ERDOGAN FAIT LA POLICE EN EUROPE
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=74247
Publie le : 09-07-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le 28 novembre 2000, Ismail
Cem, ministre turc des Affaires etrangères du gouvernement de coalition
precedant l'arrivee au pouvoir de l'AKP (qui n'existait pas encore),
etait venu vanter devant le Parlement europeen, les progrès de son
gouvernement en matière des droits de l'homme au moment meme où des
milliers de prisonniers politiques observaient une grève de la faim
"jusqu'a la mort" contre les tortures dont ils etaient victimes.
Durant une action militante eminemment banale, Bahar Kimyongur,
a cette occasion, contente de lancer quelques tracts et de scander
quelques slogans a l'attention du public venu l'ecouter. Malgre cela,
un mandat d'arret international a ete lance par la Turquie, qui vaut
depuis 13 ans des arrestations repetitives a ce jeune Belgo-Turc. La
dernière en date ayant eu lieu en Espagne. Voici le compte-rendu de
Bahar Kimyongur d'une situation ubuesque et inquietante. Au-dela
de la soumission inacceptable de nos gouvernements europeens a un
diktat turc, constatons la continuite singulière entre la mentalite
repressive des Kemalistes et celle d'Erdogan...
Erdogan ordonne. Bruxelles, La Haye et Madrid executent
Bahar Kimyongur
8 juillet 2013
13 ans de persecution : Assez - Genoeg - Basta !
Lundi 17 juin vers 15h45. Profitant de quelques jours de vacances
en Andalousie, je visitais paisiblement la mosquee de Cordoue en
compagnie de mon epouse et mes deux enfants (3 et 4 ans) lorsqu'une
dizaine de policiers en civil me sont tombes dessus.
Dehors, dans la Calle Torrijos, nous attendait un convoi de vehicules
banalises. J'ai pris place dans l'une des voitures en compagnie de
trois de mes ravisseurs et du chauffeur. Ma femme et mes deux enfants
ont ete embarques a bord d'une voiture stationnee juste derrière.
Le convoi compose de quatre vehicules s'est rapidement mis en branle
sous les regards ahuris des taximen, des touristes et de quelques
familles Rom massees a la porte de la mosquee-cathedrale.
Quelques minutes plus tard, je me suis retrouve dans le bureau d'un
commissariat de la ville. Neuf policiers en civil s'agitaient autour
de moi.
La voix de mon epouse et celle de mes enfants me parvenaient de temps
a autre entre le cliquetis des claviers, les questions des enqueteurs,
les conversations entre agents et la fouille de mes effets personnels.
Bien que mes enfants se trouvaient dans une pièce adjacente, on
m'interdit de les voir et on me somma de rester assis. Il me faudra
attendre cinq jours et mon retour a Bruxelles pour les revoir, les
consoler, les rassurer.
La souffrance de voir et d'imaginer mes enfants subir un telle
violence psychologique et la colère envers les acteurs de cette mise
en scène grotesque me rongèrent pendant les quatre jours où je fus
arbitrairement prive de liberte.
J'etais d'autant plus revolte que je savais dès le moment de mon
arrestation que tout ce cinema etait dû au signalement Interpol lance
par l'Inquisition erdoganienne pour ma participation il y a treize
ans a un chahut au Parlement europeen a Bruxelles.
Pour moins que des prunes
Alors que les enqueteurs me questionnaient sans reelle conviction,
realisant a l'evidence que leur proie etait sans grand interet, une
policière vint confirmer que le mandat d'arret international emis a
mon encontre etait motive par mon action au Parlement europeen. Elle
ajouta qu'il avait ete reactive le 28 mai 2013, soit a peine 20 jours
plus tôt.
Cette fameuse manifestation qui nous valait tant de misères a moi et
ma famille treize ans après sa tenue visait le ministre des affaires
etrangères de l'epoque, Monsieur Ismail Cem.
En clair, le 28 novembre 2000, le ministre turc etait venu vanter
a Bruxelles les progrès de son gouvernement en matière des droits
de l'homme au moment meme où des milliers de prisonniers politiques
observaient une grève de la faim "jusqu'a la mort" contre les tortures
dont ils etaient victimes.
Le gouvernement que representait Monsieur Cem s'etait notamment rendu
coupable de nombreux massacres de detenus politiques, a Ulucanlar
en septembre 1999, a Burdur en juillet 2000 et lors de l'operation
" Deluge " (Tufan), le 19 decembre 2000.
Le contexte politique de l'epoque rendait donc mon action democratique
particulièrement legitime. Elle a d'ailleurs ete reconnue comme
telle par les autorites de mon pays, la Belgique et par un tribunal
neerlandais.
Notons egalement qu'a l'epoque de ce chahut, le Parti de la justice et
du developpement (AKP) de l'actuel premier ministre Erdogan, n'existait
meme pas. Quant au ministre Cem vise par l'action, il faisait partie
du gouvernement de coalition precedant l'arrivee de l'AKP au pouvoir.
Durant cette action eminemment banale, je ne me suis meme pas adresse
au ministre Ismail Cem. Je m'etais en effet contente de lancer quelques
tracts et de scander quelques slogans a l'attention du public venu
l'ecouter.
Il convient egalement de preciser qu'entre le 28 novembre 2000
et le 24 janvier 2007, date de son decès, Monsieur Cem n'a jamais
personnellement porte plainte contre moi.
Pourtant, malgre l'anciennete, la legitimite et la legèrete de mon
action, je risque toujours 15 ans de prison, les mauvais traitements
et la torture en cas d'extradition vers la Turquie.
Autre detail d'importance : le service de securite du Parlement
europeen m'a gentiment reconduit a la sortie ainsi que la jeune
femme qui participait a l'action a mes côtes sans que nous n'ayons
ete arrete, maltraite ni livre a la police.
En revanche, les medias turcs pro-gouvernementaux lancèrent a
l'epoque une veritable campagne de lynchage envers la jeune activiste
et moi-meme : "Nous voulons leurs noms" titrait le journal Star au
lendemain de l'action. "Cet homme qui vomit sa haine contre notre Etat,
le voici" s'enflammait le quotidien Hurriyet, photo a l'appui.
Treize ans plus tard, innocente en Belgique et en Hollande pour des
faits qui relèvent du chahut inoffensif et du militantisme de bon
aloi, je me retrouvais une nouvelle fois otage de la justice turque,
cette fois en Espagne.
J'ai eu beau expliquer aux agents espagnols le caractère illegitime,
infonde, abusif et absurde de mon arrestation a l'aune du principe
juridique universel du "ne bis in idem" qui interdit les poursuites
pour des faits deja juges, les ordres etant ce qu'ils sont, je devais
obligatoirement subir toutes les etapes legales de la procedure :
prelèvement des empreintes digitales, interrogatoire, garde a vue,
fouilles, menottes, comparution devant un juge d'instruction,
transferts en fourgonnettes, attente en cellule, incarceration,
isolement...
Après quatre jours et trois nuits de detention, respectivement dans
les cachots du commissariat de Cordoue et de Moraleja a Madrid puis
a la prison de Soto del Real a proximite de la capitale espagnole,
j'ai finalement ete libere moyennant le versement d'une caution de
10.000 euros. Cette somme a pu etre constituee grâce a la solidarite
et au sacrifice de parents, d'amis, de collègues, de camarades et
d'innombrables soldats inconnus.
Qu'ils en soient tous vivement remercies.
A present, je suis tenu de repondre favorablement a chaque citation
envoyee par l'Audiencia Nacional. Je devrai imperativement etre present
a toutes mes audiences sans quoi la caution de 10.000 euros serait
saisie sur-le-champ et un mandat de capture serait immediatement emis
a mon encontre.
En somme, une somme colossale est en jeu pour une affaire qui vaut
moins que des prunes...
Pourquoi l'Espagne ?
Si la simple mention du mot terrorisme suscite fantasmes et crispations
dans un pays marque par la lutte armee independantiste et la violence
d'Etat, je ne comprenais pas pourquoi la demande d'extradition turque
avait ete prise au serieux par les autorites espagnoles malgre la
vacuite evidente de mon dossier. D'autant plus qu'entre le 28 mai
et le 17 juin, j'ai sejourne dans cinq pays autres que la Belgique
et l'Espagne sans pour autant avoir ete inquiete par les services de
police de ces pays.
Le lundi 3 juin, j'ai rendu visite a Nezif Eski, un detenu politique
a la prison de Fleury-Merogis en France. Pourquoi ne m'a-t-on pas
arrete en territoire francais ou mieux, dans l'enceinte de la prison
? On aurait pu ainsi eviter a mes enfants des souffrances cruelles et
inutiles. L'Etat francais mène de surcroît une repression judiciaire
au moins aussi barbare que le regime d'Ankara a l'egard des militants
soupconnes d'appartenir au DHKP-C. Prenons l'exemple de Nezif Eski. Il
est atteint d'un trouble nerveux incurable et mortel appele algie
vasculaire de la face. Nezif n'a fait que participer a des concerts,
tenir des stands d'information et organiser des manifestations
autorisees. La justice francaise ne l'accuse d'aucun acte violent ou
reprehensible en tant que tel. En decembre dernier, il a ete condamne
pour sa pretendue appartenance au mouvement revolutionnaire anatolien,
a quatre ans de prison dont trois ans ferme. De nature diplomate et
pacifiste, Nezif Eski a prefere se rendre de lui-meme a la prison. La
semaine dernière, Nezif est devenu papa pour une seconde fois.
