KELLY STUART : RECITS DE VOYAGE
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=72051
Publie le : 13-03-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
presente un article traduit le 11 mars 2013 par Georges Festa pour le
site "Armenian Trends - Mes Armenies", d'après un article en anglais
de Gabriella Gage publie dans le journal The Armenian Mirror-Spectator.
Legende photo : Kelly Stuart a Ani (Turquie actuelle) ©
www.armenianweekly.com
Armenian Trends - Mes Armenies
lundi 11 mars 2013
A la decouverte de paradoxes : recit de voyage de la dramaturge
Kelly Stuart
par Gabriella Gage
The Armenian Mirror-Spectator, 09.03.2013
WATERTOWN - Kelly Stuart n'est pas seulement dramaturge, mais aussi une
scenariste intrepide qui s'immerge dans la complexite de la condition
humaine. Tout en enseignant a l'Ecole des Beaux-Arts de l'universite
Columbia [Columbia's School of the Arts - SOA], elle a voyage a neuf
reprises en Turquie pour y explorer diverses facettes de la vie -
culture, musique, luttes et espoirs.
L'Alliance Armenienne pour les Arts de la scène [Armenian Dramatic
Arts Alliance - ADAA] lui a recemment decerne le 3ème prix biennal
William Saroyan d'ecriture dramatique pour Belonging to the Sky,
un croisement lyrique de monologues entre Sabiha Gokcen (la fille
adoptive d'Ataturk) et le journaliste Hrant Dink, assassine en janvier
2007. Ce prix, d'un montant de 10 000 dollars, fut annonce et remis
lors de la ceremonie en septembre dernier au Theâtre de Pasadena.
Le parcours de creation et la carrière de Stuart ont debute a
l'universite de Laverne en Californie, où elle etudia la musique
et le theâtre. Elle eut alors l'occasion de participer au festival
d'art dramatique de Padua Hills et de collaborer avec la dramaturge
cubano-americaine Irene Fornes, qui l'inspirera grandement en tant
que jeune dramaturge.
" J'avais l'impression que sa technique [de Fornes] avait a voir avec
la liberte de l'imagination, et c'est quelque chose qui m'est reste.
Ce que j'ai retire de ses pièces et de sa facon d'ecrire, c'est
que l'imagination est la chose la plus dangereuse pour les systèmes
autoritaires ; c'est vraiment ce que nous avons de plus subversif et
de plus fort, " dit-elle.
Pour Stuart, les pièces proposent un moyen non seulement d'explorer la
vie, mais aussi les paradoxes discursifs qui parcourent l'experience
humaine. Elle explique : " Quand j'entends deux personnes raconter
deux versions divergentes d'une histoire, une lumière s'allume. Comme
s'il y avait deux versions totalement differentes de la realite. Ce
qu'il y a de merveilleux avec le theâtre, c'est que tu peux reunir
sur scène ces deux versions de la realite ; elles peuvent " exister "
toutes les deux dans le meme espace, et le public peut experimenter
ce paradoxe. Ce qui ne signifie pas que l'on soit d'accord avec les
deux parties, mais on peut arriver a les comprendre, " poursuit-elle.
Parmi les pièces de Stuart, citons Shadow Language (2008), Demonology
(1996), The Life of Spiders (2004) et Mayhem (2003), presentee
a l'etranger.
Les voyages et les recherches incessantes de Stuart l'ont conduite
en Turquie, où elle a decouvert des recits d'espoir et d'oppression.
L'histoire de la Turquie, où elle s'est plongee, est, dit-elle, " très
compliquee. " " Pour moi, cette experience se juxtaposait a la beaute
de l'Anatolie, a la generosite de son peuple... Meme les gens les plus
pauvres insistent pour partager ce qui leur reste de nourriture ou de
the avec un visiteur de passage, " explique-t-elle. " Je me souviens
avoir assiste a un mariage dans les rues de Diyarbakir. Les gens
n'avaient rien, mais ils dansaient depuis des heures ; on passait juste
devant et ils nous ont pousse dans le cercle pour danser avec eux. "
Stuart a meme appris des rudiments de turc dans le cadre de son
travail artistique d'ensemble. " J'arrive a parler suffisamment le
turc pour m'attirer des ennuis, mais pas assez pour me debrouiller
! " remarque-t-elle.
