MARSEILLE : DES ARTISTES MEDITERRANEENS PARLENT D'EXIL ET DE LIBERTE
Pour cette exposition "Ici, Ailleurs", proposee jusqu'au 31 mars dans
le cadre de la capitale europeenne de la culture, tous ont ete reunis
a la Friche de la belle de mai, vaste lieu de fabrique culturelle
installe dans une ancienne manufacture de tabacs.
La, la Francaise Annette Messager montre un bateau ballotte sur un
tapis de cheveux ("La mer echevelee"), demonte par des ventilateurs :
une "metaphore de la vie et des incertitudes de la traversee".
Plus loin, Zineb Sedira, nee a Gennevilliers dans une famille
algerienne, s'est plongee dans les archives de Marcel Baudelaire qui
photographia le port de Marseille, pour en retranscrire la memoire
en video.
Tous sont "des artistes nomades", explique la commissaire, Juliette
Laffon, qui a souhaite "favoriser les projets les plus abordables"
pour le public.
Souvent grave, l'exposition offre un large spectre d'oeuvres, mais
les points communs sont la : attachement a la memoire, aux libertes,
questions d'identite (culturelle, sexuelle...), ombre de l'actualite...
Et le resultat peut etre saisissant : ainsi le travail de Hrair
Sarkissian, ne a Damas et base a Londres, qui immortalise, visages
dans la penombre, des descendants d'Armeniens de Turquie convertis a
l'islam en 1915. Des tirages grand format impressionnants, portraits
sans visage de ces reconvertis dans le secret au christianisme.
La Tunisienne Mouna Karray, 42 ans, a photographie son corps couvert
d'un drap blanc. "Je voulais parler d'enfermement, social, politique,
intellectuel," dit-elle a l'AFP, de ce travail initie peu avant la
revolution du Jasmin.
Cette serie "est un acte d'existence : j'existe, meme si on ne me voit
pas", commente-t-elle, interrogee au lendemain du meurtre de l'opposant
au pouvoir islamiste Chokri Belaïd : "J'en suis malade", dit-elle.
"Depuis la Revolution, un mouvement artistique underground est en
train de naître. L'artiste a compris qu'il a le droit d'occuper la
rue, de sortir (...) Le seul moyen de lutter contre l'obscurite,
c'est la culture et l'esprit critique", dit-elle encore.
Au dernier etage de l'exposition montee dans une "tour-panorama" tout
juste inauguree au sein de la Friche, la Libanaise Lara Baladi a,
elle, pendu au plafond une enorme ceinture de chastete de cuir et fer.
La sculpture "renvoie aux evenements en Egypte depuis janvier 2011",
dit-elle, et "s'elève contre l'interdit, particulièrement la menace
pesant sur les libertes des femmes".
Orlan a pour sa part assiste a des ceremonies de remise de titres
de citoyennete a Marseille. "Un moment emouvant", raconte a l'AFP la
Francaise qui photographie ici 24 de ces visages, sur fond de drapeaux
mouvants colorant les peaux.
Sur 39 artistes, 28 ont cree leur oeuvre specialement. L'exposition
(budget d'1,2 million d'euros) mettait a leur disposition 10.000 euros
: certains sont restes dans ces limites, d'autres ont dû recourir a
des complements, l'aide de leur galerie par exemple.
Quelques uns sont aussi venus en residence dans des entreprises de
la region, via les "Ateliers de l"EuroMediterranee", mis en place
pour cette annee de capitale de la culture.
Comme le Palestinien Taysir Batniji, accueilli dans une savonnerie
de Salon-de-Provence, et qui rappelle sur 349 savons de Marseille
graves que "toute personne a le droit de circuler librement".
