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Ayse Gunaysu - Oui A La Paix, Mais Entre Qui, Pour Quoi Faire Et Dan

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  • Ayse Gunaysu - Oui A La Paix, Mais Entre Qui, Pour Quoi Faire Et Dan

    AYSE GUNAYSU - OUI A LA PAIX, MAIS ENTRE QUI, POUR QUOI FAIRE ET DANS QUEL CONTEXTE ?

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=74359
    Publié le : 15-07-2013

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
    invite a lire la traduction de Georges Festa d'un article en anglais
    d'AyÅ~_e Gunaysu publié sur le site The Armenian Weekly, mise en
    ligne sur le site Armenian Trends - Mes Arménies le 29 juin 2013.

    Photo : © http://asbarez.com

    Armenian Trends - Mes Arménies

    samedi 29 juin 2013

    AyÅ~_e Gunaysu - Oui a la paix, mais entre qui, pour quoi faire et
    dans quel contexte ? / Yes, Peace, but Between Whom, for What, and
    in What Context ?

    par AyÅ~_e Gunaysu

    The Armenian Weekly (Watertown, MA), 08.05.2013

    Est-ce vrai ? Les choses changent-elles vraiment en Turquie, terre
    de génocides, de pogroms, de répression et d'une guerre prolongée,
    ces trente dernières années, contre ses propres citoyens kurdes ? La
    guerre, qui a fait plus de 40 000 morts - des Kurdes, pour la plupart
    - dans le Kurdistan turc, approche-t-elle de sa fin ? Ce cauchemar,
    qui s'est déroulé non seulement dans les montagnes, mais aussi dans
    les bourgades et les villes, est-il quasiment terminé, permettant
    une existence normale - une existence que les enfants et les adultes
    de moins de 30 ans n'ont jamais connue ?

    Telles sont les questions cruciales non seulement au regard de l'avenir
    du peuple kurde en Turquie, mais aussi pour tous ceux qui réclament
    une véritable démocratie, le respect intégral des droits de l'homme,
    de l'égalité, de la justice - bref, une vie meilleure. Pour nous,
    le succès du combat des Kurdes signifie l'ouverture d'une voie
    susceptible de nous conduire tous vers un avenir davantage prometteur.

    Pour l'heure, cependant, tout semble flou et incertain. Comme si
    nous marchions sur une corde raide et comme si, a tout instant, nous
    pouvions tomber dans un gouffre sans fond. Les récentes déclarations
    d'Abdallah Ocalan, dirigeant du P.K.K. [Parti des Travailleurs du
    Kurdistan], lors des négociations et, dernièrement, sa lettre lue
    a voix haute, en public, lors des célébrations du Newroz [Nouvel
    An kurde], ont été pour beaucoup une déception.

    Durant la guerre civile, le Newroz signifiait une intervention violente
    des forces de sécurité, tantôt avec des armes a feu, tantôt avec
    des gaz lacrymogènes et des canons a eau, provoquant des morts et des
    blessés. Il s'agissait d'une époque faite d'incursions militaires
    dans les villes et les villages ruraux, une époque où les villageois
    étaient arrêtés en masse et raflés, où les civils étaient tués
    lors d'opérations militaires. Les militants kurdes pour les droits
    de l'homme, les avocats et journalistes kurdes étaient enlevés et
    retrouvés morts au bord des routes, quand ils ne disparaissent pas
    définitivement. Durant toutes ces années, plus de 3 000 villages
    furent évacués et brÃ"lés. Plus de 3 millions de Kurdes ont dÃ"
    abandonner leurs foyers et émigrer vers des villes et des localités
    voisines, sans aucune ressource, sans emploi, dans l'incapacité de
    gagner leur vie. Des forêts entières furent incendiées par les
    militaires. Tout un paysage se transforma en désert - une terre nue
    avec des images fantomatiques de villages détruits, des vestiges de
    maisons noircies par les flammes.

    Le Newroz, ces années-la, était invariablement associé a
    la brutalité et a la perte de vies humaines. C'est durant les
    célébrations du Newroz en 1992 que près de 140 civils furent
    tués et des centaines d'autres blessés, suite aux attaques des
    forces de sécurité contre les manifestants et aux manÅ"uvres qui
    s'ensuivirent - accompagnées de bombardements - menées dans la
    province de Å~^ırnak et son district de Cizre. Ces Â" célébrations
    Â" cauchemardesques furent suivies d'une importante vague d'immigration
    kurde vers des villes voisines.

