LE COLLECTIF FEMINISTE GARCES SOUTIENT PINAR SELEK
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=71493
Publie le : 20-02-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
presente cette information publiee sur le site du collectif feministe
Garces le 18 fevrier 2013.
Collectif G.A.R.C.E.S
Solidarite avec Pinar Selek
18 fevrier 2013
Le 24 janvier 2013, Pinar Selek, chercheuse en sciences sociales
et militante feministe et antimilitariste turque, engagee auprès
de multiples groupes marginalises en Turquie, a ete condamnee a
perpetuite pour un attentat qui n'a jamais existe, après près de
quinze ans d'acharnement politico-judiciaire. Quinze ans pendant
lesquels elle ne s'est jamais tue. En solidarite avec Pinar Selek,
Garces, collectif feministe, tient a faire connaître ses luttes.
Quinze annees d'acharnement politico-judiciaire
En juillet 1998, alors qu'elle preparait un projet de recherche sur le
conflit arme entre l'Etat turc et les Kurdes, Pinar Selek a d'abord
ete arretee par la police turque et sommee de lui livrer les noms
des militant.e.s kurdes qu'elle avait interviewe.e.s. Son refus lui a
valu sept jours de detention arbitraire, pendant lesquels elle a ete
torturee. Quelques semaines plus tard, elle s'est trouvee accusee
d'avoir organise un attentat a la bombe sur le Marche aux epices
d'Istanbul, arretee, emprisonnee pendant plus de deux ans et torturee
pendant sa detention. Pourtant, l'enquete a très vite conclu a une
explosion accidentelle, causee par une fuite de gaz. Les " temoins "
qui avaient appuye son accusation ont reconnu avoir fait de fausses
declarations sous la torture. Pinar Selek a donc ete liberee en 2000
et acquittee a trois reprises par la 12e Cour penale d'Istanbul - en
2006, 2008 et 2011. Mais les deux premières fois, la Cour de Cassation
a annule ces verdicts, et suite au troisième acquittement, la 12e Cour
penale d'Istanbul a elle-meme decide, le 22 novembre 2012, d'annuler
son propre verdict, alors meme que seule la Cour de Cassation est
competente pour casser ou confirmer un jugement de première instance.
Un nouveau juge, peu familier du dossier, a demande la condamnation
de Pinar Selek a perpetuite pour attentat et appartenance a une
organisation terroriste. Chose faite lors de la dernière audience,
le 25 janvier dernier. Un mandat d'arret a ete depose contre elle. Ses
avocats vont faire appel de cette decision.
Pinar Selek a ete contrainte de quitter la Turquie en 2009 et vit
aujourd'hui en exil a Strasbourg.
Son crime : chercher a " analyser les blessures de la societe pour
etre capable de les guerir "
Pinar Selek mène des recherches et milite depuis plus de vingt ans pour
la reconnaissance et les droits de diverses communautes marginalises,
travaillant sur et avec des Kurdes, des Roms, des enfants des rues,
des travailleur.se.s du sexe, des travestis, des personnes trans,
lesbiennes, gays et bisexuelles. En 2006, elle a declare a la 12e
Cour penale d'Istanbul que, pour elle, " les sociologues [doivent]
etre capables de guerir les blessures de la societe "[1].
On l'a vu, Pinar Selek a d'abord ete arretee et torturee pour
avoir cherche a documenter et a analyser le vecu de la minorite
kurde en toute independance, puis emprisonnee et poursuivie après
avoir refuse de devoiler ses sources. Il est clair que l'acharnement
politique et judiciaire dont elle est la cible, qui la designe comme
terroriste, ne vise qu'a decredibiliser et a sanctionner son travail
de chercheuse, qu'elle n'a jamais dissocie de son militantisme. Il est
clair qu'a travers elle, ce sont les chercheur.se.s, les avocat.e.s,
les journalistes, les activistes critiques, dont des dizaines font
face a des poursuites et sont emprisonne.e.s, qui sont vise.e.s,
stigmatise.e.s et criminalise.e.s.
" [...] le pire est qu'une telle punition face a une demarche qui
avait pour simple ambition de tenter d'apaiser les plaies beantes de
la societe, est devenue egalement une menace contre toute tentative de
diagnostic ou de soin encore a inventer. Au travers de ma personne,
un signal d'alarme a ete envoye a tous les hommes et toutes les
femmes en recherche d'une independance d'esprit. Les sociologues,
les chercheurs en sciences sociales et les militants ont ete pointes
du doigt. Et j'ai ete choisie comme emblème. "
Extrait de la plaidoirie de Pinar Selek a la 12ème Cour d'Assises
d'Istanbul en date du 17 mai 2006
Quinze annees de luttes
Mais pour Pinar Selek, toutes ces annees de harcèlement
politico-judiciaire ont aussi ete quinze annees de luttes. Quinze
annees pendant lesquelles elle ne s'est jamais tue, pas plus qu'elle
n'a mis un terme a ses travaux sociologiques et a ses combats
contre toutes les formes de domination, de pouvoir, de violence et
d'exploitation. Pour elle, la paix et la justice ne se divisent pas.
