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Turquie : RSF Denonce Un " Climat De Chasse Aux Medias "

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    TURQUIE : RSF DENONCE UN " CLIMAT DE CHASSE AUX MEDIAS "

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=73749
    Publie le : 21-06-2013

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
    invite a lire cette information publiee sur le site des Reporters
    Sans Frontières le 19 juin 2013.

    Photo: Today's Zaman

    Reporters Sans Frontières

    Turquie

    Publie le mercredi 19 juin 2013.

    Reporters sans frontières est a nouveau vivement preoccupee
    par la reponse repressive des autorites turques au mouvement de
    protestation antigouvernementale qui traverse le pays depuis près de
    trois semaines. Depuis la prise d'assaut par la police du parc Gezi
    d'Istanbul, le 15 juin 2013, le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan
    multiplie les declarations agressives a l'egard des organisateurs
    du mouvement, de ses sympathisants et de ceux qui ont relaye des
    informations a ce sujet. Tous sont accuses d'avoir agi sur injonction
    d'" acteurs exterieurs ", voire en collusion avec des " organisations
    terroristes ", dans le but de destabiliser le pays. Les operations
    de police en cours suggèrent que les autorites n'entendent pas en
    rester aux mots.

    " La criminalisation du mouvement de contestation s'accompagne d'un
    climat inacceptable et dangereux de chasse aux medias. Nous demandons
    des explications urgentes quant a l'interpellation de plusieurs
    journalistes ces derniers jours. Les perquisitions recurrentes aux
    domiciles de journalistes et dans les locaux de medias violent le
    principe de la protection des sources, pierre angulaire de la liberte
    de la presse ", a declare Reporters sans frontières.

    " L'incitation a la violence et a la haine doit bien sûr etre punie.

    Mais la rhetorique actuelle du gouvernement laisse craindre que cette
    necessite ne serve de pretexte a une vengeance politique contre les
    journalistes critiques. Les autorites turques doivent cessent d'agiter
    les theories du complot et de s'en prendre aux medias et aux reseaux
    sociaux. "

    Coup de filet contre des journalistes d'extreme gauche

    Le 18 juin au petit matin, la police antiterroriste d'Istanbul a
    perquisitionne des dizaines d'adresses, dont les locaux de l'agence
    de presse Etkin (ETHA), officiellement dans le cadre d'une enquete
    contre le Parti communiste marxiste leniniste (MLKP, illegal).

    Les domiciles de Sedat Senoglu, coordinateur de la publication de
    l'hebdomadaire d'extreme gauche Atilim, et de Selvi Cosar, employee de
    la radio d'Istanbul Ozgur Radyo, ont ainsi ete perquisitionnes. Les
    deux journalistes sont toujours en garde a vue. Les domiciles de
    la directrice d'ETHA, Derya Okatan, et celui de la redactrice de
    l'agence, Arzu Demir, ont aussi ete vises. ETHA affirme que les deux
    journalistes sont actuellement confinees a leur domicile, mais on
    ignore si elles vont etre interpellees. D'après l'agence, la police
    detiendrait une liste de 90 suspects soupconnes de collusion avec
    des groupuscules terroristes.

    Le ministre de l'Interieur, Muammer Guler, a declare que 62 personnes
    avaient ete interpellees a Istanbul et 23 a Ankara dans le cadre de
    cette operation policière. Ce coup de filet interviendrait dans le
    cadre de l'enquete menee depuis un an sur le MLKP par le procureur
    d'Ankara charge des affaires de terrorisme. Mais les suspects seraient
    aussi soupconnes d'avoir endommage des biens publics et incite a
    la violence contre des policiers, dans le cadre du mouvement de
    protestation " Occupy Gezi ".

    Nouveaux abus policiers et manipulation de l'information

    Les journalistes turcs et etrangers continuent d'etre victimes de
    violences de la part des forces de l'ordre, notamment a Istanbul,
    où le mouvement de protestation antigouvernementale a debute le
    31 mai dernier. Deux cameramen de la chaîne qatarie Al-Jazeera,
    Kemal Sogukdere et Alper Cakici, ont ete agresses le 17 juin par des
    policiers, non loin de la place Taksim.

    Le journaliste de la chaîne pro-kurde IMC TV Gokhan Bicici et
    le cameraman de la chaîne nationaliste Ulusal Kanal Emre Fidan,
    ont ete remis en liberte le 18 juin, deux jours après leur brutale
    interpellation a proximite du parc Gezi. La journaliste de Today's
    Zaman, Rumeysa Kiger, a ete interpellee quelques heures le 18
    juin, alors qu'elle passait sur la place Taksim pour se rendre a
    un rendez-vous.

    nfin, le quotidien Takvim a consacre la couverture de son numero
    du 18 juin 2013 a une interview fictive de la journaliste de CNN
    International, Christiane Amanpour. Dans ce pseudo-entretien,
    titre " La sale confession ", Takvim faisait avouer a la celèbre
    journaliste que CNN avait deliberement adopte une couverture biaisee
    des protestations en Turquie, " pour de l'argent " et " sous la
    pression de lobbies internationaux ". Suite a la publication de ce
    numero, l'Association turque des journalistes (TGC) a condamne ce
    qu'elle estime constituer une " violation grave du code d'ethique de
    la profession ". Du fait de l'autocensure de certains grands medias
    turcs aux premiers jours du mouvement de contestation, CNN et d'autres
    chaînes internationales sont devenues très populaires en Turquie,
    ce qui leur vaut des attaques recurrentes du gouvernement turc.

    Les reseaux sociaux dans le collimateur

    Reporters sans frontières est inquiète de l'annonce par le ministre
    de l'Interieur, le 17 juin 2013, de nouvelles mesures visant a lutter
    contre la diffusion d'informations " fausses ou provocatrices " sur
    les reseaux sociaux, suite a leur usage massif par les manifestants
    ces dernières semaines. L'organisation suivra de près les arbitrages
    du gouvernement a ce sujet. Si le ministre a pris soin de preciser que
    la liberte d'expression ne serait pas limitee par une nouvelle loi,
    son initiative suscite l'inquietude au regard des amalgames effectues
    par le gouvernement. L'incitation a la violence est deja punie par
    la legislation en vigueur, qui s'applique aux reseaux sociaux.

    Depuis l'evacuation manu militari du parc Gezi dans la soiree du 15
    juin, le mouvement de contestation a perdu du souffle mais tente
    de trouver de nouvelles formes : des individus se tiennent debout
    silencieusement dans des lieux publics en signe de protestation
    pacifique, des " forums " sont organises chaque soir dans de nombreux
    parcs du pays... Les affrontements avec la police se poursuivent
    de facon sporadique, comme la nuit dernière a Eskisehir (Anatolie
    centrale).

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    Source/Lien : Reporters Sans Frontières

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