Stuart parle aussi un peu le kurde, outre le francais et l'espagnol
qu'elle lit.
Lors de ses peregrinations, elle a croise plusieurs Armeniens, qui
lui ont fait partager leurs recits. " Diyarbakir est une ville très
armenienne et elle en garde encore l'architecture et les influences.
J'ai rencontre des gens qui m'ont dit : 'Je suis Armenien, mais j'ai
grandi dans la culture kurde.' Et d'autres qui me disaient qu'ils
se sentaient coupables de ce qui est arrive aux Armeniens, qu'ils
eprouvaient un fort sentiment de remords. "
Stuart s'est aussi rendue a Van et presente cette ville comme " l'une
des plus sombres que j'ai vues. " Visitant un musee archeologique
local, elle a decouvert une partie du musee consacre au " genocide
des Armeniens contre les Turcs, " qui expose des crânes et des notices
declarant que ces derniers appartiennent a des villageois turcs tues
par des Armeniens.
" C'est une exposition vraiment revoltante, qui manque totalement
de respect envers les morts ! Je ne savais que faire de ma colère,
ni comment la dissimuler, " dit-elle. Elle realisera ensuite que
beaucoup d'habitants en Turquie sont obliges de vivre aux côtes
d'expositions de mort et sont soumis a ces sinistres discours.
Laureate d'une bourse de voyage de la Fondation Jerôme, afin d'ecrire
sur les chanteurs kurdes Dengbej, Stuart s'est interessee au rôle du
langage et de la musique en Anatolie. La difficulte d'elaborer des
recits incarnant veritablement la population et ses experiences en
Turquie, fut pour elle une gageure. " J'ai pratiquement abandonne le
theâtre, car j'avais l'impression de ne pas pouvoir transposer sur
scène les experiences que je vivais. "
Tout en voyageant avec la dramaturge Amy Wegener et en menant des
recherches pour sa pièce Shadow Language, Stuart s'est rendue a
Diyarbakir, Bingol et dans le Dersim. " Je me suis interessee a
l'histoire du Dersim - une region qu'Ataturk qualifia un jour de "
furoncle a percer. " Elle etait autrefois peuplee d'Armeniens et de
Kurdes alevis [...] " Cette " obsession continuelle " pour le Dersim
conduisit finalement Stuart a ecrire Belonging to the Sky.
Stuart explique qu'elle voulait vraiment comprendre pourquoi la
population du Dersim avait migre vers un village alevi. C'est lors
de cette recherche qu'un historien turc - le nom n'est pas precise -
lui revela une histoire dont elle n'avait jamais entendu parler. Cette
histoire etait celle de l'adoption par Ataturk d'une jeune orpheline
armenienne, prenommee Hatun. Ce fut sa première rencontre avec
l'histoire de Gokcen, cette fameuse aviatrice turque, connue pour
avoir bombarde le Dersim et popularisee par Hrant Dink, avant son
assassinat en 2007.
" L'histoire de Sabiha Gokcen m'a hantee. En lisant le recit de
sa vie par Hrant Dink, j'ai decouvert qu'elle adhera totalement au
nationalisme turc, qu'elle bombarda la region de son propre peuple,
qu'elle ne put jamais reveler aux gens son identite armenienne et
pourtant qu'elle savait qui elle etait, allant jusqu'a remettre
secrètement de l'argent a un neveu qui vint la voir du Liban, alors
qu'elle etait deja âgee, " raconte Stuart. " Elle etait l'icône du
nationalisme turc, mais elle etait l'ennemi. Je me suis demande ce
qu'elle dut faire pour tenir a distance son chagrin et 'l'ennemi'
de sa propre histoire, afin de tirer parti du fait d'appartenir a la
Turquie nouvelle. "
Quant au lien narratif entre Gokcen et Dink, Stuart precise : " Ils
ne se sont jamais rencontres, mais leurs histoires s'entremelent,
ce qui fait que, dans ma pièce, chacun raconte son histoire et,
peu a peu, commence a realiser la presence de l'autre. "
A ses yeux, cette reference aux histoires personnelles de Gokcen
et de Dink donne tout son sens a l'attribution du prix Saroyan de
l'ADAA pour Belonging to the Sky. " Ce fut très emouvant, vraiment
important pour moi. J'ai ecrit sur un episode qui, pour la plupart
des Armeniens, est très obscur, mais je me devais de le faire, et
puis je voulais que les Americains comprennent cet etat de fait -
de facon humaine - car un changement dans notre politique pourrait
ameliorer grandement la situation des gens. "
Elle ajoute : " Actuellement, nous soutenons la politique la plus
oppressive, l'emprisonnement de milliers de gens pour delit d'opinion,
la negation absurde de l'histoire et des realites du genocide. "
D'après Stuart, la presence de membres de la communaute armenienne
et de familles de survivants du genocide, lors de la ceremonie
organisee par l'ADAA, fut très positive. " D'habitude, quand je
presente mon travail, je dois beaucoup expliquer pour contextualiser
ce sur quoi j'ecris, mais ce soir-la, a l'ADAA, j'ai passe tout mon
temps a ecouter les recits des familles presentes, et je n'avais rien
a expliquer, ils comprenaient ce sur quoi j'ecris et, meme si je ne
suis pas Armenienne, je les comprenais, " dit-elle.