    Espoirs de paix

    Les célébrations du Newroz, cette année, se sont tenues dans
    un climat tout autre. Le soi-disant Â" processus de paix Â" a été
    lancé ; des négociations avec Ocalan, a l'isolement en prison depuis
    14 ans, sont en cours. Des députés du parti Paix et Démocratie
    (B.D.P. - BarıÅ~_ ve Demokrasi Partisi) lui ont rendu visite a deux
    reprises. Des lettres entre Ocalan et l'état-major du P.K.K. a Qandil,
    dans le Kurdistan irakien, ont été échangées.

    Partout, dans plusieurs provinces a l'Ouest, y compris Istanbul,
    comme dans les provinces kurdes, en particulier a Diyarbakir, les
    célébrations ont été spectaculaires. Ce fut pour la première fois
    une véritable célébration avec des festivités enthousiastes. Des
    centaines de milliers de gens se sont rassemblés, les femmes vêtues
    de couleurs brillantes et les enfants dansant et chantant joyeusement.

    Attendant tous que la lettre d'Ocalan fÃ"t lue a voix haute, en kurde
    et en turc. Censé faire sa déclaration finale, aboutissement des
    ses pourparlers de Â" paix Â" avec les autorités gouvernementales,
    dans sa cellule.

    Outre les Kurdes, et depuis la défaite de la gauche turque par le
    régie militaire en 1980, des vétérans socialistes et communistes,
    et d'autres qui luttent pour la démocratie, les droits de l'homme
    et la liberté, ont tous placé leurs espoirs dans le combat des
    Kurdes contre l'élite dirigeante en Turquie. Car le mouvement
    politique kurde a réalisé quelque chose dont la gauche turque a
    toujours rêvé, sans jamais y parvenir, durant ses longues années de
    lutte. Le mouvement politique kurde a mobilisé des masses entières
    de gens ordinaires, dans les zones tant rurales qu'urbaines, et
    les ont intégré a leur combat. C'est ce combat qui a permis aux
    forces démocratiques en Turquie de progresser - ne serait-ce que
    modestement - dans la liberté d'expression. Ce n'est pas un hasard
    si le génocide arménien a commencé a être débattu en Turquie
    durant les années de révolte des Kurdes - une révolte qui n'a pu
    être matée en trente ans par les forces armées turques, l'armée
    la plus puissante d'Europe et la huitième du monde, la deuxième
    seulement après celle des Etats-Unis dans l'O.T.A.N.

    Ocalan appelle au repli

    Lorsque la lettre d'Ocalan a été lue a Diyarbakir - devant une
    assistance de plusieurs centaine de milliers de gens - sinon plus d'un
    million - proclamant un cessez-le-feu et donnant l'ordre aux guérillas
    du P.K.K. de se replier au-dela des frontières, il devint évident
    qu'Ocalan était conscient des critiques visant ses déclarations dans
    le compte rendu de sa rencontre avec les députés du B.D.P., lors du
    processus de paix, divulgué a la presse, qui résonnaient comme une
    opposition déclarée aux peuples non musulmans d'Asie Mineure. Il
    prit donc soin d'inclure les Arméniens et autres peuples composant
    la population d'Anatolie dans le cadre de sa tentative pour amener
    la paix dans le pays.

    Dans sa rencontre, rappelée plus haut, avec les députés du B.D.P.,
    Ocalan présentait, par exemple, le Â" lobby arménien Â" comme une
    force qui, historiquement, n'a jamais voulu la paix en Anatolie. Â"
    Le lobby arménien est puissant. Ils veulent dominer l'agenda de
    2015, Â" déclarait-il. Â" Les Kurdes ont été marginalisés durant
    la création de la république de Turquie, suite aux efforts du Â"
    lobby israélien, des Arméniens et des Grecs, qui ont décidé
    que leur succès dépendait de la marginalisation des Kurdes,
    Â" poursuivait-il. Â" Il s'agit d'une tradition millénaire, qui
    continue. Â" Ajoutant : Â" Après l'islamisation de l'Anatolie, la
    colère des chrétiens a duré mille ans. Les Grecs, les Arméniens
    et les Juifs réclament des droits sur l'Anatolie. Ils ne veulent
    pas renoncer a leurs profits sous prétexte de laïcité et de
    nationalisme. Â"

    En dépit de quelques références aux Arméniens et a d'autres
    populations non musulmanes, la lettre de Newroz d'Ocalan - empreinte
    d'une rhétorique enthousiaste sur la paix, la fraternité et la
    coexistence pacifique entre des peuples aux croyances et aux origines
    ethniques différentes, et une ère nouvelle de paix - ne fut en
    rien un réconfort pour tous ceux qui, parmi nous, réclament une
    véritable justice dans ce pays.

