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Genocide Armenien : Projet De Film A Double Tranchant

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    GENOCIDE ARMENIEN : PROJET DE FILM A DOUBLE TRANCHANT

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=70888
    Publie le : 29-01-2013

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
    presente une traduction de Gilbert Beguian d'un article en anglais du
    site Al-monitor mise en ligne sur le site de NAM (Nouvelles d'Armenie
    Magazine) le 22 janvier 2013.

    NAM

    Le Tournage du Film Sur le Genocide Armenien Par le Metteur en Scène
    Shekhar Kapur, Laureat d'un Oscar, commencera a la Fin de cette Annee

    Al-monitor

    Ezgi Basaran

    19 janvier 2013

    Sona Tatoyan, actrice et productrice armenienne nee aux USA, se
    prepare a realiser un film sur le genocide armenien, base sur le
    livre de Micheline Ahromyan Marcom, Three Apples Fell From Heaven
    [Trois Pommes Sont Tombees du Paradis]. Le script a ete ecrit par son
    mari, Jose Rivera, qui est l'auteur du script pour " Che Guevara et
    de l'adaptation du film de Jack Kerouac " On the Road " [Sur la Route].

    Le film sera mis en scène par Shekhar Kapur, dont le film " Elisabeth
    " a ete nomme pour un Oscar. Le tournage commencera a la fin de
    cette annee.

    Le journal turc Radikal a eu une entrevue avec Sona qui y devoile son
    histoire et les raisons pour lesquelles elle a voulu faire un tel film,
    pour le sixième anniversaire de l'assassinat de Hrant Dink.

    Votre famille est originaire d'Alep, mais vous etes nee et avez grandi
    aux USA n'est-ce pas ?

    Oui, c'est pour cela que ma vie s'est toujours passee entre les deux.

    D'habitude, je passais mes vacances d'ete dans un village près d'Alep,
    avec la famille de ma mère. La tante de ma mère etait très sensible
    a l'histoire des Armeniens. Elle etait très soucieuse que la memoire
    du Genocide soit gardee vivante et se montrait très attentive sur ce
    point. J'ai ecoute beaucoup d'histoires qu'elle a racontees.

    Etait-elle une survivante du Genocide ?

    Sa mère et son père, qui sont aussi ma grand-mère et mon grand-père,
    vivaient a Antep a ce moment-la. Ils ont survecu en s'enfuyant a Alep.

    J'etais une enfant très curieuse, et j'ai toujours eu de ma tante les
    reponses les plus directes. Ma plus grande interrogation etait en
    permanence la suivante : Nous sommes des Armeniens, alors pourquoi
    vivons-nous a Alep et pourquoi sommes-nous entoures d'Arabes ? Elle
    s'efforcait d'y repondre. Ensuite, pour finir, les etes prenaient
    fin et je devais retourner dans l'Indiana. Les jours de rentree,
    j'ouvrais les livres d'histoire pour y chercher des informations sur
    les histoires que ma tante m'avait racontees. Il s'est avere que je
    n'ai jamais trouve un seul mot sur cette question. J'ai par consequent
    commence a avoir des doutes.

    Vous vous demandiez si votre tante disait la verite ?

    Non, je me suis mise a avoir des doutes sur la facon dont les
    Americains interprètent l'histoire. J'avais des preuves materielles
    des epreuves que ma famille avait traversees. La moitie de ma famille
    vivait en Syrie - ce qui etait pour moi suffisant pour attester
    de l'authenticite de leurs recits. Un jour, il avait fallu que des
    membres de ma famille quittent leur maison d'Antep et se refugient a
    Alep. Mon grand-père et ma mère ne parlaient pas l'Armenien, ce qui
    etait pour moi une autre preuve. La famille de mon père etait d'Urfa.

    Ils se sont enfuis et ont survecu. Ils ont quitte la Turquie après
    avoir ete informes par leurs amis Turcs que des choses horribles
    etaient sur le point de se produire.

    Entendant ces histoires, quelles etaient vos reactions ?

    Pendant longtemps, je me posais des questions sur mon identite
    d'Armenienne. J'etais de fait americaine. Je vivais la majeure partie
    de l'annee aux USA, mais passais mes etes a Alep.

    Nous n'avions pas le droit de porter des pantalons courts la-bas. Nous
    ne nous sentions pas a l'aise, je me suis mise a detester mes sejours a
    Alep. Mais le plus grand desir de ma maman au cours des hivers aux USA
    etait d'aller a Alep l'ete suivant. Nous etions donc obliges de nous
    rendre a Alep, mais j'etais la-bas une Americaine. J'etais rebelle a
    Alep. De retour aux USA, a l'ecole, j'etais une Armenienne, avec mes
    epais sourcils, mes bras poilus et mon nom bizarre. C'est pour cela
    que je haïssais etre armenienne : tous les enfants ont besoin de se
    sentir a leur place. Ma place n'etait nulle part.