Pourtant, les juges viennent de rejeter sa demande de remise en liberte
provisoire en attendant son procès en appel. De plus, ses parloirs
se deroulant derrière une vitre, il lui est interdit de tenir ou
d'embrasser son nouveau-ne ni sa fille de trois ans. Nezif qui n'a
pas encore vu son fils est donc confronte a un sadisme a l'etat pur.
La police de l'Etat francais s'est neanmoins gardee de me harceler
durant mes sejours repetes dans l'Hexagone.
Le vendredi 7 juin, je me trouvais aux Nations Unies a Genève pour
assister a une conference sur la Syrie dont l'une des intervenantes
etait Navy Pillay, la haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU.
En marge de cette conference, je me suis entretenu avec des
ambassadeurs de la paix sur le rapatriement des jeunes europeens
enrôles par des sectes racistes et takfiri dans le conflit syrien. La
police helvetique s'est elle aussi abstenue de m'arreter en vertu du
mandat d'arret lance par la justice ankariote.
Samedi 8 juin, je me suis rendu en autocar au concert du groupe
musical turc Yorum a Oberhausen en Allemagne en transitant par les
Pays-Bas. Les polices neerlandaise et allemande ont visiblement refuse
de lancer les hostilites a mon encontre.
Le samedi 15 juin, l'avion qui m'emmena en vacances avec ma famille
a atterri a Faro en Algarve. J'ai ainsi pu sejourner au Portugal sans
le moindre souci. Le lendemain, la police portugaise m'a laisse partir
vers l'Espagne.
Compte tenu de tous ces elements, plusieurs jours après ma remise en
liberte sous caution par le juge madrilène Bermudez, mon arrestation
en Andalousie demeure toujours une enigme pour moi.
Belgique complice ?
L'autre question qui me taraude concerne l'implication eventuelle
des autorites belges dans mon arrestation en Espagne a l'instar
de l'operation barbouzarde dont je fis l'objet le 28 avril 2006
aux Pays-Bas.
A l'epoque, l'Etat belge avait tente de se debarrasser de moi en
chargeant les autorites neerlandaises de me livrer a la Turquie. Comme
j'etais de nationalite belge et comme la Belgique n'extrade pas ses
nationaux, les agents secrets de mon pays m'avaient tendu un piège
durant un sejour aux Pays-Bas.
Finalement, après 69 jours de privation de liberte, les juges
neerlandais avaient ridiculise nos Dupond et Dupont nationaux en
refusant d'honorer la demande turque d'extradition au motif que mon
chahut au Parlement europeen ne relevait pas du crime terroriste
comme l'entendait la justice turque.
J'avais pu rentrer chez moi en Belgique. A propos de la reunion secrète
du 26 avril 2006 dont l'objectif avoue etait ma livraison deux jours
plus tard a la Turquie via les Pays-Bas, une enquete est actuellement
en cours. Au vu des antecedents de l'Etat belge dans son traitement
a mon egard, mes soupcons semblent loin d'etre fantaisistes.
Autre element troublant : la ministre de l'interieur Madame Joëlle
Milquet se trouvait en Turquie six jours avant la relance par Ankara
de mon mandat d'arret international via Interpol.
A cette occasion, elle a rencontre Hakan Fidan, le directeur de
la Milli Istihbarat Teskilati (MIT), l'Organisation nationale du
renseignement turc dont les activites illegales voire terroristes
sont regulièrement epinglees par les medias independants et par les
ONG internationales.
D'après le blog de la ministre de l'interieur et les medias turcs,
la discussion menee a Ankara aurait porte sur le DHKP-C, le mouvement
marxiste clandestin dont les autorites turques me soupconnent d'etre
un membre, ce que j'ai toujours formellement dementi.
Plus louche encore, la discussion du 22 mai 2013 entre Mme Milquet et
M. Fidan semble s'etre focalisee sur l'extradition de membres presumes
du DHKP-C vivant en Belgique, ce que suggère Madame la ministre dans
le passage suivant :
"Au-dela de la problematique des Belges qui combattent en Syrie,
les autres formes de terrorisme, entre autres liees aux attentats du
DHKP-C, ont aussi ete evoquees, de meme que les reformes recentes de
la legislation anti-terroriste en Turquie.
Les differents ministres se sont mis d'accord pour concretiser au
quotidien leur nouvel accord de collaboration et renforcer fortement
leur cadre de cooperation par des echanges constants d'informations,
de pratiques, d'entraide judiciaire et policière et de rencontres
regulières, via par exemple des contacts directs entre les personnes
des services belges et turcs competents. Ils ont notamment decide
d'organiser sans attendre deux rencontres concrètes, notamment entre
les services de police, de renseignements et certaines autorites
judiciaires avant l'ete : l'une en Turquie concernant la problematique
des ressortissants belges en Syrie et le suivi renforce et mutuel des
dossiers, informations et analyses les concernant ; l'autre a Bruxelles
pour un echange d'expertise et d'informations entre services concernant
les autres formes de terrorisme evoquees lors des rencontres."
