FRANCE
La négation du génocide arménien et les évolutions de la politique
turque par Laurent Leylekian
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=89640
Le lundi 22 avril, la COADA de Valence a invité Laurent Leylekian a
prononcer une conférence sur `la négation du génocide arménien et les
évolutions de la politique turque`. Retrouvez ici le texte de cette
intervention
Permettez-moi tout d'abord de remercier la COADA et Grégoire
Tafankedjian pour m'avoir invité en cette avant-veille de 24 avril à
évoquer la question de la négation par la Turquie du génocide des
Arméniens. C'est un honneur certain mais c'est aussi un exercice
difficile pour quelqu'un qui n'est plus qu'un observateur et non plus
un acteur des événements en question.
Il est assez difficile pour moi de discourir aujourd'hui avec
originalité sur ce sujet dans la mesure où viennent de paraître deux
ouvrages remarquables qui lui sont précisément consacrés : « Vous
n'existez pas » de Maître Sevag Torossian et « La Turquie et le
fantôme arménien » de Laure Marchand et Guillaume Perrier. Le premier
de ces deux ouvrages se concentre sur la démarche juridique de
pénalisation en France, démarche qui a échoué et qui était selon Me
Torossian mal conçue, tandis que le second traite de la prégnance et
de l'impact contemporain du génocide dans la société turque. Je ne
saurais trop vous recommander d'acheter et de lire ces ouvrages et mon
propos aujourd'hui ressemblera sans doute, au moins pour ce qui est du
constat, à ceux de Laure Marchand et de Guillaume Perrier. Pour tout
vous dire, je me félicite d'ailleurs de leur prise de parole publique
car l'un des effets, et non des moindres, de la politique
négationniste de l'Etat turc est d'ôter, aux yeux des médias
dominants, toute crédibilité à une parole arménienne sur la question
turque alors que, sans doute, personne n'est plus légitime ni plus
pertinent que nous lorsqu'il s'agit de parler de la Turquie. Je pense
que d'ici peu, ces deux journalistes reconnus seront qualifiés dans la
presse turque de sözde gazeteci et qu'on leur trouvera rapidement des
ascendances arméniennes.
Concernant la négation du génocide, quels sont aujourd'hui les
éléments tactiques constitutifs de la politique turque et comment
peut-on y répondre ? Alors, bien évidemment, il est toujours difficile
de répondre à ce genre de question mais je voudrais vous soumettre les
quelques éléments de réflexion suivants :
Premièrement, le nombre et l'intensité des déclarations négationnistes
des plus hauts représentants de l'Etat ont diminué. Vous n'avez pas
entendu dernièrement Erdogan, Gül ou Davutoglu faire une déclaration
outrancière ou agressive. Bien évidemment, il peut encore leur arriver
de répondre à telle ou telle position publique mais le ton est alors
modéré. Quand par exemple, Charles Aznavour déclare, comme il l'a fait
récemment qu'il se « foutait du mot de génocide mais qu'il voulait la
reconnaissance des faits historiques » et que « le Premier ministre
turc a dit qu'il hait les Grecs et les Arméniens », la réponse de
Davutoglu a été la suivante : « nous ne pouvons pas comprendre ce sur
quoi sont fondées ces affirmations. Nous rejetons fermement ces
accusations infondées. Les Turcs ont mené une longue coexistence
pacifique avec les Arméniens et les Grecs » avant d'ajouter que la
Turquie « accueille favorablement la proposition d'Aznavour de
normaliser les relations arméno-turques ». Cela ne veut certainement
pas dire que la Turquie va s'engager dans cette voie mais, donc, pas
d'outrance verbale du moins au plus haut niveau. Seule entorse récente
à cette règle, la déclaration tonitruante d'Egemen Bagis, Ministre des
Affaires Européennes et spécialiste de la question, qui a récemment
comparé les revendications de génocide assyrien à la pratique de la
masturbation.
Deuxièmement, en Turquie même, le système exerce désormais ses
pressions de préférence de manière indirecte. Ce n'est plus l'exécutif
ou le Ministère de l'Intérieur qui menace et interdit directement.
Officiellement, l'Etat est plus neutre, plus permissif, plus tolérant
: par exemple, il autorise les commémorations du 24 avril et, selon
les observations récemment rapportées par Laure Marchand et Guillaume
Perrier, il fournit même un service d'ordre pour tenir les
ultranationalistes à l'écart.
