NOUVELLES DESTRUCTIONS DU PATRIMOINE ARMéNIEN EN TURQUIE
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=91321
Alors que de nouveaux actes de destruction du patrimoine arménien
surviennent aujourd'hui en Turquie, dans la continuité de la politique
d'effacement du passé arménien faisant suite au génocide des
Arméniens au début du XXe siècle, le Collectif 2015 : réparation
joint sa voix a celles qui osent en Turquie s'opposer a cette
politique d'Ã~Itat.
Sous couvert d'aménagements urbains, la destruction du patrimoine
arménien en territoire turc se poursuit en ce moment même, comme
l'ont souligné récemment plusieurs journaux de Turquie, tels qu'Agos,
Radikal ou encore Taraf.
Sur les hauteurs de la ville de Mouch en Turquie orientale, dans le
quartier de la citadelle (ancienne citadelle de Mouchegh, d'où les
attaques contre les habitants Arméniens avaient été lancées en
juin 1915), la municipalité (parti AKP) a entrepris la destruction
de centaines d'anciennes maisons arméniennes sous prétexte
d'installations de nouvelles infrastructures. Ces maisons de près
de cent cinquante ans appartenaient jadis aux Arméniens de la ville
de Mouch, qui comptait environ 7 500 âmes avant le génocide (plus
de 75 000 si l'on compte les villages alentour). Celles qui n'avaient
alors pas été détruites alors ont été, pour la plupart, occupées
jusqu'aujourd'hui. Parmi ces habitants, une vingtaine de propriétaires
seulement ont protesté contre le projet de destruction. Ils ont
subi par la suite des intimidations de la part de la police. Dans
le quartier se trouve également une église arménienne en ruines,
elle aussi menacée de destruction. Le projet prévoit d'y construire
des logements sociaux qui abriteront entre autres les propriétaires
actuels des anciennes habitations. Selon le journal Agos du 28 juin
2013, plus de la moitié des constructions du quartier de la citadelle
ont déja été démolies a ce jour. Creusant le sol et les murs des
maisons, des locaux se sont livrés a des recherches de supposés
trésors, qui auraient été cachés par les Arméniens au début
du génocide. Les habitations encore debout tiennent grâce a la
résistance des quelques propriétaires sceptiques quant a la nouvelle
formule de dédommagement imposée par la municipalité. Quasiment
aucune figure politique ne s'est opposée a ce projet, et le sujet
n'a été que brièvement mentionné au Parlement turc par un député
du Parti pour la Paix et la Démocratie (BDP).
JPEG - 41.7 ko JPEG - 32 ko Ci-dessus, une maison arménienne a Mouch
en 1979 (a gauche : photographie issue des archives de l'Organisation
Terre et Culture) et en 2013 (a droite : photographie parue dans
la pétition en ligne contre la destruction de ces maisons a Mouch :
http://imzakampanyam.com/MUS-ta-TARIHI-ERMENI-EVLERININ-KATLIAMINA-BIR-IMZA-ILE-DUR-DE-imza-kampanyasi
)
Ã~@ l'autre extrémité du pays, en Thrace, la petite ville de Malkara,
proche de Tekirdag (ancienne Rodosto), a également été mentionnée
dans la presse, lorsqu'un auteur turc originaire de cette ville a
révélé l'existence d'un projet de construction d'un restaurant sur
le cimetière arménien. La ville abritait jusqu'a 3 500 Arméniens
avant le génocide. Le projet en question, dont l'appel d'offres a
été emporté par un membre du parti AKP, s'inscrit lui aussi dans la
continuité de la politique de destruction de l'héritage arménien. La
municipalité est responsable du déplacement des pierres tombales
du cimetière, scandaleusement utilisées comme bouches d'égout, et
d'avoir jeté de côté les ossements que contenaient les tombes. Le
site étant déja défiguré, le responsable du projet de construction
du futur restaurant se défend et proclame ne pas avoir été au
courant de l'existence de ce cimetière. Pour autant, il n'est pas
question de suspendre ou de modifier le projet. Quant a l'église de
Malkara, bien que figurant dans la liste des monuments historiques
de la municipalité, elle est en ruines et ne fait l'objet d'aucune
protection. Ainsi, continue de disparaître le peu de ce qui restait
de la présence des Arméniens d'Asie mineure. On peut énumérer
un très grand nombre de biens de la Nation arménienne - reconnus
et référencés comme tels jusqu'en 1915 - spoliés, vandalisés,
occupés, abandonnés et tombés en ruines.