Après sa liberation, en 2000, elle organise ainsi une première "
Rencontre des femmes pour la paix " (projet mûri en prison), avant
de participer a la fondation, en 2001, de l'association feministe
Amargi, mobilisee contre les violences faites aux femmes, pour la paix
et contre toutes les formes de domination. L'association est alors
notamment a l'origine de la première librairie feministe d'Istanbul
et, en 2006, de la revue theorique feministe Amargi, dont Pinar
Selek est toujours redactrice en chef. Avant de s'exiler en France,
elle a egalement publie un ouvrage sur la culture militariste et les
mobilisations pour la paix en Turquie (Barisamadik - " Nous n'avons
pas pu faire la paix ", 2004), et un autre sur la construction de
la masculinite dans le contexte du service militaire (Surune Surune
erkek olmak - " Devenir homme en rampant ", 2008), qui lui a valu
menaces et intimidations dans la presse. Pinar Selek est actuellement
doctorante a l'Universite de Strasbourg, où elle prepare une thèse
sur les mouvements d'emancipation en Turquie. Malgre l'exil et les
menaces, elle a toujours refuse d'y abandonner son engagement.
Pinar Selek n'est pas seule dans cette lutte. De nombreux groupes
et associations reunissant sociologues et de chercheur.se.s,
militant.e.s feministes, LGBT, engage.e.s contre toutes les formes de
violences et de discrimination, ainsi que de nombreuses organisations
internationales (voir notamment les reactions de la FIDH et de Amnesty
International), s'engagent a ses côtes, notamment via son Collectif
de solidarite en France.
Garces, collectif feministe, est solidaire de Pinar Selek et se joint
a cet engagement. L'enjeu ici est de faire connaître son combat pour
la justice et ses travaux. Pinar Selek a decide de ne pas se taire.
Nous ne nous tairons pas.
[1] Plaidoirie de Pinar Selek a la 12ème Cour d'Assises d'Istanbul
en date du 17 mai 2006
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Lire aussi:
Le Collectif VAN soutient la sociologue turque Pinar Selek
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Source/Lien : Collectif G.A.R.C.E.S
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=71493
Publie le : 20-02-2013
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Garces le 18 fevrier 2013.
Collectif G.A.R.C.E.S
Solidarite avec Pinar Selek
18 fevrier 2013
Le 24 janvier 2013, Pinar Selek, chercheuse en sciences sociales
et militante feministe et antimilitariste turque, engagee auprès
de multiples groupes marginalises en Turquie, a ete condamnee a
perpetuite pour un attentat qui n'a jamais existe, après près de
quinze ans d'acharnement politico-judiciaire. Quinze ans pendant
lesquels elle ne s'est jamais tue. En solidarite avec Pinar Selek,
Garces, collectif feministe, tient a faire connaître ses luttes.
Quinze annees d'acharnement politico-judiciaire
En juillet 1998, alors qu'elle preparait un projet de recherche sur le
conflit arme entre l'Etat turc et les Kurdes, Pinar Selek a d'abord
ete arretee par la police turque et sommee de lui livrer les noms
des militant.e.s kurdes qu'elle avait interviewe.e.s. Son refus lui a
valu sept jours de detention arbitraire, pendant lesquels elle a ete
torturee. Quelques semaines plus tard, elle s'est trouvee accusee
d'avoir organise un attentat a la bombe sur le Marche aux epices
d'Istanbul, arretee, emprisonnee pendant plus de deux ans et torturee
pendant sa detention. Pourtant, l'enquete a très vite conclu a une
explosion accidentelle, causee par une fuite de gaz. Les " temoins "
qui avaient appuye son accusation ont reconnu avoir fait de fausses
declarations sous la torture. Pinar Selek a donc ete liberee en 2000
et acquittee a trois reprises par la 12e Cour penale d'Istanbul - en
2006, 2008 et 2011. Mais les deux premières fois, la Cour de Cassation
a annule ces verdicts, et suite au troisième acquittement, la 12e Cour
penale d'Istanbul a elle-meme decide, le 22 novembre 2012, d'annuler
son propre verdict, alors meme que seule la Cour de Cassation est
competente pour casser ou confirmer un jugement de première instance.
