LA REVOLTE DE TAKSIM QUESTIONNE LES AMBITIONS DE LA TURQUIE
Laurent LeylekianMembre de l'Observatoire armenien RECEVEZ LES INFOS
DE LAURENT LEYLEKIAN
http://www.huffingtonpost.fr/laurent-leylekian/revolte-taksim-turquie_b_3388248.html
Publication: 05/06/2013 06h00
TURQUIE - Les violentes manifestations qui secouent actuellement la
Turquie ont surpris meme ceux qui observent regulièrement ce pays.
Partis d'un fait en soi peu signifiant -la contestation par des
associations du quartier et par des groupes environnementalistes d'un
projet d'amenagement du parc Gezi- un grand espace vert au centre
d'Istanbul- le conflit s'est mue en veritable bataille rangee après
que les forces de l'ordre aient tente de degager les protestataires
de la place Taksim qu'elles occupaient.
En première approche, ce sont la disproportion et la violence des
moyens de repression utilises par les forces antiemeutes qui ont mis le
feu aux poudres, transformant un conflit local en veritable guerilla
urbaine et declenchant des evènements de nature similaire dans tout
le pays. Mais de manière plus profonde, l'explosion de Taksim provient
du sentiment d'etouffement eprouve par tous ceux qu'exaspère le projet
politique mis en ~\uvre par l'Etat AKP depuis maintenant dix ans: non
pas l'islamisation du pays -il est deja totalement musulman depuis
l'extermination de sa population chretienne- mais bien la mise en
place d'un Etat islamique et autoritaire sur le modèle ottoman. De
sorte que très vite un amalgame rapide s'est etabli dans la tete de
certains observateurs et meme dans celle de certains manifestants:
la place Taksim serait a Istanbul ce que fut la place Tahrir au Caire
et l'on assisterait a un "printemps turc" en tout point similaire aux
divers "printemps arabes" qui destituèrent les caciques au pouvoir
dans les pays du Maghreb.
Or l'analogie a ses limites et il est rien moins que sûr que la
Turquie suive le meme chemin. Certes, les similitudes formelles sont
troublantes: d'un côte une societe civile en apparence libertaire face
a un gouvernement sclerose, incapable de fournir une reponse politique
a des revendications sociales; d'un côte de jeunes manifestants
utilisant massivement Twitter et Facebook pour communiquer pendant
que le Premier ministre qualifie les reseaux sociaux de "menace"
et que le pouvoir organise un black-out mediatique, utilisant des
brouilleurs sur la place Taksim, censurant des sites Internet et
projetant des reportages animaliers a la television.
Une opposition fragmentee
Reste cependant qu'une realite notable differencie les evènements de
Turquie de ceux des pays arabes. En Turquie, ce sont les islamistes de
l'AKP qui sont deja au pouvoir et, n'en deplaise aux progressistes
europeens, la societe turque est desormais largement acquise a
leurs conceptions sociales et politiques: si cela fait grand bruit
en Europe et au sein de la petite frange occidentalisee d'Istanbul,
la majorite conservatrice et rurale du pays s'accommode fort bien
des velleites de prohibition de l'alcool, de l'erection maniaque de
mosquees a travers le pays, de l'autorisation generalisee du port
du voile ou des projets d'interdiction du rouge a lèvres pour les
hôtesses de la compagnie aerienne nationale.
En consequence, les manifestants de Taksim sont minoritaires et ils
sont surtout divises. Si le noyau initial etait constitue de jeunes et
d'etudiants plutôt a gauche de l'echiquier politique, eventuellement
soutenus par des militants se revendiquant du mouvement Anonymous,
ils ont ete rejoints par des troupes que tout oppose si ce n'est leur
commune detestation d'un pouvoir incarne par la roide figure de Recep
Erdogan: decus de l'AKP; partisans du CHP -le parti kemaliste longtemps
au pouvoir; ultranationalistes de la mouvance des Loups-Gris; militants
kurdes du BDP; Alevis outres par l'inauguration du pont Yavuz Selim,
baptise d'après le nom d'un sultan grand massacreur des leurs; et
meme un petit groupe de crypto-Armeniens arguant du fait que le parc
Gezi constitue le reliquat du grand cimetière armenien de Pangalti,
spolie après le genocide et remplace par des hôtels et les bâtiments
de la TRT, l'audiovisuelle publique turque.
