Le Â" Néo-Nég Â" ou le Â" négationnisme so chic Â" de Radio MIT
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Publié le : 18-02-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Mis a jour le lundi 18
février 2013 - 18:07.
La radio franco-turque MIT, diffusée sur internet a partir de
Villeurbanne, se veut être Â" La voix de la justice et de la vérité
face a la désinformation pathologique des autres Â". Un nom aisé a
retenir (Made in Turkey), un acronyme qui se rappelle au bon souvenir
de ceux qui ont subi les sévices du vrai MIT de Turquie (Millî
Ä°stihbarat TeÅ~_kilatı - Â" Organisation du renseignement national Â"), et
surtout un message que l'on pourrait résumer ainsi : il faut que
cessent la Â" turcophobie Â" et Â" l'islamophobie Â" qui frappent la
communauté franco-turque, Â" victime Â" de Â" préjugés Â" a mettre
certainement 'au crédit' de la diaspora arménienne. Faisant preuve de
Â" malveillance Â" et de Â" mauvaise foi Â", les Arméniens prétendent en
effet Â" depuis des décennies Â" qu'un génocide a été perpétré en 1915 a
l'encontre des sujets arméniens de l'Empire ottoman. Or, selon MIT, si
génocide il y a, c'est celui Â" horrible Â" de Khodjaly, qui aurait été
perpétré en février 1992 par l'armée arménienne contre des villageois
d'Azerbaïdjan. La dialectique négationniste a pour but d'intervertir
victimes et assassins : les billevesées inventées de toutes pièces par
Bakou (et ses alliés d'Ankara) au sujet de Khodjaly sont de grossières
manipulations mais qu'importe. Au jeu malsain de la dénonciation des
'crimes' arméniens et de la Â" vision unilatérale Â" du génocide
arménien, la Radio Made In Turkey excelle, tout en prétendant tenir un
discours citoyen.
De nombreuses personnalités francaises se laissent piéger et accordent
des interviews annoncées également sur le site outrancièrement
négationniste Turquie News.
Ce mardi 19 février, ce sera au tour de Thierry Mariani, Président du
groupe France-Azerbaïdjan au Parlement, de répondre aux questions de
MIT lors de l'émission Politika (21h), consacrée aux Â" évènements et
au massacre de plus de 600 civils azerbaïdjanais par l'armée
arménienne Â".
Par quel tour de passe-passe, la Radio Mit, qui prône la Â" solidarité
des Turciques Â" contre les Â" mensonges Â" arméniens, est-elle devenue
la vitrine d'un négationnisme 'respectable' ? La 'légitimité' accordée
par nos élus a son discours valide de facto une idéologie dangereuse
dont on remarque les effets sur la jeunesse franco-turque. Pas plus
tard que ce dimanche 17 février, des appels au meurtre virulents ont
été postés sur la page Facebook La Turquie doit reconnaître le
Génocide des Arméniens[1].
Radio MIT arguera n'être en rien responsable de ce déferlement de
haine sur internet, mais le moins que l'on puisse dire, c'est que les
animateurs de cette radio 'citoyenne' n'incitent pas leurs auditeurs a
entreprendre un salutaire travail de mémoire. Bien au contraire.
Photo : Logo MIT
Pour accompagner cette lecture, il est bon de visionner un reportage
sous-titré en anglais qui donne la parole aux acteurs présents sur le
terrain en février 1992 (journalistes, hommes politiques,
combattants). La vidéo, récemment postée sur YouTube, retrace avec
précision la prise de Khodjaly par les combattants arméniens et montre
la responsabilité du Front National d'Azerbaïdjan dans le massacre
prémédité de la population civile azérie :
Between hunger and fire: power at the expense of lives (Nagorno Karabagh)
Le Collectif VAN vous propose un petit parcours guidé au sein du
'négationnisme so chic' de Radio MIT, que l'on peut qualifier de
'Néo-Négationnisme' ou 'Néo-Nég' pour faire court, et qui ne se
distingue du négationnisme classique que par son relooking
pseudo-citoyen et son regrettable adoubement au niveau politique.
Les citations sont Â" en italique et entre guillemets Â".
Radio MIT se fait fort de vous convaincre des assertions qu'elle
relaye a l'antenne et vous incite a signaler l'ostracisme que vous
subissez en tant que Franco-Turc ou Franco-Azéri. Le 11 septembre
2012, elle avait donné l'antenne au jeune Mustafa Dogan, Â" victime de
turcophobie a l'école Â" : en 2009, collégien a Pont-a-Mousson, le
jeune garcon s'était senti Â" stigmatisé Â" et Â" humilié Â" par un cours
d'histoire sur le génocide arménien. Elève en classe de 3e, il avait
répliqué dans son devoir sur table : Â" il n'y a pas eu de génocide, et
même s'il a eu lieu, ils [les Arméniens] l'avaient mérité Â". La
sanction pédagogique - un exposé sur le génocide arménien - a été Â"
traumatisante Â". Sanction finalement annulée suite a l'intervention
d'une association 'citoyenne' franco-turque locale. Tout au long de
l'interview, le 'journaliste' de MIT suggère les réponses au jeune
Mustafa. Le but visé est clair : le nouveau programme d'histoire
2012/2013 de l'Education nationale ayant renforcé l'enseignement du
génocide arménien et lui ayant donné la place que mérite cet événement
majeur de la Première Guerre mondiale, Radio MIT, sous couvert de
lutte contre la Â" turcophobie Â", fait pression pour obtenir le retrait
de ces pages d'histoire dans les manuels d'Histoire.
La radio se garde bien évidemment de donner la parole aux
intellectuels turcs qui affrontent avec courage le tabou du génocide
arménien et elle reste sourde aux discours humanistes qui émergent
dans la société civile de Turquie. Si MIT proteste contre les Â"
atteintes a la liberté d'expression Â" en France (a savoir, la loi Â"
liberticide Â" pénalisant, dans notre République, la négation du
génocide arménien), elle reste bien muette sur la situation des droits
de l'homme en Turquie et en Azerbaïdjan où la condition des opposants
est alarmante.
Pour légitimer son discours, Radio MIT convoque a son secours des
politiciens, journalistes, chercheurs, francais et belges, par trop
conciliants.
La tâche peut néanmoins se révéler plus ardue que prévu, par exemple
lorsque la sénatrice Esther Benbassa (Europe Ã~Icologie-Les Verts) -
pourtant farouchement opposée a la pénalisation de la négation du
génocide arménien - met brutalement fin a son interview par ces mots :
Â" Je vous remercie Monsieur, je ne veux pas parler a une radio
négationniste. Merci, au revoir. Â". Bien que nous n'ayons pas écouté
toutes les interviews en ligne - loin de la ! - il semblerait que
cette réaction salutaire reste une exception. Sur le site de MIT, le
podcast de l'interview de Mme Benbassa ne figure plus sous son nom
dans la liste des invités. On remarque que c'est aussi le cas pour
quatre autres personnalités interviewées : peut-être ont-elles
également refusé d'endosser le mantra 'Néo-Neg' de Radio MIT ?
Mais ne serait-il pas souhaitable que les invités prennent le temps de
la réflexion avant de se précipiter au micro d'une radio dont la
convergence de vue avec le site ouvertement négationniste Turquie News
s'étale sur le web ? Est-il sain pour notre société d'ignorer que des
discours fustigeant les Â" mensonges Â" arméniens se trouvent légitimés
par des représentants politiques ? Est-il acceptable qu'une radio -
qui de facto alimente une animosité a l'égard de la diaspora
arménienne et distille 'l'idéal' négationniste parmi la jeunesse
franco-turque et franco-azérie - soit honorée de la présence a
l'antenne d'hommes politiques, tous bords confondus ?
Hormis les interventions des politiques, l'interview du 22 janvier
2013 de Mirvari Fataliyeva, Présidente de la Maison de l'Azerbaïdjan a
Paris, a retenu toute notre attention. Son association a été réactivée
fort opportunément en septembre 2012 : le Président azéri Ilham Aliyev
- créant une vague de protestation mondiale - venait de gracier et de
recevoir en héros a Bakou, Ramil Safarov, qui avait décapité dans son
sommeil un collègue arménien de l'OTAN lors d'un stage en Hongrie.
De l'interview de Melle Fataliyeva, on retiendra surtout la volonté
turco-azérie de contrer, en France, les Â" mensonges Â" de la diaspora
arménienne: Â" Les Arméniens appliquent la politique dite de la victime
dans le monde entier alors que c'est nous qui avons subi les
conséquences de différents massacres Â".
Le faux Â" génocide de Khodjaly Â" y est qualifié d' Â" horreur sans nom
Â" par l'animateur qui, rappelons-le, réfute l'existence du génocide
arménien de 1915. Khodjaly est, depuis quelques années,
'instrumentalisé' pour masquer les pogroms commis par l'Azerbaïdjan
contre les Arméniens de Soumgaït, Kirovabad, Bakou et Maragha ainsi
que l'emprisonnement du journaliste azéri Eynulla Fatullayev, qui
avait osé dire la vérité sur Khodjaly.
Mirvari Fataliyeva appelle clairement a Â" la Solidarité entre
Turciques Â", a savoir Â" la synergie et l'entraide entre les
organisations turques et turciques (azerbaïdjanaises,
chypriotes-turques, turques d'Asie centrale) d'Europe occidentale Â".
Ce qui se dessine ressemble a s'y méprendre a un nouveau Panturquisme
ou Pantouranisme, estampillé XXIe siècle et adapté a la sauce
européenne, mais toujours dirigé contre l'entité minoritaire
dérangeante : ces fameux Arméniens coupables de tous les maux, et
prétendument Â" majoritaires Â" en France.
Ils faisaient déja obstacle au rêve d'une Grande Turquie en restant
accrochés (pauvres fous !) a leurs territoires millénaires et on les
retrouve désormais dans tous les pays où la politique génocidaire de
Talaat Pacha, le 'Hitler' turc, les a dispersés il y a près d'un
siècle.
La Â" stratégie Â" annoncée laisse supposer que les pétrodollars azéris,
couplés a la force de frappe de l'Etat turc, vont être employés a
soutenir énergiquement des événements Â" culturels Â", qui seront en
réalité destinés a imposer insidieusement dans l'espace citoyen de la
République francaise, le double-négationnisme de la Turquie et de
l'Azerbaïdjan. Tout est fait pour inverser l'Histoire, présenter
l'Arménie et les Arméniens comme des agresseurs, et faire des Turcs et
des Azéris les victimes réelles de guerres et de massacres pluriels.
Bien qu'elle ne s'en vante pas, la France - au plus haut niveau de
l'Etat - aide cette dangereuse désinformation : c'est au cours du
Conseil des ministres du 25 juillet 2012, que Laurent Fabius a
présenté un projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre
le Gouvernement de la République francaise et le Gouvernement de la
République d'Azerbaïdjan, relatif a la création et aux conditions
d'activités des centres Â" culturels Â" azéris en France. Notons que la
loi proposée par notre ministre des Affaires étrangères faisait suite
a la venue a Paris, le 5 juillet, de son homologue turc Ahmet
Davutoglu. Nous avions déja a l'époque alerté M. Fabius sur l'éthique
problématique des partenariats Â" culturels Â" signés avec la Turquie.