Si les récents projets des municipalités de Mouch et de Malkara ne
font que s'inscrire dans la continuité de cette politique d'Ã~Itat
anti-arménienne, on peut toutefois observer que leur mention dans
la presse et, dans une moindre mesure, dans la sphère politique,
est un élément nouveau. De même, malgré tous les efforts de
l'Ã~Itat turc et de ses gouvernements successifs pour effacer
les traces des Arméniens, les citoyens d'Istanbul redécouvrent
aujourd'hui l'existence, sous leurs pieds, tout près du fameux parc
Gezi, de l'ancien cimetière arménien Sourp Hagop. Un cimetière
qui a été, comme tant d'autres, victime d'aménagements urbains,
et qui a disparu du paysage d'une ville qui se vante d'être
multiculturelle. Aujourd'hui, la place Taksim connaît de nouveaux
projets d'aménagement, et durant de récents travaux, près d'une
vingtaine de tombes arméniennes ont été mises au jour. Ceci a
été officiellement révélé par le ministre turc de la Culture et
du Tourisme au Parlement. L'existence du cimetière, méconnue de
beaucoup de Stambouliotes, revient a la surface. Elle a d'ailleurs
été mentionnée dans la presse internationale, telle que le New
Yorker (28 juin 2013).
Quel avenir pour le patrimoine arménien en Turquie ?
Ã~@ l'approche du centenaire du génocide arménien, une prise
de conscience, bien qu'encore minoritaire, semble se confirmer en
Turquie, remettant en cause la politique de l'Ã~Itat. Le Collectif
2015 : réparation soutient les initiatives prises en Turquie pour
redonner aux Arméniens leur place dans ce pays, et il appelle les
citoyens de Turquie comme les Arméniens de Diaspora et d'Arménie a
s'unir aux prises de position courageuses de certains journalistes,
intellectuels et organisations en Turquie, qui Å"uvrent dans le sens
de la préservation du patrimoine de ce pays.
Parmi ces prises de position, nous communiquons la récente pétition
contre la destruction des maisons de Mouch, lancée par l'organisation
turque Dur De ("Dis Stop"), et que nous invitons a signer (voir en
bas de page la traduction du texte de pétition et le mode d'emploi
pour la signature) :
http://imzakampanyam.com/MUS-ta-TARIHI-ERMENI-EVLERININ-KATLIAMINA-BIR-IMZA-ILE-DUR-DE-imza-kampanyasi
En mettant en Å"uvre tous les moyens de pression possibles pour
arrêter ce processus de destruction et de déni, nous parviendrons
peut-être a préserver l'existant, et a mettre un terme a
l'appauvrissement culturel auquel la Turquie se livre depuis plus d'un
siècle. Un avenir positif pour la Turquie ne peut se profiler sans
prendre en compte l'ensemble de ses composantes, et sans rendre justice
et réparation a ceux qui ont été érigés en "ennemis intérieurs"
et voués a une extermination générale. La restitution de la place
des Arméniens parmi les peuples de Turquie est indissociable de
la nécessité de justice pour un crime imprescriptible, et d'une
relation harmonieuse entre les peuples arménien et turc.
********
Traduction en francais du texte de la pétition en ligne de DurDe :
"Campagne de collecte de signatures.
Comme dans ce pays, nous n'avons pas demandé de comptes au sujet de
ce qui s'est passé en 1915, les peuples anciens qui l'habitaient
(Arméniens, Assyriens, Grecs, Kurdes), sont soumis a un massacre
systématique. Le génocide arménien de 1915 se poursuit de nos
jours sous forme de génocide culturel et économique. Ã~@ MuÅ~_,
la municipalité AKP brade les habitations historiques des arméniens
a la société TOKI.
Nous sommes tous conscients du fait que le capitalisme vise a faire
toujours plus de profit ; un autre de ses objectifs est de détruire
les mémoires collectives. Le kémalisme veut, dans cette région
qui est un foyer historique du peuple arménien, effacer toute trace
de sa présence. Aujourd'hui, le kémalisme de l'AKP poursuit cet
effort. Dans la région de MuÅ~_, particulièrement le BDP (Parti pour
la Paix et de la Démocratie), l'IHD (l'Union des Droits de l'Homme),
le HDK (le Congrès Démocratique des Peuples), et les organisations
environnementales, qui sont les défenseurs de la fraternité entre
les peuples, ont une tâche ardue. Si aujourd'hui on détruit les
maisons des Arméniens, un jour viendra où la République kémaliste
détruira aussi les maisons kurdes.
