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Turquie : Stop A La Criminalisation De La Contestation Pacifique

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    TURQUIE : STOP A LA CRIMINALISATION DE LA CONTESTATION PACIFIQUE

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=74560
    Publie le : 24-07-2013

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
    invite a lire le Communique de presse du Reseau Euro-Mediterraneen
    des Droits de l'Homme (REMDH) publie sur le site de la Ligue des
    droits de l'Homme le 15 juillet 2013.

    Ligue des droits de l'Homme

    15 juillet

    Stop a la criminalisation de la contestation pacifique en Turquie !

    Communique REMDH

    Le REMDH rapporte un recours meurtrier a la force, un nombre affligeant
    de blesses et la criminalisation d'activites professionnelles legitimes
    par les autorites turques.

    Le REMDH a envoye une mission d'enquete en Turquie du 3 au 10 juillet
    2013, afin de mener des investigations sur le mouvement de contestation
    en place depuis mai et sa violente repression.

    Les manifestations ont commence le 27 mai 2013 dans le but de proteger
    le parc Gezi (non loin de la place Taksim au centre d'Istanbul)
    contre les projets de la municipalite visant a transformer le parc en
    une zone commerciale. Les interventions violentes de la police contre
    cette occupation pacifique du parc ont encourage davantage de citoyens
    a manifester contre le recours excessif a la force par les autorites.

    La repression du droit a la liberte d'expression et du droit de
    reunion pacifique s'est renforcee a mesure que les manifestations
    se propageaient dans le pays les jours suivants. Ce mouvement
    populaire diversifie et très important (auquel au moins 2,5 millions
    de personnes ont participe selon les chiffres du gouvernement) a
    denonce la violence de la police et a servi de relai pour exprimer
    un ressentiment croissant contre le gouvernement dû a toute une serie
    de raisons d'ordre politique, economique et culturel.

    La delegation du REMDH etait composee d'un membre du Comite
    executif, de juristes et de membres du Groupe de travail sur la
    liberte d'association et de reunion. La delegation a rencontre de
    nombreux representants d'organisations de defense des droits de
    l'Homme, d'associations professionnelles d'avocats et de medecins
    et de syndicats. Elle s'est egalement entretenue avec les membres
    de la Plateforme de solidarite de Taksim, des universitaires, des
    representants du syndicat de la police et du bureau de l'Ombudsman
    national. La delegation souhaitait rencontrer des representants
    du gouvernorat d'Istanbul et des ministères de l'interieur, de la
    sante et de la justice, mais ses requetes n'ont malheureusement pas
    ete acceptees.

    Elle est parvenue a rassembler de nombreux temoignages concordants
    et a documenter les preuves de l'intensite du recours a la force
    contre des manifestants pour la plupart pacifiques. Selon des sources
    medicales independantes, ces actes de violence ont cause la mort de
    cinq personnes et 8000 personnes ont ete blessees dans treize provinces
    du pays. Plus de 1000 personnes ont ete placees en detention, sachant
    qu'au moins 35 individus sont actuellement en prison. De nombreuses
    enquetes ont par ailleurs ete lancees contre des manifestants et
    les professionnels qui leur ont apporte leur aide en leur qualite
    d'avocat ou de medecin. Le REMDH publiera prochainement un rapport
    complet sur les resultats de cette enquete.

    Quelques conclusions et recommandations peuvent deja etre formulees
    : 1- Les autorites turques ont porte atteinte au droit de liberte
    de reunion en dispersant des manifestants pacifiques. Le fait que
    ces manifestations n'aient pas ete autorisees s'est vu accorder
    plus d'importance que le caractère pacifique des rassemblements, ce
    qui est contraire au droit international des droits de l'Homme. En
    outre, aucune reelle tentative n'a ete prise pour negocier avec les
    manifestants quant a la manière dont leur mouvement pacifique pourrait
    etre protege et facilite.

