A.Y. YEGHERIAN : DRAPEAU ROUGE SUR L'ARARAT
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=71976
Publie le : 11-03-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
presente un article traduit le 1er mars 2013 par Georges Festa pour le
site "Armenian Trends - Mes Armenies", d'après un article en anglais
de Daphne Abeel publie dans le journal The Armenian Mirror-Spectator.
Armenian Trends - Mes Armenies
vendredi 1 mars 2013
© Gomidas Institute, 2013
Reportage en Armenie sovietique
A.Y. Yegherian The Red Flag at Ararat [Drapeau rouge sur l'Ararat]
Londres : Gomidas Institute, 2013, 132p.
par Daphne Abeel
The Armenian Mirror-Spectator, 02.03.2013
L'auteur de ce recit, Aghavnie Yeghia Yegherian, est nee en Turquie
ottomane en 1895, grandit a Constantinople et partit a 20 ans pour
les Etats-Unis en 1915, au moment meme du genocide armenien. Elle
y etudia le travail et le droit social, se specialisant dans les
questions d'immigration, puis entreprit en 1931 un voyage en Armenie
afin de decouvrir ce qui se passait dans la terre de ses ancetres
sous le pouvoir sovietique.
The Red Flag at Ararat relate ce qu'elle vecut et fut publie pour la
première fois en 1932. Il est aujourd'hui reedite avec une nouvelle
introduction due a l'historien Pietro A. Shakarian, lequel note
qu'il s'agit la du premier ouvrage publie en anglais sur l'Armenie
sovietique.
Comme Yegherian le precise dans sa preface a l'edition originale :
" Il ne s'agit pas d'un expose de la theorie marxiste et de son
mecanisme. [...] Il s'agit du recit des experiences d'un voyageur. Un
recit personnel et deliberement concu comme tel, car je suis convaincue
qu'aucun auteur, pour impartiale que soit son approche, ne peut etre
totalement objectif a notre epoque, quant a evaluer l'experience
sovietique. "
Dès le debut, neanmoins, elle pose des questions fondamentales sur
ce nouveau regime. Est-il possible pour une societe d'etre morale, en
l'absence de religion ? Une culture valable peut-elle se developper,
en l'absence de liberte individuelle ?
Elle prend le train d'Helsinki pour Leningrad (l'actuelle
Saint-Petersbourg), poursuivant son periple de Leningrad a Moscou et
finalement Erevan. Sa première vision est celle d'un soldat rouge et
d'un drapeau rouge. Ses premières impressions ont trait a la foule en
haillons, debraillee, attendant a la gare de Leningrad et des portraits
de Lenine partout. Elle gagne rapidement les hauts lieux de la ville -
la perspective Nevski et le Palais d'hiver - et, après un bref sejour
a Moscou, decide de quitter son groupe de touristes pour voyager a
son compte en Armenie.
Dans le train, elle rencontre un melange detonant de voyageurs :
un Anglais, deux Francaises, des Turcs, des Georgiens et des Armeniens.
Tous se lancent dans des debats fievreux sur les merites du capitalisme
oppose au marxisme. Lorsque Yegherian, demande pourquoi il doit y
avoir autant de souffrances et de privations dans la mise en place
du communisme, le groupe lui repond : " Parce qu'on doit reussir
rapidement ! Sinon, l'ennemi nous rattrapera ! On est isoles, on est
cernes par le monde capitaliste et on doit etre prepares, avant qu'ils
ne soient prets a nous attaquer ! "
Elle marque une brève halte a Bakou où, a cette epoque, existe une
nombreuse communaute armenienne, outre les Tatars, les Russes, les
Turcs et les Perses, lesquels tentent tous d'assimiler les dogmes du
communisme - " la fraternite universelle des travailleurs du monde
entier " et " l'egalite entre les races. "
Elle s'arrete aussi brièvement a Tiflis (Tbilissi), où elle visite
une immense centrale electrique, construite par les Sovietiques,
et aussi une partie de la ville ancienne.
Franchir la frontière separant la Georgie de l'Armenie constitue
une experience transcendante pour notre voyageuse. De nos jours, des
lecteurs armeniens pourraient s'etonner de son approche enthousiaste
du système sovietique dans la patrie de ses ancetres. Elle s'exclame :
" Le reve d'une Armenie libre que caressaient nos poètes a enfin vu le
jour sous le regime sovietique ! Cette terre ancienne est maintenant
l'une des republiques federees de l'URSS, et comme maillon d'une
chaîne puissante, s'eprouve aussi forte que cette chaîne. "
Le système sovietique se revela finalement cruel et repressif, mais
pour beaucoup, sinon la plupart des Armeniens qui vivaient la, et
aussi pour la diaspora, la nouvelle Republique d'Armenie est alors
consideree comme un vecteur d'opportunites et de progrès.
Dans les annees 1930, Erevan est une ville a ses debuts, mais Yegherian
voit a l'~\uvre son architecte, Alexandre Tamanian ; elle observe
les plans de la ville nouvelle devant etre bâtie autour du Theâtre
National, ainsi que les nouveaux edifices publics deja construits
dans ce tuf autochtone, rose et gris.