Une politique de compromission économico-politico-culturelle fait son
lit : a travers divers médias, instituts, centres culturels, et
think-tanks créés ou relayés en France - et sous couvert de Â" dialogue
Â" et de Â" défense des valeurs humanistes universelles Â" - Ankara met
en place une stratégie raciste et négationniste 'de bon aloi' -
relayée efficacement par Bakou - afin de contrer le centenaire du
génocide arménien en 2015 en France et dans le monde.
Deux éléments-clés inscrivent le génocide de 1915 dans la durée : son
impunité - qui encourage tous les passages a l'acte - et sa négation
au plus haut niveau de l'Etat héritier du crime. L'historiographie
officielle toujours en vigueur, en Turquie comme chez son allié
l'Azerbaïdjan, est symptomatique de la permanence d'une longue
tradition de massacres des minorités non turques en Anatolie et au
Caucase.
Le génocide arménien n'appartient pas au passé : en témoignent les
assassinats de vieilles Arméniennes, égorgées ces derniers mois a
Istanbul, ainsi que l'appel du dictateur azéri (Â" Nos principaux
ennemis sont les Arméniens du monde entier Â") mis en ligne le 28
février 2012, ou encore la terrible manifestation raciste qui s'est
tenue a Istanbul le dimanche 26 février 2012, sponsorisée par le
ministre de l'Intérieur turc en souvenir du pseudo Â" génocide de
Khodjalou Â", avec des slogans reflétant une haine inquiétante : Â"
L'Arménie doit disparaître Â", Â" Dent pour dent, sang pour sang, la
vengeance, la vengeance Â", Â" Les loups gris sont ici, où sont les
Hrant ? Â"2, Â" Vous êtes tous des Arméniens, vous êtes tous des bâtards
Â", sans oublier l'exécution le 24 avril 2011 de Sevag Balikci, jeune
soldat arménien servant dans l'armée turque, tué par un appelé de son
régiment le jour de la commémoration du génocide arménien.
L'idéologie du génocide de 1915 dépasse les frontières et vise toutes
les minorités non turques, comme le laisse supposer l'assassinat de
trois militantes kurdes en plein Paris.
Le passage a l'acte est systématiquement précédé d'une autre arme :
celle des mots, qui se répercutent a l'envi via le web et les médias.
La phrase d'Elie Wiesel est plus que jamais d'actualité : Â" Le
négationnisme, c'est le double-meurtre Â".
Un nouveau discours raciste et négationniste s'avance, en France, en
se parant pernicieusement des vertus de la citoyenneté. Sommes-nous
les seuls a trouver cela effrayant ?
Collectif VAN
[Vigilance Arménienne contre le Négationnisme]
BP 20083 - 92133 Issy-les-Moulineaux - France
Boîte vocale : +33 (0)1 77 62 70 77
Email: [email protected]
http://www.collectifvan.org
1] La Turquie doit reconnaître le Génocide des Arméniens
Harun Kursun : Et encore c'est peu pour vous, attendez vous a un
nouveau qui détruira définitivement votre pays
Emiirdaglii Yaso : Il oron du vous tué aussi vos arrière grand mère et
père soysuz kopekler [Nota CVAN : soysuz kopekler = chiens bâtards].
2] En référence au charismatique journaliste arménien Hrant Dink,
abattu de trois balles dans la tête le 19 janvier 2007 a Istanbul.
Lors de ses obsèques une foule de 100 000 personnes avait scandé : Â"
Nous sommes tous Hrant Dink Â", Â" Nous sommes tous Arméniens Â".
***
Voici les extraits d'une transcription non officielle de l'émission
Politika du 22/01/13 de la Radio Made in Turkey (domiciliée en région
lyonnaise), faite Â" a la volée Â" par le Collectif VAN. Nous vous
invitons a écouter le podcast de l'émission pour prendre connaissance
de l'exacte teneur des propos qui y ont été tenus.
Pour accompagner cette lecture, il est bon de visionner un reportage
sous-titré en anglais qui donne la parole aux acteurs présents sur le
terrain en février 1992 (journalistes, hommes politiques,
combattants). La vidéo, récemment postée sur YouTube, retrace avec
précision la prise de Khodjaly par les combattants arméniens et montre
la responsabilité du Front National d'Azerbaïdjan dans le massacre
prémédité de la population civile azérie.
Between hunger and fire: power at the expense of lives (Nagorno Karabagh)
D'autres vidéos sont disponibles sur :
Genocide1990Baku
R E T R A N S C R I P T I O N
Mardi 22 janvier 2013 : Emission Politika de la Radio Made in Turkey
[Villeurbanne]
Invitée : Mirvari Fataliyeva, Présidente de la Maison de l'Azerbaïdjan
MIT : Â" Cette émission est consacrée a la synergie, a la solidarité
entre Turcs et Turciques. Vous êtes citoyenne azerbaïdjanaise. Les
Azerbaïdjanais brillent en France par leur dynamisme exemplaire. Nous
parlerons de vous, de la Maison de l'Azerbaïdjan a Paris que vous
présidez, des relations entre les associations franco-turques et
franco-azerbaïdjanaises. Nous tâcherons aussi de parler du conflit du
Haut-Karabagh sous invasion arménienne depuis 23 ans et de l'horreur
vécue a Khodjaly, une horreur sans nom, effroyable, et des différentes
commémorations que vous organisez a votre honneur.
Vous êtes née a Koubadli (pour nos auditeurs, c'est une région
d'Azerbaïdjan adjacente au Karabagh qui est sous occupation arménienne
depuis 1990). Mais depuis 10 ans maintenant vous vivez en France et
êtes citoyenne de la République francaise.
En 2002, vous venez en France pour faire des études supérieures. Vous
êtes solidement diplômée et vous décrochez une Maîtrise en traduction
a l'Université de Bakou. Puis en France, vous décrochez une maîtrise
de francais langue étrangère et un master en Etudes européennes et
Relations internationales, deux brillants diplômes que vous obtenez a
Paris, rappelons-le. Comment est né votre amour de la France ?
Qu'est-ce que vous aimez le plus en France et chez les citoyens
francais ? Â"
Mirvari Fataliyeva : Â" D'aussi longtemps que je me souvienne, nous
lisions déja les grands auteurs francais comme Victor Hugo, Honoré de
Balzac, Stendhal, Sartre. Cet amour pour la France vient de la, sous
l'impulsion de mon père qui est un amoureux de la France. Il lisait
toujours la littérature et l'histoire francaises en russe ou en
azerbaïdjanais. Â"
MIT : Â" Est-ce qu'en Azerbaïdjan, il y a un rayonnement culturel
francais comme c'est le cas par exemple en France ou dans d'autres
pays, la Bulgarie, la Roumanie, on retrouve aussi cette sympathie
naturelle vers la France et le peuple francais ? Â"
Mirvari Fataliyeva : Â" Exactement, c'est le cas en Azerbaïdjan. Ce qui
m'a le plus impressionnée et attirée en France, restent l'ouverture
d'esprit et la soif de culture vis-a-vis de notre peuple. La France
demeure le Pays des droits de l'homme et un formidable carrefour de
culture et d'histoire en Europe. De plus nous sommes attachés a la
France qui a été le premier pays a reconnaître l'indépendance de
l'Azerbaïdjan en 1992. Â"
MIT : Â" Vous avez parlé aussi de la France comme le pays des Droits de
l'Homme. Malheureusement, parfois la France est égratignée par des
activités communautaristes et nous sommes heureux et fiers en tant que
Franco-Turcs et Franco-Azéris de défendre les valeurs fondamentales
qui fondent la République francaise comme notamment la liberté et la
liberté d'expression. Vous êtes une jeune femme très dynamique. Entre
2004 et 2008, vous avez dirigé l'AFAJ : Association
Franco-Azerbaïdjanaise de la Jeunesse. Actuellement vous présidez
depuis 4 mois la Maison de l'Azerbaïdjan a Paris. Â"
Mirvari Fataliyeva : Â" Quand nous avons créé l'AFAJ en 2003, il n'y
avait aucune association azerbaïdjanaise a Paris et nous n'étions que
peu nombreux. Il existait une vraie volonté, avec peu de moyens : je
rappelle que nous étions tous étudiants a l'époque. Nous avons réalisé
beaucoup de projets culturels. Même si les Franco-Turcs ne possèdent
pas de Maison de la Turquie, ils ont par contre beaucoup
d'associations actives, très dynamiques avec lesquelles nous
collaborons. La Maison de l'Azerbaïdjan, créée en février 1992, est
l'une des 1ères associations azéries qui a vu le jour en France. Nous
avons repris l'activité de cette association en septembre dernier,
donc depuis 4 mois. Ensemble avec nos amis francais, nous avons
réorganisé cette association dans le but de développer et de renforcer
les liens d'amitié et de partager entre la communauté francaise et
azerbaïdjanaise, ceci par le biais d'échanges culturels et
scientifiques.
Notre objectif est de promouvoir la culture azerbaïdjanaise, de faire
connaître la richesse du patrimoine historique par tous les moyens de
communication, par tous types de manifestations, en impliquant tous
les Azerbaïdjanais de France (concerts, expositions, cours de langues,
cuisine, rencontres sportives).
L'une de nos principales missions est aussi de réunir tous les
Azerbaïdjanais de France autour de cette maison en installant des
représentants locaux dans les grandes villes comme Lyon, Nantes, Nice,
pour mieux relayer les informations. Je ne parle pas de Strasbourg
puisque la communauté azerbaïdjanaise strasbourgeoise est déja très
active. Â"
MIT : Â" La Maison de l'Azerbaïdjan a le statut d'association, c'est
bien ca ? Elle est donc active dans le domaine culturel et sportif.
J'avais lu qu'un jumelage est prévu pour mai 2013 entre Naftalan et la
ville de L'Aigle qui est dans l'Orne et dont la sénatrice est Nathalie
Goulet, nous l'avons interviewée Â".
Mirvari Fataliyeva : Â" En tant que Maison de l'Azerbaïdjan, la
promotion de la culture de notre pays est essentielle. L'Azerbaïdjan
est un pays mal connu en France et cette méconnaissance génère trop de
préjugés négatifs a notre égard. Dès lors, nous sommes heureux et
fiers de toutes les activités qui visent une meilleure connaissance de
l'Azerbaïdjan, de la Turquie et des Turciques. La culture est un moyen
exceptionnel d'enrayer les préjugés et de renouer le dialogue. Les
autorités d'Azerbaïdjan ont entrepris des projets pour créer des liens
officiels entre nos deux pays, comme des jumelages. Mais la, a mon
niveau associatif, je n'en sais pas plus. L'ambassade d'Azerbaïdjan
serait plus a même de vous répondre. De notre côté, nous soutenons
vivement toute action qui ambitionne le dialogue, la connaissance
mutuelle, et la paix. Â"
MIT: Â" Et cela vous honore Madame. Â"
[Nota CVAN : la suite de l'interview démontrera ce que signifient pour
Melle Fataliyeva Â" le dialogue, la connaissance mutuelle, et la paix
Â".]
