AHMET DAVUTOGLU ET LE NEO-OTTOMANISME TURC
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=73314
Publie le : 29-04-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
presente cette information publiee sur le site de la Diaspora Grecque
le 18 avril 2013.
Legende photo: Ahmet Davutoglu Photo : AA
Diaspora Grecque
le 18/4/2013 9:27:28
Une approche du rôle d'Ahmet Davutoglu dans le developpement du
neo-ottomanisme turc
L'arrivee, en 2002, au pouvoir en Turquie, des islamistes de l'AKP
a semble a un moment donne, changer la donne quant a la politique
exterieure et interieure du pays.
Concentrons-nous un peu sur le cas de Chypre pour analyser l'influence
de l'ideologie de Davutoglu sur cette question.
Dès le debut de son premier mandat, Recep Tayyip Erdogan, l'homme
fort de l'AKP, a declare, a propos de Chypre, que le statu quo de non
solution ne pouvait pas etre considere comme la solution du problème
de Chypre. Jusqu'a la, tous les gouvernements successifs de la Turquie
consideraient que le problème chypriote etait resolu avec l'invasion
de 1974.
La nouvelle position turque a pu, a un certain moment, jeter le trouble
quant a la reelle volonte de la Turquie. Très vite, toutefois, le monde
entier s'est apercu que les actes ne suivaient pas les paroles. Il
faut noter que la Turquie souhaitait effectivement une solution,
susceptible de la liberer du fardeau chypriote qu'elle trouve devant
elle sur tous les forums internationaux et notamment europeens.
La solution preconisee par la Turquie etait la creation d'une sorte
d'etat impuissant et faible. Une confederation avec des liens très
lâches. Plus encore, ce nouvel etat ne pourrait rien decider sans
l'aval de la Turquie, en particulier dans le domaine des prerogatives
de souverainete, comme l'espace aerien, les accords internationaux,
etc.
La Turquie conserverait ainsi tous les " acquis " de l'invasion,
avec le contrôle total de la partie nord de Chypre et acquerait,
parallèlement, un droit de regard sur l'ensemble de l'île.
Tancrède Josseran, dans un très bon article sur la nouvelle politique
etrangère turque, intitule Turquie : repenser l'Empire, precise :
" La Republique turque a ete consacree en 1923 par une double rupture
politique et culturelle. En faisant table rase du passe theocratique
et cosmopolite de l'empire ottoman, Mustafa Kemal, a voulu arrimer
son pays a la modernite. Miroir negatif de l'identite turque, l'islam
a ete extirpe de la memoire collective. Religion civique du nouvel
Etat, la laïcite est devenue le point de depart et d'aboutissement
obligatoire du projet d'ingenierie sociale des elites kemalistes ".
Davutoglu estime que le retrait et le desinteret marque d'Ankara
pour l'ancien espace ottoman a cree un decalage. Il considère que
la Turquie moderne nee des revolutions menees par Ataturk n'a rien
accompli de bon excepte l'intervention a Chypre et le succès obtenu
concernant Alexandrette.
Le maître de la diplomatie turque estime egalement, que la Turquie doit
redevenir un " etat central " sur l'echiquier mondial. La Turquie,
selon le ministre turc, possède tous les atouts pour y parvenir. Il
suffit tout simplement, de les mette en ~\uvre. Dans cette optique,
son pays a, a tort, pense-t-il, delaisse, depuis un siècle et
l'instauration de la Republique, son rôle de pôle d'attraction et
de leader, qui lui revient naturellement ; d'une part, la Turquie
est un Etat laïc allie de l'Occident, mais en meme temps, elle est
l'heritière d'un califat musulman. Cette dualite lui permet de jouer
un rôle de pont, un lien, entre ces deux mondes.
Dans cette perspective, la Turquie se presente comme le leader et
l'exemple a suivre pour le monde arabo-musulman. Parallèlement, elle
reclame sa place dans l'Union europeenne, comme s'il s'agissait d'une
chose qui lui est due, d'une chose naturelle, qui ne peut, en aucun
cas, lui etre refusee. Cette perception frôle l'incomprehension.
En ce qui concerne les relations entre la Turquie et l'Union
europeenne, la Turquie ne comprend pas pourquoi elle doit changer
quoi que ce soit dans son comportement et son attitude : a la limite,
ce n'est pas a elle d'adopter l'acquis communautaire pour adherer
a l'Union europeenne, c'est, si j'ose dire, a l'Union europeenne
d'adopter le mode de vie et de comportement turcs, afin que l'adhesion
de la Turquie soit possible sans heurts !
Nous pouvons aller encore plus loin : si l'Europe ne veut pas accepter
la " particularite turque ", comme disent la plupart des politiciens
turcs, alors la Turquie constituera a elle seule, un pôle d'attraction,
" un centre ", plus important que l'Europe et concurrent a celle-ci.
La conclusion est aisement tiree : soit l'Europe cède a la Turquie
sans aucune condition, soit elle sera marginalisee dans le monde
turco-centrique.
Charalambos Petinos, historien / byzantinologue Dernier ouvrage paru :
" Byzance, la naissance de l'Empire ", L'Harmattan, 2012.