Cependant les lois et les règlements n'ont pas changé et, s'ils ont
changé, les pratiques judiciaires n'ont pas changé. Ce ne sont donc
plus les corps centraux de l'administration qui oppressent mais des
administrations déportées et théoriquement indépendantes de l'appareil
d'Etat. Vous pouvez manifester, vous pouvez écrire, l'Etat ne vous
persécutera pas mais un juge que le pouvoir qualifiera de «
conservateur » pourra toujours vous poursuivre. Actuellement par
exemple, Temel Demirer est à nouveau poursuivi pour avoir re-déclaré
en substance « l'État turc est le meurtrier de Hrant Dink. Je dis
aussi il y a eu un Génocide arménien dans ce pays ». Récemment, on a
également appris qu'une enquête a été ouverte contre Robert Koptas et
Ümit Kivanç du journal Agos qui auraient critiqué lors d'une émission
télévisé la sentence prononcée lors du procès du meurtrier de Hrant
Dink en affirmant que l'Etat turc en était le commanditaire. Ce qui
est intéressant, c'est que ce n'est pas l'Etat qui a saisi le parquet
mais un simple citoyen - en tout cas c'est comme ça qu'il est présenté
- résident à Antalya. Bref, si officiellement il n'y a plus de tabou,
l'affirmation du génocide vous plonge dans une sorte d'insécurité
juridique. De manière tout à fait signifiante, je voudrais ici
rappeler que lorsqu'il y a un an, Ragip Zarakolu a été raflé avec
d'autres intellectuels pour une prétendue complicité avec un mouvement
terroriste kurde, la « preuve » exhibée par la police de sa «
complicité » était un ouvrage ... sur le génocide arménien.
Plus insidieux encore, les journalistes qui se montrent trop
intransigeants ou affirmatifs sur des questions « sensibles » peuvent
être licenciés. Le cas le plus patent est celui de Hasan Cemal, le
petit-fils de Djemal Pacha, qui a été licencié par Milliyet sans que
l'on sache si c'est pour avoir publié un livre sur le génocide
arménien, et sur la couverture duquel on le voit à genoux à
Dzidzernagapert, ou si c'est pour avoir rencontré et interviewé le
leader du PKK Murat Karayilan à Kandil. Mais ce n'est pas le seul.
Récemment par exemple, Amberin Zaman qui n'est pourtant pas une
révolutionnaire s'est fait licencié par HaberTürk après s'être fait
sortir d'un programme de la TRT parce que ses positions étaient « trop
antigouvernementales ». L'Etat n'emprisonne donc plus ses dissidents,
il tente de les empêcher de s'exprimer par d'autres moyens. Le moyen
fiscal ou celui des frais de procédure est un autre levier employé :
la maison d'édition de Ragip Zarakolu par exemple est dans une
situation financière très précaire en raison des « absences » de
l'éditeur lorsqu'il est mis en détention préventive mais aussi en
raison des frais d'avocats considérables. Je profite de l'occasion
pour vous inviter à soutenir financièrement Ragip par le biais de la
campagne mise en place à cet effet par le CCAF.
Réciproquement, c'est la même justice « indépendante » qui va
finalement jugée que le conscrit d'origine arménienne Sevag Balikçi -
assassiné le 24 avril 2011 par un de ses « camarades » membre des
foyers Alperen - a été victime d'un homicide involontaire et non pas
d'un crime raciste délibéré. L'Etat pourra toujours s'abriter derrière
une décision de justice - fut-elle militaire comme ce fut le cas ici.
Encore mieux, en l'espèce, le gouvernement AKP pourra éventuellement
fustiger les éléments « nationalistes », c'est-à-dire kémalistes, à
l'origine de cette décision de justice.