Stuart enseigne la dramaturgie au departement d'etudes theâtrales de
l'Ecole des Beaux-Arts a l'universite Columbia. " Nos etudiants sont
incroyablement doues, ils sont vraiment inspires, explique-t-elle. Ils
sont aussi très differents et ils m'apprennent autant que je leur
apprends. "
Kelly Stuart travaille actuellement sur plusieurs projets. " J'ecris
une pièce de theâtre un peu autobiographique sur mes voyages en
Turquie, qui utilise beaucoup de videos que j'ai tournees la-bas, tout
en travaillant sur une nouvelle pièce. " Elle a recemment travaille
sur plusieurs petites videos numeriques. " J'ai realise plusieurs
documentaires courts sur la musique et la culture - la musique kurde,
alevie. Actuellement, je travaille sur des pièces " new-yorkaises ",
a la fois narratives et abstraites. " Elle ajoute : " J'ai envie de
realiser un long metrage narratif cet ete - une comedie sur un homme
qui decouvre un chat perdu. " __________
Source : http://www.mirrorspectator.com/pdf/030913.pdf Traduction :
© Georges Festa - 03.2013.
Retour a la rubrique
Source/Lien : Armenian Trends - Mes Armenies
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=72051
Publie le : 13-03-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
presente un article traduit le 11 mars 2013 par Georges Festa pour le
site "Armenian Trends - Mes Armenies", d'après un article en anglais
de Gabriella Gage publie dans le journal The Armenian Mirror-Spectator.
Legende photo : Kelly Stuart a Ani (Turquie actuelle) ©
www.armenianweekly.com
Armenian Trends - Mes Armenies
lundi 11 mars 2013
A la decouverte de paradoxes : recit de voyage de la dramaturge
Kelly Stuart
par Gabriella Gage
The Armenian Mirror-Spectator, 09.03.2013
WATERTOWN - Kelly Stuart n'est pas seulement dramaturge, mais aussi une
scenariste intrepide qui s'immerge dans la complexite de la condition
humaine. Tout en enseignant a l'Ecole des Beaux-Arts de l'universite
Columbia [Columbia's School of the Arts - SOA], elle a voyage a neuf
reprises en Turquie pour y explorer diverses facettes de la vie -
culture, musique, luttes et espoirs.
L'Alliance Armenienne pour les Arts de la scène [Armenian Dramatic
Arts Alliance - ADAA] lui a recemment decerne le 3ème prix biennal
William Saroyan d'ecriture dramatique pour Belonging to the Sky,
un croisement lyrique de monologues entre Sabiha Gokcen (la fille
adoptive d'Ataturk) et le journaliste Hrant Dink, assassine en janvier
2007. Ce prix, d'un montant de 10 000 dollars, fut annonce et remis
lors de la ceremonie en septembre dernier au Theâtre de Pasadena.
Le parcours de creation et la carrière de Stuart ont debute a
l'universite de Laverne en Californie, où elle etudia la musique
et le theâtre. Elle eut alors l'occasion de participer au festival
d'art dramatique de Padua Hills et de collaborer avec la dramaturge
cubano-americaine Irene Fornes, qui l'inspirera grandement en tant
que jeune dramaturge.
" J'avais l'impression que sa technique [de Fornes] avait a voir avec
la liberte de l'imagination, et c'est quelque chose qui m'est reste.
