TURQUIE : DECHAINEMENT DE VIOLENCE POLICIERE CONTRE LES JOURNALISTES
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=73583
Publie le : 18-06-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
propose cette information publiee sur le site des Reporters Sans
Frontières le 17 juin 2013.
Legende photo : @Hamza Aktan
Reporters Sans Frontières
Turquie
" Occupy Gezi " : Dechaînement de violence policière contre les
journalistes
Publie le lundi 17 juin 2013.
Reporters sans frontières condamne fermement les brutalites et
interpellations arbitraires dont sont victimes les journalistes qui
couvrent la repression des manifestations antigouvernementales en
Turquie. Au moins huit representants des medias ont ete interpelles
par la police, le 16 juin 2013 a Istanbul. Les violences se sont
largement multipliees après la prise d'assaut du parc Gezi par les
forces de l'ordre, a Istanbul, dans la soiree du 15 juin 2013. Les
journalistes ont ete largement tenus a distance de l'operation et
l'accès a la place Taksim etait interdit a tous les professionnels
des medias depourvus de carte de presse.
" Nous sommes extremement inquiets du caractère de plus en plus
systematique des violences policières. Cette brutalite evoque bien
davantage une revanche sans limite que le maintien de l'ordre. Il
est inacceptable que les journalistes soient deliberement pris pour
cible, empeches de faire leur travail et passes a tabac par des
policiers censes les proteger. Les interpellations illegales doivent
immediatement prendre fin, et des enquetes doivent imperativement
etre diligentees pour sanctionner les auteurs de ces abus ", a
declare Reporters sans frontières. " Les autorites doivent clairement
condamner ces agissements et cesser de prendre les medias comme boucs
emissaires dans leurs discours, sans quoi elles donneront l'impression
d'encourager ces debordements ", a-t-elle ajoute.
Le journaliste de la chaîne pro-kurde IMC TV Gokhan Bicici, son
cameraman Okan Altunkara, les reporters de l'agence de presse Dogan
(DHA) Ferhat Uludaglar et Ugur Can, le cameraman de la chaîne
nationaliste Ulusal Kanal Emre Fidan, ainsi que le reporter du
quotidien Aydinlik Aslan Sahan, ont ete interpelles le 16 juin alors
qu'ils couvraient les affrontements entre les forces de l'ordre et
certains manifestants dans divers quartiers d'Istanbul. Les policiers
ont arrache le masque a gaz de Gokhan Bicici, saisi son iPad et l'ont
longuement traîne a terre. Aux dernières nouvelles, il etait toujours
en garde a vue, de meme que le photographe freelance italien Daniele
Stefanini, blesse et arrete hier. Ugur Can et Okan Altunkara ont ete
rapidement remis en liberte. Uludaglar a ete libere le 17 juin.
D'après l'agence DHA, plusieurs autres journalistes depourvus de
carte de presse ont ete interpelles. Le quotidien Hurriyet a mis en
ligne une video documentant des incidents similaires.
Plusieurs professionnels des medias ont vu leurs enregistrements
detruits par la police. Dans la nuit du 15 au 16 juin, le photographe
du quotidien Aksam (Soir) Cem Turkel a ainsi ete contraint d'effacer
les cliches qu'il avait pris d'affrontements survenus dans le quartier
de Harbiye, non loin de Taksim. Un journaliste independant britannique
a raconte a Reporters sans frontières qu'il avait ete interpelle et
place en garde a vue pendant trois heures, dans la nuit du 16 au 17
juin, dans le quartier Osmanbey. Les policiers ne lui ont rendu son
appareil photo et son microphone qu'après avoir supprime tout ce
qu'ils contenaient. Ils ne lui ont pas rendu son carnet de notes,
ni sa carte de presse.
La journaliste Eylem Duzyol a ete agressee a coups de matraque avec
sa collègue Fulya Atalay, alors qu'elle prenait des images a Istanbul
le 16 juin. " Nous travaillions sous leurs yeux depuis le matin. La
police savait pertinemment que nous etions journalistes. J'ai meme
montre ma carte de presse pour les convaincre. Mais ils ont continue a
nous frapper ", a-t-elle raconte a Reporters sans frontières. Les deux
journalistes ont fait part de leur intention de porter plainte. Le meme
jour, le journaliste de Today's Zaman, Abdullah Ayasun, a rapporte
sur son compte Twitter qu'il avait ete frappe au visage et plaque
au sol pendant trois minutes par des policiers qui lui avaient "
presque casse le bras ", bien qu'il leur ait montre sa carte de presse.
