La Croix, France
Mardi 30 Avril 2013
Portrait. Assis sur un volcan géopolitique. Bako Sahakian Président de
la « République du Haut-Karabakh »
Le dirigeant de cet État autoproclamé, enclave peuplée d'Arméniens en
territoire azerbaïdjanais, est venu à Paris recueillir le soutien de
la diaspora arménienne.
par: MAILLARD Sébastien
Être militaire au grade de général et naguère soviétique ne vous rend
pas très disert comme dirigeant. Le « président de la République du
Haut-Karabakh », 52 ans, a l'oeil perçant et la langue de bois. De son
séjour parisien, l'ancien chef de la sécurité nationale du pays ne
livre aucun détail. Au mieux une réunion avec le Cercle d'amitié
France-Haut-Karabakh, créé en mars dernier. Il a aussi rencontré le
primat de l'Église apostolique arménienne de France, Mgr Norvan
Zakarian. Aucun contact officiel avec le Quai d'Orsay. Ce chef d'un
État autoproclamé se targue de relations officielles outre-Atlantique
avec Rhode Island, le Massachusetts, le Maine et un comté californien,
grce à la diaspora arménienne. Optimiste, il estime « irréversible »
le processus de reconnaissance internationale de son pays de 155 000
habitants, qui l'ont élu à deux reprises.
Le Haut-Karabakh a sa Constitution, son drapeau. Mais pas encore
d'aéroport. Il faut aller prendre l'avion à Erevan, après cinq heures
de route à travers le Caucase depuis Stepanakert, la « capitale ».
Pour la communauté internationale, l'enclave, où il ne reste plus que
des Arméniens depuis la guerre avec l'Azerbaïdjan qui dura de 1988 à
1994, reste un territoire appartenant à ce second pays. On désigne
souvent le statu quo qui s'est instauré depuis lors avec 9 % du
territoire azerbaïdjanais occupé 14 % en comptant le Haut-Karabakh
comme un « conflit gelé ». La campagne pour l'élection présidentielle
en Azerbaïdjan d'octobre prochain laisse augurer un regain possible
des tensions.
Bako Sahakian est acteur depuis 1988 dans ce conflit qui, pour lui,
n'est « ni gelé, ni oublié ». Le dirigeant du Haut-Karabakh mise sur
son atout majeur, la générosité de la diaspora arménienne. «
L'Azerbaïdjan a le pétrole, les Arméniens ont la diaspora », répétait
son prédécesseur à la présidence. Ancien restaurateur de monuments
historiques dans les années 1980, le président Sahakian voudrait
redonner leur éclat « aux sites culturels endommagés par la guerre ».
Dans l'immédiat, le 9 mai prochain, comme chaque année, ce père de
deux enfants commémorera la « libération » en 1992 de Chouchi,
l'ancienne capitale du Karabakh. Un souvenir des combats très
entretenu.
Mardi 30 Avril 2013
Portrait. Assis sur un volcan géopolitique. Bako Sahakian Président de
la « République du Haut-Karabakh »
Le dirigeant de cet État autoproclamé, enclave peuplée d'Arméniens en
territoire azerbaïdjanais, est venu à Paris recueillir le soutien de
la diaspora arménienne.
par: MAILLARD Sébastien
Être militaire au grade de général et naguère soviétique ne vous rend
pas très disert comme dirigeant. Le « président de la République du
Haut-Karabakh », 52 ans, a l'oeil perçant et la langue de bois. De son
séjour parisien, l'ancien chef de la sécurité nationale du pays ne
livre aucun détail. Au mieux une réunion avec le Cercle d'amitié
France-Haut-Karabakh, créé en mars dernier. Il a aussi rencontré le
primat de l'Église apostolique arménienne de France, Mgr Norvan
Zakarian. Aucun contact officiel avec le Quai d'Orsay. Ce chef d'un
État autoproclamé se targue de relations officielles outre-Atlantique
avec Rhode Island, le Massachusetts, le Maine et un comté californien,
grce à la diaspora arménienne. Optimiste, il estime « irréversible »
le processus de reconnaissance internationale de son pays de 155 000
habitants, qui l'ont élu à deux reprises.
Le Haut-Karabakh a sa Constitution, son drapeau. Mais pas encore
d'aéroport. Il faut aller prendre l'avion à Erevan, après cinq heures
de route à travers le Caucase depuis Stepanakert, la « capitale ».
Pour la communauté internationale, l'enclave, où il ne reste plus que
des Arméniens depuis la guerre avec l'Azerbaïdjan qui dura de 1988 à
1994, reste un territoire appartenant à ce second pays. On désigne
souvent le statu quo qui s'est instauré depuis lors avec 9 % du
territoire azerbaïdjanais occupé 14 % en comptant le Haut-Karabakh
comme un « conflit gelé ». La campagne pour l'élection présidentielle
en Azerbaïdjan d'octobre prochain laisse augurer un regain possible
des tensions.
Bako Sahakian est acteur depuis 1988 dans ce conflit qui, pour lui,
n'est « ni gelé, ni oublié ». Le dirigeant du Haut-Karabakh mise sur
son atout majeur, la générosité de la diaspora arménienne. «
L'Azerbaïdjan a le pétrole, les Arméniens ont la diaspora », répétait
son prédécesseur à la présidence. Ancien restaurateur de monuments
historiques dans les années 1980, le président Sahakian voudrait
redonner leur éclat « aux sites culturels endommagés par la guerre ».
Dans l'immédiat, le 9 mai prochain, comme chaque année, ce père de
deux enfants commémorera la « libération » en 1992 de Chouchi,
l'ancienne capitale du Karabakh. Un souvenir des combats très
entretenu.