Partout, elle est frappee par l'accent mis sur le rôle et l'importance
du travailleur.
Sujet qui l'interesse de près, savoir comment le peuple armenien arrive
a preserver son identite nationale dans un système de gouvernement
qui met en valeur la fraternite a travers le monde. Elle ecrit :
" Les enjeux doivent etre idealement equilibres entre culte de la
nationalite, allegeance a l'Union et foi internationale dans le
communisme. "
Yegherian est manifestement impressionnee par les efforts des
Sovietiques pour promouvoir l'industrie et developper l'enseignement.
Une grande part de l'enseignement est d'ordre technique et inclut des
formations qui aident les elèves a obtenir un emploi, une fois leurs
etudes achevees. Les elèves qui sont le plus encourages a poursuivre
des etudes superieures sont les enfants du proletariat, contrairement
a ceux de la classe privilegiee. Tous les elèves apprennent trois
langues : l'armenien, le russe et une langue europeenne.
Elle visite des mines de cuivre, rencontre les services secrets et
gagne des villages où elle s'apercoit que des Americains d'origine
armenienne font d'importantes donations, par exemple, une nouvelle
Buick pour la Croix Rouge armenienne et autres dons financiers.
A la lecture de cet ouvrage, l'on decouvre les premières annees
de la republique sovietique d'Armenie a travers le regard d'une
observatrice instruite, intelligente, fût-elle enthousiaste. Ses
impressions des plus positives sont d'un interet historique, etant
donne que l'effondrement de l'Union Sovietique, qui entraîna une reelle
independance politique pour l'Armenie, suscita aussi maintes epreuves.
Sans oublier, bien sûr, ceux qui regrettent les structures et l'appui
des Sovietiques.
Mais, en 1931, Yegherian est sans ambages dans ses eloges et ses
certitudes : " [...] Jamais il n'y a eu une egalite aussi vraie
du peuple au sein de quelque communaute humaine que ce soit dans
l'histoire du monde, egalite deja realisee dans une large mesure dans
le cadre de l'Union Sovietique. Ce sentiment de securite a fait d'un
veritable foyer de mort où le peuple armenien etait voue a perir,
la patrie d'un peuple ressuscite, où l'espoir se lit en lettres
majuscules sur tous les visages. "
The Red Flag at Ararat est disponible auprès de l'Institut Komitas
de Londres : http://www.gomidas.org.
__________
Source : http://www.mirrorspectator.com/pdf/030213.pdf Traduction :
© Georges Festa - 03.2013.
Retour a la rubrique
Source/Lien : Armenian Trends - Mes Armenies
From: A. Papazian
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=71976
Publie le : 11-03-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
presente un article traduit le 1er mars 2013 par Georges Festa pour le
site "Armenian Trends - Mes Armenies", d'après un article en anglais
de Daphne Abeel publie dans le journal The Armenian Mirror-Spectator.
Armenian Trends - Mes Armenies
vendredi 1 mars 2013
© Gomidas Institute, 2013
Reportage en Armenie sovietique
A.Y. Yegherian The Red Flag at Ararat [Drapeau rouge sur l'Ararat]
Londres : Gomidas Institute, 2013, 132p.
par Daphne Abeel
The Armenian Mirror-Spectator, 02.03.2013
L'auteur de ce recit, Aghavnie Yeghia Yegherian, est nee en Turquie
ottomane en 1895, grandit a Constantinople et partit a 20 ans pour
les Etats-Unis en 1915, au moment meme du genocide armenien. Elle
y etudia le travail et le droit social, se specialisant dans les
questions d'immigration, puis entreprit en 1931 un voyage en Armenie
afin de decouvrir ce qui se passait dans la terre de ses ancetres
sous le pouvoir sovietique.
The Red Flag at Ararat relate ce qu'elle vecut et fut publie pour la
première fois en 1932. Il est aujourd'hui reedite avec une nouvelle
introduction due a l'historien Pietro A. Shakarian, lequel note
qu'il s'agit la du premier ouvrage publie en anglais sur l'Armenie
sovietique.
Comme Yegherian le precise dans sa preface a l'edition originale :
" Il ne s'agit pas d'un expose de la theorie marxiste et de son
mecanisme. [...] Il s'agit du recit des experiences d'un voyageur. Un
recit personnel et deliberement concu comme tel, car je suis convaincue
qu'aucun auteur, pour impartiale que soit son approche, ne peut etre
totalement objectif a notre epoque, quant a evaluer l'experience
sovietique. "
Dès le debut, neanmoins, elle pose des questions fondamentales sur
ce nouveau regime. Est-il possible pour une societe d'etre morale, en
l'absence de religion ? Une culture valable peut-elle se developper,
en l'absence de liberte individuelle ?
Elle prend le train d'Helsinki pour Leningrad (l'actuelle
Saint-Petersbourg), poursuivant son periple de Leningrad a Moscou et
finalement Erevan. Sa première vision est celle d'un soldat rouge et
d'un drapeau rouge. Ses premières impressions ont trait a la foule en
haillons, debraillee, attendant a la gare de Leningrad et des portraits
de Lenine partout. Elle gagne rapidement les hauts lieux de la ville -
la perspective Nevski et le Palais d'hiver - et, après un bref sejour
a Moscou, decide de quitter son groupe de touristes pour voyager a
son compte en Armenie.