"Le thème du deplacement est recurrent dans mon travail", relève ce
natif de Gaza installe a Paris, qui souligne aussi "la fragilite" des
choses : il avait deja inscrit ce message a Genève dans du chocolat,
finalement devore par le public.
mercredi 13 fevrier 2013, Stephane ©armenews.com
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
Pour cette exposition "Ici, Ailleurs", proposee jusqu'au 31 mars dans
le cadre de la capitale europeenne de la culture, tous ont ete reunis
a la Friche de la belle de mai, vaste lieu de fabrique culturelle
installe dans une ancienne manufacture de tabacs.
La, la Francaise Annette Messager montre un bateau ballotte sur un
tapis de cheveux ("La mer echevelee"), demonte par des ventilateurs :
une "metaphore de la vie et des incertitudes de la traversee".
Plus loin, Zineb Sedira, nee a Gennevilliers dans une famille
algerienne, s'est plongee dans les archives de Marcel Baudelaire qui
photographia le port de Marseille, pour en retranscrire la memoire
en video.
Tous sont "des artistes nomades", explique la commissaire, Juliette
Laffon, qui a souhaite "favoriser les projets les plus abordables"
pour le public.
Souvent grave, l'exposition offre un large spectre d'oeuvres, mais
les points communs sont la : attachement a la memoire, aux libertes,
questions d'identite (culturelle, sexuelle...), ombre de l'actualite...
Et le resultat peut etre saisissant : ainsi le travail de Hrair
Sarkissian, ne a Damas et base a Londres, qui immortalise, visages
dans la penombre, des descendants d'Armeniens de Turquie convertis a
l'islam en 1915. Des tirages grand format impressionnants, portraits
sans visage de ces reconvertis dans le secret au christianisme.
La Tunisienne Mouna Karray, 42 ans, a photographie son corps couvert
d'un drap blanc. "Je voulais parler d'enfermement, social, politique,
intellectuel," dit-elle a l'AFP, de ce travail initie peu avant la
revolution du Jasmin.
Cette serie "est un acte d'existence : j'existe, meme si on ne me voit
pas", commente-t-elle, interrogee au lendemain du meurtre de l'opposant
au pouvoir islamiste Chokri Belaïd : "J'en suis malade", dit-elle.
"Depuis la Revolution, un mouvement artistique underground est en
train de naître. L'artiste a compris qu'il a le droit d'occuper la
rue, de sortir (...) Le seul moyen de lutter contre l'obscurite,
c'est la culture et l'esprit critique", dit-elle encore.
Au dernier etage de l'exposition montee dans une "tour-panorama" tout
juste inauguree au sein de la Friche, la Libanaise Lara Baladi a,
elle, pendu au plafond une enorme ceinture de chastete de cuir et fer.
La sculpture "renvoie aux evenements en Egypte depuis janvier 2011",
dit-elle, et "s'elève contre l'interdit, particulièrement la menace
pesant sur les libertes des femmes".
Orlan a pour sa part assiste a des ceremonies de remise de titres
de citoyennete a Marseille. "Un moment emouvant", raconte a l'AFP la
Francaise qui photographie ici 24 de ces visages, sur fond de drapeaux
mouvants colorant les peaux.
Sur 39 artistes, 28 ont cree leur oeuvre specialement. L'exposition
(budget d'1,2 million d'euros) mettait a leur disposition 10.000 euros
: certains sont restes dans ces limites, d'autres ont dû recourir a
des complements, l'aide de leur galerie par exemple.
Quelques uns sont aussi venus en residence dans des entreprises de
la region, via les "Ateliers de l"EuroMediterranee", mis en place
pour cette annee de capitale de la culture.
Comme le Palestinien Taysir Batniji, accueilli dans une savonnerie
de Salon-de-Provence, et qui rappelle sur 349 savons de Marseille
graves que "toute personne a le droit de circuler librement".
"Le thème du deplacement est recurrent dans mon travail", relève ce
natif de Gaza installe a Paris, qui souligne aussi "la fragilite" des
choses : il avait deja inscrit ce message a Genève dans du chocolat,
finalement devore par le public.
mercredi 13 fevrier 2013, Stephane ©armenews.com
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress