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Un Authentique Pasteur, Un Serviteur Fidele De L'Eglise S'en Va

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  • Un Authentique Pasteur, Un Serviteur Fidele De L'Eglise S'en Va

    UN AUTHENTIQUE PASTEUR, UN SERVITEUR FIDÈLE DE L'EGLISE S'EN VA

    OPINION

    http://www.armenews.com/article.php3?id_article=91320

    Sahag Sukiasyan, diacre de l'Eglise armenienne nous faire parvenir
    cette tribune signee par un groupe de fidèles du diocèse de France
    de l'Eglise armenienne

    Au nom de l'avenir de notre Eglise

    Mercredi 3 Juillet, nous apprenions la nouvelle qui a attriste des
    milliers de fidèles de notre diocèse, la demission de notre Primat,
    son Eminence l'archeveque Norvan Zakarian. Cette nouvelle nous est
    parvenue sur un arrière-fond de crise dont notre jeune diocèse
    n'avait nul besoin. Il est rapidement apparu que cette nouvelle
    etait liee a la condamnation par un tribunal pour " violence sur
    personne " du père Vatche, ancien pretre de la paroisse de Nice et
    que la demission de notre Primat avait ete provoquee par un differend
    entre le Catholicos de tous les Armeniens et lui-meme au sujet de ce
    pretre. Le choc et l'incomprehension sont d'autant plus grands que
    Monseigneur Norvan est un ecclesiastique d'une grande humilite, qui
    a toujours ete conscient de ses devoirs, aime et respecte des fidèles
    de son diocèse, qui jouit d'une grande autorite auprès de ses frères
    en episcopat et dans tous les milieux ~\cumeniques. En outre, il est
    connu en France et dans toutes nos communautes a travers le monde comme
    un authentique intellectuel passionne de litterature et des autres
    formes d'expressions artistiques, comme un defenseur infatigable de la
    langue armenienne et un hardi promoteur de son enseignement. Son depart
    est donc pour tous les fidèles de son diocèse une mauvaise nouvelle,
    mais c'est la decision qu'il a lui-meme prise. Et a ce titre, nous
    la respectons.

    L'objectif des auteurs de ces lignes n'est nullement d'ecrire un
    panegyrique de Monseigneur Norvan. Il n'en n'est aucun besoin :
    les quarante-cinq annees de son ministère depuis son ordination en
    1968 en notre eglise cathedrale de Paris temoignent très largement
    en sa faveur.

    La dernière de ses missions, et non la moindre, aura ete la fondation
    du diocèse de France, fondation decidee il y a près de 90 ans par
    le Catholicos Kevork V, d'heureuse memoire, mais qu'aucun des legats
    catholicossaux qui s'etaient succede dans notre pays n'avait reussi a
    concretiser. Les noms de sa Saintete Karekine II, Patriarche supreme et
    Catholicos de tous les Armeniens, et de Monseigneur Norvan resteront
    donc eternellement associes a la realisation de ce projet qui, malgre
    les critiques de certains de ses detracteurs, etait et demeure d'une
    imperieuse necessite pour l'avenir de notre communaute.

    Dans le domaine educatif, après des annees de travaux preparatoires
    ardus, Monseigneur Norvan venait de lancer le chantier tant attendu
    de l'ecole d'Alfortville.

    L'homme par lequel le scandale est arrive.

    La nouvelle qui avait ete diffusee la veille de cette demission nous
    avait deja tous profondement blesses.

    Pour la première fois dans l'histoire presque seculaire de la
    communaute armenienne de France, l'un de nos ecclesiastiques etait
    condamne par un tribunal. Si la condamnation de cet homme d'Eglise
    est avant tout une tache sur son honneur personnel, elle l'est aussi
    pour sa communaute, son Eglise, son eveque et evidemment pour son
    Patriarche. Après avoir ete condamne par la Justice de la Republique
    francaise, il lui faudra donc aussi affronter le jugement de sa
    hierarchie. On peut imaginer que le père Vatche sera pour le moins
    invite a se retirer dans un monastère pendant quelques mois pour
    faire librement son examen de conscience. Notre intention n'est pas
    ici de demander la mort du pecheur car :" Quel est l'homme qui vit
    et ne peche pas ? " (Rituel de l'Eglise armenienne).

    Un debat incontournable, un engagement indispensable de tous pour
    remettre les fidèles au c~\ur de l'Eglise et l'Eglise dans le c~\ur
    des fidèles.

    Peu d'entre nous connaissent le pretre qui est a l'origine de
    ce different entre notre Catholicos et notre Primat mais, a notre
    grand regret, nous n'avons pas ouï dire a ce jour qu'il ait beaucoup
    contribue a la vie spirituelle des fidèles de notre Eglise en France.