Les journalistes etrangers n'ont pas ete epargnes par ce deferlement
de violence. Le 14 juin 2013, le journaliste russe Arkady Babtchenko
a ete brutalement interpelle alors qu'il photographiait des voitures
de police sur la place Taksim. Il a passe la nuit en garde a vue,
et se deplace avec difficulte du fait des coups recus aux jambes. La
correspondante de la redaction hispanophone de la chaîne Russia Today,
Alexandra Bondarenko, a ete atteinte par une balle en caoutchouc alors
qu'elle couvrait les affrontements dans la soiree du 15 juin. Paulo
Moura, du quotidien portugais Publico, a ete passe a tabac par des
policiers le 16 juin.
Selon certains temoignages, les professionnels des medias ont egalement
ete pris pour cible ce weekend par des tirs de gaz lacrymogène a
Ankara, alors qu'ils couvraient les protestations près de la place
Kizilay.
L'Association turque des journalistes (TGC) a demande au gouverneur
d'Istanbul et aux chefs de la police de mettre un terme aux
interpellations de journalistes, et estime que les menaces du Premier
ministre a l'encontre des medias " mettaient en peril la securite des
journalistes ". Reporters sans frontières partage cette inquietude :
a chacun des discours tenus devant ses partisans ce weekend, Recep
Tayyip Erdogan s'en est pris aux medias internationaux, accuses de
couvrir les evenements de facon biaisee, et a promis de sanctionner
ceux qui s'etaient livres " a la provocation et a la desinformation
" dans les medias comme sur les reseaux sociaux.
Le bilan des violences subies par les journalistes depuis le debut du
mouvement de protestation evolue constamment a la hausse. Reporters
sans frontières a appris que le reporter americain Jake Price (BBC in
Pictures) avait ete touche par un projectile alors qu'il prenait des
photos près du parc Gezi, le 11 juin. Le meme jour, le directeur du
service de l'information du quotidien islamiste Zaman, Ibrahim Dogan,
avait ete atteint au bras par une grenade lacrymogène lancee par la
police. Il a ete hospitalise a l'hôpital de Taksim avec un bras casse.
Cihan Acar (Zaman) et Can Sisman (Milliyet) ont egalement ete blesses
par des tirs de grenades lacrymogènes. Le premier a un bras casse,
le second a dû subir quatre points de suture a l'arrière du crâne. Le
11 juin, deux reporters canadiens de CBC, Sasa Petricic et Derek
Stoffel ont ete interpelles et places en garde a vue pendant une
journee alors qu'ils travaillaient sur la place Taksim.
Retour a la rubrique
Source/Lien : Reporters Sans Frontières
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=73583
Publie le : 18-06-2013
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propose cette information publiee sur le site des Reporters Sans
Frontières le 17 juin 2013.
Legende photo : @Hamza Aktan
Reporters Sans Frontières
Turquie
" Occupy Gezi " : Dechaînement de violence policière contre les
journalistes
Publie le lundi 17 juin 2013.
Reporters sans frontières condamne fermement les brutalites et
interpellations arbitraires dont sont victimes les journalistes qui
couvrent la repression des manifestations antigouvernementales en
Turquie. Au moins huit representants des medias ont ete interpelles
par la police, le 16 juin 2013 a Istanbul. Les violences se sont
largement multipliees après la prise d'assaut du parc Gezi par les
forces de l'ordre, a Istanbul, dans la soiree du 15 juin 2013. Les
journalistes ont ete largement tenus a distance de l'operation et
l'accès a la place Taksim etait interdit a tous les professionnels
des medias depourvus de carte de presse.
" Nous sommes extremement inquiets du caractère de plus en plus
systematique des violences policières. Cette brutalite evoque bien
davantage une revanche sans limite que le maintien de l'ordre. Il
est inacceptable que les journalistes soient deliberement pris pour
cible, empeches de faire leur travail et passes a tabac par des
policiers censes les proteger. Les interpellations illegales doivent
immediatement prendre fin, et des enquetes doivent imperativement
etre diligentees pour sanctionner les auteurs de ces abus ", a
declare Reporters sans frontières. " Les autorites doivent clairement
condamner ces agissements et cesser de prendre les medias comme boucs
emissaires dans leurs discours, sans quoi elles donneront l'impression
d'encourager ces debordements ", a-t-elle ajoute.
Le journaliste de la chaîne pro-kurde IMC TV Gokhan Bicici, son
cameraman Okan Altunkara, les reporters de l'agence de presse Dogan
(DHA) Ferhat Uludaglar et Ugur Can, le cameraman de la chaîne
nationaliste Ulusal Kanal Emre Fidan, ainsi que le reporter du
quotidien Aydinlik Aslan Sahan, ont ete interpelles le 16 juin alors
qu'ils couvraient les affrontements entre les forces de l'ordre et
certains manifestants dans divers quartiers d'Istanbul. Les policiers
ont arrache le masque a gaz de Gokhan Bicici, saisi son iPad et l'ont
longuement traîne a terre. Aux dernières nouvelles, il etait toujours
en garde a vue, de meme que le photographe freelance italien Daniele
Stefanini, blesse et arrete hier. Ugur Can et Okan Altunkara ont ete
rapidement remis en liberte. Uludaglar a ete libere le 17 juin.