DHKP-C, collaboration policière, entraide judiciaire, echanges
d'informations et d'expertises "au quotidien"... Comment ne pas se
sentir vise lorsque l'objet de la rencontre policière belgo-turque
est evoque de manière aussi explicite et detaillee ?
Madame Milquet n'est pas sans savoir que je me trouve dans la ligne
de mire de ses homologues turcs et qu'a ce titre, toute contribution
meme passive de l'Etat belge a la repression aveugle du regime
d'Ankara contre les opposants turcs qui vivent sur le sol belge
m'expose ineluctablement a la cabale menee par l'Etat neo-ottoman a
mon encontre.
La protection de Mme Milquet, seul gage de sa bonne foi
Dans une reponse adressee a mon confrère et ami Michel Collon, Mme
Milquet affirme que durant son sejour en Turquie, "a aucun moment,
il n'a ete question du cas specifique de Monsieur Bahar Kimyongur".
Le meme jour, Madame Milquet m'a accuse de proferer des accusations
"proches de la diffamation" dans un article paru dans le Soir (samedi
22 et dimanche 23 juin 2013) tout en martelant qu'elle n'a "rien a
voir" avec mon arrestation en Espagne.
En reponse a la reaction de la ministre, je precise qu'il ne faut
pas avoir ete nommement cite dans une reunion officielle pour subir
la repression de l'Etat turc. En effet, laisser les coudees franches
aux agents du regime d'Ankara permet a ces derniers de nuire a qui
ils veulent, où et quand ils veulent.
Deuxièmement, dans mon propos relaye par les medias belges, il n'a
ete nullement question d'accuser la ministre. Je me suis strictement
limite a exprimer des soupcons en soulignant la presence d'indices
inquietants de complicite entre la police belge et les organes de
repression du regime d'Erdogan qui instrumentalise l'antiterrorisme
a l'envi pour faire taire ses citoyens critiques.
Si Madame la ministre tenait vraiment a honorer les valeurs humanistes
qu'affiche son parti, elle aurait dû prendre ses distances par rapport
a la police turque dont la cruaute envers la mouvement de contestation
qui s'est cristallise autour du sauvetage du parc Gezi a Istanbul a
atteint un niveau difficilement defendable.
Le fait qu'après treize ans, la justice turque s'acharne toujours sur
moi pour un simple chahut aurait dû interpeller Mme Milquet sur l'etat
de la "democratie" en Turquie. Helas, il n'en a ete nullement le cas.
Si Madame la ministre n'a vraiment rien a se reprocher dans la
persecution dont je fais l'objet sur base du mandat d'arret Interpol
et contre lequel je ne dispose d'aucun moyen legal pour me defendre, je
lui demande de me proteger, d'interceder en ma faveur lorsque la police
d'un pays tiers veut executer le signalement Interpol a la lettre.
A propos de ses accusations selon lesquelles mes soupcons sur sa
participation potentielle a mon arrestation en Espagne friseraient
la diffamation, je rappelle que le seul diffame dans l'histoire,
c'est moi-meme et qu'elle en est personnellement responsable.
Le 28 mai dernier, Madame Milquet a en effet refuse de participer a
un debat public sur les volontaires belges qui combattent en Syrie
au seul motif que je figurais parmi les intervenants. Le boycott de
la ministre a contribue a renforcer l'image que les autorites turques
donnent de moi, celle d'un terroriste et d'un individu infrequentable.
Finalement, le jeudi 13 juin, la radio publique belge nous a reunis,
a mes depens, autour d'un debat sur les jeunes volontaires belges qui
se battent en Syrie. Jointe par telephone, la ministre de l'interieur,
Mme Joëlle Milquet m'a attaque sur mon engagement dans ce dossier,
m'accusant d'etre un sympathisant du gouvernement syrien.
Je lui fis remarquer que son gouvernement soutenait Al Qaïda en Syrie.
Cet incident verbal a eu lieu quatre jours a peine avant mon
arrestation a Cordoue.
On serait tente de croire que Mme Milquet a organise mon interpellation
en Espagne pour se venger de ma remarque insolente.
Malgre nos divergences politiques persistantes, personnellement,
je me refuse de porter une telle accusation et de verser dans le
"Milquet Bashing".
D'ailleurs, le 20 juin dernier, interpellee par l'ecologiste Benoit
Hellings au Senat, Madame la ministre a jure n'avoir joue aucun rôle
dans mon arrestation a Cordoue.
Dont acte.
Après 13 annees de criminalisation, Madame la ministre comprendra
aisement que pour croire pleinement en sa sincerite, je demande une
protection active contre toute tentative d'extradition vers la Turquie.
C'est le minimum syndical que Madame Milquet doit me garantir si elle
considère que je suis un citoyen belge, libre et innocent.
