TURQUIE, SYRIE : QUELLES ALTERNATIVES AUX REGIMES POLITIQUES EN PLACE ? (I)
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=74392
Publie le : 16-07-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
invite a lire cette information publiee sur site des Amities kurdes
de Bretagne le 4 juillet 2013.
jeudi 4 juillet 2013 par Amities kurdes de Bretagne
Eyyup Doru, representant le parti pro-kurde BDP (Parti pour la Paix
et la Democratie) en Europe, est venu de Bruxelles rencontrer les
membres de la Coordination nationale Solidarite Kurdistan (CNSK)
reunis a Paris pour examiner la situation des Kurdes, tant en Turquie
qu'en Syrie, et decider d'initiatives en relation avec le processus
de paix engage par Abdullah Ocalan, leader inconteste des Kurdes,
avec le gouvernement turc. Ce processus de paix tant souhaite auquel
le peuple kurde, ses organisations et ses elus veulent croire, sans
pour autant cacher leur inquietude face a l'attitude pour le moins
ambiguë du pouvoir en place. Dialogues avec Eyyup Doru.
Turquie : quelles alternatives a Erdogan
Andre Metayer - N'etait-il pas convenu qu'en echange du retrait
du territoire turc des combattants du PKK, commence fin mars, des
reformes seraient faites en faveur des Kurdes ?
Eyyup Doru - Actuellement, plusieurs groupes de la guerilla ont deja
rejoint leurs bases arrière au Kurdistan du sud [d'Irak]. Il est
probable que le retrait se poursuivra jusqu'au mois de septembre ou
d'octobre. En contrepartie, aucune des revendications kurdes n'a ete
satisfaite. Il n'y a pas eu de remise en liberte de detenus politiques,
les procès intentes contre les elu(e)s, les cadres et militants du
BDP se poursuivent et le gouvernement n'a fait aucune proposition
pour une autonomie democratique des regions kurdes. Bref, il n'y a
aucunes avancees democratiques.
AM - Le Premier ministre RT Erdogan n'a-t-il pas pris quelques
initiatives ?
ED - Deux commissions ont ete constituees, l'une parlementaire,
a laquelle les depute(e)s du CHP et du MHP refusent de participer
et qui reste très desequilibree - 10 representants de l'APK pour 1
du BDP - et l'autre dite " commission des sages " dont les membres
sont nommes par le gouvernement.
AM - Ce n'est donc pas satisfaisant, d'autant plus que les projets
de RT Erdogan restent flous. Personne ne peut donc dire comment la
situation va evoluer ?
ED - Le BDP, par la voix de son co-president Selahattin Demirtas,
a prononce un discours fort et assez critique envers le gouvernement
actuel en indiquant notamment que si les choses ne bougeaient pas le
processus de paix pourrait se terminer. Le BDP attend une reponse
du gouvernement AKP. Par ailleurs, deux initiatives politiques
importantes se sont tenues, l'une a Ankara avec la rencontre de toutes
les organisations de gauche visant a soutenir le processus de paix et
l'autre a Diyarbakir, avec la tenue de la Conference kurde qui dans sa
declaration finale se prononce pour le respect des revendications du
peuple kurde concernant l'autodetermination et l'autonomie politique
et territoriale, telles qu'elles sont voulues et formulees.
AM - Peut-on etablir une correlation entre le combat des Kurdes
pour la reconnaissance de leurs droits et les manifestations
antigouvernementales qui ont pris corps a Istanbul et qui s'etendent
aux autres villes en Turquie ?
ED - Les evenements de la place Taksim mettent en evidence le rejet
par une partie de la population et en particulier la jeunesse, de
l'autoritarisme de l'AKP et de son leader Recep Erdogan. Les lois
restreignant les libertes individuelles en reference a une islamisation
rampante de la societe ne sont pas acceptees par une partie de celle-ci
attachee a la laïcite. À partir du refus de la destruction d'un parc
en plein centre-ville au profit d'une operation immobilière, une
convergence s'est creee entre differentes forces de la societe civile,
mecontentes ou en lutte, et des organisations politiques dont certaines
sont interdites. Progressivement, les protestations se sont elargies
devoilant les risques d'une recuperation du mouvement de revolte. En
effet, la presence de groupes nationalistes lies au CHP ou MHP rend
difficile la lisibilite politique du mouvement qui s'est exprime.
AM - Y a-t-il un " après Erdogan " ?
ED - La repression policière a l'encontre de manifestants pacifiques
a mis en evidence la nature du pouvoir actuel qui, sous un verni
d'islamiste modere, avait gagne les faveurs de l'Union europeenne et
de la France. Si ces evenements font la demonstration de la resistance
d'une partie de la population a la politique de l'AKP, ils mettent en
evidence le manque d'alternative politique permettant de construire un
" après Erdogan ". Les partis parlementaires existants, mis a part
le BDP, ont demontre dans le passe leur opposition farouche a un
règlement pacifique de la question kurde et n'ont jamais favorise
l'expression democratique dans la societe turque.
AM - La violence de la repression semble avoir surpris la communaute
internationale ?
ED - Les relations entre la Turquie et l'Union europeenne sont
effectivement très tendues depuis les evenements d'Istanbul. Pourtant,
ce n'est pas d'aujourd'hui que la Turquie se distingue par une
repression feroce a l'encontre des opposants politiques et en premier
lieu contre les Kurdes. Erdogan a gagne physiquement par la force
mais pas dans l'opinion publique. Erdogan est en grande difficulte
tant au niveau national que sur la scène internationale.