    Votre mère et votre père vous parlaient-ils des evenements de 1915 ?

    Ce n'etait pas un sujet tabou, mais ils n'evoquaient le sujet que
    si je leur demandais de le faire. À un certain moment, ce sujet est
    devenu une obsession. Ils m'ont toujours dit qu'ils savaient que tout
    cela etait la verite.

    Ils etaient cependant en meme temps amateurs de la Turquie et de la
    culture turque. Il me fallait ecouter la musique classique turque
    dans la voiture tandis que ma mère me conduisait a l'ecole. J'avais
    horreur de cette musique car elle me donnait des maux de tete ! Ma
    mère regarde encore les emissions de TV turques. Il y a eu quelques
    moments etranges dans ma vie. Tandis que j'ecoutais de la musique
    turque, je lisais des livres sur le Genocide armenien.

    Comment votre mère, en tant que personne aimant la Turquie, vous
    parlait-elle du Genocide ?

    Très ouvertement. Elle disait quelquefois " oui, ils nous ont fait
    des choses horribles " et me rejoignait dans ma frustration. Elle
    commencait ensuite a louer le peuple les plats et la terre d'Anatolie.

    Je pense avoir appris par ma mère qu'il ne faut pas blâmer les gens
    pour les crimes commis par l'etat dans lequel ils vivent.

    A propos de mon sentiment de n'etre nulle part a ma place,
    j'ai rencontre des sentiments similaires aux USA parmi
    des Americains-Africains. Selon Maya Angelou, l'une de mes
    enseignantes lorsque j'etais a la faculte, j'ai appris ce que
    les Americains-Africains avaient endure aux USA. Un jour que je
    m'etais rendue dans une librairie pour acheter un livre qu'elle
    m'avait recommande, je suis tombee sur un livre de Peter Balakyan,
    un Americain-Armenien. Ayant lu ce livre, j'ai ete outree par le
    sentiment nationaliste.

    Comment cela ?

    J'etais obsedee par des questions comme, comment-ont-ils ete capables
    de nous faire cela ? Comment peuvent-ils nier nous l'avoir fait ;
    pourquoi ne s'en excusent-ils meme pas ? Je n'etais pas seulement
    furieuse contre la Turquie, mais aussi contre les USA qui du fait de
    beaucoup de raisons strategiques, passent sur la politique de negation
    de la Turquie. Plus tard, je suis allee en Armenie pour la première
    fois de ma vie pour tourner un film. Je ne peux expliquer a quel point
    je me suis sentie etrangère la-bas. La musique, l'architecture, la
    cuisine - tout etait different. Je n'avais rien a voir avec l'Anatolie.

    Une fois encore, j'etais une etrangère. Cette fois, comme Armenienne
    dans un pays ayant pour nom Armenie. Cependant, tandis que j'etais
    la-bas, j'ai trouve le livre de Micheline Ahromyan Marcom, Three
    Apples Fell From Heaven [ Trois Pommes Sont Tombees du Paradis]. C'est
    un livre qui narre le Genocide armenien avec une intrigue emouvante
    et dans un style fascinant. Le livre raconte l'histoire d'un enfant
    sur le point de mourir, revant de la vie qu'il aurait pu avoir s'il
    avait ete secouru par une famille turque ou kurde. J'ai immediatement
    rencontree l'auteur.

    Vous produisez un film base sur ce livre, n'est-ce pas ?

    Oui, ayant lu le livre, j'ai demande a mon mari Jose Rivera de le
    lire. Jose a ete lui aussi très emu. Il a ecrit le script que nous
    avons envoye en Inde a notre ami metteur en scène Shekar Kapur. Entre
    temps, nous avons entrepris un voyage spirituel et physique avec
    Michelin, l'auteur du livre.

    Quel est le programme de ce voyage ?

    Nous sommes alles ensemble a Deir-Zor et a Ras el-Ain. J'ai vu la-bas
    les ossements de mes ancetres. Litteralement. Nous ecrasions des
    crânes et retournions des os. Les traces du Genocide sont encore
    la attendant d'etre recuperes. C'est la que j'ai decide d'aller en
    Turquie et visiter Harput, où commence le livre.

    Et la colère vous a envahie la-bas aussi ?

    Oui. J'etais très furieuse. Urfa, Antep, et Elazig m'ont rappele des
    scènes de films d'horreur. Malgre tout, avec Michelin et mon epoux
    nous avons loue une voiture et sommes alles a Van, Dogubeyazit et
    Elazig. Au cours du voyage, ma fureur s'est transformee en une autre
    chose, en un sentiment mitige.

    Quel genre de sentiment ?