Retour a la rubrique
From: A. Papazian
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=74247
Publie le : 09-07-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le 28 novembre 2000, Ismail
Cem, ministre turc des Affaires etrangères du gouvernement de coalition
precedant l'arrivee au pouvoir de l'AKP (qui n'existait pas encore),
etait venu vanter devant le Parlement europeen, les progrès de son
gouvernement en matière des droits de l'homme au moment meme où des
milliers de prisonniers politiques observaient une grève de la faim
"jusqu'a la mort" contre les tortures dont ils etaient victimes.
Durant une action militante eminemment banale, Bahar Kimyongur,
a cette occasion, contente de lancer quelques tracts et de scander
quelques slogans a l'attention du public venu l'ecouter. Malgre cela,
un mandat d'arret international a ete lance par la Turquie, qui vaut
depuis 13 ans des arrestations repetitives a ce jeune Belgo-Turc. La
dernière en date ayant eu lieu en Espagne. Voici le compte-rendu de
Bahar Kimyongur d'une situation ubuesque et inquietante. Au-dela
de la soumission inacceptable de nos gouvernements europeens a un
diktat turc, constatons la continuite singulière entre la mentalite
repressive des Kemalistes et celle d'Erdogan...
Erdogan ordonne. Bruxelles, La Haye et Madrid executent
Bahar Kimyongur
8 juillet 2013
13 ans de persecution : Assez - Genoeg - Basta !
Lundi 17 juin vers 15h45. Profitant de quelques jours de vacances
en Andalousie, je visitais paisiblement la mosquee de Cordoue en
compagnie de mon epouse et mes deux enfants (3 et 4 ans) lorsqu'une
dizaine de policiers en civil me sont tombes dessus.
Dehors, dans la Calle Torrijos, nous attendait un convoi de vehicules
banalises. J'ai pris place dans l'une des voitures en compagnie de
trois de mes ravisseurs et du chauffeur. Ma femme et mes deux enfants
ont ete embarques a bord d'une voiture stationnee juste derrière.
Le convoi compose de quatre vehicules s'est rapidement mis en branle
sous les regards ahuris des taximen, des touristes et de quelques
familles Rom massees a la porte de la mosquee-cathedrale.
Quelques minutes plus tard, je me suis retrouve dans le bureau d'un
commissariat de la ville. Neuf policiers en civil s'agitaient autour
de moi.
La voix de mon epouse et celle de mes enfants me parvenaient de temps
a autre entre le cliquetis des claviers, les questions des enqueteurs,
les conversations entre agents et la fouille de mes effets personnels.
Bien que mes enfants se trouvaient dans une pièce adjacente, on
m'interdit de les voir et on me somma de rester assis. Il me faudra
attendre cinq jours et mon retour a Bruxelles pour les revoir, les
consoler, les rassurer.
La souffrance de voir et d'imaginer mes enfants subir un telle
violence psychologique et la colère envers les acteurs de cette mise
en scène grotesque me rongèrent pendant les quatre jours où je fus
arbitrairement prive de liberte.
J'etais d'autant plus revolte que je savais dès le moment de mon
arrestation que tout ce cinema etait dû au signalement Interpol lance
par l'Inquisition erdoganienne pour ma participation il y a treize
ans a un chahut au Parlement europeen a Bruxelles.
Pour moins que des prunes
Alors que les enqueteurs me questionnaient sans reelle conviction,
realisant a l'evidence que leur proie etait sans grand interet, une
policière vint confirmer que le mandat d'arret international emis a
mon encontre etait motive par mon action au Parlement europeen. Elle
ajouta qu'il avait ete reactive le 28 mai 2013, soit a peine 20 jours
plus tôt.
Cette fameuse manifestation qui nous valait tant de misères a moi et
ma famille treize ans après sa tenue visait le ministre des affaires
etrangères de l'epoque, Monsieur Ismail Cem.
En clair, le 28 novembre 2000, le ministre turc etait venu vanter
a Bruxelles les progrès de son gouvernement en matière des droits
de l'homme au moment meme où des milliers de prisonniers politiques
observaient une grève de la faim "jusqu'a la mort" contre les tortures
dont ils etaient victimes.
Le gouvernement que representait Monsieur Cem s'etait notamment rendu
coupable de nombreux massacres de detenus politiques, a Ulucanlar
en septembre 1999, a Burdur en juillet 2000 et lors de l'operation
" Deluge " (Tufan), le 19 decembre 2000.
Le contexte politique de l'epoque rendait donc mon action democratique
particulièrement legitime. Elle a d'ailleurs ete reconnue comme
telle par les autorites de mon pays, la Belgique et par un tribunal
neerlandais.
Notons egalement qu'a l'epoque de ce chahut, le Parti de la justice et
du developpement (AKP) de l'actuel premier ministre Erdogan, n'existait
meme pas. Quant au ministre Cem vise par l'action, il faisait partie
du gouvernement de coalition precedant l'arrivee de l'AKP au pouvoir.