    Une fraternité musulmane qui rappelle de sinistres souvenirs

    L'aspect le plus inquiétant de cette lettre est l'accent mis sur la
    fraternité musulmane, une fraternité qui a vu la mort, l'agonie,
    le pillage et la destruction des enfants chrétiens de l'Asie
    Mineure. Sa référence a Â" l'accord historique de fraternité et
    de solidarité [des Turcs et des Kurdes] sous le drapeau de l'islam
    Â" résonne a la manière d'une sombre prophétie. Son éloge de la
    soi-disant Â" guerre de libération Â" de la Turquie, qui fut, en
    fait, la continuation du génocide des Arméniens, des Assyriens et
    des Grecs d'Anatolie, est un écho fidèle de la pensée officielle
    turque. Â" Durant la Première Guerre mondiale, les soldats turcs
    et kurdes tombèrent ensemble en martyrs aux Dardanelles. Ensemble,
    ils combattirent pour la guerre d'indépendance de la Turquie, et
    ensemble ils inaugurèrent l'Assemblée Nationale de 1920. Notre
    passé mutuel illustre la nécessité réciproque de forger ensemble
    notre avenir. L'esprit de l'Assemblée Nationale de 1920 éclaire
    l'époque a venir, Â" a-t-il déclaré. Ce qu'il ne mentionne pas,
    c'est que l'état d'esprit de 1920 fut un état d'esprit génocidaire,
    décidé a achever le processus d'anéantissement des chrétiens,
    tout en réprimant dans un bain de sang l'identité nationale kurde.

    Le résultat est que, maintenant, les gens qui luttent en Turquie
    pour les droits de l'homme, la démocratie et la paix, sont obligés
    de choisir entre l'un de ces deux maux : être présenté comme
    quelqu'un soit qui ne veut pas la paix, soit qui soutient quelque
    chose qui peut être une réconciliation entre Kurdes et Turcs,
    mais pas une véritable paix pour tous en Turquie.

    Ocalan est-il vraiment représentatif ?

    Je connais et je respecte le profond attachement de millions de
    Kurdes envers leur dirigeant Ocalan. Mais je sais aussi qu'Ocalan
    et les Kurdes politiquement conscients, ainsi que certains pans du
    mouvement politique kurde, ne font pas qu'un. Il y a le mouvement
    politique kurde, avec son parti politique, ses unités armées dans
    les montagnes et ces millions de gens qui manifestent courageusement
    au risque d'être abattus ; et puis il y a Ocalan, a l'isolement en
    prison depuis 14 ans, déconnecté des réalités du terrain.

    Après tout, c'est le peuple kurde qui a perdu des membres de ses
    familles lors de meurtres non élucidés ; qui a pleuré quand
    ses enfants rejoignaient le mouvement de la guérilla, et que l'on
    retrouvait ensuite morts, a demi calcinés, les yeux arrachés ; et
    qui a lutté sans armes contre des tanks et des Panzers, en révolte
    contre la répression. Et ce sont les chefs de la guérilla qui ont
    risqué leur vie pendant tant d'années dans les montagnes.

    Lors d'un entretien avec le journaliste Hasan Cemal, Karayılan, un
    des commandants en chef du P.K.K., a confirmé a plusieurs reprises
    que s'ils sont fidèles a leur dirigeant, ils ont néanmoins quelques
    réserves : Â" Il n'y aura aucun repli sans que l'Etat ne fasse
    sa part.