MIT : Â" Les relations entre l'Azerbaïdjan et la France s'intensifient
de jour en jour avec des accords économiques et culturels qui
foisonnent avec notamment avec les communes francaises suivantes :
Reims, Châlons en Champagne, Niort, Cognac. Cette stratégie qui vise a
mieux faire connaître la culture azerbaïdjanaise est une excellente
stratégie. Est-ce que le but de tout ce dynamisme, c'est pas aussi
d'enrayer les préjugés dont les Turciques souffrent en France puisque
tout a l'heure vous nous avez parlé de préjugés concernant les
Turciques, est-ce qu'a travers la promotion de la culture, on ne met
pas un coup d'arrêt a cette méconnaissance ? Â"
[Nota CVAN : Carton rouge pour l'animateur. Il n'a pas dÃ" suivre les
questions dans l'ordre car la réponse de Mirvari Fataliyeva -
ci-dessous - ne correspond pas a la question posée].
Mirvari Fataliyeva : Â" Puisque vous avez parlé de relations
économiques et culturelles, l'Azerbaïdjan est le pays de la zone
Caucase avec lequel la France a le plus développé ses relations
économiques. Les échanges commerciaux entre les deux pays approchent
les 2 milliards de dollars par an, les entreprises francaises
souhaitent amplifier leurs échanges et accompagner la diversification
de l'économie azerbaïdjanaise qui jouit d'un dynamisme remarquable et
dispose d'importantes ressources financières pour ces investissements
Â".
[Nota CVAN : s'en suit tout un laïus Â" promotionnel Â", récité avec
application, démontrant a quel point la France investit en
Azerbaïdjan.]
Elle poursuit : Â" L'Azerbaïdjan a des grandes ambitions dans ces plans
de développement sans parler des besoins de reconstruction que l'on
peut prévoir après la libération de nos territoires occupés par
l'Arménie soit près de 1/5e de notre territoire national. Le constat
de ces évolutions encourageant permet d'imaginer l'avenir de
l'Azerbaïdjan avec un grand optimisme et un développement de plus en
plus poussé des relations économiques bilatérales en espérant que ces
liens favorisent l'intégration de la culture turque-azerbaïdjanaise en
France. Â"
MIT : Â" Venons-en a la population azerbaïdjanaise de France Â".
Mirvari Fataliyeva : Â" Le nombre de la population azerbaïdjanaise
s'élève a peu près en France entre 4 a 6000 individus. Certes, nous ne
sommes pas nombreux en France, mais c'est notre dynamisme, notre
volonté d'agir, qui comptent. Il n'y a pas beaucoup d'associations
azerbaïdjanaises comparées aux associations arméniennes ou turques.
Nous essayons de les rassembler autour de nous pour mieux les
structurer. Â"
MIT : Â" Le 20 janvier, vous avez commémoré dignement les mémoires des
victimes massacrées par l'Armée soviétique a Bakou en 1990, soit un an
avant la proclamation de l'indépendance de l'Azerbaïdjan en aoÃ"t 1991.
Bien évidemment, nous nous joignons a vous, nous partageons votre
douleur, d'ailleurs, des Franco-Turcs étaient présents a vos côtés. Â"
[Nota CVAN : a partir d'ici, nous ne pouvons surligner en gras tout ce
qui est Â" énorme Â" en matière de désinformation car tout serait a
surligner. Seules certaines phrases sont donc mises en bold].
Mirvari Fataliyeva : Â" En 2012, il y a eu 2 grandes mobilisations de
populations azerbaïdjanaises en France, une au mois de septembre,
contre les manifestations des Arméniens devant nos ambassades dans
plusieurs pays. Nous avons perdu nos territoires, nous déplorons 30
000 morts dans cette guerre, nous avons subi le massacre de Khodjaly,
que nous allons parler sÃ"rement, mais ce sont eux qui manifestent
contre nous, pour couronner le tout, ce sont eux qui manifestent
contre nous. Â"
[Nota CVAN : elle s'apercoit qu'elle a déja lu ce passage et paraît
désarconnée un court instant].
Elle se reprend : Â" C'est un vrai monde a l'envers, devant cette
hypocrisie, nous avons décidé de manifester devant l'Ambassade de
l'Arménie pour faire entendre nos voix. C'était en septembre dernier.
L'autre grande mobilisation qui a eu lieu courant le mois de novembre
dernier contre la visite officielle du président Serge Sarkissian.
Sarkissian, c'est l'assassin du peuple azerbaïdjanais, c'est lui-même
qui a été instigateur du massacre du 26 février 1992 sur la population
civile azérie de la ville de Khodjaly. Â"
[Nota CVAN : de mémoire, il nous semble qu'a l'époque du président
arménien Robert Kotcharian, c'était ce dernier qui était désigné comme
assassin du peuple azéri... Les présidents arméniens changent mais pas
la présidence de l'Azerbaïdjan (aux mains du clan Aliyev), ni les
discours diffusés par les représentants officiels ou officieux de
Bakou].
Elle conclut : Â" Plus de 700 personnes, nos amis francais, nos frères
turcs et beaucoup d'Azerbaïdjanais de toute l'Europe ont participé a
cette mobilisation. Â"
MIT : Â" Qui a été un vrai succès, je vous félicite. Vous avez évoqué
le Haut-Karabagh et Khodjaly. D'autant plus que cette souffrance, vous
la vivez au quotidien puisque les territoires azerbaïdjanais, 1/5 du
territoire total, c'est quand même énorme, est sous occupation
arménienne. Il y a eu cette horreur sans nom qui a été vécue a
Khodjaly, donc qui a été rayé tout simplement de la carte en une nuit,
une horreur sans nom, terrible. Vous êtes née a Koubadli, qui est une
région adjacente au Haut-Karabagh, en zone occupée. Vous faites partie
du million de réfugiés azerbaïdjanais. Vous avez été témoin de cette
guerre terrible déclarée par l'Arménie, que pouvez-vous nous en dire ?
Â"
Mirvari Fataliyeva : Â" Vous savez toute mon enfance est entachée par
cette guerre. Aujourd'hui je peux vous parler librement en tant que
témoin de ce terrible conflit. Quand l'Arménie nous a déclaré la
guerre, j'avais 8/9 ans, je n'étais encore qu'une petite fille
innocente, pleine de rêves, comme les autres petites filles du monde,
mais hélas cette innocence, ces rêves ont été brisés par cette guerre,
une enfance gâchée, bouleversée par ce conflit. J'ai vu des gens
mourir devant mes propres yeux. J'ai perdu mes proches, mes voisins,
mes amis, et beaucoup de compatriotes. Je me rappellerai toujours le
jour où nous avons quitté notre ville sous les bombardements de
l'armée arménienne. Une image effroyable que je n'arrive toujours pas
a oublier. Suite a cette occupation arménienne, 1 million
d'Azerbaïdjanais ont été obligés de quitter leur terre natale, je
tiens a rappeler que cette invasion a engendré 30 000 morts. Il faut
aussi dire que la République autonome du Nakhitchevan qui appartient a
l'Azerbaïdjan est sous le blocus de l'Arménie. Les territoires qui
lient le Nakhitchevan et l'Azerbaïdjan sont occupés. Â"
[Nota CVAN : Cette jeune femme montre sa méconnaissance la plus
élémentaire de la Transcaucasie. Les territoires qui séparent le
Nakhitchevan de l'Azerbaïdjan ne sont pas Â" occupés Â" par l'Arménie:
ils font partie de la République arménienne actuelle comme c'était
déja le cas a l'époque soviétique. Le Nakhitchevan est un îlot séparé
physiquement de l'Azerbaïdjan auquel il a été rattaché de manière
arbitraire par Staline alors qu'il est situé entre la Turquie et
l'Arménie. Ce n'est donc pas un blocus, c'est de la géographie. Il
suffit de regarder une carte.
Il est évident qu'au vu de la dégradation des relations
arméno-azéries, Erevan ne laisse sans doute pas transiter sur son
territoire des marchandises destinées au Nakhitchevan. Par contre, la
Turquie et l'Azerbaïdjan étouffent réellement l'Arménie et le
Haut-Karabagh - deux territoires déja naturellement enclavés - dans un
double blocus révélateur de leur animosité a l'encontre des Arméniens.
On s'interroge : si le but de Mirvari Fataliyeva est de noircir le
tableau, jusqu'où est-elle prête a aller ? Cette accusation spécieuse
- ainsi que l'ensemble de sa description du conflit du Haut-Karabagh
qui fait abstraction de tout le contexte géo-politique (les nombreux
pogroms anti-arméniens, le refus de l'indépendance votée
démocratiquement par la population du Haut-Karabagh via un Referendum,
les bombardements incessants de la capitale arménienne du
Haut-Karabagh, etc.) - nous interpelle.
Mirvari Fataliyeva, en accumulant les Â" éléments de langage Â" semblant
émaner des fascicules de propagande de la dynastie Aliyev, risque de
jeter le doute sur son propre témoignage de réfugiée. Les populations
civiles souffrent en temps de guerre, personne ne songe a le nier,
inutile d'ajouter des arguments mensongers.
Dans la dernière phrase Â" Les territoires qui lient le Nakhitchevan a
l'Azerbaïdjan sont occupés Â", Mirvari Fataliyeva fait donc référence a
l'Arménie. Cette phrase relève soit d'une ignorance étonnante, soit
d'une rhétorique où plane la volonté - régulièrement affichée par
l'Azerbaïdjan et son président Ilham Aliyev, ainsi que par certains
partis turcs - d'envahir l'Arménie et de la nettoyer de sa population
en Â" finissant le travail Â". C'est également le sens des commentaires
postés ce dimanche 17 février 2013 sur Facebook].
Mirvari Fataliyeva poursuit sa Â" démonstration Â" : Â" Le massacre de
Khodjaly. Alors, le massacre de Khodjaly est l'une des pages les plus
sombres et les plus sanglantes de notre Histoire ainsi que l'Histoire
de toute l'Humanité je dirai. Ce génocide impitoyable et cruel compte
parmi les exécutions de masse les plus atroces. Â"
[Nota CVAN : le site Xocali démonte en plusieurs langues les
assertions turco-azéries. Une vidéo récemment postée sur YouTube,
retrace avec précision la prise de Khodjaly par les combattants
arméniens et montre la responsabilité du Front National d'Azerbaïdjan
dans le massacre prémédité de la population civile azérie. Nous vous
invitons a visionner ce documentaire (sous-titres en anglais)].
Mirvari Fataliyeva : Â" On compte 613 personnes sauvagement
assassinées, parmi lesquelles des femmes, des enfants, sans armes, des
gens civils, des personnes âgées, le pire c'est qu'on ignore le sort
de 150, 1000, 275 ( ? - chiffre incompréhensible) pris en otage. A la
suite de ce massacre, la ville de Khodjaly a été complètement rasée de
la carte en une nuit. C'est vraiment terrible de penser a cette
période de mon enfance que je me rappelle vraiment très, très bien.
