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Serge Avedikian : "Le Dialogue Turco-Armenien Est En Stagnation"

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  • Serge Avedikian : "Le Dialogue Turco-Armenien Est En Stagnation"

    SERGE AVEDIKIAN : "LE DIALOGUE TURCO-ARMENIEN EST EN STAGNATION"

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=74298
    Publie le : 11-07-2013

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
    invite a lire cette interview de Serge Avedikian, comedien et
    realisateur francais, publiee sur le site Repair - Reparer le futur
    [ONG Yerkir en partenariat avec Anadolu Kultur] le jeudi 13 juin 2013.

    Repair - Reparer le futur

    Debat : Avant et après Hrant Dink
    Point de vue de la Diaspora Armenienne

    Cette stagnation doit conduire a quelque chose de plus profond

    Interview de Serge Avedikian, Comedien et realisateur francais

    Comedien et realisateur francais, Serge Avedikian est un des premiers
    artistes de la diaspora armenienne a defendre la necessite de parler
    avec les Turcs. Il constate aujourd'hui que le processus de dialogue
    est en stagnation et que le resultat des differentes initiatives reste
    mitige. Pour en sortir, le realisateur compte sur une parole neuve
    venant d'une nouvelle generation d'intellectuels et d'artistes turcs.

    Comment avez-vous rencontre Hrant Dink ?

    Notre première rencontre a eu lieu dans les bureaux d'Agos. Quand
    j'etais de passage a Istanbul, en 1998, pour me rendre dans un
    festival a Bodrum, un premier article sur moi etait paru dans Agos.

    Mais on s'etait rate avec Hrant car il n'etait pas en ville. Quand je
    suis revenu en 2003 a l'occasion du festival de Boursa et pour les
    reperages de Nous avons bu la meme eau, j'ai ete convie a donner une
    interview. Je me rappelle très bien de ses premiers mots. Il m'a dit
    en armenien, en se levant et en me prenant dans ses bras : "Tu etais
    devenu un mythe pour moi, mais la, tu es une realite". Ca m'a
    evidemment un peu secoue, je me suis dit : "Mais qu'est-ce qu'il pense
    de moi pour dire ca ?". Je lui ai donne une interview a propos du
    festival de Boursa et surtout de la redecouverte de Soloz (Ndlr. le
    village du grand-père de Serge Avedikian situe près de Boursa et où il
    a tourne le documentaire, Nous avons bu la meme eau) pour la deuxième
    fois en 13 ans. Il etait très etonne, ce qui m'a surpris car avec tout
    le savoir qu'il avait sur la communaute armenienne et son histoire, il
    ne connaissait pas Soloz. Ce qui veut dire que bien des histoires ont
    eu lieu, pas si loin que cela d'Istanbul, que les Armeniens eux-memes
    ne connaissent pas. Ce qui est normal, tout cela etait cache. Et il a
    poursuivi : " C'est incroyable l'histoire de ce village. Il faut que
    tu m'en parles plus ". Notre lien a continue. Je l'ai rencontre avant
    d'aller en tournage a Soloz, après le tournage et quand le film a ete
    monte. Une fois, on est alle au restaurant avec Hrant, Cengiz Aktar,
    Ali Bayramoglu et Taner Akcam, de passage a Istanbul, qu'il m'a
    presentes

    Vous avez connu ces intellectuels d'Istanbul par le biais de Hrant Dink ?

    Exactement. Parce qu'a Istanbul, a part quelques personnes d'origine
    armenienne, je ne connaissais pas grand monde dans les milieux
    cinematographiques ni intellectuels. C'est lui qui m'a fait connaître
    lors d'une soiree au restaurant " Chez Boncuk " au premier etage,
    comme il se doit, toutes ces personnes qui l'entouraient.

    Vous avez visionne avec Hrant Dink, a Istanbul, une des premières
    versions de Nous avons bu la meme eau ?

    Oui, c'etait six mois avant sa mort. J'etais venu a Istanbul au
    festival du cinema du court metrage. Pendant ce temps-la, on avait
    monte une première version du film. Valerie Terranova, une des
    conseillères de Jacques Chirac, etait de passage et m'avait demande de
    lui presenter Hrant. Comme je voulais lui montrer un premier montage
    du film, pour faire d'une pierre deux coups, on a fait cette
    projection. C'etait très emouvant. D'ailleurs les liens sont
    particuliers puisque c'est Valerie Terranova qui m'a appele pour
    m'annoncer la mort de Hrant.

    Hrant Dink avait dit : " Mais c'est ce film qu'il faut montrer en
    diaspora. Il montre qu'il faut aller en Turquie et parler avec les
    gens ".

    La où on etait complètement en phase avec Hrant, c'etait sur la
    necessite de montrer une ouverture d'esprit et une capacite d'aller
    vers la Turquie d'aujourd'hui, toutes tendances confondues - sauf les
    fascistes - de parler aux gens, leur dire qu'on etait la et d'autre
    part, le besoin de partager notre propre decouverte, le chemin qui
    etait en train de se faire en diaspora sur la Turquie. C'est
    exactement le travail que Hrant faisait avec Agos, avec les articles
    sur les villages en Anatolie, sur les auteurs armeniens, sur la vie
    avant le Genocide. Et sur l'ignorance de la Turquie après le Genocide.

    Nous avons bu la meme eau faisait aussi ce travail, c'est-a-dire aller
    a la rencontre d'un village, des citoyens turcs qui ignoraient
    eux-memes, en partie, l'histoire de ce village. C'est vrai que
    symboliquement c'etait très fort, que ce soit des Pomaques qui
    occupent l'espace qu'avaient occupe les Armeniens, qui racontent ce
    qu'ils avaient ressenti en tant qu'immigre eux-memes dans cette
    histoire d'echange de populations et qui portent un regard sur ce que
    les Armeniens avaient construit et laisse comme trace. Ca a ete un des
    points forts pour nouer un dialogue un peu different. Je pense que
    Hrant etait non seulement solidaire de cela, mais il etait en plein, a
    sa facon, avec son equipe, dans ce travail. Il y a eu une vrai
    rencontre entre le travail que Hrant faisait avec Agos et notre
    travail.

    C'etait une epoque où la plupart des Armeniens de la diaspora
    n'imaginaient meme pas venir en Turquie ou parler avec les Turcs.

    En tout cas, ceux qui le faisaient, le faisaient un peu en cachette.

    Ils venaient par exemple chercher un souvenir. A Soloz, on a appris
    que des Armeniens etaient passes recuperer un objet ou une pierre
    tombale. Mais tout cela se faisait en cachette parce que c'etait un
    tabou. Je pense qu'on a dans cette demarche casse ce tabou. Alors
    qu'il n'y a pas de reconnaissance de son histoire, comment un Armenien
    pouvait-il aujourd'hui dialoguer avec des Turcs, en Turquie-meme, sur
    le lieu precis où il y avait eu des deportations et le Genocide. Ce
    tabou est tombe avec le film et avec le travail que faisait Hrant.

    Il y a eu beaucoup de critiques envers le film a cause de cela.

    Il y a eu une frange de la diaspora francaise très sceptique, qui
    disait : " Mais tu te fais avoir, tu ne peux pas dialoguer avec des
    gens qui ne reconnaissent rien ". Je pense que c'etait une periode de
    transition pour beaucoup, notamment les jeunes.

    On peut dire qu'après ce film et plusieurs autres projets, des
    Armeniens de la diaspora ont commence a venir en Turquie. D'une
    certaine manière, vous avez ouvert la voie, qu'est-ce que ce processus
    a change, a la fois chez les Armeniens et les Turcs ?

    Les gens ont commence tout d'abord a reellement parler, a poser de
    vraies questions. Comment faire pour sortir de l'impasse du non
    dialogue ? Comment faire pour sortir des tabous de part et d'autre ?

    En fait, les deux parties sont coincees par leurs extremes. Côte turc,
    pour le gouvernement et les nationalistes, c'est : " Comment
    pouvez-vous dialoguer avec des Armeniens qui vous obligent a
    reconnaître un genocide qui n'existe pas ". Et côte armenien : "
    Comment pouvez-vous parler avec des gens qui ne reconnaissent meme pas
    que c'est un Genocide. C'est un dialogue de sourds ". Je pense que
    c'est ce barrage qui a ete force, mais pas pour tout le monde. A mon
    sens, le resultat est un peu mitige. Il ne faut pas oublier que
    lorsque l'appel a la signature de la demande de pardon a ete lance par
    des intellectuels turcs - qui a fait aussi tomber des tabous - le
    resultat escompte n'a pas ete aussi brillant que le pensaient les
    organisateurs. Ils imaginaient un raz de maree, l'esperaient en tout
    cas, et moi aussi avec eux. Cela aurait pu donner lieu a une prise de
    parole democratique de ceux qui, jusqu'a maintenant, se taisaient. Ils
    pensaient qu'il y aurait un million de signatures. Je crois que ca n'a
    pas depasse 30 000, ce qui est deja pas mal, mais c'est quand meme
    très loin des esperances. Je dirai que ce processus a ouvert une
    brèche, a permis a beaucoup de jeunes de faire des voyages en
    Anatolie, il y en avait eu auparavant, mais cette fois-ci de facon
    ouverte. Il y a eu des rapprochements et des debats avec des
    intellectuels turcs comme Ali Bayramoglu, Cengiz Aktar, Ahmet Insel et
    Taner Akcam, en particulier en France. J'ai assiste a presque tous. Il
    y a eu aussi des livres de dialogues entre Armeniens et Turcs. J'ai
    l'impression que cette periode s'est un peu calmee, car maintenant il
    y a des initiatives a plus long terme, un peu plus perennisees et
    approfondies qui vont naître de ce mouvement. Des films aussi, j'en
    suis sûr. Quand on est pionnier malgre soi, on voit venir les choses
    car on tâte la temperature. Ca ne va peut-etre pas se faire tout de
    suite. Il y a des temps d'inertie, des scepticismes qui reviennent. Il
    ne faut pas oublier qu'il y a eu la mort de Hrant, qui a ete a double
    tranchant.

    Quand ces initiatives ont commence a se multiplier, Hrant Dink
    devenait dangereux en Turquie. A votre avis, qu'est-ce qui le rendait
    si dangereux ?

    Je pense que c'est son audace et sa prise de parole franche. Tant
    qu'un intellectuel reste demonstratif intellectuellement, il n'est pas
    dangereux. Il ne devient dangereux que quand il arrete d'etre
    intellectuel, quand il mène une vraie bataille avec des mots
    ressentis, avec des mots que tout le monde peut entendre et qui
    peuvent etre entendus par beaucoup. Je pense que c'est a ce moment que
    les autorites ont senti que cet homme etait genant. Il prenait trop de
    place, et surtout avec son charisme il entraînait des intellectuels
    turcs. Au lieu d'etre devant lui, ils etaient derrière lui. Je pense
    que c'est ca qui a fait très mal dans cet assassinat. Car encore une
    fois, c'est un Armenien qu'on a tue et non pas un opposant turc, ce
    qui a change beaucoup de choses et souleve une grande partie de la
    population qui l'ecoutait. Des centaines de milliers de personnes
    etaient dans la rue a son enterrement.

    Est-ce que vous vous attendiez a une telle reaction en Turquie ?

    Non. Je pensais que ce serait solennel et recupere par le
    gouvernement, ce qui a ete d'ailleurs en partie le cas, mais je ne
    pensais pas qu'il y aurait autant de monde dans la rue. Personne
    n'avait prevu une telle levee de boucliers de la part des gens avec
    leurs pancartes. Cette manifestation ne s'oubliera jamais, elle se
    perpetue, de facon moindre, mais quand meme importante, a chaque
    anniversaire, elle est devenue une sorte de symbole. D'un autre côte,
    il n'est plus la. Il n'y a plus de meneur. Ca fait atomiser aussi.

    Chacun reste dans son coin, de facon desordonnee. Il y a la fondation,
    il y a des initiatives et tout cela est relativement positif, mais
    n'empeche que c'est une bataille qui a ete amputee de sa tete.

    Il faut peut-etre trouver cette fois-ci une " tete " parmi les
    intellectuels turcs ?

