POUR LE MAINTIEN DE MGR NORVAN ZAKARIAN
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=91119
La crise economique touchant depuis quelques annees la planète se
double pour sa partie armenienne d'une grave crise morale qui affecte
quasiment tous les secteurs de la nation. On ne dressera pas ici la
liste de toutes ses manifestations. Elles sont de notoriete publique,
depuis les suspicions permanentes sur la regularite du système
politique jusqu'aux divers classements plus ou moins mediocres de
l'Armenie dans l'ensemble des etudes consacrees au respect des règles
democratiques (corruption, transparence, justice, libertes, etc.). Ce
climat se traduit dans la mère patrie par une emigration massive de
la population et se repercute en diaspora par une certaine atmosphère
de morosite. La desillusion etant a la hauteur des espoirs places
dans l'independance armenienne qui, aux prises a maintes difficultes
internes comme externes, peine a satisfaire aux attentes qu'elle
avait suscitees. La demande de demission qu'a envoyee Mgr Norvan au
Catholicos lundi 1er juillet s'inscrit clairement dans ce contexte
de desenchantement. Meme si telle n'etait pas son objet, elle vient
rappeler la confusion d'un paysage politique generale qui n'epargne
meme pas l'Eglise apostolique, censee pourtant etre le pilier de la
nation, un garant de sa stabilite.
Depuis quelques annees, une succession d'affaires revèlent les fissures
et les doutes d'une institution fragilisee par le processus de reformes
auquel elle s'est astreinte. Entre restructuration, mise en cause des
rentes de situations et dissidence, scandale financier et polemique,
son actualite, depuis Etchmiadzine jusqu'a Nice en passant par Moscou
ou Paris, ne cesse de defrayer la chronique. Mais jamais encore,
jusqu'a ce jour, ces evenements n'avaient projete au-devant de la
scène une personnalite de l'envergure du Primat du diocèse armenien
de France. Son initiative, bien que discrète - mais pouvait-elle le
rester longtemps ? - est d'autant plus surprenante que Mgr Norvan
Zakarian n'a rien d'un trublion. Outre son prestige moral et sa
force tranquille, ce pretre, tout devoue a son sacerdoce et a sa foi,
incarne aussi la fidelite a Etchmiadzine. Ce qui lui sera d'ailleurs
parfois reproche. Faut-il donc que la situation ait ete tendue pour
entraîner une telle decision de sa part !
Très peu d'informations circulent sur les circonstances qui ont motive
son geste. Sans entrer dans le jeu des rumeurs qui font bien evidemment
etat de desaccords avec le Catholicos sur differents sujets, cette
initiative suppose pour le moins un certain climat de tension. Meme
si les milieux officiels de tout bord s'accorderont au moins sur
une chose : en diminuer la portee ; le linge sale se lavant comme il
se doit, en famille. Il n'empeche que le fait n'est pas ordinaire,
et que sa revelation, qui a filtre au corps defendant des principaux
interesses en France comme en Armenie, en dit long quant a la gravite
d'un malaise general qui touche jusqu'a l'eglise.
Les consequences de la situation ainsi cree sont en tout cas
multiples. Dans un premier temps, elles risquent d'apporter de
l'eau au moulin de la dissidence qui ne manquera pas d'en tirer
argument pour justifier de ses choix. Elles pourraient egalement
fragiliser le processus de reforme en cours, pour la realisation
desquelles le Primat du diocèse avait pourtant pese de tout son
poids. Mais surtout, elles accentuent la crise de confiance a
l'egard des pratiques d'une hierarchie religieuse qui dans sa volonte
revendiquee de modernisation, peine visiblement a trouver le meilleur
equilibre entre autorite et autoritarisme, vitesse et precipitation,
directivisme et centralisation. L'enfer etant pave, comme on le sait,
de bonnes intentions.
La balle est en tout cas aujourd'hui dans le camp du Patriarcat
d'Etchmiadzine qui dispose encore de la possibilite de refuser cette
demande, de tenter une conciliation et de convaincre Mgr Norvan
de remplir son mandat jusqu'a son terme. Un tel positionnement
procederait d'une volonte d'ecoute et d'apaisement. Elle viendrait
contredire les critiques qui imputent la crise de l'eglise a une derive
caporaliste favorisee par le processus de reformes. Elle pourrait
egalement donner un signal d'ouverture, de dialogue et de confiance
et renverser la vapeur en substituant une dynamique de fusion a la
logique d'effritement qui semble jusqu'a maintenant prevaloir.
Une chose est certaine, Mgr Norvan Zakarian qui jouit en France d'un
grand ascendant moral, sera très difficile a remplacer. Son prestige,
son autorite naturelle en font incontestablement le meilleur rempart
d'Etchmiadzine et le meilleur garant de l'unite de l'eglise. Quant a
son eventuel depart, qu'a Dieu ne plaise, il ne pourrait qu'affecter
les liens entre la communaute et cette institution religieuse
historiquement constitutive de son identite. Ce qui n'est en principe
ni dans l'interet du demissionnaire, ni dans celui de sa hierarchie.