A paraitre en avril 2013 : " Où va la Turquie ? Neo-ottomanisme et
islamo-conservatisme "
Retour a la rubrique
Source/Lien : Diaspora Grecque
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Publie le : 29-04-2013
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Legende photo: Ahmet Davutoglu Photo : AA
Diaspora Grecque
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Une approche du rôle d'Ahmet Davutoglu dans le developpement du
neo-ottomanisme turc
L'arrivee, en 2002, au pouvoir en Turquie, des islamistes de l'AKP
a semble a un moment donne, changer la donne quant a la politique
exterieure et interieure du pays.
Concentrons-nous un peu sur le cas de Chypre pour analyser l'influence
de l'ideologie de Davutoglu sur cette question.
Dès le debut de son premier mandat, Recep Tayyip Erdogan, l'homme
fort de l'AKP, a declare, a propos de Chypre, que le statu quo de non
solution ne pouvait pas etre considere comme la solution du problème
de Chypre. Jusqu'a la, tous les gouvernements successifs de la Turquie
consideraient que le problème chypriote etait resolu avec l'invasion
de 1974.
La nouvelle position turque a pu, a un certain moment, jeter le trouble
quant a la reelle volonte de la Turquie. Très vite, toutefois, le monde
entier s'est apercu que les actes ne suivaient pas les paroles. Il
faut noter que la Turquie souhaitait effectivement une solution,
susceptible de la liberer du fardeau chypriote qu'elle trouve devant
elle sur tous les forums internationaux et notamment europeens.
La solution preconisee par la Turquie etait la creation d'une sorte
d'etat impuissant et faible. Une confederation avec des liens très
lâches. Plus encore, ce nouvel etat ne pourrait rien decider sans
l'aval de la Turquie, en particulier dans le domaine des prerogatives
de souverainete, comme l'espace aerien, les accords internationaux,
etc.
La Turquie conserverait ainsi tous les " acquis " de l'invasion,
avec le contrôle total de la partie nord de Chypre et acquerait,
parallèlement, un droit de regard sur l'ensemble de l'île.
Tancrède Josseran, dans un très bon article sur la nouvelle politique
etrangère turque, intitule Turquie : repenser l'Empire, precise :
" La Republique turque a ete consacree en 1923 par une double rupture
politique et culturelle. En faisant table rase du passe theocratique
et cosmopolite de l'empire ottoman, Mustafa Kemal, a voulu arrimer
son pays a la modernite. Miroir negatif de l'identite turque, l'islam
a ete extirpe de la memoire collective. Religion civique du nouvel
Etat, la laïcite est devenue le point de depart et d'aboutissement
obligatoire du projet d'ingenierie sociale des elites kemalistes ".
Davutoglu estime que le retrait et le desinteret marque d'Ankara
pour l'ancien espace ottoman a cree un decalage. Il considère que
la Turquie moderne nee des revolutions menees par Ataturk n'a rien
accompli de bon excepte l'intervention a Chypre et le succès obtenu
concernant Alexandrette.
Le maître de la diplomatie turque estime egalement, que la Turquie doit
redevenir un " etat central " sur l'echiquier mondial. La Turquie,
selon le ministre turc, possède tous les atouts pour y parvenir. Il
suffit tout simplement, de les mette en ~\uvre. Dans cette optique,
son pays a, a tort, pense-t-il, delaisse, depuis un siècle et
l'instauration de la Republique, son rôle de pôle d'attraction et
de leader, qui lui revient naturellement ; d'une part, la Turquie
est un Etat laïc allie de l'Occident, mais en meme temps, elle est
l'heritière d'un califat musulman. Cette dualite lui permet de jouer
un rôle de pont, un lien, entre ces deux mondes.
Dans cette perspective, la Turquie se presente comme le leader et
l'exemple a suivre pour le monde arabo-musulman. Parallèlement, elle
reclame sa place dans l'Union europeenne, comme s'il s'agissait d'une
chose qui lui est due, d'une chose naturelle, qui ne peut, en aucun
cas, lui etre refusee. Cette perception frôle l'incomprehension.
En ce qui concerne les relations entre la Turquie et l'Union
europeenne, la Turquie ne comprend pas pourquoi elle doit changer
quoi que ce soit dans son comportement et son attitude : a la limite,
ce n'est pas a elle d'adopter l'acquis communautaire pour adherer
a l'Union europeenne, c'est, si j'ose dire, a l'Union europeenne
d'adopter le mode de vie et de comportement turcs, afin que l'adhesion
de la Turquie soit possible sans heurts !
Nous pouvons aller encore plus loin : si l'Europe ne veut pas accepter
la " particularite turque ", comme disent la plupart des politiciens
turcs, alors la Turquie constituera a elle seule, un pôle d'attraction,
" un centre ", plus important que l'Europe et concurrent a celle-ci.
La conclusion est aisement tiree : soit l'Europe cède a la Turquie
sans aucune condition, soit elle sera marginalisee dans le monde
turco-centrique.
Charalambos Petinos, historien / byzantinologue Dernier ouvrage paru :
" Byzance, la naissance de l'Empire ", L'Harmattan, 2012.
A paraitre en avril 2013 : " Où va la Turquie ? Neo-ottomanisme et
islamo-conservatisme "
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