Autoritarisme politique et liberalisme economique
Bref, on peut serieusement douter que cette coalition heteroclite
parvienne a court terme a faire vaciller l'AKP qui dispose desormais
de toutes les renes du pouvoir. En revanche, on peut se demander si
ces evenements ne sonnent pas l'heure de la retraite pour l'actuel
homme fort du pays. Recep Tayyip Erdogan est depuis longtemps malade
et ses dix ans de règne sans partage ont serieusement ecorne l'image
d'ouverture qui fit quelque mois illusion auprès des occidentaux. Si
de nombreux Turcs descendent aujourd'hui dans la rue, la derive
autoritaire du Premier ministre y est pour beaucoup. On sait que
le President Gul - egalement islamiste mais plus matois - attend son
heure mais on sait aussi que la lutte pour le pouvoir s'est deplacee au
sein meme de l'AKP, maintenant marginalises les nationalistes du CHP.
LIRE AUSSI: 'Istanbul United' Les supporters des clubs rivaux
s'unissent dans la revolte Carte interactive - Les places de la
revolution Les indignes ebranlent le "modèle turc" Erdogan est son
propre ennemi Bien malin toutefois, celui qui saura dire l'issue
de cette lutte d'influence et, notamment, sur quel poulain misera
desormais la puissante confrerie des Fetullahci. Au-dela des questions
de personne cependant, c'est toute la strategie des islamistes qui
pose question: D'un point de vue economique, l'AKP avait gagne un
succès populaire en construisant un discours convaincant sur sa
probite morale face a d'archaïques partis kemalistes gangrenes par
diverses affaires de corruption et de nepotisme. Et de fait, les
islamistes ont reellement sorti le pays de l'ornière en multipliant
par trois son PIB et en redressant des finances publiques qui peuvent
aujourd'hui s'affranchir de la bequille du FMI.
Mais l'opinion publique turque commence a realiser que les nouveaux
dirigeants du pays, s'ils sont moins dirigistes que les anciens, sont
au moins aussi affairistes qu'eux. Et ce qui gene, c'est notamment
que les succès economiques de la Turquie se soient construits sur une
politique très liberale fondee sur la marchandisation a outrance des
espaces et des biens publics. 80 ans de dirigisme etatique et encore
plus 600 ans d'absolutisme imperial ont necessairement laisse des
traces au sein d'une population habituee a la mainmise etatique et
donc necessairement critique a tout processus de liberalisation et
de privatisation.
Un pays empetre dans ses contradictions
D'un point de vue de politique interieure, l'AKP s'est efforce de
detruire la chape kemaliste qui etouffait la societe en liberant les
identites particulières -regionales, ethniques ou religieuses- qui
la compose. La question est maintenant de savoir quel sera le destin
de ces dynamiques nouvelles, mais eventuellement conflictuelles,
illustrees a merveille par les evènements de Taksim. Le sentier de
la vraie democratie sociale et de la reconnaissance des identites
particulières est certes toujours possible mais il est bien etroit
coince entre les deux grandes autoroutes que sont leur jugulation par
le puissant mouvement islamiste ou leur recuperation par les forces
d'opposition les plus organisees de la contestation, c'est-a-dire
encore une fois encore celles des kemalistes. Et sur chacune de ses
deux autoroutes, les libertes individuelles se font ecraser comme
en temoigne la chute abyssale de la Turquie dans les classements de
Reporters Sans Frontières.