Ce que j'ai retire de ses pièces et de sa facon d'ecrire, c'est
que l'imagination est la chose la plus dangereuse pour les systèmes
autoritaires ; c'est vraiment ce que nous avons de plus subversif et
de plus fort, " dit-elle.
Pour Stuart, les pièces proposent un moyen non seulement d'explorer la
vie, mais aussi les paradoxes discursifs qui parcourent l'experience
humaine. Elle explique : " Quand j'entends deux personnes raconter
deux versions divergentes d'une histoire, une lumière s'allume. Comme
s'il y avait deux versions totalement differentes de la realite. Ce
qu'il y a de merveilleux avec le theâtre, c'est que tu peux reunir
sur scène ces deux versions de la realite ; elles peuvent " exister "
toutes les deux dans le meme espace, et le public peut experimenter
ce paradoxe. Ce qui ne signifie pas que l'on soit d'accord avec les
deux parties, mais on peut arriver a les comprendre, " poursuit-elle.
Parmi les pièces de Stuart, citons Shadow Language (2008), Demonology
(1996), The Life of Spiders (2004) et Mayhem (2003), presentee
a l'etranger.
Les voyages et les recherches incessantes de Stuart l'ont conduite
en Turquie, où elle a decouvert des recits d'espoir et d'oppression.
L'histoire de la Turquie, où elle s'est plongee, est, dit-elle, " très
compliquee. " " Pour moi, cette experience se juxtaposait a la beaute
de l'Anatolie, a la generosite de son peuple... Meme les gens les plus
pauvres insistent pour partager ce qui leur reste de nourriture ou de
the avec un visiteur de passage, " explique-t-elle. " Je me souviens
avoir assiste a un mariage dans les rues de Diyarbakir. Les gens
n'avaient rien, mais ils dansaient depuis des heures ; on passait juste
devant et ils nous ont pousse dans le cercle pour danser avec eux. "
Stuart a meme appris des rudiments de turc dans le cadre de son
travail artistique d'ensemble. " J'arrive a parler suffisamment le
turc pour m'attirer des ennuis, mais pas assez pour me debrouiller
! " remarque-t-elle.
Stuart parle aussi un peu le kurde, outre le francais et l'espagnol
qu'elle lit.
Lors de ses peregrinations, elle a croise plusieurs Armeniens, qui
lui ont fait partager leurs recits. " Diyarbakir est une ville très
armenienne et elle en garde encore l'architecture et les influences.
J'ai rencontre des gens qui m'ont dit : 'Je suis Armenien, mais j'ai
grandi dans la culture kurde.' Et d'autres qui me disaient qu'ils
se sentaient coupables de ce qui est arrive aux Armeniens, qu'ils
eprouvaient un fort sentiment de remords. "
Stuart s'est aussi rendue a Van et presente cette ville comme " l'une
des plus sombres que j'ai vues. " Visitant un musee archeologique
local, elle a decouvert une partie du musee consacre au " genocide
des Armeniens contre les Turcs, " qui expose des crânes et des notices
declarant que ces derniers appartiennent a des villageois turcs tues
par des Armeniens.
" C'est une exposition vraiment revoltante, qui manque totalement
de respect envers les morts ! Je ne savais que faire de ma colère,
ni comment la dissimuler, " dit-elle. Elle realisera ensuite que
beaucoup d'habitants en Turquie sont obliges de vivre aux côtes
d'expositions de mort et sont soumis a ces sinistres discours.
Laureate d'une bourse de voyage de la Fondation Jerôme, afin d'ecrire
sur les chanteurs kurdes Dengbej, Stuart s'est interessee au rôle du
langage et de la musique en Anatolie. La difficulte d'elaborer des
recits incarnant veritablement la population et ses experiences en
Turquie, fut pour elle une gageure. " J'ai pratiquement abandonne le
theâtre, car j'avais l'impression de ne pas pouvoir transposer sur
scène les experiences que je vivais. "
Tout en voyageant avec la dramaturge Amy Wegener et en menant des
recherches pour sa pièce Shadow Language, Stuart s'est rendue a
Diyarbakir, Bingol et dans le Dersim. " Je me suis interessee a
l'histoire du Dersim - une region qu'Ataturk qualifia un jour de "
furoncle a percer. " Elle etait autrefois peuplee d'Armeniens et de
Kurdes alevis [...] " Cette " obsession continuelle " pour le Dersim
conduisit finalement Stuart a ecrire Belonging to the Sky.