Anéantir une culture, c'est anéantir l'Humanité... Ceci est une
destruction de l'Histoire. Signez la pétition pour arrêter la
destruction des habitations arméniennes de MuÅ~_. Au nom de la
fraternité et de l'égalité des peuples, avec votre signature,
mettez un coup d'arrêt a la destruction. "
mardi 16 juillet 2013, Ara ©armenews.com
From: A. Papazian
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=91321
Alors que de nouveaux actes de destruction du patrimoine arménien
surviennent aujourd'hui en Turquie, dans la continuité de la politique
d'effacement du passé arménien faisant suite au génocide des
Arméniens au début du XXe siècle, le Collectif 2015 : réparation
joint sa voix a celles qui osent en Turquie s'opposer a cette
politique d'Ã~Itat.
Sous couvert d'aménagements urbains, la destruction du patrimoine
arménien en territoire turc se poursuit en ce moment même, comme
l'ont souligné récemment plusieurs journaux de Turquie, tels qu'Agos,
Radikal ou encore Taraf.
Sur les hauteurs de la ville de Mouch en Turquie orientale, dans le
quartier de la citadelle (ancienne citadelle de Mouchegh, d'où les
attaques contre les habitants Arméniens avaient été lancées en
juin 1915), la municipalité (parti AKP) a entrepris la destruction
de centaines d'anciennes maisons arméniennes sous prétexte
d'installations de nouvelles infrastructures. Ces maisons de près
de cent cinquante ans appartenaient jadis aux Arméniens de la ville
de Mouch, qui comptait environ 7 500 âmes avant le génocide (plus
de 75 000 si l'on compte les villages alentour). Celles qui n'avaient
alors pas été détruites alors ont été, pour la plupart, occupées
jusqu'aujourd'hui. Parmi ces habitants, une vingtaine de propriétaires
seulement ont protesté contre le projet de destruction. Ils ont
subi par la suite des intimidations de la part de la police. Dans
le quartier se trouve également une église arménienne en ruines,
elle aussi menacée de destruction. Le projet prévoit d'y construire
des logements sociaux qui abriteront entre autres les propriétaires
actuels des anciennes habitations. Selon le journal Agos du 28 juin
2013, plus de la moitié des constructions du quartier de la citadelle
ont déja été démolies a ce jour. Creusant le sol et les murs des
maisons, des locaux se sont livrés a des recherches de supposés
trésors, qui auraient été cachés par les Arméniens au début
du génocide. Les habitations encore debout tiennent grâce a la
résistance des quelques propriétaires sceptiques quant a la nouvelle
formule de dédommagement imposée par la municipalité. Quasiment
aucune figure politique ne s'est opposée a ce projet, et le sujet
n'a été que brièvement mentionné au Parlement turc par un député
du Parti pour la Paix et la Démocratie (BDP).
JPEG - 41.7 ko JPEG - 32 ko Ci-dessus, une maison arménienne a Mouch
en 1979 (a gauche : photographie issue des archives de l'Organisation
Terre et Culture) et en 2013 (a droite : photographie parue dans
la pétition en ligne contre la destruction de ces maisons a Mouch :
http://imzakampanyam.com/MUS-ta-TARIHI-ERMENI-EVLERININ-KATLIAMINA-BIR-IMZA-ILE-DUR-DE-imza-kampanyasi
)
Ã~@ l'autre extrémité du pays, en Thrace, la petite ville de Malkara,
proche de Tekirdag (ancienne Rodosto), a également été mentionnée
dans la presse, lorsqu'un auteur turc originaire de cette ville a
révélé l'existence d'un projet de construction d'un restaurant sur
le cimetière arménien. La ville abritait jusqu'a 3 500 Arméniens
avant le génocide. Le projet en question, dont l'appel d'offres a
été emporté par un membre du parti AKP, s'inscrit lui aussi dans la
continuité de la politique de destruction de l'héritage arménien. La
municipalité est responsable du déplacement des pierres tombales
du cimetière, scandaleusement utilisées comme bouches d'égout, et
d'avoir jeté de côté les ossements que contenaient les tombes. Le
site étant déja défiguré, le responsable du projet de construction
du futur restaurant se défend et proclame ne pas avoir été au
courant de l'existence de ce cimetière. Pour autant, il n'est pas
question de suspendre ou de modifier le projet. Quant a l'église de
Malkara, bien que figurant dans la liste des monuments historiques
de la municipalité, elle est en ruines et ne fait l'objet d'aucune
protection. Ainsi, continue de disparaître le peu de ce qui restait
de la présence des Arméniens d'Asie mineure. On peut énumérer
un très grand nombre de biens de la Nation arménienne - reconnus
et référencés comme tels jusqu'en 1915 - spoliés, vandalisés,
occupés, abandonnés et tombés en ruines.