Troisièmement, le rôle croissant de l'Azerbaïdjan dans le
négationnisme. Lors de la conférence tenue par Laure Marchand et
Guillaume Perrier début avril à l'EHESS, un des intervenants est allé
jusqu'à affirmer que la Turquie avait sous-traité sa politique
arménienne à l'Azerbaïdjan. Je ne sais s'il faut aller jusqu'à là mais
il est vrai qu'Ankara doit maintenant composer avec Bakou ce qui
présente deux avantages pour la Turquie :
Avantage secondaire, les pétrodollars avec lesquels le régime Aliev
peut alimenter les différentes structures négationnistes en Turquie et
à l'étranger. Les observateurs des dernières manifestions arménophobes
qui se sont déroulées par exemple en France auront noté la grande
porosité entre des éléments proches de l'ambassade d'Azerbaïdjan et
les représentants des mouvements ultranationalistes turcs présents en
France,
Avantage principal, la possibilité de maintenir un discours extrémiste
et violemment arménophobes par entité interposée car le discours azéri
actuel, bien que légèrement différent dans son contenu propre,
contient les éléments de violence qui caractérisaient le discours turc
d'il y a vingt ans. Pour Ankara, c'est un moyen de cette fameuse
profondeur stratégique par laquelle la Turquie peut moduler son
discours en fonction de ses besoins réels et disposer à cet égard d'un
alibi : l'Azerbaïdjan. Dernier exemple en date, l'annulation des vols
directs Erevan-Van par l'aviation civile turque et pour laquelle la
Turquie a été chaudement remerciée par l'Azerbaïdjan. Ankara pourra
toujours prétendre qu'elle a malheureusement dû céder aux pressions de
son intransigeant allié.
Quatrièmement, l'organisation d'événements mettant en valeur les
échanges arméno-turcs. Dans la foulée du TARC de sinistre mémoire,
Ankara continue de soutenir directement ou indirectement des
initiatives « positives », parfois avec la complaisance naïve ou
obligée de l'Arménie. Ainsi, récemment, on a vu se monter à Erevan un
forum de femmes d'affaires arméniennes et turques, forum destiné à
examiner la possibilité d'établir des liens commerciaux. Quels liens,
quelles affaires puisque la Turquie exerce un blocus criminel envers
l'Arménie ? Personne ne semble se poser la question. Autre exemple, la
Fondation Hrant Dink qui organise régulièrement des échanges
journalistiques entre la Turquie et l'Arménie visant à développer « la
connaissance historique, les relations arméno-turques, la culture et
les arts » et où l'un des objectifs principaux est, paraît-il, « la
normalisation des relations arméno-turques ». Dans l'un comme dans
l'autre de ces deux exemples, un des éléments frappants, c'est
l'espèce d'égalisation morale et abstraite entre les participants de
part et d'autre comme si on ne savait pas qu'un des deux Etats nie la
réalité passé, présente et future de l'autre ainsi que son droit à
l'existence. Un autre élément frappant, c'est le soutien de ce type
d'initiative par des instances tierces qui promeuvent une certaine
vision libérale de l'Histoire et une négation de la primauté du
politique (en tout cas pour les autres !), l'USAID - l'administration
américaine en charge de l'aide au développement - dans le premier cas,
la fondation Heinrich Böll - la fondation politique des Verts
allemands - dans le second cas.
§
A l'aune de ces quatre éléments, quels est l'objectif tactique actuel
du négationnisme turc. Eh bien, il me semble que cet objectif peut
être résumé de la manière suivante : il s'agit désormais pour Ankara
de parvenir à une espèce de tolérance sociétale de l'affirmation du
génocide sans que cela n'implique aucune reconnaissance politique de
la part de l'Etat et a fortiori aucune conséquence en terme moral,
financier ou territorial.
Je souscrirai volontiers à l'analogie faite par l'historienne Claire
Mouradian, spécialiste du monde russe et soviétique. Il est probable
que la Turquie s'oriente vers une « solution » qui ressemble à celle
du 20ème Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique, congrès au
cours duquel furent reconnus et dénoncés les crimes staliniens pour
mieux raffermir ce qui aurait été un communisme des origines, immaculé
et vierge de toute déviance stalinienne. C'est la fameuse «
rectification sans dommage » tentée par le stalinien Anastase Mikoyan.
Pour parvenir à ce but, la méthode employée par la Turquie, c'est de
se retirer des éléments du problème pour apparaître comme l'entité «
au-dessus de la mêlée » organisant une certaine liberté contrôlée de
la parole sur la question arménienne. Ankara joue avec les variables
de contrôle de cette « liberté » en attisant si besoin des éléments «
extrémistes » - à partir de structures formellement indépendantes,
déportées et renforcées par l'argent azéri - ou en favorisant si
nécessaire des initiatives « positives » factices qui éludent la
question politique centrale - celle de la responsabilité de l'Etat -
derrière des considérations d'échange en phase avec l'idéologie
libérale dominante (les islamistes sont libéraux d'un point de vue
économique).