Ara Toranian
jeudi 4 juillet 2013, Ara ©armenews.com
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=91119
La crise economique touchant depuis quelques annees la planète se
double pour sa partie armenienne d'une grave crise morale qui affecte
quasiment tous les secteurs de la nation. On ne dressera pas ici la
liste de toutes ses manifestations. Elles sont de notoriete publique,
depuis les suspicions permanentes sur la regularite du système
politique jusqu'aux divers classements plus ou moins mediocres de
l'Armenie dans l'ensemble des etudes consacrees au respect des règles
democratiques (corruption, transparence, justice, libertes, etc.). Ce
climat se traduit dans la mère patrie par une emigration massive de
la population et se repercute en diaspora par une certaine atmosphère
de morosite. La desillusion etant a la hauteur des espoirs places
dans l'independance armenienne qui, aux prises a maintes difficultes
internes comme externes, peine a satisfaire aux attentes qu'elle
avait suscitees. La demande de demission qu'a envoyee Mgr Norvan au
Catholicos lundi 1er juillet s'inscrit clairement dans ce contexte
de desenchantement. Meme si telle n'etait pas son objet, elle vient
rappeler la confusion d'un paysage politique generale qui n'epargne
meme pas l'Eglise apostolique, censee pourtant etre le pilier de la
nation, un garant de sa stabilite.
Depuis quelques annees, une succession d'affaires revèlent les fissures
et les doutes d'une institution fragilisee par le processus de reformes
auquel elle s'est astreinte. Entre restructuration, mise en cause des
rentes de situations et dissidence, scandale financier et polemique,
son actualite, depuis Etchmiadzine jusqu'a Nice en passant par Moscou
ou Paris, ne cesse de defrayer la chronique. Mais jamais encore,
jusqu'a ce jour, ces evenements n'avaient projete au-devant de la
scène une personnalite de l'envergure du Primat du diocèse armenien
de France. Son initiative, bien que discrète - mais pouvait-elle le
rester longtemps ? - est d'autant plus surprenante que Mgr Norvan
Zakarian n'a rien d'un trublion. Outre son prestige moral et sa
force tranquille, ce pretre, tout devoue a son sacerdoce et a sa foi,
incarne aussi la fidelite a Etchmiadzine. Ce qui lui sera d'ailleurs
parfois reproche. Faut-il donc que la situation ait ete tendue pour
entraîner une telle decision de sa part !
Très peu d'informations circulent sur les circonstances qui ont motive
son geste. Sans entrer dans le jeu des rumeurs qui font bien evidemment
etat de desaccords avec le Catholicos sur differents sujets, cette
initiative suppose pour le moins un certain climat de tension. Meme
si les milieux officiels de tout bord s'accorderont au moins sur
une chose : en diminuer la portee ; le linge sale se lavant comme il
se doit, en famille. Il n'empeche que le fait n'est pas ordinaire,
et que sa revelation, qui a filtre au corps defendant des principaux
interesses en France comme en Armenie, en dit long quant a la gravite
d'un malaise general qui touche jusqu'a l'eglise.
Les consequences de la situation ainsi cree sont en tout cas
multiples. Dans un premier temps, elles risquent d'apporter de
l'eau au moulin de la dissidence qui ne manquera pas d'en tirer
argument pour justifier de ses choix. Elles pourraient egalement
fragiliser le processus de reforme en cours, pour la realisation
desquelles le Primat du diocèse avait pourtant pese de tout son
poids. Mais surtout, elles accentuent la crise de confiance a
l'egard des pratiques d'une hierarchie religieuse qui dans sa volonte
revendiquee de modernisation, peine visiblement a trouver le meilleur
equilibre entre autorite et autoritarisme, vitesse et precipitation,
directivisme et centralisation. L'enfer etant pave, comme on le sait,
de bonnes intentions.
La balle est en tout cas aujourd'hui dans le camp du Patriarcat
d'Etchmiadzine qui dispose encore de la possibilite de refuser cette
demande, de tenter une conciliation et de convaincre Mgr Norvan
de remplir son mandat jusqu'a son terme. Un tel positionnement
procederait d'une volonte d'ecoute et d'apaisement. Elle viendrait
contredire les critiques qui imputent la crise de l'eglise a une derive
caporaliste favorisee par le processus de reformes. Elle pourrait
egalement donner un signal d'ouverture, de dialogue et de confiance
et renverser la vapeur en substituant une dynamique de fusion a la
logique d'effritement qui semble jusqu'a maintenant prevaloir.
Une chose est certaine, Mgr Norvan Zakarian qui jouit en France d'un
grand ascendant moral, sera très difficile a remplacer. Son prestige,
son autorite naturelle en font incontestablement le meilleur rempart
d'Etchmiadzine et le meilleur garant de l'unite de l'eglise. Quant a
son eventuel depart, qu'a Dieu ne plaise, il ne pourrait qu'affecter
les liens entre la communaute et cette institution religieuse
historiquement constitutive de son identite. Ce qui n'est en principe
ni dans l'interet du demissionnaire, ni dans celui de sa hierarchie.
Ara Toranian
jeudi 4 juillet 2013, Ara ©armenews.com
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress