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Quant le choeur de Geghard révèle le divin

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    L' Orient-Le Jour, Liban
    Jeudi 28 Février 2013

    Quant le choeur de Geghard révèle le divin



    À la cathédrale Saint-Louis des capucins, le choeur vocal féminin du
    monastère de Geghard a interprété a cappella un magnifique répertoire
    de chants sacrés arméniens et européens. Plus de 90 minutes d'une
    sublime beauté.

    Il était très difficile ce soir-là d'applaudir après chaque chant,
    d'autant que toute prestation vocale plongeait le public dans un
    moment de contemplation.

    Encore plus difficile de ne pas applaudir, car comment ne pas exprimer
    cette joie contenue à l'écoute de ces voix divines?
    Le choeur vocal féminin vient de la profonde Arménie et, plus
    précisément, de ce monastère de Geghard enfoui dans les montagnes.

    De cette Arménie qui a été la première nation à adopter officiellement
    le christianisme (301 après J-C).

    C'est grce à la création de l'alphabet arménien par Mesrob Machtots
    en 405 après J-C qu'a été permise la transmission des textes
    liturgiques.

    Quant à la musique religieuse arménienne, elle provient principalement
    de deux manuscrits des IVe et Ve siècles : le Jamakirk (bréviaire) qui
    rassemble les hymnes de la liturgie et le Charag'nots (rituel),
    regroupant les hymnes chantés aux différentes fêtes de l'année.

    Jusqu'au Xe siècle, le chant sacré arménien restera sobre, avec des
    mélodies syllabiques et des textes proches de la doctrine.

    Si, plus tard, les hymnes s'enrichissent poétiquement et musicalement,
    la musique sacrée reste pourtant liturgique jusqu'à ce que le père
    Komitas introduise la polyphonie à la fin du XIXe siècle.

    Mais quelles que soient les modifications subies au cours des années,
    cette musique demeure le reflet de la vie au quotidien du citoyen
    arménien et de sa spiritualité.

    Elle imprègne presque sa chair et son coeur.

    Dans sa structure et ses textes, elle raconte la douleur de ce peuple
    si longtemps meurtri.

    Tout ce qu'il y a de divin...
    C'est ce qu'a révélé ce soir-là le choeur composé de huit femmes avec,
    pour directeur artistique, Mher Navoyan.

    En arc de cercle devant l'autel, éclairés par des bougies et quelques
    lumières indirectes et face à l'audience, les interprètes aux voix
    divines, dirigés par Anahit Papayan, ont entonné surtout des
    «sharagans» (hymne), des «daghs» (ode) et des chants de la liturgie
    divine.

    La musique traditionnelle arménienne se distingue de l'occidentale par
    ses sonorités, mais aussi par sa structure.

    Elle est construite sur des modes mélodiques qui lui sont propres,
    sans aucune relation avec les modes majeurs et mineurs de la musique
    occidentale.

    C'est pour marquer cette différence que le choeur a présenté dans une
    première partie des Ave Maria de Mozart, de Claudio Monteverdi ou
    encore de Marie-Line Rivière, ainsi que des morceaux de Brahms et de
    William Byrd, toujours en hommage à la Vierge Marie.

    Les deux dernières compositions étaient dédiées aux victimes du
    massacre Khodjaly en Azebaïdjan qu'on célèbre durant la messe tous les
    27 février, dira Anahit Papayan.

    Après un intervalle de vingt minutes, la seconde partie introduisait
    l'audience dans ce qui semblait traduire l'identité arménienne.

    Les chanteuses avaient échangé d'ailleurs leurs robes noires contre un
    costume traditionnel.

    Les suppliques à la Vierge, notamment celles composées par Movses
    Khorenatsi ou même les chants médiévaux d'anonymes, étaient soit
    interprétées solo, soit par cette polyphonie de voix indépendantes et
    pourtant liées les unes aux autres par ces règles qu'on appelle
    l'harmonie.

    Des hymnes à la joie, mais aussi d'autres entonnés le vendredi saint
    et qui confortent l'homme dans tout ce qu'il a de bon et de
    merveilleux en lui.

    Droits de reproduction et de diffusion réservés.

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