Cette tactique mis en place par le régime AKP à propos du génocide des
Arméniens est hautement compatible avec une autre de ses entreprises,
celle de se départir du kémalisme. En une phrase, le négationnisme
outrancier et martial, c'était celui du CHP et de ses avatars. Ce
négationnisme actuel, plus implicite et insidieux permet au régime de
se présenter comme plus libéral et tolérant et même comme
anti-système.
Ainsi, en novembre 2011, les fameuses « excuses » prononcées par
Erdogan à propos des massacres du Dersim lui ont permis d'attaquer
directement le CHP. Je vous prie de m'excuser de me citer mais, à
l'époque, j'avais écris à ce sujet : « Il ne faut donc pas s'attendre
au même type d'excuses - par ailleurs à bon compte - vis-à-vis du
Génocide des Arméniens. Car si les deux opérations furent assez
similaires d'un point de vue opérationnel, si ceux qui participèrent
au premier furent aussi impliqués dans le second, comme par exemple
l'infme Sükrü Kaya, là s'arrête la similitude et le contexte des deux
tueries fut en fait assez différent : Les massacres du Dersim furent
essentiellement un acte d'affirmation de la République turque et on
peut donc faire confiance à Erdogan pour les fustiger ; le Génocide
des Arméniens fut l'acte de création de la nation turque dont il ne
faut pas escompter qu'il soit regretté par n'importe lequel des
dirigeants passés ou actuels de Turquie. ». Eh bien, je ne
retrancherai pas une ligne à ce diagnostic.
Il est d'ailleurs tout à fait intéressant de noter que, selon Hamit
Bozarslan, le dénigrement de Mustafa Kemal s'accompagne d'une actuelle
remise à l'honneur de celui qui fut un temps son rival politique,
Enver Pacha, et surtout d'Abdülhamid.
§
Alors que faire face à ce nouveau visage du négationnisme et que
peut-on espérer ? Eh bien, dans une certaine mesure, il incite à un
optimisme raisonné. Non pas qu'il s'agisse d'accorder une once de
crédit à la bonne volonté de l'Etat turc, mais plutôt de considérer
que la voie qu'il a choisi constitue peut-être sur le long terme une
erreur stratégique. Pour continuer avec l'analogie avec l'URSS, cette
erreur pourrait être de même nature que celle du 20ème congrès du PC,
où pour reprendre les mots d'Humbert-Droz, des staliniens ont voulu «
liquider le stalinisme par des méthodes staliniennes ». Ou, pour
prendre un exemple plus proche de nous dans le temps, un Gorbatchev a
voulu libéraliser le système soviétique pour le sauver.
Ça ne marche tout simplement pas car lorsqu'un système totalitaire -
ce que fut la conception kémaliste de la Turquie - desserre la bride,
il libère des dynamiques dont il sous-estime généralement l'importance
et qui peuvent finir par l'emporter. Bien évidemment, l'avenir n'étant
pas écrit, la question qui se pose pour nous est de savoir comment
accompagner le mouvement, le favoriser, sachant qu'en tant que simples
citoyens ne s'appuyant sur aucune structure étatique et qu'en tant
qu'extérieurs à la Turquie, nos moyens d'actions sont évidemment
limités. Car le risque existe très fortement que la population turque
jette finalement le kémalisme dans les poubelles de l'Histoire sans
pour autant reconnaître que l'identité turque est née d'un crime
inouï.
Il me semble que dans ce contexte, la ligne de conduite qui devrait
être la nôtre est de ne pas rentrer dans la politique des biçim et des
shows mise en place par Ankara et pour Ankara mais de prendre au mot
l'Etat turc quant à son prétendu libéralisme social. La parole est
libre en Turquie ? Parlons aux simples citoyens turcs et
encourageons-les à mettre en avant leurs identités particulières :
identités particulières de nature ethnique, de nature religieuse, de
nature sociale ou même de nature sexuelle - on peut par exemple songer
au mouvement LGBT. Il serait intéressant, afin de mettre un terme à un
nationalisme qui bride tout espoir d'évolution, que les citoyens de
Turquie se considèrent d'abord musulmans ou alévis ou chrétiens,
d'abord kurdes ou lazes ou zazas, d'abord cadres supérieurs ou
ouvriers, d'abord bobos ou yuppies ou gays avant qu'ils ne se
considèrent turcs.