Un nouveau juge, peu familier du dossier, a demande la condamnation
de Pinar Selek a perpetuite pour attentat et appartenance a une
organisation terroriste. Chose faite lors de la dernière audience,
le 25 janvier dernier. Un mandat d'arret a ete depose contre elle. Ses
avocats vont faire appel de cette decision.
Pinar Selek a ete contrainte de quitter la Turquie en 2009 et vit
aujourd'hui en exil a Strasbourg.
Son crime : chercher a " analyser les blessures de la societe pour
etre capable de les guerir "
Pinar Selek mène des recherches et milite depuis plus de vingt ans pour
la reconnaissance et les droits de diverses communautes marginalises,
travaillant sur et avec des Kurdes, des Roms, des enfants des rues,
des travailleur.se.s du sexe, des travestis, des personnes trans,
lesbiennes, gays et bisexuelles. En 2006, elle a declare a la 12e
Cour penale d'Istanbul que, pour elle, " les sociologues [doivent]
etre capables de guerir les blessures de la societe "[1].
On l'a vu, Pinar Selek a d'abord ete arretee et torturee pour
avoir cherche a documenter et a analyser le vecu de la minorite
kurde en toute independance, puis emprisonnee et poursuivie après
avoir refuse de devoiler ses sources. Il est clair que l'acharnement
politique et judiciaire dont elle est la cible, qui la designe comme
terroriste, ne vise qu'a decredibiliser et a sanctionner son travail
de chercheuse, qu'elle n'a jamais dissocie de son militantisme. Il est
clair qu'a travers elle, ce sont les chercheur.se.s, les avocat.e.s,
les journalistes, les activistes critiques, dont des dizaines font
face a des poursuites et sont emprisonne.e.s, qui sont vise.e.s,
stigmatise.e.s et criminalise.e.s.
" [...] le pire est qu'une telle punition face a une demarche qui
avait pour simple ambition de tenter d'apaiser les plaies beantes de
la societe, est devenue egalement une menace contre toute tentative de
diagnostic ou de soin encore a inventer. Au travers de ma personne,
un signal d'alarme a ete envoye a tous les hommes et toutes les
femmes en recherche d'une independance d'esprit. Les sociologues,
les chercheurs en sciences sociales et les militants ont ete pointes
du doigt. Et j'ai ete choisie comme emblème. "
Extrait de la plaidoirie de Pinar Selek a la 12ème Cour d'Assises
d'Istanbul en date du 17 mai 2006
Quinze annees de luttes
Mais pour Pinar Selek, toutes ces annees de harcèlement
politico-judiciaire ont aussi ete quinze annees de luttes. Quinze
annees pendant lesquelles elle ne s'est jamais tue, pas plus qu'elle
n'a mis un terme a ses travaux sociologiques et a ses combats
contre toutes les formes de domination, de pouvoir, de violence et
d'exploitation. Pour elle, la paix et la justice ne se divisent pas.
Après sa liberation, en 2000, elle organise ainsi une première "
Rencontre des femmes pour la paix " (projet mûri en prison), avant
de participer a la fondation, en 2001, de l'association feministe
Amargi, mobilisee contre les violences faites aux femmes, pour la paix
et contre toutes les formes de domination. L'association est alors
notamment a l'origine de la première librairie feministe d'Istanbul
et, en 2006, de la revue theorique feministe Amargi, dont Pinar
Selek est toujours redactrice en chef. Avant de s'exiler en France,
elle a egalement publie un ouvrage sur la culture militariste et les
mobilisations pour la paix en Turquie (Barisamadik - " Nous n'avons
pas pu faire la paix ", 2004), et un autre sur la construction de
la masculinite dans le contexte du service militaire (Surune Surune
erkek olmak - " Devenir homme en rampant ", 2008), qui lui a valu
menaces et intimidations dans la presse. Pinar Selek est actuellement
doctorante a l'Universite de Strasbourg, où elle prepare une thèse
sur les mouvements d'emancipation en Turquie. Malgre l'exil et les
menaces, elle a toujours refuse d'y abandonner son engagement.
Pinar Selek n'est pas seule dans cette lutte. De nombreux groupes
et associations reunissant sociologues et de chercheur.se.s,
militant.e.s feministes, LGBT, engage.e.s contre toutes les formes de
violences et de discrimination, ainsi que de nombreuses organisations
internationales (voir notamment les reactions de la FIDH et de Amnesty
International), s'engagent a ses côtes, notamment via son Collectif
de solidarite en France.
Garces, collectif feministe, est solidaire de Pinar Selek et se joint
a cet engagement. L'enjeu ici est de faire connaître son combat pour
la justice et ses travaux. Pinar Selek a decide de ne pas se taire.
Nous ne nous tairons pas.
[1] Plaidoirie de Pinar Selek a la 12ème Cour d'Assises d'Istanbul
en date du 17 mai 2006
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