La liberté d'expression en Azerbaïdjan
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=71940
Publié le : 08-03-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - La publication de > par l'écrivain azerbaïdjanais Akram Aylisli a eu des
répercussions très graves sur la vie de l'auteur qui a été déchu de
ses titres honorifiques et de sa pension. Bien qu'Aylisli soit
considéré comme >, son oeuvre a suscité
l'indignation en Azerbaïdjan car elle présente les Arméniens sous un
jour positif et est axée essentiellement sur la violence
azerbaïdjanaise, dans le cadre de la guerre du Haut-Karabagh. Si
certains, en Azerbaïdjan, pensent qu'il faudrait suivre une telle
démarche pour consolider la paix avec l'Arménie, d'autres estiment
qu'il aurait fallu également représenter la violence arménienne. Pour
Aylisli, il s'agit avant tout d'ouvrir la voie et de laisser ses
homologues arméniens construire à leur tour un chemin vers la vérité.
En filigrane, on devine la rhétorique en vigueur en Azerbaïdjan, selon
laquelle le massacre de Khodjaly serait imputable aux Arméniens :
est-ce une manière pour l'auteur de > ? Le Collectif
VAN vous propose la traduction d'un article écrit par Daisy Sindelar
le 8 février 2013 sur Radio Free Europe - Radio Liberty.
Légende photo: L'écrivain azerbaïdjanais Akram Aylisli, Photo: Azadllq
Radiosu(RFE/RL)
En Azerbaïdjan, colère contre un auteur, mais pas nécessairement
contre ses arguments
Radio Free Europe - Radio Liberty
Daisy Sindelar
8 février 2013
Pour accompagner cette traduction, il est bon de visionner un
reportage sous-titré en anglais qui donne la parole aux acteurs
présents sur le terrain du conflit du Haut-Karabagh en février 1992
(journalistes, hommes politiques, combattants). La vidéo, récemment
postée sur YouTube, retrace avec précision la prise de Khodjaly par
les combattants arméniens et montre la responsabilité du Front
Populaire d'Azerbaïdjan dans le massacre prémédité de la population
civile azérie.
VIDEO
Between hunger and fire: power at the expense of lives (Nagorno Karabagh)
L'oeuvre de toute une vie vient de s'écrouler cette semaine pour
l'auteur azerbaïdjanais Akram Aylisli qui a été déchu de ses titres
honorifiques et de sa pension après avoir écrit un roman intitulé > qui présente le rival régional arménien sous un jour
sympathique.
Mais dans ce contexte d'indignation à propos de l'oeuvre d'Aylisli, un
dialogue plus calme a également vu le jour grce à de nombreux Azéris
qui demandent des mesures pour assurer la paix avec l'Arménie.
Les relations entre Bakou et Erevan sont profondément conflictuelles,
envenimées par une haine consumante au sujet de la guerre de six ans
du Haut-Karabagh, une région séparatiste majoritairement arménienne
située sur le territoire azerbaïdjanais.
> publié récemment dans le journal littéraire russe
> qui se traduit, de façon ironique, par > a suscité de l'amertume en décrivant uniquement les
attaques des Azéris contre les Arméniens, notamment les pogroms à
Bakou et à Sumgaït. Les attaques arméniennes à l'encontre des Azéris,
telles que le massacre de Khodjaly en février 1992, sont manifestement
ignorées [Nota CVAN : la journaliste reprend la rhétorique en vigueur
en Azerbaïdjan, selon laquelle le massacre de Khodjaly serait
imputable aux Arméniens. A ce sujet, voir le documentaire présenté
plus haut].
Mais même certains Azéris, parmi lesquels Gunel Movlud, une poète
azerbaïdjanaise de 31 ans et une réfugiée du Karabagh, qui ont
souffert durant la guerre se sont manifestés pour faire l'éloge du
livre d'Alylisli.
> a dit Aylisli.
La répression est allée encore plus loin : en effet, on a demandé au
fils d'Aylisli, un puissant agent des douanes, de démissionner de son
poste, et le Thétre national dramatique de Bakou a annulé la
représentation tant attendue de la pièce d'Aylisli intitulée montre un portrait à peine voilé de Heydar, père d'Aliyev et
son prédécesseur en tant que président, comme un officiel corrompu qui
achète la loyauté de l'intelligentsia de Bakou avec des appartements
gratuits. Et un manuscrit plus récent intitulé >
qui a seulement été publié sous forme de samizdat, soumettrait les
deux Aliyev à une critique satirique virulente.
Mais la vague de soutien à Aylisli a même forcé le gouvernement à
s'éloigner lentement de sa position querelleuse à l'égard d'Erevan.
Beaucoup d'Azéris ont été étonnés le 7 février lorsque la station de
télévision publique du pays a diffusé un débat en direct sur la
question arménienne. Le débat représentait de nombreux échanges
conflictuels tels que celui-ci entre Aylisli et Musa Guliyev,
législateur du parti au pouvoir :
Guliyev : Vous avez écrit des choses qui peuvent être utilisées par la
propagande arménienne. Ils disent : >.