Je ne crois pas que la question turque - c'est-à-dire la question de
cet Etat construit sur le crime et son déni - prendra fin en 2015.
2015 ne doit pas être une fin, ce doit être le début d'un processus
qui durera bien plus longtemps. On sait que le mot d'ordre des
nationalistes turcs du début du 20ème siècle - nationalistes dont
l'origine turque était d'ailleurs douteuse - était « turquification,
islamisation, occidentalisation ». C'était bien évidemment un oxymore
car les deux premiers termes contredisent le troisième. Ce fut aussi,
sur plus de 500 ans, un processus violent dont on n'a pas idée
aujourd'hui et dont le génocide arménien n'a constitué que le
paroxysme final.
Notre objectif de reconnaissance de ce génocide passe par la mise en
`uvre du processus contraire afin que progressivement les populations
d'Asie mineure - Anatolie et Arménie occidentale - considèrent qu'il
n'est finalement pas si « heureux d'être Turc », comme le prétend le
fameux slogan « ne mutlu türküm diyene » ; qu'il n'est finalement pas
si heureux d'être en quelque sorte tenu pour caution solidaire d'un
Etat criminel tout en constatant qu'on en fut victime en ce que cette
identité turque résultt précisément de l'effacement d'identités
antérieures.
Ces populations ainsi édifiées redeviendront-elles alors grecques,
kurdes, arabes, arméniennes ? Rien n'est moins sûr. D'une part parce
qu'il n'est pas certains que les identités ethniques soient promises à
un grand avenir. Et d'autre part - pour ce qui est de l'identité
arménienne - parce que son regain d'attractivité sera en grande partie
lié à ce que l'Etat arménien saura offrir, notamment en matière de
respect des libertés et des droits fondamentaux. C'est bien sûr un
autre sujet mais vous comprendrez donc qu'il y a loin de la coupe aux
lèvres.
Je vous remercie de votre attention.
Laurent Leylekian
http://eurotopie.leylekian.eu/2013/04/la-negation-du-genocide-armenien-et-les.html
mardi 14 mai 2013,
Stéphane ©armenews.com
La négation du génocide arménien et les évolutions de la politique
turque par Laurent Leylekian
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=89640
Le lundi 22 avril, la COADA de Valence a invité Laurent Leylekian a
prononcer une conférence sur `la négation du génocide arménien et les
évolutions de la politique turque`. Retrouvez ici le texte de cette
intervention
Permettez-moi tout d'abord de remercier la COADA et Grégoire
Tafankedjian pour m'avoir invité en cette avant-veille de 24 avril à
évoquer la question de la négation par la Turquie du génocide des
Arméniens. C'est un honneur certain mais c'est aussi un exercice
difficile pour quelqu'un qui n'est plus qu'un observateur et non plus
un acteur des événements en question.
Il est assez difficile pour moi de discourir aujourd'hui avec
originalité sur ce sujet dans la mesure où viennent de paraître deux
ouvrages remarquables qui lui sont précisément consacrés : « Vous
n'existez pas » de Maître Sevag Torossian et « La Turquie et le
fantôme arménien » de Laure Marchand et Guillaume Perrier. Le premier
de ces deux ouvrages se concentre sur la démarche juridique de
pénalisation en France, démarche qui a échoué et qui était selon Me
Torossian mal conçue, tandis que le second traite de la prégnance et
de l'impact contemporain du génocide dans la société turque. Je ne
saurais trop vous recommander d'acheter et de lire ces ouvrages et mon
propos aujourd'hui ressemblera sans doute, au moins pour ce qui est du
constat, à ceux de Laure Marchand et de Guillaume Perrier. Pour tout
vous dire, je me félicite d'ailleurs de leur prise de parole publique
car l'un des effets, et non des moindres, de la politique
négationniste de l'Etat turc est d'ôter, aux yeux des médias
dominants, toute crédibilité à une parole arménienne sur la question
turque alors que, sans doute, personne n'est plus légitime ni plus
pertinent que nous lorsqu'il s'agit de parler de la Turquie. Je pense
que d'ici peu, ces deux journalistes reconnus seront qualifiés dans la
presse turque de sözde gazeteci et qu'on leur trouvera rapidement des
ascendances arméniennes.
