besoin d'un
avertissement. Dans un pays où même les manuels scolaires font encore
la confusion entre victimes et bourreaux du génocide des Tutsis, ce
montage de scènes invraisemblables et aussi blessantes les unes que
les autres, ne peut que contribuer à brouiller les pistes en faisant
souffrir les rescapés encore davantage. Pourquoi cela à la veille de
la vingtième commémoration ?
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de ma
considération distinguée.`
Marcel Kabanda
Président d'Ibuka France
lundi 30 décembre 2013,
Ara ©armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article-061
Ibuka France proteste contre Canal+
Ibuka France a adressé un courrier au Président du CSA pour protester
contre la profanation de la mémoire du génocide des Tutsi par la
chaine Canal + :
` Monsieur le Président,
L'association pour la mémoire du génocide des Tutsi du Rwanda, Ibuka
France, proteste contre la profanation de cette mémoire par la chaîne
Canal+ le vendredi 20 décembre dernier dans son émission phare « Le
Débarquement - Le rendez-vous en parenthèses inattendues », dont le
lien est Dans un dialogue entre comédiens autour d'un thé à la menthe
et d'un repas, on entend dire « Franchement, même après le génocide,
ils sont encore là ces Rwandais ...on te dit Génocide, Génocide, moi
je trouve qu'il y en a encore un paquet en pleine forme... Fais dodo
Colas mon p'tit frère...Maman est en haut coupée en morceau... Papa
est en bas, il lui manque un bras... ».
Pire que les mots, nous dénonçons l'ambiance de gouaillerie dans
laquelle a baigné l'échange. Peut-on rire autant de la souffrance des
autres ? Les tirades des comédiens et le rire du public rappellent
étrangement les émissions de la fameuse Radio des Mille Collines
(RTLM) à Kigali en 1994 dans lesquelles les appels aux meurtres
étaient accompagnés de plaisanteries cyniques. « Il y en a encore un
paquet » évoque la formule largement attribuée à la RTLM : « la fosse
n'est pas encore pleine ». Quant à la berceuse macabre, elle rappelle
par trop la morbidité des caricatures du bimensuel raciste Kangura.
Au nom des victimes, nous demandons :
au CSA de publier des excuses publiques pour son manque de vigilance à
la Chaîne de condamner les auteurs du scénario aux pouvoirs publics de
sortir d'un silence et des ambiguïtés qui sont devenus le lit d'un
négationnisme public et vulgaire. Que l'on nous comprenne bien. Nous
ne sommes pas contre la liberté de création. Mais lorsque celle-ci
devient le lieu d'outrage à la douleur des femmes et des hommes, il
faut le dénoncer. Non, on ne peut pas tout dire. En tout cas, nous
estimons qu'on ne peut pas rire de tout.
Et s'il est vrai que l'on peut apprendre en s'amusant et que l'on peut
donc enseigner tout en faisant rire, il y a, dans ce cas, besoin d'un
avertissement. Dans un pays où même les manuels scolaires font encore
la confusion entre victimes et bourreaux du génocide des Tutsis, ce
montage de scènes invraisemblables et aussi blessantes les unes que
les autres, ne peut que contribuer à brouiller les pistes en faisant
souffrir les rescapés encore davantage. Pourquoi cela à la veille de
la vingtième commémoration ?
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de ma
considération distinguée.`
Marcel Kabanda
Président d'Ibuka France
lundi 30 décembre 2013,
Ara ©armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article-061