Aylisli : Vous faites cela aussi ! Chaque jour, vous maudissez les
Arméniens, mais ensuite vous vous retournez et vous leur dites que
nous devrions vivre ensemble.
La réaction arménienne
La question a été suivie de près en Arménie où les restrictions
imposées à Aylisli ont fourni aux médias locaux une occasion nouvelle
de critiquer le régime azerbaïdjanais.
>, le journal édité en Turquie et anciennement dirigé par Hrant
Dink, le journaliste arménien assassiné, a publié un compte-rendu
cinglant de l'affaire, en remarquant que les pièces d'Aylisli étaient
caractéristiques du paysage thétral de l'Arménie soviétique et en
citant l'écrivain lui-même qui affirme que > était
un message adressé aux Arméniens pour leur dire que >.
Il reste à voir toutefois si un auteur arménien relèvera le défi lancé
par Aylisli à ses homologues littéraires de l'autre côté de la
frontière. La semaine dernière, Aylisli s'est exprimé et a dit qu'il
avait volontairement choisi d'axer son oeuvre sur la violence
azerbaïdjanaise et que c'était >
de suivre l exemple.
>
Traduction de l'anglais par Tigran Mheryan pour le Collectif VAN - 08
mars 2013 - 06:10 - www.collectifvan.org
----------------------
Lire aussi:
Azerbaïdjan : haro sur le héros
Azerbaïdjan : un écrivain accusé de >
L'assassin qui valait 3 milliards d'euros
ASALA : le faux grossier diffusé par l'Azerbaïdjan
Aliyev devrait être accueilli à Paris comme 'l'homme à la hache en chef'
Amnesty : le gouvernement d'Azerbaïdjan attise les violences ethniques
Affaire Safarov: confession d'un meurtrier raciste
Indignation face à la remise en liberté du meurtrier azéri
Azerbaïdjan : le tueur à la hache
Affaire Safarov : le Président de l'APCE exprime son inquiétude
L'Azerbaïdjan menace la paix régionale en glorifiant un crime raciste
Azerbaidjan : grce octroyée à M. Safarov
Grce de l'assassin Ramil Safarov : Obama préoccupé
Azerbaïdjan : le pogrom de Soumgaït
Le procès des crimes de Soumgaït (Février 1988)
Les 20 ans du pogrom anti-arménien de Soumgaït
Maragha : Avril, le mois des génocides...
Maragha : Caroline Cox parle du Golgotha contemporain
Des pirates informatiques qui ont des assassins pour héros
Xocali.net : le site qui dénonce la contrefaçon azérie
Azerbaïdjan : appel au piratage informatique
Janvier 1990, les pogroms anti-Arméniens de Bakou
www.xocali.net
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Source/Lien : Radio Free Europe - Radio Liberty
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=71940
Publié le : 08-03-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - La publication de > par l'écrivain azerbaïdjanais Akram Aylisli a eu des
répercussions très graves sur la vie de l'auteur qui a été déchu de
ses titres honorifiques et de sa pension. Bien qu'Aylisli soit
considéré comme >, son oeuvre a suscité
l'indignation en Azerbaïdjan car elle présente les Arméniens sous un
jour positif et est axée essentiellement sur la violence
azerbaïdjanaise, dans le cadre de la guerre du Haut-Karabagh. Si
certains, en Azerbaïdjan, pensent qu'il faudrait suivre une telle
démarche pour consolider la paix avec l'Arménie, d'autres estiment
qu'il aurait fallu également représenter la violence arménienne. Pour
Aylisli, il s'agit avant tout d'ouvrir la voie et de laisser ses
homologues arméniens construire à leur tour un chemin vers la vérité.
En filigrane, on devine la rhétorique en vigueur en Azerbaïdjan, selon
laquelle le massacre de Khodjaly serait imputable aux Arméniens :
est-ce une manière pour l'auteur de > ? Le Collectif
VAN vous propose la traduction d'un article écrit par Daisy Sindelar
le 8 février 2013 sur Radio Free Europe - Radio Liberty.
Légende photo: L'écrivain azerbaïdjanais Akram Aylisli, Photo: Azadllq
Radiosu(RFE/RL)
En Azerbaïdjan, colère contre un auteur, mais pas nécessairement
contre ses arguments
Radio Free Europe - Radio Liberty
Daisy Sindelar
8 février 2013
Pour accompagner cette traduction, il est bon de visionner un
reportage sous-titré en anglais qui donne la parole aux acteurs
présents sur le terrain du conflit du Haut-Karabagh en février 1992
(journalistes, hommes politiques, combattants). La vidéo, récemment
postée sur YouTube, retrace avec précision la prise de Khodjaly par
les combattants arméniens et montre la responsabilité du Front
Populaire d'Azerbaïdjan dans le massacre prémédité de la population
civile azérie.
VIDEO
Between hunger and fire: power at the expense of lives (Nagorno Karabagh)
L'oeuvre de toute une vie vient de s'écrouler cette semaine pour
l'auteur azerbaïdjanais Akram Aylisli qui a été déchu de ses titres
honorifiques et de sa pension après avoir écrit un roman intitulé > qui présente le rival régional arménien sous un jour
sympathique.