D'un point de vue de politique exterieure enfin, le vent de revolte
qui souffle au sein de la societe turque pourrait bien affaiblir
encore plus la capacite de la Turquie a peser sur son voisinage. À cet
egard, la politique de"zero problème avec les voisins" prône par Ahmet
Davutoglu, le Ministre des Affaires Etrangères, est un echec patent:
les velleites turques de restaurer son ancienne influence ottomane
au Proche-Orient et au Sud Caucase ont ete jusqu'a present largement
tenues en echec par les autres acteurs regionaux -Russie et Iran en
tete- et cette entreprise ne s'est vu couronnee de quelques succès que
dans les Balkans. Mais le gros morceau de cette politique "exterieure"
reste la question kurde. Le processus de paix enclenche avec le PKK
semble avoir conduit la guerilla kurde au cessez-le-feu et au retrait
de ses troupes dans leur sanctuaire nord-irakien. Il est sans trop tôt
pour dire quelle sera l'attitude du mouvement kurde si les negociations
devaient se poursuivre avec un pouvoir eventuellement affaibli. Mais
il est surtout a craindre que ce pouvoir ait a nouveau la tentation
du raidissement nationaliste antikurde, strategie aventuriste qu'il
pourrait utiliser afin de ressouder derrière lui une opinion publique
qui commence a lui echapper.
Quoiqu'il en soit, c'est donc la strategie de l'AKP qui pourrait bien
s'echouer sous nos yeux a Taksim: Afin de s'emanciper du kemalisme,
les islamistes ont libere des forces opprimes depuis 80 ans par
celui-ci. Or ces forces n'entendent pas passer du Charybde des
militaires aux Scylla des religieux. À moins d'autoriser l'eclosion
d'un vrai pluralisme qui est etranger a sa conception hegemonique,
le pouvoir est place devant l'alternative de perpetuer la tradition
politique turque en ecrasant la contestation ou d'etre regulièrement
confronte a la resurgence des instabilites structurelles de la societe
turque. Un choix similaire a celui des autres pays du Proche-Orient
et qui est, somme toute, peu compatible avec les exigences europeennes.
Laurent LeylekianMembre de l'Observatoire armenien RECEVEZ LES INFOS
DE LAURENT LEYLEKIAN
http://www.huffingtonpost.fr/laurent-leylekian/revolte-taksim-turquie_b_3388248.html
Publication: 05/06/2013 06h00
TURQUIE - Les violentes manifestations qui secouent actuellement la
Turquie ont surpris meme ceux qui observent regulièrement ce pays.
Partis d'un fait en soi peu signifiant -la contestation par des
associations du quartier et par des groupes environnementalistes d'un
projet d'amenagement du parc Gezi- un grand espace vert au centre
d'Istanbul- le conflit s'est mue en veritable bataille rangee après
que les forces de l'ordre aient tente de degager les protestataires
de la place Taksim qu'elles occupaient.
En première approche, ce sont la disproportion et la violence des
moyens de repression utilises par les forces antiemeutes qui ont mis le
feu aux poudres, transformant un conflit local en veritable guerilla
urbaine et declenchant des evènements de nature similaire dans tout
le pays. Mais de manière plus profonde, l'explosion de Taksim provient
du sentiment d'etouffement eprouve par tous ceux qu'exaspère le projet
politique mis en ~\uvre par l'Etat AKP depuis maintenant dix ans: non
pas l'islamisation du pays -il est deja totalement musulman depuis
l'extermination de sa population chretienne- mais bien la mise en
place d'un Etat islamique et autoritaire sur le modèle ottoman. De
sorte que très vite un amalgame rapide s'est etabli dans la tete de
certains observateurs et meme dans celle de certains manifestants:
la place Taksim serait a Istanbul ce que fut la place Tahrir au Caire
et l'on assisterait a un "printemps turc" en tout point similaire aux
divers "printemps arabes" qui destituèrent les caciques au pouvoir
dans les pays du Maghreb.