Concernant la négation du génocide, quels sont aujourd'hui les
éléments tactiques constitutifs de la politique turque et comment
peut-on y répondre ? Alors, bien évidemment, il est toujours difficile
de répondre à ce genre de question mais je voudrais vous soumettre les
quelques éléments de réflexion suivants :
Premièrement, le nombre et l'intensité des déclarations négationnistes
des plus hauts représentants de l'Etat ont diminué. Vous n'avez pas
entendu dernièrement Erdogan, Gül ou Davutoglu faire une déclaration
outrancière ou agressive. Bien évidemment, il peut encore leur arriver
de répondre à telle ou telle position publique mais le ton est alors
modéré. Quand par exemple, Charles Aznavour déclare, comme il l'a fait
récemment qu'il se « foutait du mot de génocide mais qu'il voulait la
reconnaissance des faits historiques » et que « le Premier ministre
turc a dit qu'il hait les Grecs et les Arméniens », la réponse de
Davutoglu a été la suivante : « nous ne pouvons pas comprendre ce sur
quoi sont fondées ces affirmations. Nous rejetons fermement ces
accusations infondées. Les Turcs ont mené une longue coexistence
pacifique avec les Arméniens et les Grecs » avant d'ajouter que la
Turquie « accueille favorablement la proposition d'Aznavour de
normaliser les relations arméno-turques ». Cela ne veut certainement
pas dire que la Turquie va s'engager dans cette voie mais, donc, pas
d'outrance verbale du moins au plus haut niveau. Seule entorse récente
à cette règle, la déclaration tonitruante d'Egemen Bagis, Ministre des
Affaires Européennes et spécialiste de la question, qui a récemment
comparé les revendications de génocide assyrien à la pratique de la
masturbation.
Deuxièmement, en Turquie même, le système exerce désormais ses
pressions de préférence de manière indirecte. Ce n'est plus l'exécutif
ou le Ministère de l'Intérieur qui menace et interdit directement.
Officiellement, l'Etat est plus neutre, plus permissif, plus tolérant
: par exemple, il autorise les commémorations du 24 avril et, selon
les observations récemment rapportées par Laure Marchand et Guillaume
Perrier, il fournit même un service d'ordre pour tenir les
ultranationalistes à l'écart.
Cependant les lois et les règlements n'ont pas changé et, s'ils ont
changé, les pratiques judiciaires n'ont pas changé. Ce ne sont donc
plus les corps centraux de l'administration qui oppressent mais des
administrations déportées et théoriquement indépendantes de l'appareil
d'Etat. Vous pouvez manifester, vous pouvez écrire, l'Etat ne vous
persécutera pas mais un juge que le pouvoir qualifiera de «
conservateur » pourra toujours vous poursuivre. Actuellement par
exemple, Temel Demirer est à nouveau poursuivi pour avoir re-déclaré
en substance « l'État turc est le meurtrier de Hrant Dink. Je dis
aussi il y a eu un Génocide arménien dans ce pays ». Récemment, on a
également appris qu'une enquête a été ouverte contre Robert Koptas et
Ümit Kivanç du journal Agos qui auraient critiqué lors d'une émission
télévisé la sentence prononcée lors du procès du meurtrier de Hrant
Dink en affirmant que l'Etat turc en était le commanditaire. Ce qui
est intéressant, c'est que ce n'est pas l'Etat qui a saisi le parquet
mais un simple citoyen - en tout cas c'est comme ça qu'il est présenté
- résident à Antalya. Bref, si officiellement il n'y a plus de tabou,
l'affirmation du génocide vous plonge dans une sorte d'insécurité
juridique. De manière tout à fait signifiante, je voudrais ici
rappeler que lorsqu'il y a un an, Ragip Zarakolu a été raflé avec
d'autres intellectuels pour une prétendue complicité avec un mouvement
terroriste kurde, la « preuve » exhibée par la police de sa «
complicité » était un ouvrage ... sur le génocide arménien.