Durant cette action eminemment banale, je ne me suis meme pas adresse
au ministre Ismail Cem. Je m'etais en effet contente de lancer quelques
tracts et de scander quelques slogans a l'attention du public venu
l'ecouter.
Il convient egalement de preciser qu'entre le 28 novembre 2000
et le 24 janvier 2007, date de son decès, Monsieur Cem n'a jamais
personnellement porte plainte contre moi.
Pourtant, malgre l'anciennete, la legitimite et la legèrete de mon
action, je risque toujours 15 ans de prison, les mauvais traitements
et la torture en cas d'extradition vers la Turquie.
Autre detail d'importance : le service de securite du Parlement
europeen m'a gentiment reconduit a la sortie ainsi que la jeune
femme qui participait a l'action a mes côtes sans que nous n'ayons
ete arrete, maltraite ni livre a la police.
En revanche, les medias turcs pro-gouvernementaux lancèrent a
l'epoque une veritable campagne de lynchage envers la jeune activiste
et moi-meme : "Nous voulons leurs noms" titrait le journal Star au
lendemain de l'action. "Cet homme qui vomit sa haine contre notre Etat,
le voici" s'enflammait le quotidien Hurriyet, photo a l'appui.
Treize ans plus tard, innocente en Belgique et en Hollande pour des
faits qui relèvent du chahut inoffensif et du militantisme de bon
aloi, je me retrouvais une nouvelle fois otage de la justice turque,
cette fois en Espagne.
J'ai eu beau expliquer aux agents espagnols le caractère illegitime,
infonde, abusif et absurde de mon arrestation a l'aune du principe
juridique universel du "ne bis in idem" qui interdit les poursuites
pour des faits deja juges, les ordres etant ce qu'ils sont, je devais
obligatoirement subir toutes les etapes legales de la procedure :
prelèvement des empreintes digitales, interrogatoire, garde a vue,
fouilles, menottes, comparution devant un juge d'instruction,
transferts en fourgonnettes, attente en cellule, incarceration,
isolement...
Après quatre jours et trois nuits de detention, respectivement dans
les cachots du commissariat de Cordoue et de Moraleja a Madrid puis
a la prison de Soto del Real a proximite de la capitale espagnole,
j'ai finalement ete libere moyennant le versement d'une caution de
10.000 euros. Cette somme a pu etre constituee grâce a la solidarite
et au sacrifice de parents, d'amis, de collègues, de camarades et
d'innombrables soldats inconnus.
Qu'ils en soient tous vivement remercies.
A present, je suis tenu de repondre favorablement a chaque citation
envoyee par l'Audiencia Nacional. Je devrai imperativement etre present
a toutes mes audiences sans quoi la caution de 10.000 euros serait
saisie sur-le-champ et un mandat de capture serait immediatement emis
a mon encontre.
En somme, une somme colossale est en jeu pour une affaire qui vaut
moins que des prunes...
Pourquoi l'Espagne ?
Si la simple mention du mot terrorisme suscite fantasmes et crispations
dans un pays marque par la lutte armee independantiste et la violence
d'Etat, je ne comprenais pas pourquoi la demande d'extradition turque
avait ete prise au serieux par les autorites espagnoles malgre la
vacuite evidente de mon dossier. D'autant plus qu'entre le 28 mai
et le 17 juin, j'ai sejourne dans cinq pays autres que la Belgique
et l'Espagne sans pour autant avoir ete inquiete par les services de
police de ces pays.
Le lundi 3 juin, j'ai rendu visite a Nezif Eski, un detenu politique
a la prison de Fleury-Merogis en France. Pourquoi ne m'a-t-on pas
arrete en territoire francais ou mieux, dans l'enceinte de la prison
? On aurait pu ainsi eviter a mes enfants des souffrances cruelles et
inutiles. L'Etat francais mène de surcroît une repression judiciaire
au moins aussi barbare que le regime d'Ankara a l'egard des militants
soupconnes d'appartenir au DHKP-C. Prenons l'exemple de Nezif Eski. Il
est atteint d'un trouble nerveux incurable et mortel appele algie
vasculaire de la face. Nezif n'a fait que participer a des concerts,
tenir des stands d'information et organiser des manifestations
autorisees. La justice francaise ne l'accuse d'aucun acte violent ou
reprehensible en tant que tel. En decembre dernier, il a ete condamne
pour sa pretendue appartenance au mouvement revolutionnaire anatolien,
a quatre ans de prison dont trois ans ferme. De nature diplomate et
pacifiste, Nezif Eski a prefere se rendre de lui-meme a la prison. La
semaine dernière, Nezif est devenu papa pour une seconde fois.