    Absolument. A la tete d'un mouvement reellement contestataire, pour
    une democratie plus grande, pour la reconnaissance d'un certain nombre
    de choses en Turquie, il faut que ce ne soit pas un Armenien. Hrant
    etait un citoyen turc, mais il faut un citoyen a qui on ne puisse pas
    reprocher d'etre un " sperme d'Armenien " ou de Kurde. C'est aussi ce
    qui est difficile en Turquie parce que tout de suite on est accuse,
    des reflexes d'antan et des ostracismes reviennent, alors que si c'est
    un Turc, ce sera autant de moins en tous cas.

    Il y aura une autre signification aussi.

    Oui. Cela voudra dire une maturation de la societe civile en Turquie,
    qui ose se devoiler. Elle existe, sans aucun doute parmi les
    journalistes, les intellectuels, les artistes. J'en suis convaincu.

    Osman Kavala le fait a sa facon, en tant qu'entrepreneur dans le
    domaine culturel : des choses immenses et incroyables. Et il
    continuera a le faire. Il en faut d'autres.

    Six ans plus tard, comment voyez-vous la situation generale et
    politique en Turquie ? Est-ce que la prise de conscience sur ces
    sujets a avance ?

    Je pense qu'il ne peut y avoir de recul. Mais il y a des temps
    d'arret, de maturation, de comprehension et de digestion. Je pense
    aussi que le temps d'elaboration de la replique a donner est en train
    de se faire. Sous quelles formes elle va apparaître ? J'en connais
    quelques unes, mais pas toutes. Les artistes vont s'exprimer dans les
    mois a venir. Il y a une nouvelle generation d'intellectuels, plus
    jeunes, mûrs, qui ne sont pas des professeurs d'universite, des
    journalistes ou des vedettes reconnues, et qui ont les mains un peu
    plus libres. Parce que moi aussi j'ai un certain âge, je sais ce que
    ca veut dire de jouer avec sa renommee, d'avoir peur de perdre sa
    place. Il y a une autocensure. Il faut des gens qui ne font pas
    d'autocensure parce qu'ils n'ont rien a perdre. C'est pour cela que je
    mets en place un nouveau projet où je souhaite donner la parole a de
    tout jeunes cineastes, dans des pays très differents, pour parler de
    l'idee de la diaspora par exemple.

    Vous etiez assez critique a un moment donne concernant le fait que le
    processus de dialogue en Turquie n'avancait pas vraiment. Qu'est-ce
    que vous en pensez aujourd'hui ?

    C'est facile de critiquer ou de constater. Mais il faut surtout
    essayer de comprendre les raisons, en particulier les raisons
    souterraines. Quand des grandes choses naissent, il faut un certain
    temps pour les digerer et trouver un nouveau langage, parce que se
    repeter ad vitam aeternam lasse les gens et n'apporte pas grand-chose.

    C'est pour cela que j'ai parle de nouvelles generations. Ceux qui
    actuellement s'expriment ont plus de 50 ans. Ils ont vecu des periodes
    charnières, d'ouverture, d'assassinat et autres, très importantes
    politiquement. Mais aujourd'hui, la nouvelle generation percoit cela a
    sa facon. Evidemment, ces intellectuels doivent continuer a
    s'exprimer. Mais je pense que leur rôle veritable, ce que je me donne
    comme rôle aussi, c'est de passer le flambeau. C'est d'inciter les
    jeunes, c'est-a-dire ceux qui ont entre 25 et 35 ans, avec une vraie
    conscience et qui etudient les choses, d'acceder a une nouvelle
    parole. Il faut que les intellectuels arretent de monopoliser
    l'espace. Nous, on n'arrete pas de repeter les memes choses. La
    decouverte vient d'une parole neuve, innocente. Cette stagnation doit
    conduire a plus de reflexion. Il faut inciter les gens a ecrire et a
    prendre la parole sur des sujets plus profonds.

    A l'approche de 2015, quelle tendance va le plus peser : celle des
    milliers de personnes qui commemorent 6 ans plus tard Hrant Dink ou
    celle des manifestations où on porte des pancartes : " Vous etes tous
    Armeniens, vous etes tous des bâtards " ? Quel est votre sentiment ?