    [...] Les éléments de commandement intermédiaire, en particulier,
    s'inquiètent ; nous devons les convaincre. [...] Hier j'ai parlé a
    250 intermédiaires. Ils m'ont dit : Â" On est venus ici pour combattre
    et on est la depuis dix ans. On est sur le point d'obtenir un résultat
    et c'est la où on nous demande d'arrêter. Â" [...] Apo [Ocalan]
    devrait s'impliquer dans le processus de persuasion. Voila pourquoi
    un contact direct entre lui et l'état-major de Qandil devrait être
    établi. Â"

    Les critiques de Karayılan a l'égard du co-président du B.D.P.,
    Selahattin DemirtaÅ~_, sont très inhabituelles. DemirtaÅ~_ a
    récemment déclaré que 99 % de la lutte armée du P.K.K. est
    terminée et que le règlement du 1 % restant était du ressort du
    gouvernement. Â" Il s'agit d'un semblant d'approche par le B.D.P.,
    commente Karayılan. Cela montre qu'ils sont incapables de comprendre
    en profondeur le processus de repli. L'arrêt complet de la lutte
    armée n'est pas une question aussi simple. Â"

    Les Kurdes : a la fois perpétrateurs et victimes

    Venons-en au point essentiel. Nombre de Kurdes d'Arménie Occidentale,
    non seulement les chefs de tribus, mais aussi les simples villageois,
    ont été, ainsi que les Turcs et autres peuples musulmans, les
    perpétrateurs du génocide des Arméniens et des Assyriens. Ils ne
    furent pas seulement des Â" instruments Â", Â" utilisés Â" par le
    Comité Union et Progrès (C.U.P.), comme le soutiennent les dirigeants
    politiques kurdes ; dans de nombreux endroits et dans de nombreux cas,
    ils étaient pleinement conscients de ce qu'ils faisaient. Ils furent
    non pas des décideurs, mais des acteurs, ignorant que rapidement
    ils seraient victimes, et contraints de se révolter contre leurs
    complices dans ce génocide - les successeurs de ce même pouvoir
    avec lequel ils coopérèrent pour exterminer leurs voisins chrétiens.

    L'histoire de la république de Turquie est l'histoire des
    soulèvements des Kurdes et de leur répression violente dans un bain
    de sang. La dernière révolte, qui fut la plus longue, ne se fondait
    pas sur des aspirations purement nationalistes, mais impliquait des
    éléments gauchistes, et même marxistes, l'accent étant mis sur
    la liberté, l'égalité et les droits de l'homme, non seulement
    pour les Kurdes, mais aussi tous les habitants de la Turquie. Ce fut
    le premier et le plus durable mouvement d'opposition radicale dans
    l'histoire de la république, lequel parvint non seulement a saper
    la suprématie idéologique et morale de l'élite dirigeante, mais
    aussi a contester avec un certain succès l'image intérieure d' Â"
    invincibilité Â" de l'armée turque.

    Aussi, ceux qui, dans les médias turcs, critiquent les déclarations
    d'Abdullah Ocalan, dans le compte rendu de ses rencontres et dans sa
    lettre appelant a un cessez-le-feu, invitent-ils l'opposition kurde a
    ne pas conclure une trêve illusoire avec ce système de destruction
    et de déni.

    Peuvent-ils être aussi des bâtisseurs de paix ?

    La responsabilité incombe naturellement aux membres de l'opposition
    kurde qui tracent la voie menant a la reconnaissance de la complicité
    du peuple kurde dans le génocide des peuples chrétiens d'Anatolie -
    les Arméniens, les Assyriens et les Grecs - et prendre des mesures
    pour réparer les pertes immenses qu'ils ont subi.

    En l'absence de toute responsabilité assumée, la partie kurde en
    cause ne pourra ni ouvrir la voie, ni exhorter l'Etat turc a accepter
    une paix véritable - a savoir, le règne ultime de la justice dans
    ce pays.

    Les Kurdes sont a la fois perpétrateurs et victimes, victimes de
    leurs compagnons d'armes lors du génocide. S'ils veulent être des
    bâtisseurs de paix maintenant, ils doivent refuser l'offre d'Ocalan
    d'une soi-disant Â" paix Â" entre Turcs et Kurdes, fondée sur le
    dénominateur commun de la fraternité musulmane, cet élément
    essentiel qui présida au génocide.

    ___________

    Source :
    http://www.armenianweekly.com/2013/05/08/gunaysu-yes-peace-but-between-whom-for-what-and-in-what-context/
    Traduction : © Georges Festa - 06.2013 Avec l'aimable autorisation
    de Khatchig Mouradian, rédacteur en chef de The Armenian Weekly.

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    Source/Lien : Armenian Trends - Mes Arménies


    From: Baghdasarian
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