Pourtant, les juges viennent de rejeter sa demande de remise en liberte
provisoire en attendant son procès en appel. De plus, ses parloirs
se deroulant derrière une vitre, il lui est interdit de tenir ou
d'embrasser son nouveau-ne ni sa fille de trois ans. Nezif qui n'a
pas encore vu son fils est donc confronte a un sadisme a l'etat pur.
La police de l'Etat francais s'est neanmoins gardee de me harceler
durant mes sejours repetes dans l'Hexagone.
Le vendredi 7 juin, je me trouvais aux Nations Unies a Genève pour
assister a une conference sur la Syrie dont l'une des intervenantes
etait Navy Pillay, la haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU.
En marge de cette conference, je me suis entretenu avec des
ambassadeurs de la paix sur le rapatriement des jeunes europeens
enrôles par des sectes racistes et takfiri dans le conflit syrien. La
police helvetique s'est elle aussi abstenue de m'arreter en vertu du
mandat d'arret lance par la justice ankariote.
Samedi 8 juin, je me suis rendu en autocar au concert du groupe
musical turc Yorum a Oberhausen en Allemagne en transitant par les
Pays-Bas. Les polices neerlandaise et allemande ont visiblement refuse
de lancer les hostilites a mon encontre.
Le samedi 15 juin, l'avion qui m'emmena en vacances avec ma famille
a atterri a Faro en Algarve. J'ai ainsi pu sejourner au Portugal sans
le moindre souci. Le lendemain, la police portugaise m'a laisse partir
vers l'Espagne.
Compte tenu de tous ces elements, plusieurs jours après ma remise en
liberte sous caution par le juge madrilène Bermudez, mon arrestation
en Andalousie demeure toujours une enigme pour moi.
Belgique complice ?
L'autre question qui me taraude concerne l'implication eventuelle
des autorites belges dans mon arrestation en Espagne a l'instar
de l'operation barbouzarde dont je fis l'objet le 28 avril 2006
aux Pays-Bas.
A l'epoque, l'Etat belge avait tente de se debarrasser de moi en
chargeant les autorites neerlandaises de me livrer a la Turquie. Comme
j'etais de nationalite belge et comme la Belgique n'extrade pas ses
nationaux, les agents secrets de mon pays m'avaient tendu un piège
durant un sejour aux Pays-Bas.
Finalement, après 69 jours de privation de liberte, les juges
neerlandais avaient ridiculise nos Dupond et Dupont nationaux en
refusant d'honorer la demande turque d'extradition au motif que mon
chahut au Parlement europeen ne relevait pas du crime terroriste
comme l'entendait la justice turque.
J'avais pu rentrer chez moi en Belgique. A propos de la reunion secrète
du 26 avril 2006 dont l'objectif avoue etait ma livraison deux jours
plus tard a la Turquie via les Pays-Bas, une enquete est actuellement
en cours. Au vu des antecedents de l'Etat belge dans son traitement
a mon egard, mes soupcons semblent loin d'etre fantaisistes.
Autre element troublant : la ministre de l'interieur Madame Joëlle
Milquet se trouvait en Turquie six jours avant la relance par Ankara
de mon mandat d'arret international via Interpol.
A cette occasion, elle a rencontre Hakan Fidan, le directeur de
la Milli Istihbarat Teskilati (MIT), l'Organisation nationale du
renseignement turc dont les activites illegales voire terroristes
sont regulièrement epinglees par les medias independants et par les
ONG internationales.
D'après le blog de la ministre de l'interieur et les medias turcs,
la discussion menee a Ankara aurait porte sur le DHKP-C, le mouvement
marxiste clandestin dont les autorites turques me soupconnent d'etre
un membre, ce que j'ai toujours formellement dementi.
Plus louche encore, la discussion du 22 mai 2013 entre Mme Milquet et
M. Fidan semble s'etre focalisee sur l'extradition de membres presumes
du DHKP-C vivant en Belgique, ce que suggère Madame la ministre dans
le passage suivant :
"Au-dela de la problematique des Belges qui combattent en Syrie,
les autres formes de terrorisme, entre autres liees aux attentats du
DHKP-C, ont aussi ete evoquees, de meme que les reformes recentes de
la legislation anti-terroriste en Turquie.
Les differents ministres se sont mis d'accord pour concretiser au
quotidien leur nouvel accord de collaboration et renforcer fortement
leur cadre de cooperation par des echanges constants d'informations,
de pratiques, d'entraide judiciaire et policière et de rencontres
regulières, via par exemple des contacts directs entre les personnes
des services belges et turcs competents. Ils ont notamment decide
d'organiser sans attendre deux rencontres concrètes, notamment entre
les services de police, de renseignements et certaines autorites
judiciaires avant l'ete : l'une en Turquie concernant la problematique
des ressortissants belges en Syrie et le suivi renforce et mutuel des
dossiers, informations et analyses les concernant ; l'autre a Bruxelles
pour un echange d'expertise et d'informations entre services concernant
les autres formes de terrorisme evoquees lors des rencontres."