Malheureusement, depuis longtemps, les Arméniens appliquent la
politique dite de la victime dans le monde entier alors que c'est nous
qui avons subi les conséquences de différents massacres.
Nous devons unir toutes nos forces pour changer l'opinion publique
dans le monde entier en particulier en France. Le peuple francais doit
découvrir enfin le vrai visage de la diaspora arménienne qui n'arrête
pas de diffuser des fausses informations sur ce conflit et influence
négativement le gouvernement arménien, ce qui ne permet pas la
résolution du conflit.
Nous sommes peu nombreux dans ce pays et ainsi faire entendre notre
voix sur la question du Haut-Karabagh et le génocide de Khodjaly dans
un pays où la communauté arménienne est majoritaire, reste vraiment
très, très difficile. La désinformation règne en Europe, notamment en
France, malheureusement le terrain était vide jusqu'alors, les
Arméniens pouvaient dire ce qu'ils voulaient sans qu'il n'y ait aucune
opposition active. Â"
MIT : Â" Il n'y avait aucune contradiction et donc effectivement ils
faisaient valoir leur point de vue unique, unilatéral. D'ailleurs,
c'est troublant, c'est vous qui êtes victimes, une atrocité sans nom a
Khodjaly, et c'est eux qui viennent manifester. Effectivement, on ne
sait plus quoi penser, il est impérieux que cette terrible injustice
cesse au plus vite et que l'Azerbaïdjan récupère ses terres. Comment
récupérer les territoires occupés par l'Arménie ? Pourtant, il y a
déja eu quatre résolutions de l'ONU, du Conseil de l'Europe, du
Parlement européen, et face a ca, il y a le Groupe de Minsk qui ne
bouge pas d'un iota. Alors, la, on ne comprend pas. A quoi sert le
Groupe de Minsk ? Est-ce que vous en tant qu'Azerbaïdjanais vous
comprenez, parce que moi je ne sais pas?Â"
Mirvari Fataliyeva : Â" Le conflit comme vous dites n'est toujours pas
résolu même si des médiateurs internationaux se penchent sur ce
problème épineux depuis des années. On ne parle pas beaucoup de cette
occupation qui dure plus de vingt ans. 20% des territoires
azerbaïdjanais sont occupés en dépit comme vous dites de quatre
résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies, de la résolution
du Conseil de l'Europe, du Groupe de Minsk et d'autres instances
européennes qui demandent le retrait immédiat de la force armée
arménienne.
A la fin de l'année dernière, les présidents de la république
francaise, des Etats-Unis et de la Fédération de Russie, pays exercant
la co-présidence du Groupe de Minsk se sont réunis pour faire encore
appel a l'Arménie et a l'Azerbaïdjan pour trouver une résolution
pacifique au conflit du Haut-Karabagh. Mais il y a une énorme
différence entre ce qui est dit, ce qui est écrit et ce qui est fait.
Sur le terrain rien ne change, la situation est toujours la même. Les
violations du cessez-le-feu sont quotidiennes avec pour conséquence
bien entendu des morts et des blessés. Aujourd'hui ce n'est pas
difficile de comprendre que l'Arménie ne souhaite pas répondre aux
appels faits par les différentes instances citées, je crois que cette
situation arrange le gouvernement actuel arménien, d'ailleurs c'est
leur clé pour leur maintien au pouvoir. Dans tous les cas, nous
espérons une résolution pacifique au conflit, mais il faut que les
négociations s'intensifient, nous avons le droit de notre côté. Tôt ou
tard, nous voulons libérer les territoires de nos ancêtres. J'en suis
certaine. Â"
[Nota CVAN : l'archéologie montre que le Haut-Karabakh et le
Nakhitchevan sont depuis des millénaires les terres ancestrales des
Arméniens, les populations turcophones étant arrivées d'Asie centrale
bien après. Sans doute, est-ce pour cela que le pouvoir en place a
Bakou s'efforce d'effacer toute trace d'une présence arménienne, en
détruisant méthodiquement des joyeux de l'Art médiéval arménien, dont
la nécropole de Djoulfa (Jugha) avec ses milliers de khatchkars,
pierre-croix sculptées].
MIT : Â" Bien évidemment, bien évidemment. On vous le souhaite en tous
cas. Effectivement, votre témoignage en tant qu'enfant ayant été
témoin de cette guerre atroce nous a tous émus. Il y a quand même des
évolutions positives dans d'autres domaines qui convergent aussi vers
des solutions pour contrer la désinformation.
Parmi ces solutions, il y a la solidarité naturelle et logique qui
s'est spontanément instaurée entre les associations turques et
azerbaïdjanaises de France, nous l'avons constatée, nous l'avons
appréciée lors de différentes commémorations, manifestations, je
pensais a Janvier Noir dont vous avez parlé tout a l'heure, et aussi
aux manifestations que vous avez faites lors du déplacement du
président arménien, et puis réciproquement en janvier 2012, nous
étions vraiment heureux et fiers de voir des drapeaux azerbaïdjanais
flotter sur la manifestation contre le projet de loi de Valérie Boyer.
Donc, ces gestes de solidarité, votre participation, nous a mis du
baume au cÅ"ur. Je tiens a vous en remercier en tant que radio
franco-turque. Et vous-même, êtes-vous satisfaite de cette entraide ?
Quelle est votre opinion ?Â"
Mirvari Fataliyeva : Â" Bien évidemment, je suis très satisfaite. Comme
je vous l'ai déja dit, cela ne fait pas très longtemps que nous avons
repris l'activité associative. Et nous sommes en train de travailler
sur des projets qui peuvent être intéressants de développer avec des
associations turques de France. Les Turcs sont présents depuis
longtemps dans ce pays et ont beaucoup d'expérience dans le domaine
associatif. Nous avons donc beaucoup a apprendre de cette riche
expérience. Bien entendu nous sommes ravis de cette entraide et la
solidarité entre ces deux peuples frères ; l'an dernier, nous avons
soutenu cette manifestation, non seulement parce que nous sommes des
peuples frères mais parce que c'était une proposition de loi
complètement insensée dans un pays des droits de l'homme. Nous devons
tisser des liens forts je pense et améliorer cette synergie turque
pour une plus grande efficacité. Vous pouvez compter bien évidemment
sur notre solidarité a tout moment. Â"
MIT : Â" Avez-vous des projets pour renforcer la solidarité entre Turciques ? Â"
Mirvari Fataliyeva : Â" Oui, nous avons beaucoup de projets que je ne
souhaite pas dévoiler aujourd'hui car ils sont en cours. Les
associations franco-turques contactées sont très réceptives et souvent
très heureuses de travailler avec nous. Nos intérêts convergent. Nous
souffrons tous des mêmes problèmes. Dès lors, nous faisons le maximum
pour faire la solidarité entre Turciques. Â"
MIT : Â" Excellent. Aux Etats-Unis, il y a un exemple qui marche, les
Turciques d'Amérique se sont regroupés sous la même bannière pour
défendre leurs intérêts: il s'agit du Pax Turcica Institute, qui est
composée de Turcs, d'Azerbaïdjanais, de Chypriotes turcs et aussi de
Turciques d'Asie centrale. Est-ce que la véritable solution pour
combattre la turcophobie dont nous souffrons tous, la véritable
solution n'est pas de créer en Europe occidentale une organisation
similaire a Pax Turcica ? Â"
Mirvari Fataliyeva : Â" Effectivement, c'est une très bonne initiative,
la mobilisation des forces pour défendre nos intérêts peut-être l'une
des meilleures solutions, mais aujourd'hui je crois qu'il y a beaucoup
de choses a faire avant d'aboutir a une telle structure aussi
professionnelle et aussi efficace. A long terme, il me paraît évident
que nous devons tous nous orienter pour créer une structure similaire
capable de nous défendre. L'Union fait la force et une structure comme
Pax Turcica symbolise parfaitement ce proverbe Â".
MIT : Â" En tous cas, on connaît la direction, on connaît où il faut
aller. Il y a un autre aspect sur cette synergie, c'est le volet
géorgien : avez-vous des relations avec les associations géorgiennes ?
La Géorgie a de bons rapports avec la Turquie et l'Azerbaïdjan et a
l'inverse ses liens avec l'Arménie sont assez mauvais. Peut-être que
les Géorgiens qui souffrent également de la même injustice que les
Turcs et les Azéris pourraient se joindre a la solidarité turco-azérie
? Â"
[Nota CVAN : Allons bon, après les Turcs et les Azéris qui
souffriraient d'une injustice (provoquée par les Arméniens ? Un
génocide par exemple ?), voici donc les Géorgiens invités a se
plaindre des mêmes méfaits.]
Mirvari Fataliyeva : Â" Avec la Géorgie, c'est vrai que nous avons de
très bonnes relations culturelles, économiques, scientifiques. Dans le
cadre de l'AFAJ, l'année dernière, nous avons réalisé des projets
communs avec les associations géorgiennes. Pour le moment, dans le
cadre de la Maison de l'Azerbaïdjan, nous n'avons pas de relations.
Nous comptons très prochainement les rencontrer pour pouvoir défendre
nos causes communes Â".
MIT : Â" Excellent. En tant qu'acteur associatif franco-turc, je vous
réitère toute notre solidarité, c'est pas MA solidarité, mais toute
NOTRE solidarité parce que je pense parler au nom de tous ceux qui se
reconnaissent dans ce que je dis et dans la ligne politique officielle
de notre radio qui promeut l'amitié franco-turque et la solidarité
entre Turciques pour combattre notamment la mauvaise foi et la
malveillance. Je vous réitère toute notre solidarité. N'hésitez pas a
faire appel a notre radio pour la promotion de vos activités. Si
celle-ci peut servir de catalyseur ou de courroie afin de consolider
ou de renforcer des liens, nous le ferons avec beaucoup de plaisir et
surtout beaucoup de fierté. Â"
Lire aussi :
Esther Benbassa contre les "propos négationnistes"
Sur le site de MIT, le podcast de l'interview de la parlementaire ne
figure plus sous son nom dans la liste des invités. Bizarre, vous avez
dit bizarre ? On pouvait au moins l'écouter sur le site du Collectif
VAN mais la vidéo ayant été également très récemment retirée de
YouTube, nous ne pouvons désormais que vous proposer la transcription
des échanges. C'est déja très 'parlant'.
Liste des Invités de la Radio MIT
Lire aussi ou visionner :
VIDEO - KHODJALY - Between hunger and fire: power at the expense of
lives (Nagorno Karabagh)
Azerbaïdjan : haro sur le héros
Azerbaïdjan : un écrivain accusé de Â" sympathie pour les Arméniens Â"
L'assassin qui valait 3 milliards d'euros
Breivik demande a être extradé en Azerbaïdjan
ASALA : le faux grossier diffusé par l'Azerbaïdjan
Aliyev devrait être accueilli a Paris comme 'l'homme a la hache en chef'
Amnesty : le gouvernement d'Azerbaïdjan attise les violences ethniques
Affaire Safarov: confession d'un meurtrier raciste
Indignation face a la remise en liberté du meurtrier azéri
Azerbaïdjan : le tueur a la hache
Affaire Safarov : le Président de l'APCE exprime son inquiétude
L'Azerbaïdjan menace la paix régionale en glorifiant un crime raciste
Azerbaidjan : grâce octroyée a M. Safarov
Grâce de l'assassin Ramil Safarov : Obama préoccupé
Azerbaïdjan : le pogrom de Soumgaït
Le procès des crimes de Soumgaït (Février 1988)
Les 20 ans du pogrom anti-arménien de Soumgaït
Maragha : Avril, le mois des génocides...