Or l'analogie a ses limites et il est rien moins que sûr que la
Turquie suive le meme chemin. Certes, les similitudes formelles sont
troublantes: d'un côte une societe civile en apparence libertaire face
a un gouvernement sclerose, incapable de fournir une reponse politique
a des revendications sociales; d'un côte de jeunes manifestants
utilisant massivement Twitter et Facebook pour communiquer pendant
que le Premier ministre qualifie les reseaux sociaux de "menace"
et que le pouvoir organise un black-out mediatique, utilisant des
brouilleurs sur la place Taksim, censurant des sites Internet et
projetant des reportages animaliers a la television.
Une opposition fragmentee
Reste cependant qu'une realite notable differencie les evènements de
Turquie de ceux des pays arabes. En Turquie, ce sont les islamistes de
l'AKP qui sont deja au pouvoir et, n'en deplaise aux progressistes
europeens, la societe turque est desormais largement acquise a
leurs conceptions sociales et politiques: si cela fait grand bruit
en Europe et au sein de la petite frange occidentalisee d'Istanbul,
la majorite conservatrice et rurale du pays s'accommode fort bien
des velleites de prohibition de l'alcool, de l'erection maniaque de
mosquees a travers le pays, de l'autorisation generalisee du port
du voile ou des projets d'interdiction du rouge a lèvres pour les
hôtesses de la compagnie aerienne nationale.
En consequence, les manifestants de Taksim sont minoritaires et ils
sont surtout divises. Si le noyau initial etait constitue de jeunes et
d'etudiants plutôt a gauche de l'echiquier politique, eventuellement
soutenus par des militants se revendiquant du mouvement Anonymous,
ils ont ete rejoints par des troupes que tout oppose si ce n'est leur
commune detestation d'un pouvoir incarne par la roide figure de Recep
Erdogan: decus de l'AKP; partisans du CHP -le parti kemaliste longtemps
au pouvoir; ultranationalistes de la mouvance des Loups-Gris; militants
kurdes du BDP; Alevis outres par l'inauguration du pont Yavuz Selim,
baptise d'après le nom d'un sultan grand massacreur des leurs; et
meme un petit groupe de crypto-Armeniens arguant du fait que le parc
Gezi constitue le reliquat du grand cimetière armenien de Pangalti,
spolie après le genocide et remplace par des hôtels et les bâtiments
de la TRT, l'audiovisuelle publique turque.
Autoritarisme politique et liberalisme economique
Bref, on peut serieusement douter que cette coalition heteroclite
parvienne a court terme a faire vaciller l'AKP qui dispose desormais
de toutes les renes du pouvoir. En revanche, on peut se demander si
ces evenements ne sonnent pas l'heure de la retraite pour l'actuel
homme fort du pays. Recep Tayyip Erdogan est depuis longtemps malade
et ses dix ans de règne sans partage ont serieusement ecorne l'image
d'ouverture qui fit quelque mois illusion auprès des occidentaux. Si
de nombreux Turcs descendent aujourd'hui dans la rue, la derive
autoritaire du Premier ministre y est pour beaucoup. On sait que
le President Gul - egalement islamiste mais plus matois - attend son
heure mais on sait aussi que la lutte pour le pouvoir s'est deplacee au
sein meme de l'AKP, maintenant marginalises les nationalistes du CHP.
LIRE AUSSI: 'Istanbul United' Les supporters des clubs rivaux
s'unissent dans la revolte Carte interactive - Les places de la
revolution Les indignes ebranlent le "modèle turc" Erdogan est son
propre ennemi Bien malin toutefois, celui qui saura dire l'issue
de cette lutte d'influence et, notamment, sur quel poulain misera
desormais la puissante confrerie des Fetullahci. Au-dela des questions
de personne cependant, c'est toute la strategie des islamistes qui
pose question: D'un point de vue economique, l'AKP avait gagne un
succès populaire en construisant un discours convaincant sur sa
probite morale face a d'archaïques partis kemalistes gangrenes par
diverses affaires de corruption et de nepotisme. Et de fait, les
islamistes ont reellement sorti le pays de l'ornière en multipliant
par trois son PIB et en redressant des finances publiques qui peuvent
aujourd'hui s'affranchir de la bequille du FMI.
