EN MAL D'ENERGIE, LA TURQUIE COURTISE CONTRE TOUTE ATTENTE LES KURDES D'IRAK
Ankara - Soucieuse de reduire sa dependance energetique au gaz et au
petrole importes, la Turquie lorgne avec insistance vers le Kurdistan
irakien et ses reserves de brut, malgre la colère de Bagdad et la
crainte de son allie americain de voir l'Irak eclater sous l'effet
de ce rapprochement.
C'est un de ses bouleversements d'alliance qui donne des sueurs
froides aux diplomates. Pendant très longtemps, Ankara s'est refuse
a tout contact avec les Kurdes d'Irak, accuses d'heberger sur leur
sol leurs frères honnis du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK),
en guerre ouverte contre ses troupes depuis 1984.
Mais, depuis qu'il a pris les renes du pouvoir, le Premier ministre
turc Recep Tayyip Erdogan a prudemment repris langue avec les
dirigeants de ce qui constitue aujourd'hui la region autonome kurde
d'Irak, et noue avec elle des liens economiques très forts destines
a nourrir en energie l'impressionnante croissance (8,9% et 8,5%
en 2010 et 2011) de son pays.
De 2,8 milliards de dollars en 2007, le montant des echanges entre
la Turquie et l'Irak est passe a 10,7 milliards l'an dernier, dont
une très large part avec sa region kurde, où un millier d'entreprises
turques sont implantees.
Aujourd'hui, la Turquie propose de transformer cette entente en
veritable partenariat strategique. Selon la presse turque, ce projet
prevoit la construction d'un gazoduc capable d'acheminer 10 milliards
de mètres cubes de gaz par an.
S'il n'a pas confirme ce projet, le ministre turc de l'Energie Taner
Yildiz a en tout cas justifie l'interet de son pays pour son voisin
du sud. Quoi de plus naturel pour la Turquie que de proteger ses
interets ?, a-t-il lance.
Une reponse aux critiques que suscite le rapprochement entre Ankara
et Erbil. A commencer par celles de l'Irak, qui denie a la region
kurde le droit d'exporter ses hydrocarbures sans son accord.
Ajoutee au refus turc d'extrader le vice-president irakien Tareq
al-Hashemi, la question energetique a pourri les relations entre
le Premier ministre chiite irakien Nouri Al-Maliki et la Turquie,
a majorite sunnite.
Inquietude americaine
En decembre, l'Irak a interdit a l'avion de Taner Yildiz d'atterrir
a Erbil pour y parapher l'accord. Un mois plus tôt, les autorites de
Bagdad ont empeche le groupe petrolier turc TPAO de participer a un
appel d'offres pour un contrat d'exploration.
Mais ce n'est pas tout : M. Erdogan doit aussi affronter les mises en
gardes de Washington, qui redoute que ses attentions pour la region
kurde precipite un eclatement de l'Irak, devastateur pour la stabilite
de la region.
La reussite economique peut favoriser l'integration en Irak. Un
echec pourrait y nourrir les forces qui poussent a sa desintegration,
et ce ne serait bon ni pour la Turquie, ni pour les Etats-Unis, ni
aucun pays de la region, a averti recemment l'ambassadeur americain
a Ankara, Francis Ricciardone.
La sortie a ete peu goûtee des Turcs. Nos relations economiques se
renforcent malgre tout, meme malgre les Etats-Unis, a lance M.
Erdogan. Ils nous disent que nous avons tort d'agir ainsi. Je leur
reponds +non+, la Constitution irakienne l'autorise, a-t-il ajoute
en rappelant que ce texte permettait aux Kurdes d'utiliser comme bon
leur semble 18% de l'or noir du pays.
Aux yeux des analystes, le choix turc de reorienter une partie de
ses coûteuses importations d'hydrocarbures de l'Iran, l'Azerbaïdjan
et la Russie vers le Kurdistan irakien est une evidence economique.
L'energie irakienne est la meilleure marche et un moyen, pour la
Turquie, de reduire sa dependance energetique, souligne Mete Goknel,
l'ancien patron du transporteur turc d'hydrocarbure Botas.
Politiquement, Ankara a fait de l'enclave kurde irakienne une de ses
cartes maîtresses dans le dialogue de paix renoue fin 2012 avec le
chef emprisonne du PKK Abdullah Ocalan. Sur ce dossier, le Kurdistan
irakien constitue l'un de ses rares allies.
La Turquie ne peut pas ignorer les Kurdes d'Irak, juge le professeur
Huseyin Bagci, de l'universite technique du Moyen-Orient. Je considère
les liens noues par la Turquie avec les chefs kurdes d'Irak comme
l'un des plus interessants developpements survenus dans les affaires
regionales, rencherit Ross Wilson, du Conseil atlantique, un centre
de recherche americain.