    2- La police a fait un usage excessif de la force lors de la première
    dispersion des manifestants au parc Gezi, ainsi que lors de toutes
    les dispersions de rassemblements pacifiques qui ont suivi. Dans
    la plupart des cas, les manifestants n'ont pas ete avertis ou n'ont
    pas eu assez de temps pour se disperser volontairement. Environ 150
    000 grenades lacrymogènes[3] ont ete utilisees, un grand nombre de
    balles en caoutchouc ont ete tirees, du gaz lacrymogène ou d'autres
    substances chimiques ont ete ajoutes a l'eau projetee par les canons
    a eau et de nombreux manifestants ont ete frappes lors des assauts
    de la police ou lors de leur detention. Plusieurs femmes ont affirme
    avoir ete victimes de harcèlement sexuel alors qu'elles etaient
    en detention. La majorite des blessures, dont des blessures graves
    telles que 104 traumatismes crâniens (3 personnes etant toujours dans
    un etat critique) et 11 personnes ayant perdu la vue[4] , decoulent de
    l'utilisation ciblee de grenades lacrymogènes contre des manifestants,
    bien que l'utilisation de ce type de grenade a courte distance contre
    des individus soit contraire aux normes nationales et internationales.

    Un homme a ete tue par une balle reelle. À la lumière de ces elements,
    il apparaît que l'Etat a manque a son devoir de proteger ses citoyens
    et a failli a ses obligations de protection et de facilitation du
    droit de reunion pacifique. La police n'a pas fait la distinction entre
    les individus violents et pacifiques et a fait un usage aveugle de la
    force contre tous les manifestants, y compris contre des participants
    pacifiques, des passants, des blesses et des medecins tentant
    de les aider. L'assistance medicale a ete deliberement entravee
    par des attaques ciblees contre les medecins en blouse blanche,
    la pulverisation de gaz lacrymogène dans les cliniques de fortune
    et la criminalisation consecutive de l'aide medicale apportee aux
    manifestants. L'aide juridique aux manifestants a egalement ete
    sanctionnee, des dizaines d'avocats etant toujours derrière les
    barreaux.

    Le REMDH exhorte les autorites turques : - a proteger et faciliter le
    respecter du droit de reunion pacifique et a permettre l'expression
    publique de la contestation en donnant la priorite a tous les types de
    dialogue democratique et en denoncant la repression systematique ; -
    a ouvrir des enquetes independantes et impartiales sur les allegations
    de decès et de blessures causes par un recours excessif a la force
    et sur les allegations de torture et d'autres mauvais traitements ou
    traitements degradants ; a s'assurer que l'impunite ne triomphera
    pas et que les suspects seront juges par un tribunal independant,
    et ce malgre leur titre de fonctionnaire ; - a abandonner toutes les
    poursuites judiciaires lancees contre des manifestants pacifiques, a
    liberer les personnes emprisonnees en l'absence de preuves specifiques
    et concrètes d'un comportement violent de la part de l'individu
    concerne, et a s'assurer qu'aucune autre enquete judiciaire ou
    administrative ne sera ouverte par la suite ; a mettre un terme
    aux enquetes criminelles et anti-terroristes visant des militants
    politiques ; - a abandonner toutes les sanctions disciplinaires prises
    a l'encontre d'avocats et de medecins qui ont fait leur devoir en
    apportant leur aide aux manifestants, a annuler la circulaire du
    ministère de la sante exigeant les noms des medecins qui ont aide
    des personnes blessees lors des manifestations, ainsi que les noms
    de leurs patients ; et a annuler le projet de loi penalisant la mise
    en place de cliniques de fortune sans permis (dans la mesure où cela
    va a l'encontre de l'engagement ethique des medecins) ; - a reformer
    la loi n° 3201 relative a la securite et les autres lois portant sur
    les forces de police, afin de garantir une reglementation stricte
    de l'usage de la violence et du recours aux armes et de mettre en
    pratique les principes de proportionnalite et de progressivite ; a
    reformer la loi n° 2911 relative aux reunions et aux manifestations,
    afin de mieux proteger le droit de reunion, et en particulier d'exclure
    la possibilite de prendre des sanctions penales disproportionnees en
    cas d'organisation de rassemblements pacifiques non autorises ou de
    participation a ceux-ci.

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    Source/Lien : FIDH

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