    S'il l'a fait ailleurs, nous aimerions que des voix s'elèvent pour
    temoigner pour lui et nous dire " Voici l'homme ". Nous serions
    alors rassures et heureux de le voir readmis dans notre communion
    comme un frère. Pour l'heure, nous nous contenterons de dire que les
    tensions et antagonismes qu'il a provoques vont peut etre permettre
    l'ouverture d'un vrai debat sur les reformes necessaires pour une
    meilleure organisation de notre vie ecclesiale et aussi, par dela
    cette question, sur la forme que doit revetir le dialogue entre
    l'Armenie et la Diaspora. Certains de nos " anciens " qui avaient
    souvent peu d'instruction mais beaucoup de sagesse aimaient a repeter
    " il y a du bon dans tout mal ". L'opportunite qui nous est offerte
    doit donc etre recue comme une veritable Grâce.

    Nombreux sont les membres de notre clerge regulièrement interpelles
    sur les reponses que notre Eglise devrait apporter aux " grands
    defis du 21ème siècle ". Un colloque de deux jours s'etait d'ailleurs
    tenu a Marseille l'annee dernière a cette meme epoque, preside par
    sa Saintete le Catholicos en personne. Notre grand dilemme est que,
    collectivement, nous ne sommes simplement toujours pas encore sortis
    du 20ème siècle. Nous n'avons pas, par exemple, encore apporte une
    reponse morale aux grands cataclysmes qu'ont ete le Genocide et la
    sovietisation et que partout, en Diaspora comme en Armenie, l'Eglise
    a dû, a l'image de la nation, se reconstruire dans l'urgence, en
    repartant de zero.

    Pour ne parler que de notre situation en France, nous devons a la fois
    renouer avec notre tradition ecclesiale perdue : son ecclesiologie,
    son heritage spirituel, son rite, sa langue liturgique, le tout dans
    le contexte très particulier de la France laïque et apporter aux
    jeunes nes dans ce pays des reponses aux questions qu'ils se posent
    comme nombre de leurs concitoyens de leur generation. Mais l'approche
    de certaines questions, par exemple celles liees a la bioethique,
    peut elle entraîner les memes reponses de notre Eglise alors que
    nous avons en heritage l'experience singulière de l'extermination
    ? L'Eglise armenienne n'a-t-elle pas des reponses propres a nous
    donner dans un certain nombre de domaines ?

    Vers une nouvelle experience de vie ecclesiale

    L'independance de l'Armenie, l'effondrement de l'Union sovietique, etat
    " occupant " et athee, nous permettent enfin aujourd'hui d'imaginer et
    de construire de nouvelles relations entre l'Armenie et la Diaspora -
    ou plus exactement l'Armenie et les diasporas - mais aussi au sein
    de l'Eglise. Laïcs et religieux, nous ne ferons pas l'economie de
    ces debats et de la redefinition de ces relations. Les divisions
    du passe qui conditionnaient et oberaient les relations entre "
    Armeniens Occidentaux " et " Armeniens Orientaux " n'ont plus lieu
    d'etre. La Guerre froide qui a ete l'occasion de nouvelles desunions
    et d'une veritable " guerre civile " fratricide, en particulier au
    Proche et au Moyen-Orient est maintenant desormais oubliee. Nous
    sommes maintenant libres, les uns comme les autres.

    Libres de realiser ensemble les ideaux de generations d'armeniens,
    mais aussi libres d'echouer ensemble. Notre complementarite, si
    elle est ontologiquement un postulat de base, n'en est pas pour
    autant ni unanimement admise ni facile a materialiser. Il faut, nous
    semble-t-il, avant tout admettre cette realite et ~\uvrer patiemment
    au rapprochement des deux composantes de la nation dans une relation
    d'egal a egal. " Personne ne sauvera personne ", surtout sans le
    consentement de " l'autre " et sans la Charite qui l'accompagne.

    Pour une nouvelle et authentique Vie en Eglise : religieux et laïcs
    au service du meme Seigneur et de son Eglise.

    Ce qui est vrai pour la societe civile doit l'etre plus encore
    dans l'Eglise où la Charite, autre terme pour designer l'amour du
    prochain, est le fondement de toute relation. Le clerge doit donc etre
    exemplaire en la matière. Et s'il est vrai que nous avons toujours
    les pretres et les eveques que nous meritons, souvenons-nous aussi
    que c'est de nos rangs qu'ils sont issus et qu'il nous revient de
    les accompagner constamment dans leur vocation et l'accomplissement
    de leur ministère par nos prières, nos conseils et aussi parfois nos
    requetes exigeantes. Si le pretre porte soutane, ce ne doit etre ni
    un phenomène de mode, ni pour se singulariser gratuitement, mais pour
    qu'a chaque instant il se souvienne de son etat et de sa mission.

    C'est aussi pour que le fidèle puisse, respectueusement, le lui
    rappeler lorsque celui-ci peut, dans un moment d'egarement, s'eloigner
    de sa vocation et de sa mission.