    Je sens que ca va etre important. Mais j'ai un peu peur que ce soit
    une bataille de facade et qu'on perde la reflexion en profondeur. La
    placardisation d'une cause revèle aussi certaines choses a des gens
    qui n'entendent rien. Mais la où la bataille risque d'etre
    interessante, c'est lorsque ces jeunes realisateurs turcs de Turquie
    ou d'Allemagne reveleront leur film de fiction ou de documentaire a la
    face du monde. C'est cette parole qui va faire la difference. Et pas
    celle des Armeniens. C'est celle d'une Turquie dans le sens global du
    terme, c'est-a-dire des gens qui se disent Turcs mais qui vivent ici
    et la, qui vont reveler leur positionnement vis-a-vis de cette
    histoire de facon plus forte que d'habitude. Ca peut etre de la
    peinture, du cinema, de la litterature, un essai politique ou
    philosophique, ou une forme de prise de parole politique. Il y a
    beaucoup de projets en Armenie et en diaspora, mais ce n'est pas cela
    qui sera interessant. Ce qui serait inattendu, c'est le film d'un
    jeune realisateur turc reconnu, ou l'ouvrage d'un jeune ecrivain, et
    dans les deux cas quelqu'un qui vit a Istanbul. C'est ca qui fera la
    difference. Peut etre aussi des manifestations un peu differentes en
    Turquie que celles du 24-Avril. Avec un vrai positionnement, des
    colloques... Ca a deja eu lieu, il ne faut pas l'oublier. Mais il faut
    que ce soit de facon plus visible et par le plus grand nombre.

    Un des reves de Hrant Dink etait de voir des artistes armeniens et
    turcs chanter ensemble sur la meme scène. Est-ce que ce reve se
    realisera si on a l'occasion de voir l'opera Anouch sur lequel vous
    travaillez a Istanbul ?

    Ce sera un des elements. Anouch est un projet reve pour montrer
    certaines choses. Il est ecrit par un Armenien a la base comme poème,
    un compositeur armenien qui est entre Erevan, Tbilissi, Alexandropole
    et Istanbul, et il a deja ete joue en turc. Je n'ai pas encore mis la
    main sur le texte en turc, mais je suis sûr qu'on y arrivera. C'est un
    projet reve pour dire : ca a eu lieu avant le Genocide, ca a eu lieu
    après le Genocide et ca a lieu maintenant et de facon ouverte pour
    tout le monde. C'est un type qui n'habite plus ni a Erevan ni a
    Istanbul, mais habite a Paris, qui a pris l'initiative d'un renouveau,
    d'un depoussierage d'une ~\uvre populaire, qui parle absolument a tout
    le monde. Ca parle a la Turquie aussi bien qu'a l'Armenie. L'opera
    Anouch relate des histoires de crimes d'honneur qui pourraient se
    passer en Anatolie ou dans le Caucase et qui se deroulent dans des
    montagnes qui ne portent pas de nom. Je souhaiterais très vivement
    qu'en 2014, Anouch arrive a Istanbul et dans d'autres villes, par
    exemple a Diyarbekir. Ca parlera aussi aux Kurdes. Il sera presente
    fin avril a Erevan. J'espère qu'ensuite on pourra le programmer a
    Istanbul et ailleurs.

    Istanbul est maintenant dans presque tous vos projets ?

    Absolument. Le film sur Paradjanov est presque pret et on sera a
    Istanbul au printemps ou a l'automne prochain, pour des festivals.

    Paradjanov va aussi faire parler de lui a Istanbul. C'est un type qui
    a fait un film en armenien sur un Georgien, un Azeri, en pleine guerre
    azero-armenienne. Les artistes doivent etre transfrontaliers, doivent
    depasser les clivages. Ca ne veut pas dire qu'il n'y a pas de
    problème, mais ces ~\uvres pointent les problèmes. Le film sur
    Paradjanov sera aussi politique, meme si c'est a travers l'art, le
    cinema et le collage. L'opera Anouch le sera a sa facon. Et pour Le
    Dernier round a Istanbul, j'espère qu'on sera pret en 2015. Donc 2013,
    2014 et 2015 vont porter trois gros projets toujours vers Istanbul. De
    toute facon, c'est un des lieux de ma naissance spirituelle. Mon
    grand-père est ne a quelques kilomètres d'Istanbul, c'est par Istanbul
    que son bateau est reparti vers l'Armenie, et c'est par Istanbul qu'on
    est revenu. Istanbul est au centre.

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