Dans le train, elle rencontre un melange detonant de voyageurs :
un Anglais, deux Francaises, des Turcs, des Georgiens et des Armeniens.
Tous se lancent dans des debats fievreux sur les merites du capitalisme
oppose au marxisme. Lorsque Yegherian, demande pourquoi il doit y
avoir autant de souffrances et de privations dans la mise en place
du communisme, le groupe lui repond : " Parce qu'on doit reussir
rapidement ! Sinon, l'ennemi nous rattrapera ! On est isoles, on est
cernes par le monde capitaliste et on doit etre prepares, avant qu'ils
ne soient prets a nous attaquer ! "
Elle marque une brève halte a Bakou où, a cette epoque, existe une
nombreuse communaute armenienne, outre les Tatars, les Russes, les
Turcs et les Perses, lesquels tentent tous d'assimiler les dogmes du
communisme - " la fraternite universelle des travailleurs du monde
entier " et " l'egalite entre les races. "
Elle s'arrete aussi brièvement a Tiflis (Tbilissi), où elle visite
une immense centrale electrique, construite par les Sovietiques,
et aussi une partie de la ville ancienne.
Franchir la frontière separant la Georgie de l'Armenie constitue
une experience transcendante pour notre voyageuse. De nos jours, des
lecteurs armeniens pourraient s'etonner de son approche enthousiaste
du système sovietique dans la patrie de ses ancetres. Elle s'exclame :
" Le reve d'une Armenie libre que caressaient nos poètes a enfin vu le
jour sous le regime sovietique ! Cette terre ancienne est maintenant
l'une des republiques federees de l'URSS, et comme maillon d'une
chaîne puissante, s'eprouve aussi forte que cette chaîne. "
Le système sovietique se revela finalement cruel et repressif, mais
pour beaucoup, sinon la plupart des Armeniens qui vivaient la, et
aussi pour la diaspora, la nouvelle Republique d'Armenie est alors
consideree comme un vecteur d'opportunites et de progrès.
Dans les annees 1930, Erevan est une ville a ses debuts, mais Yegherian
voit a l'~\uvre son architecte, Alexandre Tamanian ; elle observe
les plans de la ville nouvelle devant etre bâtie autour du Theâtre
National, ainsi que les nouveaux edifices publics deja construits
dans ce tuf autochtone, rose et gris.
Partout, elle est frappee par l'accent mis sur le rôle et l'importance
du travailleur.
Sujet qui l'interesse de près, savoir comment le peuple armenien arrive
a preserver son identite nationale dans un système de gouvernement
qui met en valeur la fraternite a travers le monde. Elle ecrit :
" Les enjeux doivent etre idealement equilibres entre culte de la
nationalite, allegeance a l'Union et foi internationale dans le
communisme. "
Yegherian est manifestement impressionnee par les efforts des
Sovietiques pour promouvoir l'industrie et developper l'enseignement.
Une grande part de l'enseignement est d'ordre technique et inclut des
formations qui aident les elèves a obtenir un emploi, une fois leurs
etudes achevees. Les elèves qui sont le plus encourages a poursuivre
des etudes superieures sont les enfants du proletariat, contrairement
a ceux de la classe privilegiee. Tous les elèves apprennent trois
langues : l'armenien, le russe et une langue europeenne.
Elle visite des mines de cuivre, rencontre les services secrets et
gagne des villages où elle s'apercoit que des Americains d'origine
armenienne font d'importantes donations, par exemple, une nouvelle
Buick pour la Croix Rouge armenienne et autres dons financiers.
A la lecture de cet ouvrage, l'on decouvre les premières annees
de la republique sovietique d'Armenie a travers le regard d'une
observatrice instruite, intelligente, fût-elle enthousiaste. Ses
impressions des plus positives sont d'un interet historique, etant
donne que l'effondrement de l'Union Sovietique, qui entraîna une reelle
independance politique pour l'Armenie, suscita aussi maintes epreuves.
Sans oublier, bien sûr, ceux qui regrettent les structures et l'appui
des Sovietiques.
Mais, en 1931, Yegherian est sans ambages dans ses eloges et ses
certitudes : " [...] Jamais il n'y a eu une egalite aussi vraie
du peuple au sein de quelque communaute humaine que ce soit dans
l'histoire du monde, egalite deja realisee dans une large mesure dans
le cadre de l'Union Sovietique. Ce sentiment de securite a fait d'un
veritable foyer de mort où le peuple armenien etait voue a perir,
la patrie d'un peuple ressuscite, où l'espoir se lit en lettres
majuscules sur tous les visages. "
The Red Flag at Ararat est disponible auprès de l'Institut Komitas
de Londres : http://www.gomidas.org.
__________
Source : http://www.mirrorspectator.com/pdf/030213.pdf Traduction :
© Georges Festa - 03.2013.
Retour a la rubrique
Source/Lien : Armenian Trends - Mes Armenies
From: A. Papazian