    Dans une analyse un peu hâtive et sommaire, mais très largement
    repandue, beaucoup d'entre nous considèrent que la cause du detachement
    des jeunes generations envers l'Eglise armenienne est une consequence
    du hiatus culturel existant entre les fidèles de France et le clerge
    autrefois originaire du Proche et du Moyen Orient, mais aujourd'hui
    presque uniquement d'Armenie. De leur côte, nombre d'ecclesiastiques
    jugent que " les Armeniens de France sont totalement assimiles et
    depourvus de toute volonte de redecouvrir leur heritage spirituel
    et culturel ". Ces explications sont naturellement superficielles
    et sans doute la verite se situe-t-elle quelque part entre les deux
    positions. Mais nous ne pouvons pas pour autant esquiver la question de
    la nature de l'adhesion des Armeniens de France a ce qu'ils appellent
    de manière subtile - et revelatrice - " la Foi de leurs ancetres ",
    transformant du meme coup leur adhesion a l'Eglise armenienne en un
    element, certes important, mais depouille de son veritable sens, de
    leur " panoplie identitaire " a trois tiroirs : Genocide - Religion -
    Armenie. Pour etre un peu direct : qui d'entre nous souhaiterait voir
    aujourd'hui un de ses fils renoncer a la perspective de brillantes
    etudes superieures pour entrer dans les ordres et servir son prochain ?

    La aussi, la reponse est affûtee, toute prete : " l'Eglise armenienne
    ne fait rien pour nous interesser et pour s'adapter a nous ". On
    pourrait naturellement ecrire d'innombrables pages sur ces thèmes.

    Mais on peut egalement se demander pourquoi ces jeunes, mais aussi
    ces generations de moins jeunes, ne se retrouvent pas en plus grand
    nombre dans les rangs d'autres Eglises qu'on ne manque pas de nous
    presenter comme très proselytes a la difference de l'Eglise armenienne.

    L'Armenien de France serait il intrinsèquement " non compatible "
    avec la foi et donc definitivement prive de toute perspective de
    salut ou bien ne serait-il pas tout bonnement hermetique a toute
    interrogation d'ordre metaphysique ? Et que dire de ces responsables
    laïcs de nos paroisses qui, en toute innocence, se declarent athees
    ou agnostiques et s'engagent au service de l'Eglise au nom de leur
    appartenance ethnique ou culturelle ? Le risque de " communautarisme "
    tant redoute par les opposants a la nouvelle organisation diocesaine
    n'est-il pas justement embusque dans ce positionnement pour le moins
    ambigu ?

    Les grands bouleversements du siècle dernier qu'ont ete le Genocide
    et la sovietisation ont desoriente au sens propre du terme le
    peuple armenien tout entier, en Anatolie et dans le Caucase, puis
    dans la Dispersion. Bien que ne au c~\ur du plateau armenien, loin
    de tout rivage maritime, saint Mesrop Mashtots invoque sans cesse
    dans ses hymnes de penitence le " Bon capitaine " (navabed pari)
    qui seul peut conduire le navire a bon port. Ces " capitaines "
    sont evidemment nos ecclesiastiques depuis le plus humble des diacres
    jusqu'au Catholicos de tous les Armeniens, mais les laïcs ne doivent ni
    observer la man~\uvre depuis la jetee ni etre empeches de contribuer a
    la progression du vaisseau de la Foi des Armeniens. C'est la vocation
    de chaque chretien, independamment de son etat, puisque " nous tous
    qui avons ete baptises en Christ, nous avons revetu le Christ "
    (Ga 3,26-27).

    Toutes les societes et institutions, et l'Eglise est, en meme temps
    que le corps mystique du Christ, une institution, une societe humaine,
    progressent aussi grâce aux crises qu'elles traversent. Celle qui
    s'est invitee a notre corps defendant dans notre vie ecclesiale doit
    nous aider a grandir dans la Foi, l'Esperance et la Charite. Le titre
    d'un chant populaire armenien proclame " Rien n'est plus doux que
    le nom de frère ". Notre histoire la plus recente ne peut d'ailleurs
    que nous en convaincre.

    Notre unique et humble supplique aux deux frères en episcopat que sont
    sa Saintete Karekine II et Monseigneur Norvan est de se rememorer ces
    paroles du Seigneur : " Si donc tu presentes ton offrande a l'autel,
    et que tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi,
    laisse la ton offrande devant l'autel et va d'abord te reconcilier
    avec ton frère puis, viens presenter ton offrande " (Evangile selon
    saint Matthieu : V, 23-24).

    Successeurs des Apôtres, nous avons besoin de votre Charite et de
    vos benedictions pour ~\uvrer pour la gloire de Dieu et la vigueur
    de son Eglise.

    Avec vous, nous donnerons une nouvelle vie a notre Eglise et nous
    vivrons d'une vie nouvelle.

    Un groupe de fidèles du diocèse de France de l'Eglise armenienne

    mardi 16 juillet 2013, Ara ©armenews.com

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