Si les récents projets des municipalités de Mouch et de Malkara ne
font que s'inscrire dans la continuité de cette politique d'Ã~Itat
anti-arménienne, on peut toutefois observer que leur mention dans
la presse et, dans une moindre mesure, dans la sphère politique,
est un élément nouveau. De même, malgré tous les efforts de
l'Ã~Itat turc et de ses gouvernements successifs pour effacer
les traces des Arméniens, les citoyens d'Istanbul redécouvrent
aujourd'hui l'existence, sous leurs pieds, tout près du fameux parc
Gezi, de l'ancien cimetière arménien Sourp Hagop. Un cimetière
qui a été, comme tant d'autres, victime d'aménagements urbains,
et qui a disparu du paysage d'une ville qui se vante d'être
multiculturelle. Aujourd'hui, la place Taksim connaît de nouveaux
projets d'aménagement, et durant de récents travaux, près d'une
vingtaine de tombes arméniennes ont été mises au jour. Ceci a
été officiellement révélé par le ministre turc de la Culture et
du Tourisme au Parlement. L'existence du cimetière, méconnue de
beaucoup de Stambouliotes, revient a la surface. Elle a d'ailleurs
été mentionnée dans la presse internationale, telle que le New
Yorker (28 juin 2013).
Quel avenir pour le patrimoine arménien en Turquie ?
Ã~@ l'approche du centenaire du génocide arménien, une prise
de conscience, bien qu'encore minoritaire, semble se confirmer en
Turquie, remettant en cause la politique de l'Ã~Itat. Le Collectif
2015 : réparation soutient les initiatives prises en Turquie pour
redonner aux Arméniens leur place dans ce pays, et il appelle les
citoyens de Turquie comme les Arméniens de Diaspora et d'Arménie a
s'unir aux prises de position courageuses de certains journalistes,
intellectuels et organisations en Turquie, qui Å"uvrent dans le sens
de la préservation du patrimoine de ce pays.
Parmi ces prises de position, nous communiquons la récente pétition
contre la destruction des maisons de Mouch, lancée par l'organisation
turque Dur De ("Dis Stop"), et que nous invitons a signer (voir en
bas de page la traduction du texte de pétition et le mode d'emploi
pour la signature) :
http://imzakampanyam.com/MUS-ta-TARIHI-ERMENI-EVLERININ-KATLIAMINA-BIR-IMZA-ILE-DUR-DE-imza-kampanyasi
En mettant en Å"uvre tous les moyens de pression possibles pour
arrêter ce processus de destruction et de déni, nous parviendrons
peut-être a préserver l'existant, et a mettre un terme a
l'appauvrissement culturel auquel la Turquie se livre depuis plus d'un
siècle. Un avenir positif pour la Turquie ne peut se profiler sans
prendre en compte l'ensemble de ses composantes, et sans rendre justice
et réparation a ceux qui ont été érigés en "ennemis intérieurs"
et voués a une extermination générale. La restitution de la place
des Arméniens parmi les peuples de Turquie est indissociable de
la nécessité de justice pour un crime imprescriptible, et d'une
relation harmonieuse entre les peuples arménien et turc.
********
Traduction en francais du texte de la pétition en ligne de DurDe :
"Campagne de collecte de signatures.
Comme dans ce pays, nous n'avons pas demandé de comptes au sujet de
ce qui s'est passé en 1915, les peuples anciens qui l'habitaient
(Arméniens, Assyriens, Grecs, Kurdes), sont soumis a un massacre
systématique. Le génocide arménien de 1915 se poursuit de nos
jours sous forme de génocide culturel et économique. Ã~@ MuÅ~_,
la municipalité AKP brade les habitations historiques des arméniens
a la société TOKI.
Nous sommes tous conscients du fait que le capitalisme vise a faire
toujours plus de profit ; un autre de ses objectifs est de détruire
les mémoires collectives. Le kémalisme veut, dans cette région
qui est un foyer historique du peuple arménien, effacer toute trace
de sa présence. Aujourd'hui, le kémalisme de l'AKP poursuit cet
effort. Dans la région de MuÅ~_, particulièrement le BDP (Parti pour
la Paix et de la Démocratie), l'IHD (l'Union des Droits de l'Homme),
le HDK (le Congrès Démocratique des Peuples), et les organisations
environnementales, qui sont les défenseurs de la fraternité entre
les peuples, ont une tâche ardue. Si aujourd'hui on détruit les
maisons des Arméniens, un jour viendra où la République kémaliste
détruira aussi les maisons kurdes.
Anéantir une culture, c'est anéantir l'Humanité... Ceci est une
destruction de l'Histoire. Signez la pétition pour arrêter la
destruction des habitations arméniennes de MuÅ~_. Au nom de la
fraternité et de l'égalité des peuples, avec votre signature,
mettez un coup d'arrêt a la destruction. "
mardi 16 juillet 2013, Ara ©armenews.com
From: A. Papazian