LES NEGOCIATIONS DE PAIX A CHYPRE AU POINT MORT, POUR DES MOIS ENCORE
Les negociations de reunification peinent a reprendre a Chypre,
divisee depuis 1974 entre Chypriotes-grecs au Sud et Chypriotes-Turcs
au Nord, et des avancees significatives semblent difficiles a court
terme malgre les pressions liees a la crise economique.
Les pourparlers, deja poussifs, ont ete suspendus en juillet 2012
par la partie chypriote-turque, qui voulait protester contre le fait
que la partie chypriote-grecque assure la presidence tournante de
l'Union europeenne.
Elu en fevrier, le nouveau president chypriote-grec Nicos Anastasiades
a rencontre le dirigeant chypriote-turc Dervis Eroglu la semaine
dernière, plus d'un an après la dernière reunion a un tel niveau.
Les tractations et psychodrames ayant precede cette rencontre - un
simple dîner -, en disent long sur la mefiance entre les deux parties,
tandis que l'ONU, deployee depuis bientôt un demi-siècle sur l'île,
fait profil bas en attendant des jours meilleurs.
L'île de Chypre est coupee en deux depuis l'invasion turque de 1974,
et l'occupation turque d'un tiers Nord, a la suite d'un coup d'Etat
fomente par des nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient la
rattacher a la Grèce.
Les Chypriotes-turcs se disent prets a reprendre sans attendre des
negociations. Mais les Chypriotes-grecs, insistant sur le fait qu'ils
ne se laisseront pas acculer a des compromis, veulent auparavant
remettre sur les rails leur economie, durement ebranlee par les
conditions draconiennes d'un plan de sauvetage financier controverse.
"Les pourparlers vont commencer aux alentours d'octobre", assure a
l'AFP le ministre chypriote-grec des Affaires etrangères, Iaonnis
Kasoulides.
De son côte, le negociateur turc, Osman Ertug, se dit conscient des
difficultes economiques du Sud : "Mais cela ne devrait pas retarder
la reprise des negociations, d'autant que nous avons eu de notre côte
des soucis economiques pendant des decennies, et nous n'avons jamais
fui la table des negociations".
"Les negociations atteignent un seuil de plus en plus critique",
souligne-t-il car "les nouvelles generations s'eloignent l'une de
l'autre et la division pourrait finir par devenir permanente".
Le contexte ne semble pourtant guère propice.
Côte turc, M. Eroglu est en pleine tourmente alors que se profilent
des echeances electorales, et les manifestations en Turquie accentuent
l'incertitude politique.
Côte grec, le president Anastasiades, qui n'a toujours pas nomme de
negociateur, "a ete très affaibli politiquement" par les mesures
drastiques qu'il a dû mettre en oeuvre a la demande de l'Union
europeenne et du FMI en echange d'un pret de 10 milliards d'euros
pour sauver l'île de la faillite, souligne l'expert politique Hubert
Faustmann, specialiste de Chypre.
Or il est "l'un des politiciens les plus susceptibles de parvenir a
une solution", dans la mesure où il a ete l'un des rares dirigeants
chypriotes-grecs a soutenir le plan de reunification de 2004, accepte
par le Nord mais rejete par le Sud, estime M. Faustmann.
Une fois relances, les pourparlers risquent fort de faire un bond
en arrière.
En effet, M. Anastasiades veut remettre en cause certaines avancees,
concernant par exemple le mode de scrutin pour les futures institutions
federales ou encore la possibilite que certains colons turcs restent
sur l'île.
En outre, les Chypriotes grecs veulent que leur representant puisse
aussi negocier avec Ankara, car, souligne M. Kasoulides, "le veritable
differend est entre Chypre et la Turquie".
Denoncant "des complications", M. Ertug reclame dans ce cas de parler
directement a Athènes.
Pourtant, Chypre a plus que jamais besoin d'unite, alors que les
reserves d'hydrocarbures decouvertes au large de l'île apparaissent
comme une planche de salut face a une recession historique.
"L'Union europeenne a commence avec le charbon et l'acier, l'Union
chypriote peut commencer avec le gaz et le petrole", espère M. Ertug.
Mais M. Kasoulides rappellent que les Chypriotes-grecs seront consultes
par referendum sur toute solution et risquent de se braquer si on
leur dit : "Maintenant que vous etes en difficulte economique, il
faut faire des concessions pour resoudre le problème de Chypre".
