Le Monde, France
Vendredi 22 Février 2013
En Arménie, l'opposition dans la rue pour contester l'élection présidentielle
Raffi Hovannissian veut poursuivre l'élection présidentielle
arménienne dans la rue. Défait lors du scrutin du 18 février, le
leader du parti Héritage dénonce les fraudes massives qui auraient
entaché le vote.
Selon les résultats officiels, le président sortant, Serge Sarkissian,
59 ans, a obtenu 58,64% des suffrages contre 36,75% pour Raffi
Hovannissian, 54 ans.
Ce dernier, ancien ministre des affaires étrangères, a réuni 5 000
personnes au centre de Erevan, mercredi. Il souhaitait à nouveau
rassembler ses partisans jeudi soir. "Je respecte le président, mais
personne n'est au-dessus des lois, explique M. Hovannissian au Monde
par téléphone. Le peuple s'est réveillé. Nous utiliserons toutes les
voies légales et politiques pour nous faire entendre. Les tribunaux,
eux, ne sont pas indépendants. Notre pays est au bord de la révolution
par l'évolution. C'est-à-dire la révolution sans sang versé."
"PROPOSER DE NOUVELLES ÉLECTIONS"
Raffi Hovannissian estime être le vainqueur de l'élection. De façon un
rien provocante, il a appelé le président Sarkissian à la rejoindre,
place de la liberté, afin d'assurer une "transition pacifique du
pouvoir". "Le moins que le président puisse faire est de proposer de
nouvelles élections, vu comment elles ont été manipulées, dit-il.
C'est à lui de décider s'il reste cinq ans de plus en fonction en
instrumentalisant la Commission électorale centrale, ou bien s'il
choisit le sens civique."
M. Hovannissian comptait se rendre une nouvelle fois place de la
liberté, jeudi après-midi, là où le président Sarkissian avait prévu
également d'organiser une réunion publique. Une démarche à risque. Le
souvenir des affrontements violents entre l'opposition et la police,
qui avaient fait dix morts après la présidentielle de 2008, plane
encore dans la population. Mais le candidat de l'opposition, vêtu d'un
blue-jean délavé, une écharpe dénouée autour du cou, a été finalement
reçu en début d'après-midi par le chef de l'État pour un long
entretien. M. Hovannissian n'a pas précisé ses intentions à la
sortie. A cette heure, une forte mobilisation populaire ne semble pas
vraisemblable.
ENCRE EVANESCENTE
Les partisans de M. Hovannissian affirment détenir des vidéos,
montrant des employés du secteur public professeurs, médecins, etc.
convoqués par leurs supérieurs pour recevoir des consignes de vote.
Comme l'a souligné également la mission d'observation de
l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE),
l'État a mobilisé ses ressources administratives et ses btiments au
service de la campagne du président sortant. L'opposition dénonce
aussi l'utilisation d'encre evanescente : le tampon attestant que la
personne a voté s'efface facilement, ouvrant la voie aux passages
multiples.
La campagne présidentielle s'est déroulée dans une atmosphère assez
morne, la réélection de Serge Sarkissian paraissant certaine aux yeux
de tous. Les deux principaux rivaux du président avaient renoncé à se
présenter : il s'agit de l'ancien chef de l'Etat, Levon
Ter-Petrossian, et du leader du parti Arménie Prospère, Gagik
Tsarukian.
Tous les sondages annonçaient avant le scrutin une victoire dès le
premier tour pour Serge Sarkissian. Une chute des intentions de vote
en sa faveur avait été néanmoins constatée dans la dernière ligne
droite, notamment après que l'un des candidats de l'opposition,
l'ancien dissident Paryur Hairikian, eut été blessé par balles devant
chez lui, le 31 janvier.
Le Monde.fr Piotr Smolar
Vendredi 22 Février 2013
En Arménie, l'opposition dans la rue pour contester l'élection présidentielle
Raffi Hovannissian veut poursuivre l'élection présidentielle
arménienne dans la rue. Défait lors du scrutin du 18 février, le
leader du parti Héritage dénonce les fraudes massives qui auraient
entaché le vote.
Selon les résultats officiels, le président sortant, Serge Sarkissian,
59 ans, a obtenu 58,64% des suffrages contre 36,75% pour Raffi
Hovannissian, 54 ans.
Ce dernier, ancien ministre des affaires étrangères, a réuni 5 000
personnes au centre de Erevan, mercredi. Il souhaitait à nouveau
rassembler ses partisans jeudi soir. "Je respecte le président, mais
personne n'est au-dessus des lois, explique M. Hovannissian au Monde
par téléphone. Le peuple s'est réveillé. Nous utiliserons toutes les
voies légales et politiques pour nous faire entendre. Les tribunaux,
eux, ne sont pas indépendants. Notre pays est au bord de la révolution
par l'évolution. C'est-à-dire la révolution sans sang versé."
"PROPOSER DE NOUVELLES ÉLECTIONS"
Raffi Hovannissian estime être le vainqueur de l'élection. De façon un
rien provocante, il a appelé le président Sarkissian à la rejoindre,
place de la liberté, afin d'assurer une "transition pacifique du
pouvoir". "Le moins que le président puisse faire est de proposer de
nouvelles élections, vu comment elles ont été manipulées, dit-il.
C'est à lui de décider s'il reste cinq ans de plus en fonction en
instrumentalisant la Commission électorale centrale, ou bien s'il
choisit le sens civique."
M. Hovannissian comptait se rendre une nouvelle fois place de la
liberté, jeudi après-midi, là où le président Sarkissian avait prévu
également d'organiser une réunion publique. Une démarche à risque. Le
souvenir des affrontements violents entre l'opposition et la police,
qui avaient fait dix morts après la présidentielle de 2008, plane
encore dans la population. Mais le candidat de l'opposition, vêtu d'un
blue-jean délavé, une écharpe dénouée autour du cou, a été finalement
reçu en début d'après-midi par le chef de l'État pour un long
entretien. M. Hovannissian n'a pas précisé ses intentions à la
sortie. A cette heure, une forte mobilisation populaire ne semble pas
vraisemblable.
ENCRE EVANESCENTE
Les partisans de M. Hovannissian affirment détenir des vidéos,
montrant des employés du secteur public professeurs, médecins, etc.
convoqués par leurs supérieurs pour recevoir des consignes de vote.
Comme l'a souligné également la mission d'observation de
l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE),
l'État a mobilisé ses ressources administratives et ses btiments au
service de la campagne du président sortant. L'opposition dénonce
aussi l'utilisation d'encre evanescente : le tampon attestant que la
personne a voté s'efface facilement, ouvrant la voie aux passages
multiples.
La campagne présidentielle s'est déroulée dans une atmosphère assez
morne, la réélection de Serge Sarkissian paraissant certaine aux yeux
de tous. Les deux principaux rivaux du président avaient renoncé à se
présenter : il s'agit de l'ancien chef de l'Etat, Levon
Ter-Petrossian, et du leader du parti Arménie Prospère, Gagik
Tsarukian.
Tous les sondages annonçaient avant le scrutin une victoire dès le
premier tour pour Serge Sarkissian. Une chute des intentions de vote
en sa faveur avait été néanmoins constatée dans la dernière ligne
droite, notamment après que l'un des candidats de l'opposition,
l'ancien dissident Paryur Hairikian, eut été blessé par balles devant
chez lui, le 31 janvier.
Le Monde.fr Piotr Smolar