    Un soir, nous prenions le the avec les amis kurdes que nous avions
    rencontres a Dogubeyazit. L'un d'entre eux me posa la question "
    Pourquoi etes-vous partis ? J'aurais aime que vous ne soyez pas partis
    ". Je n'ai pas su quoi repondre. A cet instant ;, j'ai compris que
    j'appartenais a cette terre, et a quel point la langue turque et la
    cuisine m'etaient familières.

    Tandis que nous trouvions a Harput, j'ai eu une autre experience
    qu'il me sera impossible d'oublier. Nous etions dans un magasin
    d'antiquites et le commercant me designa en demandant a notre ami
    traducteur si j'etais d'Anatolie. Quand je demandai pour quelle
    raison il disait cela, il m'a dit " parce que vous avez l'Anatolie
    dans vos yeux ". Je lui dis que j'etais armenienne. Il repondit,
    " Anatolie est le nom d'une famille. Ce que nous avons traverse,
    c'est la separation d'une famille, ce qui ne change rien au fait que
    nous sommes encore une famille". Ma fureur contre la Turquie commenca
    a se dissiper. En meme temps, j'ai commence a eprouver de la colère
    contre ma propre communaute.

    Pourquoi ?

    Parce que la Diaspora armenienne s'interdit de faire ce voyage
    spirituel. Ils s'obstinent a ne pas ouvrir leur c~\ur. Ils ont
    choisi la voie de la facilite et trouvent leur consolation dans une
    victimisation permanente. Pour etre honnete, je ne les blâme pas
    d'avoir cette attitude, parce que c'est un voyage très brutal.

    La chose la plus importante pour la Diaspora armenienne est de
    faire la paix avec l'Anatolie et les Turcs. Ils devraient oublier le
    genocide. Cela ne veut pas dire qu'ils doivent accepter la politique
    negationniste de la Turquie. Cependant, c'est ce que les Armeniens
    devraient faire en premier par respect pour leur propre culture et
    leur histoire. Cependant, pour la Diaspora, cette question revient a
    un echange de concessions. Cette attitude provoque en moi de la colère.

    Qu'eprouveriez-vous si la Turquie devait reconnaître le Genocide et
    demander pardon ?

    Du soulagement - mais si la Turquie continuait a refuser, je ne sais
    pas. Comme Armenienne, je n'ai pas besoin que la Turquie reconnaisse
    le Genocide. C'est cela que j'essaie d'expliquer a la Diaspora
    armenienne. Ils insistent pour pousser l'etat turc a prononcer ces
    mots. Avec ce comportement, ils renforcent en fait l'etat turc. Parce
    que ce qu'ils veulent dire c'est " A moins que vous ne reconnaissiez
    que ce qui s'est passe est un genocide, nous, les Armeniens, ne pouvons
    nous retrouver ". La psychologie des nationalistes armeniens est
    basee sur la victimisation et la douleur, c'est vrai. Mais cependant,
    l'etat d'esprit des nationalistes turcs est tout aussi affligeant.

    Comment ?

    Pendant des decennies ils ont maintenu l'illusion pour ne pas avoir a
    affronter la realite. Ne pensez-vous pas que cela tient a la pathologie
    et est fatigant ? Combien de temps allez-vous garder ce comportement
    ? Je me sens comme coincee entre l'arbre et l'ecorce. Je suis montree
    du doigt par la diaspora armenienne parce que je fais ce film. Ils
    disent que mes tentatives pour se reconcilier avec les Turcs sont
    embarrassantes. Je suis sure que je serai denoncee aussi par les Turcs,
    parce que je fais un film montrant la realite du Genocide. Mais je
    pense que c'est en cela exactement que mon film est important. Ce sera
    " La Liste de Schindler " du Genocide armenien. Cela montrera qui
    est bon et qui est le mechant. Il y aura des personnages monstrueux,
    mais aussi des personnes de c~\ur qui ont risque leur vie pour sauver
    leurs voisins. C'est l'histoire des Turcs, des Armeniens et des Kurdes
    pendant la Première Guerre Mondiale. C'est l'histoire de l'Anatolie.

    Quel est le genre du film ?

    Micheline Ahromyan Marcom, l'auteur de Trois Pommes Sont Tombees du
    Paradis, a ecrit sa nouvelle après avoir ete inspiree par l'histoire
    vraie de sa grand-mère. Sa grand-mère a ete sauvee par un ami turc
    de son père. Pendant ces evenements, il y a eu aussi des Armeniens
    qui ont poignarde dans le dos d'autres Armeniens. En fait, ce film
    est plus que simplement ce qui est arrive aux Armeniens ; il est a
    propos des limites de la nature humaine.

    J'espère que tout cela vous aura donne une idee du film.

    mardi 22 janvier 2013, Jean Eckian ©armenews.com

    Traduction Gilbert Beguian pour Armenews

    Article en anglais :

    Film Explores Armenian Genocide, Peace With Turkey

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    Source/Lien : NAM

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