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PIEGE A C..., par René Dzagoyan

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    OPINION
    PIEGE A C..., par René Dzagoyan



    Le 26 février 2013, lors de la commémoration des pogroms de Soumgaït à
    l'Assemblée Nationale, deux militants azéris se sont livrés à des
    provocations physiques, dont l'objectif évident était de jeter le
    discrédit sur la communauté arménienne en se faisant passer, comme il
    se doit, pour des victimes de leurs victimes. Quelques jours
    auparavant, dans la nuit du 15 février, c'était à Milan cette fois,
    que les envoyés spéciaux du président Aliev dérobaient les brochures
    et arrachaient les affiches du stand du Haut-Karabagh au Salon du
    Tourisme organisée par la ville italienne, tout en placardant des
    affiches alentour frappées de leur slogan habituel. Inutile ici de
    rappeler l'abjecte mise en scène de la grce présidentielle attribuée
    à l'Azéri dont le seul fait d'arme a été d'assassiner un officier
    arménien dans son sommeil et dont le nom est devenu aujourd'hui
    synonyme d'héroïsme en Azerbaïdjan et de lcheté dans le reste du
    monde.

    Le caractère purement politique de ces événements interdit
    naturellement d'y voir le résultat de simples pulsions spontanées
    d'individus incontrôlables, mais bien la manifestation d'une politique
    concertée dont il convient enfin de déchiffrer les causes et les
    objectifs. Car, enfin, venant d'un Etat qui, grce à ces pétrodollars,
    bénéficient des conseils d'agences de communication expérimentée, à
    quoi ces événements riment-ils ?

    Une des clés de leur explication réside sans doute dans l'impasse où
    se trouve aujourd'hui l'Azerbaïdjan de faire passer dans l'opinion
    publique internationale et ses médias, et delà dans l'espace
    politique, l'image de démocratie occidentale éclairée, bouclier de
    l'anti-islamisme dans le Caucase et victime de cette Etat inféodé à la
    Russie poutinienne, image qui lui permettrait de grignoter l'espace de
    sympathie acquis par l'Arménie et sa Diaspora au cours du temps. Le
    seul hic est que cette stratégie se heurte à un obstacle de taille :
    le 1er prix attribué par l'Organized Crime and Corruption Reporting
    Project à l'homme le plus corrompu de la planète a été attribué au
    président Aliev. En terme d'image toujours, le concours de
    l'Eurovision à Bakou n'a eu pour seul effet que de ternir un peu plus
    l'aura de son clan et Human Rights Watch classe l'Azerbaïdjan parmi
    les pays les plus oppressifs de la région. Ultime humiliation : la
    statue de Geydar Aliev, le père, proclamé génie de l'humanité et
    érigée à ce titre dans un parc de Mexico est déboulonnée. Les millions
    de dollars déversés par son fils Ilham pour redorer le blason de
    l'autocratie pétrolière héritée de papa se soldent par un désastre.
    Alors que faire ?

    Faute de pouvoir rehausser les attraits de leur Etat féodal par une
    propagande digne des meilleurs penseurs du nazisme, les dirigeants
    azéris n'ont plus d'autres issues que de ternir l'image de leur
    adversaire : l'Arménien, où qu'il se trouve. Les manifestations
    azéries en France ou en Italie sont des bides ? Qu'importe.
    Pourrissons les manifestations arméniennes. Les commémorations
    azéries, notamment celle de Khodjalou organisée à Paris, passent
    inaperçues ? Qu'importe. Dévalorisons celles de Soumgaït. Les seuls
    touristes en Azerbaïdjan sont ceux que l'on paie pour les attirer ?
    Qu'importe. Saccageons les stands de tourisme du Karabagh. Quand on
    n'a plus rien à vendre, il faut empêcher l'autre de gagner des parts
    de marché. Désormais, l'Azerbaïdjan n'a plus d'autre tactique.

    Aussi, dans les jours et dans les mois qui viennent, à défaut de
    proposer des actions positives qui permettraient de mettre
    l'Azerbaïdjan en valeur (on se demande bien ce qu'ils pourraient
    trouver), les manifestations arméniennes deviendront le seul point
    d'appui à la propagande azérie avec pour tactique d'entraîner la
    communauté arménienne vers le seul terrain qu'il leur soit familier :
    la violence et avec pour objectif de translater l'action arménienne de
    son terrain traditionnel, le terrain politique, vers une problématique
    interethnique.

    A l'approche du centennaire du Génocide, il est évident que tomber
    dans le piège de l'ethnicisation de la question arménienne serait
    mortel pour notre cause. Aussi, la seule interrogation est de savoir
    si les organisations arméniennes qui se revendiquent (et parfois à
    titre exclusif) de l'action politique en France sauront éviter ce
    piège. Des événements récents prouvent que non, en tout cas pas
    toujours. Comme aurait pu le dire Pierre Dac, la question fondamentale
    qui s'impose quand l'on tombe dans un piège à c..., est de savoir ce
    que l'on est.

    René Dzagoyan
    Paru dans Azad Magazine

    samedi 9 mars 2013,
    Ara ©armenews.com




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