D'après l'agence DHA, plusieurs autres journalistes depourvus de
carte de presse ont ete interpelles. Le quotidien Hurriyet a mis en
ligne une video documentant des incidents similaires.
Plusieurs professionnels des medias ont vu leurs enregistrements
detruits par la police. Dans la nuit du 15 au 16 juin, le photographe
du quotidien Aksam (Soir) Cem Turkel a ainsi ete contraint d'effacer
les cliches qu'il avait pris d'affrontements survenus dans le quartier
de Harbiye, non loin de Taksim. Un journaliste independant britannique
a raconte a Reporters sans frontières qu'il avait ete interpelle et
place en garde a vue pendant trois heures, dans la nuit du 16 au 17
juin, dans le quartier Osmanbey. Les policiers ne lui ont rendu son
appareil photo et son microphone qu'après avoir supprime tout ce
qu'ils contenaient. Ils ne lui ont pas rendu son carnet de notes,
ni sa carte de presse.
La journaliste Eylem Duzyol a ete agressee a coups de matraque avec
sa collègue Fulya Atalay, alors qu'elle prenait des images a Istanbul
le 16 juin. " Nous travaillions sous leurs yeux depuis le matin. La
police savait pertinemment que nous etions journalistes. J'ai meme
montre ma carte de presse pour les convaincre. Mais ils ont continue a
nous frapper ", a-t-elle raconte a Reporters sans frontières. Les deux
journalistes ont fait part de leur intention de porter plainte. Le meme
jour, le journaliste de Today's Zaman, Abdullah Ayasun, a rapporte
sur son compte Twitter qu'il avait ete frappe au visage et plaque
au sol pendant trois minutes par des policiers qui lui avaient "
presque casse le bras ", bien qu'il leur ait montre sa carte de presse.
Les journalistes etrangers n'ont pas ete epargnes par ce deferlement
de violence. Le 14 juin 2013, le journaliste russe Arkady Babtchenko
a ete brutalement interpelle alors qu'il photographiait des voitures
de police sur la place Taksim. Il a passe la nuit en garde a vue,
et se deplace avec difficulte du fait des coups recus aux jambes. La
correspondante de la redaction hispanophone de la chaîne Russia Today,
Alexandra Bondarenko, a ete atteinte par une balle en caoutchouc alors
qu'elle couvrait les affrontements dans la soiree du 15 juin. Paulo
Moura, du quotidien portugais Publico, a ete passe a tabac par des
policiers le 16 juin.
Selon certains temoignages, les professionnels des medias ont egalement
ete pris pour cible ce weekend par des tirs de gaz lacrymogène a
Ankara, alors qu'ils couvraient les protestations près de la place
Kizilay.
L'Association turque des journalistes (TGC) a demande au gouverneur
d'Istanbul et aux chefs de la police de mettre un terme aux
interpellations de journalistes, et estime que les menaces du Premier
ministre a l'encontre des medias " mettaient en peril la securite des
journalistes ". Reporters sans frontières partage cette inquietude :
a chacun des discours tenus devant ses partisans ce weekend, Recep
Tayyip Erdogan s'en est pris aux medias internationaux, accuses de
couvrir les evenements de facon biaisee, et a promis de sanctionner
ceux qui s'etaient livres " a la provocation et a la desinformation
" dans les medias comme sur les reseaux sociaux.
Le bilan des violences subies par les journalistes depuis le debut du
mouvement de protestation evolue constamment a la hausse. Reporters
sans frontières a appris que le reporter americain Jake Price (BBC in
Pictures) avait ete touche par un projectile alors qu'il prenait des
photos près du parc Gezi, le 11 juin. Le meme jour, le directeur du
service de l'information du quotidien islamiste Zaman, Ibrahim Dogan,
avait ete atteint au bras par une grenade lacrymogène lancee par la
police. Il a ete hospitalise a l'hôpital de Taksim avec un bras casse.
Cihan Acar (Zaman) et Can Sisman (Milliyet) ont egalement ete blesses
par des tirs de grenades lacrymogènes. Le premier a un bras casse,
le second a dû subir quatre points de suture a l'arrière du crâne. Le
11 juin, deux reporters canadiens de CBC, Sasa Petricic et Derek
Stoffel ont ete interpelles et places en garde a vue pendant une
journee alors qu'ils travaillaient sur la place Taksim.
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