Maragha : Caroline Cox parle du Golgotha contemporain
Des pirates informatiques qui ont des assassins pour héros
Xocali.net : le site qui dénonce la contrefacon azérie
Azerbaïdjan : appel au piratage informatique
Janvier 1990, les pogroms anti-Arméniens de Bakou
www.xocali.net
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http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=71455
Publié le : 18-02-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Mis a jour le lundi 18
février 2013 - 18:07.
La radio franco-turque MIT, diffusée sur internet a partir de
Villeurbanne, se veut être Â" La voix de la justice et de la vérité
face a la désinformation pathologique des autres Â". Un nom aisé a
retenir (Made in Turkey), un acronyme qui se rappelle au bon souvenir
de ceux qui ont subi les sévices du vrai MIT de Turquie (Millî
Ä°stihbarat TeÅ~_kilatı - Â" Organisation du renseignement national Â"), et
surtout un message que l'on pourrait résumer ainsi : il faut que
cessent la Â" turcophobie Â" et Â" l'islamophobie Â" qui frappent la
communauté franco-turque, Â" victime Â" de Â" préjugés Â" a mettre
certainement 'au crédit' de la diaspora arménienne. Faisant preuve de
Â" malveillance Â" et de Â" mauvaise foi Â", les Arméniens prétendent en
effet Â" depuis des décennies Â" qu'un génocide a été perpétré en 1915 a
l'encontre des sujets arméniens de l'Empire ottoman. Or, selon MIT, si
génocide il y a, c'est celui Â" horrible Â" de Khodjaly, qui aurait été
perpétré en février 1992 par l'armée arménienne contre des villageois
d'Azerbaïdjan. La dialectique négationniste a pour but d'intervertir
victimes et assassins : les billevesées inventées de toutes pièces par
Bakou (et ses alliés d'Ankara) au sujet de Khodjaly sont de grossières
manipulations mais qu'importe. Au jeu malsain de la dénonciation des
'crimes' arméniens et de la Â" vision unilatérale Â" du génocide
arménien, la Radio Made In Turkey excelle, tout en prétendant tenir un
discours citoyen.
De nombreuses personnalités francaises se laissent piéger et accordent
des interviews annoncées également sur le site outrancièrement
négationniste Turquie News.
Ce mardi 19 février, ce sera au tour de Thierry Mariani, Président du
groupe France-Azerbaïdjan au Parlement, de répondre aux questions de
MIT lors de l'émission Politika (21h), consacrée aux Â" évènements et
au massacre de plus de 600 civils azerbaïdjanais par l'armée
arménienne Â".
Par quel tour de passe-passe, la Radio Mit, qui prône la Â" solidarité
des Turciques Â" contre les Â" mensonges Â" arméniens, est-elle devenue
la vitrine d'un négationnisme 'respectable' ? La 'légitimité' accordée
par nos élus a son discours valide de facto une idéologie dangereuse
dont on remarque les effets sur la jeunesse franco-turque. Pas plus
tard que ce dimanche 17 février, des appels au meurtre virulents ont
été postés sur la page Facebook La Turquie doit reconnaître le
Génocide des Arméniens[1].
Radio MIT arguera n'être en rien responsable de ce déferlement de
haine sur internet, mais le moins que l'on puisse dire, c'est que les
animateurs de cette radio 'citoyenne' n'incitent pas leurs auditeurs a
entreprendre un salutaire travail de mémoire. Bien au contraire.
Photo : Logo MIT
Pour accompagner cette lecture, il est bon de visionner un reportage
sous-titré en anglais qui donne la parole aux acteurs présents sur le
terrain en février 1992 (journalistes, hommes politiques,
combattants). La vidéo, récemment postée sur YouTube, retrace avec
précision la prise de Khodjaly par les combattants arméniens et montre
la responsabilité du Front National d'Azerbaïdjan dans le massacre
prémédité de la population civile azérie :
Between hunger and fire: power at the expense of lives (Nagorno Karabagh)
Le Collectif VAN vous propose un petit parcours guidé au sein du
'négationnisme so chic' de Radio MIT, que l'on peut qualifier de
'Néo-Négationnisme' ou 'Néo-Nég' pour faire court, et qui ne se
distingue du négationnisme classique que par son relooking
pseudo-citoyen et son regrettable adoubement au niveau politique.
Les citations sont Â" en italique et entre guillemets Â".
Radio MIT se fait fort de vous convaincre des assertions qu'elle
relaye a l'antenne et vous incite a signaler l'ostracisme que vous
subissez en tant que Franco-Turc ou Franco-Azéri. Le 11 septembre
2012, elle avait donné l'antenne au jeune Mustafa Dogan, Â" victime de
turcophobie a l'école Â" : en 2009, collégien a Pont-a-Mousson, le
jeune garcon s'était senti Â" stigmatisé Â" et Â" humilié Â" par un cours
d'histoire sur le génocide arménien. Elève en classe de 3e, il avait
répliqué dans son devoir sur table : Â" il n'y a pas eu de génocide, et
même s'il a eu lieu, ils [les Arméniens] l'avaient mérité Â". La
sanction pédagogique - un exposé sur le génocide arménien - a été Â"
traumatisante Â". Sanction finalement annulée suite a l'intervention
d'une association 'citoyenne' franco-turque locale. Tout au long de
l'interview, le 'journaliste' de MIT suggère les réponses au jeune
Mustafa. Le but visé est clair : le nouveau programme d'histoire
2012/2013 de l'Education nationale ayant renforcé l'enseignement du
génocide arménien et lui ayant donné la place que mérite cet événement
majeur de la Première Guerre mondiale, Radio MIT, sous couvert de
lutte contre la Â" turcophobie Â", fait pression pour obtenir le retrait
de ces pages d'histoire dans les manuels d'Histoire.
La radio se garde bien évidemment de donner la parole aux
intellectuels turcs qui affrontent avec courage le tabou du génocide
arménien et elle reste sourde aux discours humanistes qui émergent
dans la société civile de Turquie. Si MIT proteste contre les Â"
atteintes a la liberté d'expression Â" en France (a savoir, la loi Â"
liberticide Â" pénalisant, dans notre République, la négation du
génocide arménien), elle reste bien muette sur la situation des droits
de l'homme en Turquie et en Azerbaïdjan où la condition des opposants
est alarmante.
Pour légitimer son discours, Radio MIT convoque a son secours des
politiciens, journalistes, chercheurs, francais et belges, par trop
conciliants.
La tâche peut néanmoins se révéler plus ardue que prévu, par exemple
lorsque la sénatrice Esther Benbassa (Europe Ã~Icologie-Les Verts) -
pourtant farouchement opposée a la pénalisation de la négation du
génocide arménien - met brutalement fin a son interview par ces mots :
Â" Je vous remercie Monsieur, je ne veux pas parler a une radio
négationniste. Merci, au revoir. Â". Bien que nous n'ayons pas écouté
toutes les interviews en ligne - loin de la ! - il semblerait que
cette réaction salutaire reste une exception. Sur le site de MIT, le
podcast de l'interview de Mme Benbassa ne figure plus sous son nom
dans la liste des invités. On remarque que c'est aussi le cas pour
quatre autres personnalités interviewées : peut-être ont-elles
également refusé d'endosser le mantra 'Néo-Neg' de Radio MIT ?
Mais ne serait-il pas souhaitable que les invités prennent le temps de
la réflexion avant de se précipiter au micro d'une radio dont la
convergence de vue avec le site ouvertement négationniste Turquie News
s'étale sur le web ? Est-il sain pour notre société d'ignorer que des
discours fustigeant les Â" mensonges Â" arméniens se trouvent légitimés
par des représentants politiques ? Est-il acceptable qu'une radio -
qui de facto alimente une animosité a l'égard de la diaspora
arménienne et distille 'l'idéal' négationniste parmi la jeunesse
franco-turque et franco-azérie - soit honorée de la présence a
l'antenne d'hommes politiques, tous bords confondus ?
Hormis les interventions des politiques, l'interview du 22 janvier
2013 de Mirvari Fataliyeva, Présidente de la Maison de l'Azerbaïdjan a
Paris, a retenu toute notre attention. Son association a été réactivée
fort opportunément en septembre 2012 : le Président azéri Ilham Aliyev
- créant une vague de protestation mondiale - venait de gracier et de
recevoir en héros a Bakou, Ramil Safarov, qui avait décapité dans son
sommeil un collègue arménien de l'OTAN lors d'un stage en Hongrie.
De l'interview de Melle Fataliyeva, on retiendra surtout la volonté
turco-azérie de contrer, en France, les Â" mensonges Â" de la diaspora
arménienne: Â" Les Arméniens appliquent la politique dite de la victime
dans le monde entier alors que c'est nous qui avons subi les
conséquences de différents massacres Â".
Le faux Â" génocide de Khodjaly Â" y est qualifié d' Â" horreur sans nom
Â" par l'animateur qui, rappelons-le, réfute l'existence du génocide
arménien de 1915. Khodjaly est, depuis quelques années,
'instrumentalisé' pour masquer les pogroms commis par l'Azerbaïdjan
contre les Arméniens de Soumgaït, Kirovabad, Bakou et Maragha ainsi
que l'emprisonnement du journaliste azéri Eynulla Fatullayev, qui
avait osé dire la vérité sur Khodjaly.
Mirvari Fataliyeva appelle clairement a Â" la Solidarité entre
Turciques Â", a savoir Â" la synergie et l'entraide entre les
organisations turques et turciques (azerbaïdjanaises,
chypriotes-turques, turques d'Asie centrale) d'Europe occidentale Â".
Ce qui se dessine ressemble a s'y méprendre a un nouveau Panturquisme
ou Pantouranisme, estampillé XXIe siècle et adapté a la sauce
européenne, mais toujours dirigé contre l'entité minoritaire
dérangeante : ces fameux Arméniens coupables de tous les maux, et
prétendument Â" majoritaires Â" en France.
Ils faisaient déja obstacle au rêve d'une Grande Turquie en restant
accrochés (pauvres fous !) a leurs territoires millénaires et on les
retrouve désormais dans tous les pays où la politique génocidaire de
Talaat Pacha, le 'Hitler' turc, les a dispersés il y a près d'un
siècle.
La Â" stratégie Â" annoncée laisse supposer que les pétrodollars azéris,
couplés a la force de frappe de l'Etat turc, vont être employés a
soutenir énergiquement des événements Â" culturels Â", qui seront en
réalité destinés a imposer insidieusement dans l'espace citoyen de la
République francaise, le double-négationnisme de la Turquie et de
l'Azerbaïdjan. Tout est fait pour inverser l'Histoire, présenter
l'Arménie et les Arméniens comme des agresseurs, et faire des Turcs et
des Azéris les victimes réelles de guerres et de massacres pluriels.