Stuart explique qu'elle voulait vraiment comprendre pourquoi la
population du Dersim avait migre vers un village alevi. C'est lors
de cette recherche qu'un historien turc - le nom n'est pas precise -
lui revela une histoire dont elle n'avait jamais entendu parler. Cette
histoire etait celle de l'adoption par Ataturk d'une jeune orpheline
armenienne, prenommee Hatun. Ce fut sa première rencontre avec
l'histoire de Gokcen, cette fameuse aviatrice turque, connue pour
avoir bombarde le Dersim et popularisee par Hrant Dink, avant son
assassinat en 2007.
" L'histoire de Sabiha Gokcen m'a hantee. En lisant le recit de
sa vie par Hrant Dink, j'ai decouvert qu'elle adhera totalement au
nationalisme turc, qu'elle bombarda la region de son propre peuple,
qu'elle ne put jamais reveler aux gens son identite armenienne et
pourtant qu'elle savait qui elle etait, allant jusqu'a remettre
secrètement de l'argent a un neveu qui vint la voir du Liban, alors
qu'elle etait deja âgee, " raconte Stuart. " Elle etait l'icône du
nationalisme turc, mais elle etait l'ennemi. Je me suis demande ce
qu'elle dut faire pour tenir a distance son chagrin et 'l'ennemi'
de sa propre histoire, afin de tirer parti du fait d'appartenir a la
Turquie nouvelle. "
Quant au lien narratif entre Gokcen et Dink, Stuart precise : " Ils
ne se sont jamais rencontres, mais leurs histoires s'entremelent,
ce qui fait que, dans ma pièce, chacun raconte son histoire et,
peu a peu, commence a realiser la presence de l'autre. "
A ses yeux, cette reference aux histoires personnelles de Gokcen
et de Dink donne tout son sens a l'attribution du prix Saroyan de
l'ADAA pour Belonging to the Sky. " Ce fut très emouvant, vraiment
important pour moi. J'ai ecrit sur un episode qui, pour la plupart
des Armeniens, est très obscur, mais je me devais de le faire, et
puis je voulais que les Americains comprennent cet etat de fait -
de facon humaine - car un changement dans notre politique pourrait
ameliorer grandement la situation des gens. "
Elle ajoute : " Actuellement, nous soutenons la politique la plus
oppressive, l'emprisonnement de milliers de gens pour delit d'opinion,
la negation absurde de l'histoire et des realites du genocide. "
D'après Stuart, la presence de membres de la communaute armenienne
et de familles de survivants du genocide, lors de la ceremonie
organisee par l'ADAA, fut très positive. " D'habitude, quand je
presente mon travail, je dois beaucoup expliquer pour contextualiser
ce sur quoi j'ecris, mais ce soir-la, a l'ADAA, j'ai passe tout mon
temps a ecouter les recits des familles presentes, et je n'avais rien
a expliquer, ils comprenaient ce sur quoi j'ecris et, meme si je ne
suis pas Armenienne, je les comprenais, " dit-elle.
Stuart enseigne la dramaturgie au departement d'etudes theâtrales de
l'Ecole des Beaux-Arts a l'universite Columbia. " Nos etudiants sont
incroyablement doues, ils sont vraiment inspires, explique-t-elle. Ils
sont aussi très differents et ils m'apprennent autant que je leur
apprends. "
Kelly Stuart travaille actuellement sur plusieurs projets. " J'ecris
une pièce de theâtre un peu autobiographique sur mes voyages en
Turquie, qui utilise beaucoup de videos que j'ai tournees la-bas, tout
en travaillant sur une nouvelle pièce. " Elle a recemment travaille
sur plusieurs petites videos numeriques. " J'ai realise plusieurs
documentaires courts sur la musique et la culture - la musique kurde,
alevie. Actuellement, je travaille sur des pièces " new-yorkaises ",
a la fois narratives et abstraites. " Elle ajoute : " J'ai envie de
realiser un long metrage narratif cet ete - une comedie sur un homme
qui decouvre un chat perdu. " __________
Source : http://www.mirrorspectator.com/pdf/030913.pdf Traduction :
© Georges Festa - 03.2013.
Retour a la rubrique
Source/Lien : Armenian Trends - Mes Armenies