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La quête scientifique de l'origine des vins passe par le sud-est de

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    REVUE DE PRESSE
    La quête scientifique de l'origine des vins passe par le sud-est de la Turquie


    Il existe sans doute des endroits plus accueillants pour la
    viticulture que les paysages désolés du sud-est de la Turquie. Mais
    l'enquête menée par José Vouillamoz est formelle. C'est sûrement ici
    que les ancêtres de nos vignerons ont pressé du raisin pour produire
    le premier vin de l'histoire, il y a près de 10.000 ans.

    Botaniste de formation, José Vouillamoz s'est lancé sur la piste des
    origines du vin il y a près de dix ans. Avec un spécialiste de
    biologie moléculaire, Patrick McGovern, il ausculte l'ADN des vignes
    domestiques et sauvages du monde entier.

    `Nous avons commencé par collecter des échantillons de vignes dans ce
    que j'appelle le Proche-Orient, c'est-à-dire l'Anatolie, l'Arménie et
    la Géorgie, pour déterminer à quel endroit le raisin sauvage était,
    génétiquement parlant, le plus proche des variétés de raisins
    cultivés`, explique M. Vouillamoz.

    `Il s'est avéré que c'était le sud-est de l'Anatolie`, ajoute le
    scientifique suisse, `nous avançons donc l'hypothèse que c'est très
    probablement à cet endroit que la vigne a été domestiquée pour la
    première fois`.

    Ce postulat est étayé par les travaux de son partenaire Patrick
    McGovern. Réalisées au laboratoire du musée de l'université de
    Pennsylvanie, ses analyses de résidus de liquides retrouvés sur des
    bateaux antiques ont elles aussi conclu à l'origine anatolienne des
    grands crus d'aujourd'hui.

    Auteur de deux ouvrages intitulés `En débouchant le passé` et `Le vin
    ancien`, le scientifique américain a eu recours à une technique
    chimique originale, qui permet de détecter dans les fragments de
    poterie d'infimes quantités d'acide tartrique, dont le raisin est la
    seule source connue au Moyen-Orient.

    Si la Géorgie, l'Arménie et l'Iran ont tous joué un rôle dans la
    naissance du vin, ses résultats préliminaires suggèrent que c'est bien
    dans le sud-est de l'actuelle Turquie que les premières grappes de
    Vitis vinifera ont été cultivées, approximativement entre 5.000 et
    8.500 ans avant notre ère.

    Héritage menacé

    Par séquençage ADN, les deux chercheurs sont parvenus à reconstituer
    l'arbre généalogique de centaines de cépages actuels. Tous descendent
    de treize variétés d'un raisin sauvage cultivées dans la partie
    anatolienne du `croissant fertile`, la vaste zone qui s'étend de
    l'Iran et de l'Irak actuels à la vallée du Nil et est considérée comme
    le berceau historique de l'agriculture.

    Selon José Vouillamoz, cette découverte contredit la théorie
    généralement acceptée selon laquelle la plupart des cépages d'Europe
    occidentale ont été introduits séparément du Moyen-Orient, du
    Proche-Orient, de Turquie, d'Egypte ou de Grèce.

    Et le scientifique de citer en exemple le cas du Gouais blanc, qu'il a
    baptisé le `Casanova du raisin`. `Celui-ci a donné naissance à au
    moins 80 variétés européennes, comme le Chardonnay, le Gamay et le
    Riesling`, explique le Suisse, qui a récemment publié une somme
    recensant 1.368 variétés de raisin.

    Arrivé de Californie en Turquie en 2006, le vigneron américain Daniel
    O'Donnell est particulièrement fier d'exercer aujourd'hui son art dans
    ce qui apparaît comme le berceau historique du vin. `Venir ici et y
    trouver des vins génétiquement vieux de 8.000 ou 9.000 ans, c'est un
    peu comme faire un pèlerinage`, se réjouit le maître de chai de
    l'entreprise vinicole turque Kayra.

    Mais, à peine établi, cet héritage est déjà menacé. Tout autour de la
    région de Diyarbakir (sud-est de la Turquie), le phylloxera fait des
    ravages dans les vignes qui n'ont pas été génétiquement modifiées pour
    résister à ce parasite qui a fait détruit les vignes européennes au
    XIXe siècle.

    `Malheureusement, le phylloxera est arrivé. Et chaque année nous
    voyons la vigne mourir`, se désole Murat Uner, le responsable de
    l'entreprise Kayra, `nous l'avons expliqué aux producteurs mais ils ne
    veulent pas nous entendre`.

    Ce phénomène inquiète déjà José Vouillamoz. `Les Turcs ont une chance
    incroyable de disposer d'une telle variété de vignes`, souligne-t-il,
    `cette diversité n'existe plus dans de nombreux autres régions`.

    AFP

    dimanche 3 mars 2013,
    Stéphane ©armenews.com


    From: Baghdasarian
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