AFP
mercredi 20 fevrier 2013, Jean Eckian ©armenews.com
Ankara - Soucieuse de reduire sa dependance energetique au gaz et au
petrole importes, la Turquie lorgne avec insistance vers le Kurdistan
irakien et ses reserves de brut, malgre la colère de Bagdad et la
crainte de son allie americain de voir l'Irak eclater sous l'effet
de ce rapprochement.
C'est un de ses bouleversements d'alliance qui donne des sueurs
froides aux diplomates. Pendant très longtemps, Ankara s'est refuse
a tout contact avec les Kurdes d'Irak, accuses d'heberger sur leur
sol leurs frères honnis du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK),
en guerre ouverte contre ses troupes depuis 1984.
Mais, depuis qu'il a pris les renes du pouvoir, le Premier ministre
turc Recep Tayyip Erdogan a prudemment repris langue avec les
dirigeants de ce qui constitue aujourd'hui la region autonome kurde
d'Irak, et noue avec elle des liens economiques très forts destines
a nourrir en energie l'impressionnante croissance (8,9% et 8,5%
en 2010 et 2011) de son pays.
De 2,8 milliards de dollars en 2007, le montant des echanges entre
la Turquie et l'Irak est passe a 10,7 milliards l'an dernier, dont
une très large part avec sa region kurde, où un millier d'entreprises
turques sont implantees.
Aujourd'hui, la Turquie propose de transformer cette entente en
veritable partenariat strategique. Selon la presse turque, ce projet
prevoit la construction d'un gazoduc capable d'acheminer 10 milliards
de mètres cubes de gaz par an.
S'il n'a pas confirme ce projet, le ministre turc de l'Energie Taner
Yildiz a en tout cas justifie l'interet de son pays pour son voisin
du sud. Quoi de plus naturel pour la Turquie que de proteger ses
interets ?, a-t-il lance.
Une reponse aux critiques que suscite le rapprochement entre Ankara
et Erbil. A commencer par celles de l'Irak, qui denie a la region
kurde le droit d'exporter ses hydrocarbures sans son accord.
Ajoutee au refus turc d'extrader le vice-president irakien Tareq
al-Hashemi, la question energetique a pourri les relations entre
le Premier ministre chiite irakien Nouri Al-Maliki et la Turquie,
a majorite sunnite.
Inquietude americaine
En decembre, l'Irak a interdit a l'avion de Taner Yildiz d'atterrir
a Erbil pour y parapher l'accord. Un mois plus tôt, les autorites de
Bagdad ont empeche le groupe petrolier turc TPAO de participer a un
appel d'offres pour un contrat d'exploration.
Mais ce n'est pas tout : M. Erdogan doit aussi affronter les mises en
gardes de Washington, qui redoute que ses attentions pour la region
kurde precipite un eclatement de l'Irak, devastateur pour la stabilite
de la region.
La reussite economique peut favoriser l'integration en Irak. Un
echec pourrait y nourrir les forces qui poussent a sa desintegration,
et ce ne serait bon ni pour la Turquie, ni pour les Etats-Unis, ni
aucun pays de la region, a averti recemment l'ambassadeur americain
a Ankara, Francis Ricciardone.
La sortie a ete peu goûtee des Turcs. Nos relations economiques se
renforcent malgre tout, meme malgre les Etats-Unis, a lance M.
Erdogan. Ils nous disent que nous avons tort d'agir ainsi. Je leur
reponds +non+, la Constitution irakienne l'autorise, a-t-il ajoute
en rappelant que ce texte permettait aux Kurdes d'utiliser comme bon
leur semble 18% de l'or noir du pays.
Aux yeux des analystes, le choix turc de reorienter une partie de
ses coûteuses importations d'hydrocarbures de l'Iran, l'Azerbaïdjan
et la Russie vers le Kurdistan irakien est une evidence economique.
L'energie irakienne est la meilleure marche et un moyen, pour la
Turquie, de reduire sa dependance energetique, souligne Mete Goknel,
l'ancien patron du transporteur turc d'hydrocarbure Botas.
Politiquement, Ankara a fait de l'enclave kurde irakienne une de ses
cartes maîtresses dans le dialogue de paix renoue fin 2012 avec le
chef emprisonne du PKK Abdullah Ocalan. Sur ce dossier, le Kurdistan
irakien constitue l'un de ses rares allies.
La Turquie ne peut pas ignorer les Kurdes d'Irak, juge le professeur
Huseyin Bagci, de l'universite technique du Moyen-Orient. Je considère
les liens noues par la Turquie avec les chefs kurdes d'Irak comme
l'un des plus interessants developpements survenus dans les affaires
regionales, rencherit Ross Wilson, du Conseil atlantique, un centre
de recherche americain.
AFP
mercredi 20 fevrier 2013, Jean Eckian ©armenews.com