Bien qu'elle ne s'en vante pas, la France - au plus haut niveau de
l'Etat - aide cette dangereuse désinformation : c'est au cours du
Conseil des ministres du 25 juillet 2012, que Laurent Fabius a
présenté un projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre
le Gouvernement de la République francaise et le Gouvernement de la
République d'Azerbaïdjan, relatif a la création et aux conditions
d'activités des centres Â" culturels Â" azéris en France. Notons que la
loi proposée par notre ministre des Affaires étrangères faisait suite
a la venue a Paris, le 5 juillet, de son homologue turc Ahmet
Davutoglu. Nous avions déja a l'époque alerté M. Fabius sur l'éthique
problématique des partenariats Â" culturels Â" signés avec la Turquie.
Une politique de compromission économico-politico-culturelle fait son
lit : a travers divers médias, instituts, centres culturels, et
think-tanks créés ou relayés en France - et sous couvert de Â" dialogue
Â" et de Â" défense des valeurs humanistes universelles Â" - Ankara met
en place une stratégie raciste et négationniste 'de bon aloi' -
relayée efficacement par Bakou - afin de contrer le centenaire du
génocide arménien en 2015 en France et dans le monde.
Deux éléments-clés inscrivent le génocide de 1915 dans la durée : son
impunité - qui encourage tous les passages a l'acte - et sa négation
au plus haut niveau de l'Etat héritier du crime. L'historiographie
officielle toujours en vigueur, en Turquie comme chez son allié
l'Azerbaïdjan, est symptomatique de la permanence d'une longue
tradition de massacres des minorités non turques en Anatolie et au
Caucase.
Le génocide arménien n'appartient pas au passé : en témoignent les
assassinats de vieilles Arméniennes, égorgées ces derniers mois a
Istanbul, ainsi que l'appel du dictateur azéri (Â" Nos principaux
ennemis sont les Arméniens du monde entier Â") mis en ligne le 28
février 2012, ou encore la terrible manifestation raciste qui s'est
tenue a Istanbul le dimanche 26 février 2012, sponsorisée par le
ministre de l'Intérieur turc en souvenir du pseudo Â" génocide de
Khodjalou Â", avec des slogans reflétant une haine inquiétante : Â"
L'Arménie doit disparaître Â", Â" Dent pour dent, sang pour sang, la
vengeance, la vengeance Â", Â" Les loups gris sont ici, où sont les
Hrant ? Â"2, Â" Vous êtes tous des Arméniens, vous êtes tous des bâtards
Â", sans oublier l'exécution le 24 avril 2011 de Sevag Balikci, jeune
soldat arménien servant dans l'armée turque, tué par un appelé de son
régiment le jour de la commémoration du génocide arménien.
L'idéologie du génocide de 1915 dépasse les frontières et vise toutes
les minorités non turques, comme le laisse supposer l'assassinat de
trois militantes kurdes en plein Paris.
Le passage a l'acte est systématiquement précédé d'une autre arme :
celle des mots, qui se répercutent a l'envi via le web et les médias.
La phrase d'Elie Wiesel est plus que jamais d'actualité : Â" Le
négationnisme, c'est le double-meurtre Â".
Un nouveau discours raciste et négationniste s'avance, en France, en
se parant pernicieusement des vertus de la citoyenneté. Sommes-nous
les seuls a trouver cela effrayant ?
Collectif VAN
[Vigilance Arménienne contre le Négationnisme]
BP 20083 - 92133 Issy-les-Moulineaux - France
Boîte vocale : +33 (0)1 77 62 70 77
Email: [email protected]
http://www.collectifvan.org
1] La Turquie doit reconnaître le Génocide des Arméniens
Harun Kursun : Et encore c'est peu pour vous, attendez vous a un
nouveau qui détruira définitivement votre pays
Emiirdaglii Yaso : Il oron du vous tué aussi vos arrière grand mère et
père soysuz kopekler [Nota CVAN : soysuz kopekler = chiens bâtards].
2] En référence au charismatique journaliste arménien Hrant Dink,
abattu de trois balles dans la tête le 19 janvier 2007 a Istanbul.
Lors de ses obsèques une foule de 100 000 personnes avait scandé : Â"
Nous sommes tous Hrant Dink Â", Â" Nous sommes tous Arméniens Â".
***
Voici les extraits d'une transcription non officielle de l'émission
Politika du 22/01/13 de la Radio Made in Turkey (domiciliée en région
lyonnaise), faite Â" a la volée Â" par le Collectif VAN. Nous vous
invitons a écouter le podcast de l'émission pour prendre connaissance
de l'exacte teneur des propos qui y ont été tenus.
Pour accompagner cette lecture, il est bon de visionner un reportage
sous-titré en anglais qui donne la parole aux acteurs présents sur le
terrain en février 1992 (journalistes, hommes politiques,
combattants). La vidéo, récemment postée sur YouTube, retrace avec
précision la prise de Khodjaly par les combattants arméniens et montre
la responsabilité du Front National d'Azerbaïdjan dans le massacre
prémédité de la population civile azérie.
Between hunger and fire: power at the expense of lives (Nagorno Karabagh)
D'autres vidéos sont disponibles sur :
Genocide1990Baku
R E T R A N S C R I P T I O N
Mardi 22 janvier 2013 : Emission Politika de la Radio Made in Turkey
[Villeurbanne]
Invitée : Mirvari Fataliyeva, Présidente de la Maison de l'Azerbaïdjan
MIT : Â" Cette émission est consacrée a la synergie, a la solidarité
entre Turcs et Turciques. Vous êtes citoyenne azerbaïdjanaise. Les
Azerbaïdjanais brillent en France par leur dynamisme exemplaire. Nous
parlerons de vous, de la Maison de l'Azerbaïdjan a Paris que vous
présidez, des relations entre les associations franco-turques et
franco-azerbaïdjanaises. Nous tâcherons aussi de parler du conflit du
Haut-Karabagh sous invasion arménienne depuis 23 ans et de l'horreur
vécue a Khodjaly, une horreur sans nom, effroyable, et des différentes
commémorations que vous organisez a votre honneur.
Vous êtes née a Koubadli (pour nos auditeurs, c'est une région
d'Azerbaïdjan adjacente au Karabagh qui est sous occupation arménienne
depuis 1990). Mais depuis 10 ans maintenant vous vivez en France et
êtes citoyenne de la République francaise.
En 2002, vous venez en France pour faire des études supérieures. Vous
êtes solidement diplômée et vous décrochez une Maîtrise en traduction
a l'Université de Bakou. Puis en France, vous décrochez une maîtrise
de francais langue étrangère et un master en Etudes européennes et
Relations internationales, deux brillants diplômes que vous obtenez a
Paris, rappelons-le. Comment est né votre amour de la France ?
Qu'est-ce que vous aimez le plus en France et chez les citoyens
francais ? Â"
Mirvari Fataliyeva : Â" D'aussi longtemps que je me souvienne, nous
lisions déja les grands auteurs francais comme Victor Hugo, Honoré de
Balzac, Stendhal, Sartre. Cet amour pour la France vient de la, sous
l'impulsion de mon père qui est un amoureux de la France. Il lisait
toujours la littérature et l'histoire francaises en russe ou en
azerbaïdjanais. Â"
MIT : Â" Est-ce qu'en Azerbaïdjan, il y a un rayonnement culturel
francais comme c'est le cas par exemple en France ou dans d'autres
pays, la Bulgarie, la Roumanie, on retrouve aussi cette sympathie
naturelle vers la France et le peuple francais ? Â"
Mirvari Fataliyeva : Â" Exactement, c'est le cas en Azerbaïdjan. Ce qui
m'a le plus impressionnée et attirée en France, restent l'ouverture
d'esprit et la soif de culture vis-a-vis de notre peuple. La France
demeure le Pays des droits de l'homme et un formidable carrefour de
culture et d'histoire en Europe. De plus nous sommes attachés a la
France qui a été le premier pays a reconnaître l'indépendance de
l'Azerbaïdjan en 1992. Â"
MIT : Â" Vous avez parlé aussi de la France comme le pays des Droits de
l'Homme. Malheureusement, parfois la France est égratignée par des
activités communautaristes et nous sommes heureux et fiers en tant que
Franco-Turcs et Franco-Azéris de défendre les valeurs fondamentales
qui fondent la République francaise comme notamment la liberté et la
liberté d'expression. Vous êtes une jeune femme très dynamique. Entre
2004 et 2008, vous avez dirigé l'AFAJ : Association
Franco-Azerbaïdjanaise de la Jeunesse. Actuellement vous présidez
depuis 4 mois la Maison de l'Azerbaïdjan a Paris. Â"
Mirvari Fataliyeva : Â" Quand nous avons créé l'AFAJ en 2003, il n'y
avait aucune association azerbaïdjanaise a Paris et nous n'étions que
peu nombreux. Il existait une vraie volonté, avec peu de moyens : je
rappelle que nous étions tous étudiants a l'époque. Nous avons réalisé
beaucoup de projets culturels. Même si les Franco-Turcs ne possèdent
pas de Maison de la Turquie, ils ont par contre beaucoup
d'associations actives, très dynamiques avec lesquelles nous
collaborons. La Maison de l'Azerbaïdjan, créée en février 1992, est
l'une des 1ères associations azéries qui a vu le jour en France. Nous
avons repris l'activité de cette association en septembre dernier,
donc depuis 4 mois. Ensemble avec nos amis francais, nous avons
réorganisé cette association dans le but de développer et de renforcer
les liens d'amitié et de partager entre la communauté francaise et
azerbaïdjanaise, ceci par le biais d'échanges culturels et
scientifiques.
Notre objectif est de promouvoir la culture azerbaïdjanaise, de faire
connaître la richesse du patrimoine historique par tous les moyens de
communication, par tous types de manifestations, en impliquant tous
les Azerbaïdjanais de France (concerts, expositions, cours de langues,
cuisine, rencontres sportives).
L'une de nos principales missions est aussi de réunir tous les
Azerbaïdjanais de France autour de cette maison en installant des
représentants locaux dans les grandes villes comme Lyon, Nantes, Nice,
pour mieux relayer les informations. Je ne parle pas de Strasbourg
puisque la communauté azerbaïdjanaise strasbourgeoise est déja très
active. Â"
MIT : Â" La Maison de l'Azerbaïdjan a le statut d'association, c'est
bien ca ? Elle est donc active dans le domaine culturel et sportif.
J'avais lu qu'un jumelage est prévu pour mai 2013 entre Naftalan et la
ville de L'Aigle qui est dans l'Orne et dont la sénatrice est Nathalie
Goulet, nous l'avons interviewée Â".