A court terme au contraire, "la crise financière rend les choses
beaucoup plus difficiles", remettant par exemple en cause les
compensations prevues pour les proprietaires spolies, fait-il valoir.
jeudi 13 juin 2013, Stephane ©armenews.com
From: A. Papazian
Les negociations de reunification peinent a reprendre a Chypre,
divisee depuis 1974 entre Chypriotes-grecs au Sud et Chypriotes-Turcs
au Nord, et des avancees significatives semblent difficiles a court
terme malgre les pressions liees a la crise economique.
Les pourparlers, deja poussifs, ont ete suspendus en juillet 2012
par la partie chypriote-turque, qui voulait protester contre le fait
que la partie chypriote-grecque assure la presidence tournante de
l'Union europeenne.
Elu en fevrier, le nouveau president chypriote-grec Nicos Anastasiades
a rencontre le dirigeant chypriote-turc Dervis Eroglu la semaine
dernière, plus d'un an après la dernière reunion a un tel niveau.
Les tractations et psychodrames ayant precede cette rencontre - un
simple dîner -, en disent long sur la mefiance entre les deux parties,
tandis que l'ONU, deployee depuis bientôt un demi-siècle sur l'île,
fait profil bas en attendant des jours meilleurs.
L'île de Chypre est coupee en deux depuis l'invasion turque de 1974,
et l'occupation turque d'un tiers Nord, a la suite d'un coup d'Etat
fomente par des nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient la
rattacher a la Grèce.
Les Chypriotes-turcs se disent prets a reprendre sans attendre des
negociations. Mais les Chypriotes-grecs, insistant sur le fait qu'ils
ne se laisseront pas acculer a des compromis, veulent auparavant
remettre sur les rails leur economie, durement ebranlee par les
conditions draconiennes d'un plan de sauvetage financier controverse.
"Les pourparlers vont commencer aux alentours d'octobre", assure a
l'AFP le ministre chypriote-grec des Affaires etrangères, Iaonnis
Kasoulides.
De son côte, le negociateur turc, Osman Ertug, se dit conscient des
difficultes economiques du Sud : "Mais cela ne devrait pas retarder
la reprise des negociations, d'autant que nous avons eu de notre côte
des soucis economiques pendant des decennies, et nous n'avons jamais
fui la table des negociations".
"Les negociations atteignent un seuil de plus en plus critique",
souligne-t-il car "les nouvelles generations s'eloignent l'une de
l'autre et la division pourrait finir par devenir permanente".
Le contexte ne semble pourtant guère propice.
Côte turc, M. Eroglu est en pleine tourmente alors que se profilent
des echeances electorales, et les manifestations en Turquie accentuent
l'incertitude politique.
Côte grec, le president Anastasiades, qui n'a toujours pas nomme de
negociateur, "a ete très affaibli politiquement" par les mesures
drastiques qu'il a dû mettre en oeuvre a la demande de l'Union
europeenne et du FMI en echange d'un pret de 10 milliards d'euros
pour sauver l'île de la faillite, souligne l'expert politique Hubert
Faustmann, specialiste de Chypre.
Or il est "l'un des politiciens les plus susceptibles de parvenir a
une solution", dans la mesure où il a ete l'un des rares dirigeants
chypriotes-grecs a soutenir le plan de reunification de 2004, accepte
par le Nord mais rejete par le Sud, estime M. Faustmann.
Une fois relances, les pourparlers risquent fort de faire un bond
en arrière.
En effet, M. Anastasiades veut remettre en cause certaines avancees,
concernant par exemple le mode de scrutin pour les futures institutions
federales ou encore la possibilite que certains colons turcs restent
sur l'île.
En outre, les Chypriotes grecs veulent que leur representant puisse
aussi negocier avec Ankara, car, souligne M. Kasoulides, "le veritable
differend est entre Chypre et la Turquie".
Denoncant "des complications", M. Ertug reclame dans ce cas de parler
directement a Athènes.
Pourtant, Chypre a plus que jamais besoin d'unite, alors que les
reserves d'hydrocarbures decouvertes au large de l'île apparaissent
comme une planche de salut face a une recession historique.
"L'Union europeenne a commence avec le charbon et l'acier, l'Union
chypriote peut commencer avec le gaz et le petrole", espère M. Ertug.
Mais M. Kasoulides rappellent que les Chypriotes-grecs seront consultes
par referendum sur toute solution et risquent de se braquer si on
leur dit : "Maintenant que vous etes en difficulte economique, il
faut faire des concessions pour resoudre le problème de Chypre".
A court terme au contraire, "la crise financière rend les choses
beaucoup plus difficiles", remettant par exemple en cause les
compensations prevues pour les proprietaires spolies, fait-il valoir.
jeudi 13 juin 2013, Stephane ©armenews.com
From: A. Papazian