Mais dans ce contexte d'indignation à propos de l'oeuvre d'Aylisli, un
dialogue plus calme a également vu le jour grce à de nombreux Azéris
qui demandent des mesures pour assurer la paix avec l'Arménie.
Les relations entre Bakou et Erevan sont profondément conflictuelles,
envenimées par une haine consumante au sujet de la guerre de six ans
du Haut-Karabagh, une région séparatiste majoritairement arménienne
située sur le territoire azerbaïdjanais.
> publié récemment dans le journal littéraire russe
> qui se traduit, de façon ironique, par > a suscité de l'amertume en décrivant uniquement les
attaques des Azéris contre les Arméniens, notamment les pogroms à
Bakou et à Sumgaït. Les attaques arméniennes à l'encontre des Azéris,
telles que le massacre de Khodjaly en février 1992, sont manifestement
ignorées [Nota CVAN : la journaliste reprend la rhétorique en vigueur
en Azerbaïdjan, selon laquelle le massacre de Khodjaly serait
imputable aux Arméniens. A ce sujet, voir le documentaire présenté
plus haut].
Mais même certains Azéris, parmi lesquels Gunel Movlud, une poète
azerbaïdjanaise de 31 ans et une réfugiée du Karabagh, qui ont
souffert durant la guerre se sont manifestés pour faire l'éloge du
livre d'Alylisli.
> a dit Aylisli.
La répression est allée encore plus loin : en effet, on a demandé au
fils d'Aylisli, un puissant agent des douanes, de démissionner de son
poste, et le Thétre national dramatique de Bakou a annulé la
représentation tant attendue de la pièce d'Aylisli intitulée montre un portrait à peine voilé de Heydar, père d'Aliyev et
son prédécesseur en tant que président, comme un officiel corrompu qui
achète la loyauté de l'intelligentsia de Bakou avec des appartements
gratuits. Et un manuscrit plus récent intitulé >
qui a seulement été publié sous forme de samizdat, soumettrait les
deux Aliyev à une critique satirique virulente.
Mais la vague de soutien à Aylisli a même forcé le gouvernement à
s'éloigner lentement de sa position querelleuse à l'égard d'Erevan.
Beaucoup d'Azéris ont été étonnés le 7 février lorsque la station de
télévision publique du pays a diffusé un débat en direct sur la
question arménienne. Le débat représentait de nombreux échanges
conflictuels tels que celui-ci entre Aylisli et Musa Guliyev,
législateur du parti au pouvoir :
Guliyev : Vous avez écrit des choses qui peuvent être utilisées par la
propagande arménienne. Ils disent : >.
Aylisli : Vous faites cela aussi ! Chaque jour, vous maudissez les
Arméniens, mais ensuite vous vous retournez et vous leur dites que
nous devrions vivre ensemble.
La réaction arménienne
La question a été suivie de près en Arménie où les restrictions
imposées à Aylisli ont fourni aux médias locaux une occasion nouvelle
de critiquer le régime azerbaïdjanais.
>, le journal édité en Turquie et anciennement dirigé par Hrant
Dink, le journaliste arménien assassiné, a publié un compte-rendu
cinglant de l'affaire, en remarquant que les pièces d'Aylisli étaient
caractéristiques du paysage thétral de l'Arménie soviétique et en
citant l'écrivain lui-même qui affirme que > était
un message adressé aux Arméniens pour leur dire que >.
Il reste à voir toutefois si un auteur arménien relèvera le défi lancé
par Aylisli à ses homologues littéraires de l'autre côté de la
frontière. La semaine dernière, Aylisli s'est exprimé et a dit qu'il
avait volontairement choisi d'axer son oeuvre sur la violence
azerbaïdjanaise et que c'était >
de suivre l exemple.
>
Traduction de l'anglais par Tigran Mheryan pour le Collectif VAN - 08
mars 2013 - 06:10 - www.collectifvan.org
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Lire aussi:
Azerbaïdjan : haro sur le héros
Azerbaïdjan : un écrivain accusé de >
L'assassin qui valait 3 milliards d'euros
ASALA : le faux grossier diffusé par l'Azerbaïdjan
Aliyev devrait être accueilli à Paris comme 'l'homme à la hache en chef'
Amnesty : le gouvernement d'Azerbaïdjan attise les violences ethniques
Affaire Safarov: confession d'un meurtrier raciste
Indignation face à la remise en liberté du meurtrier azéri
Azerbaïdjan : le tueur à la hache
Affaire Safarov : le Président de l'APCE exprime son inquiétude
L'Azerbaïdjan menace la paix régionale en glorifiant un crime raciste
Azerbaidjan : grce octroyée à M. Safarov
Grce de l'assassin Ramil Safarov : Obama préoccupé
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Le procès des crimes de Soumgaït (Février 1988)
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Maragha : Caroline Cox parle du Golgotha contemporain
Des pirates informatiques qui ont des assassins pour héros
Xocali.net : le site qui dénonce la contrefaçon azérie
Azerbaïdjan : appel au piratage informatique
Janvier 1990, les pogroms anti-Arméniens de Bakou
www.xocali.net
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