Mirvari Fataliyeva : Â" En tant que Maison de l'Azerbaïdjan, la
promotion de la culture de notre pays est essentielle. L'Azerbaïdjan
est un pays mal connu en France et cette méconnaissance génère trop de
préjugés négatifs a notre égard. Dès lors, nous sommes heureux et
fiers de toutes les activités qui visent une meilleure connaissance de
l'Azerbaïdjan, de la Turquie et des Turciques. La culture est un moyen
exceptionnel d'enrayer les préjugés et de renouer le dialogue. Les
autorités d'Azerbaïdjan ont entrepris des projets pour créer des liens
officiels entre nos deux pays, comme des jumelages. Mais la, a mon
niveau associatif, je n'en sais pas plus. L'ambassade d'Azerbaïdjan
serait plus a même de vous répondre. De notre côté, nous soutenons
vivement toute action qui ambitionne le dialogue, la connaissance
mutuelle, et la paix. Â"
MIT: Â" Et cela vous honore Madame. Â"
[Nota CVAN : la suite de l'interview démontrera ce que signifient pour
Melle Fataliyeva Â" le dialogue, la connaissance mutuelle, et la paix
Â".]
MIT : Â" Les relations entre l'Azerbaïdjan et la France s'intensifient
de jour en jour avec des accords économiques et culturels qui
foisonnent avec notamment avec les communes francaises suivantes :
Reims, Châlons en Champagne, Niort, Cognac. Cette stratégie qui vise a
mieux faire connaître la culture azerbaïdjanaise est une excellente
stratégie. Est-ce que le but de tout ce dynamisme, c'est pas aussi
d'enrayer les préjugés dont les Turciques souffrent en France puisque
tout a l'heure vous nous avez parlé de préjugés concernant les
Turciques, est-ce qu'a travers la promotion de la culture, on ne met
pas un coup d'arrêt a cette méconnaissance ? Â"
[Nota CVAN : Carton rouge pour l'animateur. Il n'a pas dÃ" suivre les
questions dans l'ordre car la réponse de Mirvari Fataliyeva -
ci-dessous - ne correspond pas a la question posée].
Mirvari Fataliyeva : Â" Puisque vous avez parlé de relations
économiques et culturelles, l'Azerbaïdjan est le pays de la zone
Caucase avec lequel la France a le plus développé ses relations
économiques. Les échanges commerciaux entre les deux pays approchent
les 2 milliards de dollars par an, les entreprises francaises
souhaitent amplifier leurs échanges et accompagner la diversification
de l'économie azerbaïdjanaise qui jouit d'un dynamisme remarquable et
dispose d'importantes ressources financières pour ces investissements
Â".
[Nota CVAN : s'en suit tout un laïus Â" promotionnel Â", récité avec
application, démontrant a quel point la France investit en
Azerbaïdjan.]
Elle poursuit : Â" L'Azerbaïdjan a des grandes ambitions dans ces plans
de développement sans parler des besoins de reconstruction que l'on
peut prévoir après la libération de nos territoires occupés par
l'Arménie soit près de 1/5e de notre territoire national. Le constat
de ces évolutions encourageant permet d'imaginer l'avenir de
l'Azerbaïdjan avec un grand optimisme et un développement de plus en
plus poussé des relations économiques bilatérales en espérant que ces
liens favorisent l'intégration de la culture turque-azerbaïdjanaise en
France. Â"
MIT : Â" Venons-en a la population azerbaïdjanaise de France Â".
Mirvari Fataliyeva : Â" Le nombre de la population azerbaïdjanaise
s'élève a peu près en France entre 4 a 6000 individus. Certes, nous ne
sommes pas nombreux en France, mais c'est notre dynamisme, notre
volonté d'agir, qui comptent. Il n'y a pas beaucoup d'associations
azerbaïdjanaises comparées aux associations arméniennes ou turques.
Nous essayons de les rassembler autour de nous pour mieux les
structurer. Â"
MIT : Â" Le 20 janvier, vous avez commémoré dignement les mémoires des
victimes massacrées par l'Armée soviétique a Bakou en 1990, soit un an
avant la proclamation de l'indépendance de l'Azerbaïdjan en aoÃ"t 1991.
Bien évidemment, nous nous joignons a vous, nous partageons votre
douleur, d'ailleurs, des Franco-Turcs étaient présents a vos côtés. Â"
[Nota CVAN : a partir d'ici, nous ne pouvons surligner en gras tout ce
qui est Â" énorme Â" en matière de désinformation car tout serait a
surligner. Seules certaines phrases sont donc mises en bold].
Mirvari Fataliyeva : Â" En 2012, il y a eu 2 grandes mobilisations de
populations azerbaïdjanaises en France, une au mois de septembre,
contre les manifestations des Arméniens devant nos ambassades dans
plusieurs pays. Nous avons perdu nos territoires, nous déplorons 30
000 morts dans cette guerre, nous avons subi le massacre de Khodjaly,
que nous allons parler sÃ"rement, mais ce sont eux qui manifestent
contre nous, pour couronner le tout, ce sont eux qui manifestent
contre nous. Â"
[Nota CVAN : elle s'apercoit qu'elle a déja lu ce passage et paraît
désarconnée un court instant].
Elle se reprend : Â" C'est un vrai monde a l'envers, devant cette
hypocrisie, nous avons décidé de manifester devant l'Ambassade de
l'Arménie pour faire entendre nos voix. C'était en septembre dernier.
L'autre grande mobilisation qui a eu lieu courant le mois de novembre
dernier contre la visite officielle du président Serge Sarkissian.
Sarkissian, c'est l'assassin du peuple azerbaïdjanais, c'est lui-même
qui a été instigateur du massacre du 26 février 1992 sur la population
civile azérie de la ville de Khodjaly. Â"
[Nota CVAN : de mémoire, il nous semble qu'a l'époque du président
arménien Robert Kotcharian, c'était ce dernier qui était désigné comme
assassin du peuple azéri... Les présidents arméniens changent mais pas
la présidence de l'Azerbaïdjan (aux mains du clan Aliyev), ni les
discours diffusés par les représentants officiels ou officieux de
Bakou].
Elle conclut : Â" Plus de 700 personnes, nos amis francais, nos frères
turcs et beaucoup d'Azerbaïdjanais de toute l'Europe ont participé a
cette mobilisation. Â"
MIT : Â" Qui a été un vrai succès, je vous félicite. Vous avez évoqué
le Haut-Karabagh et Khodjaly. D'autant plus que cette souffrance, vous
la vivez au quotidien puisque les territoires azerbaïdjanais, 1/5 du
territoire total, c'est quand même énorme, est sous occupation
arménienne. Il y a eu cette horreur sans nom qui a été vécue a
Khodjaly, donc qui a été rayé tout simplement de la carte en une nuit,
une horreur sans nom, terrible. Vous êtes née a Koubadli, qui est une
région adjacente au Haut-Karabagh, en zone occupée. Vous faites partie
du million de réfugiés azerbaïdjanais. Vous avez été témoin de cette
guerre terrible déclarée par l'Arménie, que pouvez-vous nous en dire ?
Â"
Mirvari Fataliyeva : Â" Vous savez toute mon enfance est entachée par
cette guerre. Aujourd'hui je peux vous parler librement en tant que
témoin de ce terrible conflit. Quand l'Arménie nous a déclaré la
guerre, j'avais 8/9 ans, je n'étais encore qu'une petite fille
innocente, pleine de rêves, comme les autres petites filles du monde,
mais hélas cette innocence, ces rêves ont été brisés par cette guerre,
une enfance gâchée, bouleversée par ce conflit. J'ai vu des gens
mourir devant mes propres yeux. J'ai perdu mes proches, mes voisins,
mes amis, et beaucoup de compatriotes. Je me rappellerai toujours le
jour où nous avons quitté notre ville sous les bombardements de
l'armée arménienne. Une image effroyable que je n'arrive toujours pas
a oublier. Suite a cette occupation arménienne, 1 million
d'Azerbaïdjanais ont été obligés de quitter leur terre natale, je
tiens a rappeler que cette invasion a engendré 30 000 morts. Il faut
aussi dire que la République autonome du Nakhitchevan qui appartient a
l'Azerbaïdjan est sous le blocus de l'Arménie. Les territoires qui
lient le Nakhitchevan et l'Azerbaïdjan sont occupés. Â"
[Nota CVAN : Cette jeune femme montre sa méconnaissance la plus
élémentaire de la Transcaucasie. Les territoires qui séparent le
Nakhitchevan de l'Azerbaïdjan ne sont pas Â" occupés Â" par l'Arménie:
ils font partie de la République arménienne actuelle comme c'était
déja le cas a l'époque soviétique. Le Nakhitchevan est un îlot séparé
physiquement de l'Azerbaïdjan auquel il a été rattaché de manière
arbitraire par Staline alors qu'il est situé entre la Turquie et
l'Arménie. Ce n'est donc pas un blocus, c'est de la géographie. Il
suffit de regarder une carte.
Il est évident qu'au vu de la dégradation des relations
arméno-azéries, Erevan ne laisse sans doute pas transiter sur son
territoire des marchandises destinées au Nakhitchevan. Par contre, la
Turquie et l'Azerbaïdjan étouffent réellement l'Arménie et le
Haut-Karabagh - deux territoires déja naturellement enclavés - dans un
double blocus révélateur de leur animosité a l'encontre des Arméniens.
On s'interroge : si le but de Mirvari Fataliyeva est de noircir le
tableau, jusqu'où est-elle prête a aller ? Cette accusation spécieuse
- ainsi que l'ensemble de sa description du conflit du Haut-Karabagh
qui fait abstraction de tout le contexte géo-politique (les nombreux
pogroms anti-arméniens, le refus de l'indépendance votée
démocratiquement par la population du Haut-Karabagh via un Referendum,
les bombardements incessants de la capitale arménienne du
Haut-Karabagh, etc.) - nous interpelle.
Mirvari Fataliyeva, en accumulant les Â" éléments de langage Â" semblant
émaner des fascicules de propagande de la dynastie Aliyev, risque de
jeter le doute sur son propre témoignage de réfugiée. Les populations
civiles souffrent en temps de guerre, personne ne songe a le nier,
inutile d'ajouter des arguments mensongers.
Dans la dernière phrase Â" Les territoires qui lient le Nakhitchevan a
l'Azerbaïdjan sont occupés Â", Mirvari Fataliyeva fait donc référence a
l'Arménie. Cette phrase relève soit d'une ignorance étonnante, soit
d'une rhétorique où plane la volonté - régulièrement affichée par
l'Azerbaïdjan et son président Ilham Aliyev, ainsi que par certains
partis turcs - d'envahir l'Arménie et de la nettoyer de sa population
en Â" finissant le travail Â". C'est également le sens des commentaires
postés ce dimanche 17 février 2013 sur Facebook].
Mirvari Fataliyeva poursuit sa Â" démonstration Â" : Â" Le massacre de
Khodjaly. Alors, le massacre de Khodjaly est l'une des pages les plus
sombres et les plus sanglantes de notre Histoire ainsi que l'Histoire
de toute l'Humanité je dirai. Ce génocide impitoyable et cruel compte
parmi les exécutions de masse les plus atroces. Â"
[Nota CVAN : le site Xocali démonte en plusieurs langues les
assertions turco-azéries. Une vidéo récemment postée sur YouTube,
retrace avec précision la prise de Khodjaly par les combattants
arméniens et montre la responsabilité du Front National d'Azerbaïdjan
dans le massacre prémédité de la population civile azérie. Nous vous
invitons a visionner ce documentaire (sous-titres en anglais)].