Mais l'opinion publique turque commence a realiser que les nouveaux
dirigeants du pays, s'ils sont moins dirigistes que les anciens, sont
au moins aussi affairistes qu'eux. Et ce qui gene, c'est notamment
que les succès economiques de la Turquie se soient construits sur une
politique très liberale fondee sur la marchandisation a outrance des
espaces et des biens publics. 80 ans de dirigisme etatique et encore
plus 600 ans d'absolutisme imperial ont necessairement laisse des
traces au sein d'une population habituee a la mainmise etatique et
donc necessairement critique a tout processus de liberalisation et
de privatisation.
Un pays empetre dans ses contradictions
D'un point de vue de politique interieure, l'AKP s'est efforce de
detruire la chape kemaliste qui etouffait la societe en liberant les
identites particulières -regionales, ethniques ou religieuses- qui
la compose. La question est maintenant de savoir quel sera le destin
de ces dynamiques nouvelles, mais eventuellement conflictuelles,
illustrees a merveille par les evènements de Taksim. Le sentier de
la vraie democratie sociale et de la reconnaissance des identites
particulières est certes toujours possible mais il est bien etroit
coince entre les deux grandes autoroutes que sont leur jugulation par
le puissant mouvement islamiste ou leur recuperation par les forces
d'opposition les plus organisees de la contestation, c'est-a-dire
encore une fois encore celles des kemalistes. Et sur chacune de ses
deux autoroutes, les libertes individuelles se font ecraser comme
en temoigne la chute abyssale de la Turquie dans les classements de
Reporters Sans Frontières.
D'un point de vue de politique exterieure enfin, le vent de revolte
qui souffle au sein de la societe turque pourrait bien affaiblir
encore plus la capacite de la Turquie a peser sur son voisinage. À cet
egard, la politique de"zero problème avec les voisins" prône par Ahmet
Davutoglu, le Ministre des Affaires Etrangères, est un echec patent:
les velleites turques de restaurer son ancienne influence ottomane
au Proche-Orient et au Sud Caucase ont ete jusqu'a present largement
tenues en echec par les autres acteurs regionaux -Russie et Iran en
tete- et cette entreprise ne s'est vu couronnee de quelques succès que
dans les Balkans. Mais le gros morceau de cette politique "exterieure"
reste la question kurde. Le processus de paix enclenche avec le PKK
semble avoir conduit la guerilla kurde au cessez-le-feu et au retrait
de ses troupes dans leur sanctuaire nord-irakien. Il est sans trop tôt
pour dire quelle sera l'attitude du mouvement kurde si les negociations
devaient se poursuivre avec un pouvoir eventuellement affaibli. Mais
il est surtout a craindre que ce pouvoir ait a nouveau la tentation
du raidissement nationaliste antikurde, strategie aventuriste qu'il
pourrait utiliser afin de ressouder derrière lui une opinion publique
qui commence a lui echapper.
Quoiqu'il en soit, c'est donc la strategie de l'AKP qui pourrait bien
s'echouer sous nos yeux a Taksim: Afin de s'emanciper du kemalisme,
les islamistes ont libere des forces opprimes depuis 80 ans par
celui-ci. Or ces forces n'entendent pas passer du Charybde des
militaires aux Scylla des religieux. À moins d'autoriser l'eclosion
d'un vrai pluralisme qui est etranger a sa conception hegemonique,
le pouvoir est place devant l'alternative de perpetuer la tradition
politique turque en ecrasant la contestation ou d'etre regulièrement
confronte a la resurgence des instabilites structurelles de la societe
turque. Un choix similaire a celui des autres pays du Proche-Orient
et qui est, somme toute, peu compatible avec les exigences europeennes.