Andre Metayer.
Retour a la rubrique
Source/Lien : Amities kurdes de Bretagne
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Publie le : 16-07-2013
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invite a lire cette information publiee sur site des Amities kurdes
de Bretagne le 4 juillet 2013.
jeudi 4 juillet 2013 par Amities kurdes de Bretagne
Eyyup Doru, representant le parti pro-kurde BDP (Parti pour la Paix
et la Democratie) en Europe, est venu de Bruxelles rencontrer les
membres de la Coordination nationale Solidarite Kurdistan (CNSK)
reunis a Paris pour examiner la situation des Kurdes, tant en Turquie
qu'en Syrie, et decider d'initiatives en relation avec le processus
de paix engage par Abdullah Ocalan, leader inconteste des Kurdes,
avec le gouvernement turc. Ce processus de paix tant souhaite auquel
le peuple kurde, ses organisations et ses elus veulent croire, sans
pour autant cacher leur inquietude face a l'attitude pour le moins
ambiguë du pouvoir en place. Dialogues avec Eyyup Doru.
Turquie : quelles alternatives a Erdogan
Andre Metayer - N'etait-il pas convenu qu'en echange du retrait
du territoire turc des combattants du PKK, commence fin mars, des
reformes seraient faites en faveur des Kurdes ?
Eyyup Doru - Actuellement, plusieurs groupes de la guerilla ont deja
rejoint leurs bases arrière au Kurdistan du sud [d'Irak]. Il est
probable que le retrait se poursuivra jusqu'au mois de septembre ou
d'octobre. En contrepartie, aucune des revendications kurdes n'a ete
satisfaite. Il n'y a pas eu de remise en liberte de detenus politiques,
les procès intentes contre les elu(e)s, les cadres et militants du
BDP se poursuivent et le gouvernement n'a fait aucune proposition
pour une autonomie democratique des regions kurdes. Bref, il n'y a
aucunes avancees democratiques.
AM - Le Premier ministre RT Erdogan n'a-t-il pas pris quelques
initiatives ?
ED - Deux commissions ont ete constituees, l'une parlementaire,
a laquelle les depute(e)s du CHP et du MHP refusent de participer
et qui reste très desequilibree - 10 representants de l'APK pour 1
du BDP - et l'autre dite " commission des sages " dont les membres
sont nommes par le gouvernement.
AM - Ce n'est donc pas satisfaisant, d'autant plus que les projets
de RT Erdogan restent flous. Personne ne peut donc dire comment la
situation va evoluer ?
ED - Le BDP, par la voix de son co-president Selahattin Demirtas,
a prononce un discours fort et assez critique envers le gouvernement
actuel en indiquant notamment que si les choses ne bougeaient pas le
processus de paix pourrait se terminer. Le BDP attend une reponse
du gouvernement AKP. Par ailleurs, deux initiatives politiques
importantes se sont tenues, l'une a Ankara avec la rencontre de toutes
les organisations de gauche visant a soutenir le processus de paix et
l'autre a Diyarbakir, avec la tenue de la Conference kurde qui dans sa
declaration finale se prononce pour le respect des revendications du
peuple kurde concernant l'autodetermination et l'autonomie politique
et territoriale, telles qu'elles sont voulues et formulees.
AM - Peut-on etablir une correlation entre le combat des Kurdes
pour la reconnaissance de leurs droits et les manifestations
antigouvernementales qui ont pris corps a Istanbul et qui s'etendent
aux autres villes en Turquie ?
ED - Les evenements de la place Taksim mettent en evidence le rejet
par une partie de la population et en particulier la jeunesse, de
l'autoritarisme de l'AKP et de son leader Recep Erdogan. Les lois
restreignant les libertes individuelles en reference a une islamisation
rampante de la societe ne sont pas acceptees par une partie de celle-ci
attachee a la laïcite. À partir du refus de la destruction d'un parc
en plein centre-ville au profit d'une operation immobilière, une
convergence s'est creee entre differentes forces de la societe civile,
mecontentes ou en lutte, et des organisations politiques dont certaines
sont interdites. Progressivement, les protestations se sont elargies
devoilant les risques d'une recuperation du mouvement de revolte. En
effet, la presence de groupes nationalistes lies au CHP ou MHP rend
difficile la lisibilite politique du mouvement qui s'est exprime.
AM - Y a-t-il un " après Erdogan " ?
ED - La repression policière a l'encontre de manifestants pacifiques
a mis en evidence la nature du pouvoir actuel qui, sous un verni
d'islamiste modere, avait gagne les faveurs de l'Union europeenne et
de la France. Si ces evenements font la demonstration de la resistance
d'une partie de la population a la politique de l'AKP, ils mettent en
evidence le manque d'alternative politique permettant de construire un
" après Erdogan ". Les partis parlementaires existants, mis a part
le BDP, ont demontre dans le passe leur opposition farouche a un
règlement pacifique de la question kurde et n'ont jamais favorise
l'expression democratique dans la societe turque.
AM - La violence de la repression semble avoir surpris la communaute
internationale ?
ED - Les relations entre la Turquie et l'Union europeenne sont
effectivement très tendues depuis les evenements d'Istanbul. Pourtant,
ce n'est pas d'aujourd'hui que la Turquie se distingue par une
repression feroce a l'encontre des opposants politiques et en premier
lieu contre les Kurdes. Erdogan a gagne physiquement par la force
mais pas dans l'opinion publique. Erdogan est en grande difficulte
tant au niveau national que sur la scène internationale.
Andre Metayer.
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