Mirvari Fataliyeva : Â" On compte 613 personnes sauvagement
assassinées, parmi lesquelles des femmes, des enfants, sans armes, des
gens civils, des personnes âgées, le pire c'est qu'on ignore le sort
de 150, 1000, 275 ( ? - chiffre incompréhensible) pris en otage. A la
suite de ce massacre, la ville de Khodjaly a été complètement rasée de
la carte en une nuit. C'est vraiment terrible de penser a cette
période de mon enfance que je me rappelle vraiment très, très bien.
Malheureusement, depuis longtemps, les Arméniens appliquent la
politique dite de la victime dans le monde entier alors que c'est nous
qui avons subi les conséquences de différents massacres.
Nous devons unir toutes nos forces pour changer l'opinion publique
dans le monde entier en particulier en France. Le peuple francais doit
découvrir enfin le vrai visage de la diaspora arménienne qui n'arrête
pas de diffuser des fausses informations sur ce conflit et influence
négativement le gouvernement arménien, ce qui ne permet pas la
résolution du conflit.
Nous sommes peu nombreux dans ce pays et ainsi faire entendre notre
voix sur la question du Haut-Karabagh et le génocide de Khodjaly dans
un pays où la communauté arménienne est majoritaire, reste vraiment
très, très difficile. La désinformation règne en Europe, notamment en
France, malheureusement le terrain était vide jusqu'alors, les
Arméniens pouvaient dire ce qu'ils voulaient sans qu'il n'y ait aucune
opposition active. Â"
MIT : Â" Il n'y avait aucune contradiction et donc effectivement ils
faisaient valoir leur point de vue unique, unilatéral. D'ailleurs,
c'est troublant, c'est vous qui êtes victimes, une atrocité sans nom a
Khodjaly, et c'est eux qui viennent manifester. Effectivement, on ne
sait plus quoi penser, il est impérieux que cette terrible injustice
cesse au plus vite et que l'Azerbaïdjan récupère ses terres. Comment
récupérer les territoires occupés par l'Arménie ? Pourtant, il y a
déja eu quatre résolutions de l'ONU, du Conseil de l'Europe, du
Parlement européen, et face a ca, il y a le Groupe de Minsk qui ne
bouge pas d'un iota. Alors, la, on ne comprend pas. A quoi sert le
Groupe de Minsk ? Est-ce que vous en tant qu'Azerbaïdjanais vous
comprenez, parce que moi je ne sais pas?Â"
Mirvari Fataliyeva : Â" Le conflit comme vous dites n'est toujours pas
résolu même si des médiateurs internationaux se penchent sur ce
problème épineux depuis des années. On ne parle pas beaucoup de cette
occupation qui dure plus de vingt ans. 20% des territoires
azerbaïdjanais sont occupés en dépit comme vous dites de quatre
résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies, de la résolution
du Conseil de l'Europe, du Groupe de Minsk et d'autres instances
européennes qui demandent le retrait immédiat de la force armée
arménienne.
A la fin de l'année dernière, les présidents de la république
francaise, des Etats-Unis et de la Fédération de Russie, pays exercant
la co-présidence du Groupe de Minsk se sont réunis pour faire encore
appel a l'Arménie et a l'Azerbaïdjan pour trouver une résolution
pacifique au conflit du Haut-Karabagh. Mais il y a une énorme
différence entre ce qui est dit, ce qui est écrit et ce qui est fait.
Sur le terrain rien ne change, la situation est toujours la même. Les
violations du cessez-le-feu sont quotidiennes avec pour conséquence
bien entendu des morts et des blessés. Aujourd'hui ce n'est pas
difficile de comprendre que l'Arménie ne souhaite pas répondre aux
appels faits par les différentes instances citées, je crois que cette
situation arrange le gouvernement actuel arménien, d'ailleurs c'est
leur clé pour leur maintien au pouvoir. Dans tous les cas, nous
espérons une résolution pacifique au conflit, mais il faut que les
négociations s'intensifient, nous avons le droit de notre côté. Tôt ou
tard, nous voulons libérer les territoires de nos ancêtres. J'en suis
certaine. Â"
[Nota CVAN : l'archéologie montre que le Haut-Karabakh et le
Nakhitchevan sont depuis des millénaires les terres ancestrales des
Arméniens, les populations turcophones étant arrivées d'Asie centrale
bien après. Sans doute, est-ce pour cela que le pouvoir en place a
Bakou s'efforce d'effacer toute trace d'une présence arménienne, en
détruisant méthodiquement des joyeux de l'Art médiéval arménien, dont
la nécropole de Djoulfa (Jugha) avec ses milliers de khatchkars,
pierre-croix sculptées].
MIT : Â" Bien évidemment, bien évidemment. On vous le souhaite en tous
cas. Effectivement, votre témoignage en tant qu'enfant ayant été
témoin de cette guerre atroce nous a tous émus. Il y a quand même des
évolutions positives dans d'autres domaines qui convergent aussi vers
des solutions pour contrer la désinformation.
Parmi ces solutions, il y a la solidarité naturelle et logique qui
s'est spontanément instaurée entre les associations turques et
azerbaïdjanaises de France, nous l'avons constatée, nous l'avons
appréciée lors de différentes commémorations, manifestations, je
pensais a Janvier Noir dont vous avez parlé tout a l'heure, et aussi
aux manifestations que vous avez faites lors du déplacement du
président arménien, et puis réciproquement en janvier 2012, nous
étions vraiment heureux et fiers de voir des drapeaux azerbaïdjanais
flotter sur la manifestation contre le projet de loi de Valérie Boyer.
Donc, ces gestes de solidarité, votre participation, nous a mis du
baume au cÅ"ur. Je tiens a vous en remercier en tant que radio
franco-turque. Et vous-même, êtes-vous satisfaite de cette entraide ?
Quelle est votre opinion ?Â"
Mirvari Fataliyeva : Â" Bien évidemment, je suis très satisfaite. Comme
je vous l'ai déja dit, cela ne fait pas très longtemps que nous avons
repris l'activité associative. Et nous sommes en train de travailler
sur des projets qui peuvent être intéressants de développer avec des
associations turques de France. Les Turcs sont présents depuis
longtemps dans ce pays et ont beaucoup d'expérience dans le domaine
associatif. Nous avons donc beaucoup a apprendre de cette riche
expérience. Bien entendu nous sommes ravis de cette entraide et la
solidarité entre ces deux peuples frères ; l'an dernier, nous avons
soutenu cette manifestation, non seulement parce que nous sommes des
peuples frères mais parce que c'était une proposition de loi
complètement insensée dans un pays des droits de l'homme. Nous devons
tisser des liens forts je pense et améliorer cette synergie turque
pour une plus grande efficacité. Vous pouvez compter bien évidemment
sur notre solidarité a tout moment. Â"
MIT : Â" Avez-vous des projets pour renforcer la solidarité entre Turciques ? Â"
Mirvari Fataliyeva : Â" Oui, nous avons beaucoup de projets que je ne
souhaite pas dévoiler aujourd'hui car ils sont en cours. Les
associations franco-turques contactées sont très réceptives et souvent
très heureuses de travailler avec nous. Nos intérêts convergent. Nous
souffrons tous des mêmes problèmes. Dès lors, nous faisons le maximum
pour faire la solidarité entre Turciques. Â"
MIT : Â" Excellent. Aux Etats-Unis, il y a un exemple qui marche, les
Turciques d'Amérique se sont regroupés sous la même bannière pour
défendre leurs intérêts: il s'agit du Pax Turcica Institute, qui est
composée de Turcs, d'Azerbaïdjanais, de Chypriotes turcs et aussi de
Turciques d'Asie centrale. Est-ce que la véritable solution pour
combattre la turcophobie dont nous souffrons tous, la véritable
solution n'est pas de créer en Europe occidentale une organisation
similaire a Pax Turcica ? Â"
Mirvari Fataliyeva : Â" Effectivement, c'est une très bonne initiative,
la mobilisation des forces pour défendre nos intérêts peut-être l'une
des meilleures solutions, mais aujourd'hui je crois qu'il y a beaucoup
de choses a faire avant d'aboutir a une telle structure aussi
professionnelle et aussi efficace. A long terme, il me paraît évident
que nous devons tous nous orienter pour créer une structure similaire
capable de nous défendre. L'Union fait la force et une structure comme
Pax Turcica symbolise parfaitement ce proverbe Â".
MIT : Â" En tous cas, on connaît la direction, on connaît où il faut
aller. Il y a un autre aspect sur cette synergie, c'est le volet
géorgien : avez-vous des relations avec les associations géorgiennes ?
La Géorgie a de bons rapports avec la Turquie et l'Azerbaïdjan et a
l'inverse ses liens avec l'Arménie sont assez mauvais. Peut-être que
les Géorgiens qui souffrent également de la même injustice que les
Turcs et les Azéris pourraient se joindre a la solidarité turco-azérie
? Â"
[Nota CVAN : Allons bon, après les Turcs et les Azéris qui
souffriraient d'une injustice (provoquée par les Arméniens ? Un
génocide par exemple ?), voici donc les Géorgiens invités a se
plaindre des mêmes méfaits.]
Mirvari Fataliyeva : Â" Avec la Géorgie, c'est vrai que nous avons de
très bonnes relations culturelles, économiques, scientifiques. Dans le
cadre de l'AFAJ, l'année dernière, nous avons réalisé des projets
communs avec les associations géorgiennes. Pour le moment, dans le
cadre de la Maison de l'Azerbaïdjan, nous n'avons pas de relations.
Nous comptons très prochainement les rencontrer pour pouvoir défendre
nos causes communes Â".
MIT : Â" Excellent. En tant qu'acteur associatif franco-turc, je vous
réitère toute notre solidarité, c'est pas MA solidarité, mais toute
NOTRE solidarité parce que je pense parler au nom de tous ceux qui se
reconnaissent dans ce que je dis et dans la ligne politique officielle
de notre radio qui promeut l'amitié franco-turque et la solidarité
entre Turciques pour combattre notamment la mauvaise foi et la
malveillance. Je vous réitère toute notre solidarité. N'hésitez pas a
faire appel a notre radio pour la promotion de vos activités. Si
celle-ci peut servir de catalyseur ou de courroie afin de consolider
ou de renforcer des liens, nous le ferons avec beaucoup de plaisir et
surtout beaucoup de fierté. Â"
Lire aussi :
Esther Benbassa contre les "propos négationnistes"
Sur le site de MIT, le podcast de l'interview de la parlementaire ne
figure plus sous son nom dans la liste des invités. Bizarre, vous avez
dit bizarre ? On pouvait au moins l'écouter sur le site du Collectif
VAN mais la vidéo ayant été également très récemment retirée de
YouTube, nous ne pouvons désormais que vous proposer la transcription
des échanges. C'est déja très 'parlant'.
Liste des Invités de la Radio MIT
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