DHKP-C, collaboration policière, entraide judiciaire, echanges
d'informations et d'expertises "au quotidien"... Comment ne pas se
sentir vise lorsque l'objet de la rencontre policière belgo-turque
est evoque de manière aussi explicite et detaillee ?
Madame Milquet n'est pas sans savoir que je me trouve dans la ligne
de mire de ses homologues turcs et qu'a ce titre, toute contribution
meme passive de l'Etat belge a la repression aveugle du regime
d'Ankara contre les opposants turcs qui vivent sur le sol belge
m'expose ineluctablement a la cabale menee par l'Etat neo-ottoman a
mon encontre.
La protection de Mme Milquet, seul gage de sa bonne foi
Dans une reponse adressee a mon confrère et ami Michel Collon, Mme
Milquet affirme que durant son sejour en Turquie, "a aucun moment,
il n'a ete question du cas specifique de Monsieur Bahar Kimyongur".
Le meme jour, Madame Milquet m'a accuse de proferer des accusations
"proches de la diffamation" dans un article paru dans le Soir (samedi
22 et dimanche 23 juin 2013) tout en martelant qu'elle n'a "rien a
voir" avec mon arrestation en Espagne.
En reponse a la reaction de la ministre, je precise qu'il ne faut
pas avoir ete nommement cite dans une reunion officielle pour subir
la repression de l'Etat turc. En effet, laisser les coudees franches
aux agents du regime d'Ankara permet a ces derniers de nuire a qui
ils veulent, où et quand ils veulent.
Deuxièmement, dans mon propos relaye par les medias belges, il n'a
ete nullement question d'accuser la ministre. Je me suis strictement
limite a exprimer des soupcons en soulignant la presence d'indices
inquietants de complicite entre la police belge et les organes de
repression du regime d'Erdogan qui instrumentalise l'antiterrorisme
a l'envi pour faire taire ses citoyens critiques.
Si Madame la ministre tenait vraiment a honorer les valeurs humanistes
qu'affiche son parti, elle aurait dû prendre ses distances par rapport
a la police turque dont la cruaute envers la mouvement de contestation
qui s'est cristallise autour du sauvetage du parc Gezi a Istanbul a
atteint un niveau difficilement defendable.
Le fait qu'après treize ans, la justice turque s'acharne toujours sur
moi pour un simple chahut aurait dû interpeller Mme Milquet sur l'etat
de la "democratie" en Turquie. Helas, il n'en a ete nullement le cas.
Si Madame la ministre n'a vraiment rien a se reprocher dans la
persecution dont je fais l'objet sur base du mandat d'arret Interpol
et contre lequel je ne dispose d'aucun moyen legal pour me defendre, je
lui demande de me proteger, d'interceder en ma faveur lorsque la police
d'un pays tiers veut executer le signalement Interpol a la lettre.
A propos de ses accusations selon lesquelles mes soupcons sur sa
participation potentielle a mon arrestation en Espagne friseraient
la diffamation, je rappelle que le seul diffame dans l'histoire,
c'est moi-meme et qu'elle en est personnellement responsable.
Le 28 mai dernier, Madame Milquet a en effet refuse de participer a
un debat public sur les volontaires belges qui combattent en Syrie
au seul motif que je figurais parmi les intervenants. Le boycott de
la ministre a contribue a renforcer l'image que les autorites turques
donnent de moi, celle d'un terroriste et d'un individu infrequentable.
Finalement, le jeudi 13 juin, la radio publique belge nous a reunis,
a mes depens, autour d'un debat sur les jeunes volontaires belges qui
se battent en Syrie. Jointe par telephone, la ministre de l'interieur,
Mme Joëlle Milquet m'a attaque sur mon engagement dans ce dossier,
m'accusant d'etre un sympathisant du gouvernement syrien.
Je lui fis remarquer que son gouvernement soutenait Al Qaïda en Syrie.
Cet incident verbal a eu lieu quatre jours a peine avant mon
arrestation a Cordoue.
On serait tente de croire que Mme Milquet a organise mon interpellation
en Espagne pour se venger de ma remarque insolente.
Malgre nos divergences politiques persistantes, personnellement,
je me refuse de porter une telle accusation et de verser dans le
"Milquet Bashing".
D'ailleurs, le 20 juin dernier, interpellee par l'ecologiste Benoit
Hellings au Senat, Madame la ministre a jure n'avoir joue aucun rôle
dans mon arrestation a Cordoue.
Dont acte.
Après 13 annees de criminalisation, Madame la ministre comprendra
aisement que pour croire pleinement en sa sincerite, je demande une
protection active contre toute tentative d'extradition vers la Turquie.
C'est le minimum syndical que Madame Milquet doit me garantir si elle
considère que je suis un citoyen belge, libre et innocent.
Retour a la rubrique
From: A. Papazian