Plus insidieux encore, les journalistes qui se montrent trop
intransigeants ou affirmatifs sur des questions « sensibles » peuvent
être licenciés. Le cas le plus patent est celui de Hasan Cemal, le
petit-fils de Djemal Pacha, qui a été licencié par Milliyet sans que
l'on sache si c'est pour avoir publié un livre sur le génocide
arménien, et sur la couverture duquel on le voit à genoux à
Dzidzernagapert, ou si c'est pour avoir rencontré et interviewé le
leader du PKK Murat Karayilan à Kandil. Mais ce n'est pas le seul.
Récemment par exemple, Amberin Zaman qui n'est pourtant pas une
révolutionnaire s'est fait licencié par HaberTürk après s'être fait
sortir d'un programme de la TRT parce que ses positions étaient « trop
antigouvernementales ». L'Etat n'emprisonne donc plus ses dissidents,
il tente de les empêcher de s'exprimer par d'autres moyens. Le moyen
fiscal ou celui des frais de procédure est un autre levier employé :
la maison d'édition de Ragip Zarakolu par exemple est dans une
situation financière très précaire en raison des « absences » de
l'éditeur lorsqu'il est mis en détention préventive mais aussi en
raison des frais d'avocats considérables. Je profite de l'occasion
pour vous inviter à soutenir financièrement Ragip par le biais de la
campagne mise en place à cet effet par le CCAF.
Réciproquement, c'est la même justice « indépendante » qui va
finalement jugée que le conscrit d'origine arménienne Sevag Balikçi -
assassiné le 24 avril 2011 par un de ses « camarades » membre des
foyers Alperen - a été victime d'un homicide involontaire et non pas
d'un crime raciste délibéré. L'Etat pourra toujours s'abriter derrière
une décision de justice - fut-elle militaire comme ce fut le cas ici.
Encore mieux, en l'espèce, le gouvernement AKP pourra éventuellement
fustiger les éléments « nationalistes », c'est-à-dire kémalistes, à
l'origine de cette décision de justice.
Troisièmement, le rôle croissant de l'Azerbaïdjan dans le
négationnisme. Lors de la conférence tenue par Laure Marchand et
Guillaume Perrier début avril à l'EHESS, un des intervenants est allé
jusqu'à affirmer que la Turquie avait sous-traité sa politique
arménienne à l'Azerbaïdjan. Je ne sais s'il faut aller jusqu'à là mais
il est vrai qu'Ankara doit maintenant composer avec Bakou ce qui
présente deux avantages pour la Turquie :
Avantage secondaire, les pétrodollars avec lesquels le régime Aliev
peut alimenter les différentes structures négationnistes en Turquie et
à l'étranger. Les observateurs des dernières manifestions arménophobes
qui se sont déroulées par exemple en France auront noté la grande
porosité entre des éléments proches de l'ambassade d'Azerbaïdjan et
les représentants des mouvements ultranationalistes turcs présents en
France,
Avantage principal, la possibilité de maintenir un discours extrémiste
et violemment arménophobes par entité interposée car le discours azéri
actuel, bien que légèrement différent dans son contenu propre,
contient les éléments de violence qui caractérisaient le discours turc
d'il y a vingt ans. Pour Ankara, c'est un moyen de cette fameuse
profondeur stratégique par laquelle la Turquie peut moduler son
discours en fonction de ses besoins réels et disposer à cet égard d'un
alibi : l'Azerbaïdjan. Dernier exemple en date, l'annulation des vols
directs Erevan-Van par l'aviation civile turque et pour laquelle la
Turquie a été chaudement remerciée par l'Azerbaïdjan. Ankara pourra
toujours prétendre qu'elle a malheureusement dû céder aux pressions de
son intransigeant allié.
Quatrièmement, l'organisation d'événements mettant en valeur les
échanges arméno-turcs. Dans la foulée du TARC de sinistre mémoire,
Ankara continue de soutenir directement ou indirectement des
initiatives « positives », parfois avec la complaisance naïve ou
obligée de l'Arménie. Ainsi, récemment, on a vu se monter à Erevan un
forum de femmes d'affaires arméniennes et turques, forum destiné à
examiner la possibilité d'établir des liens commerciaux. Quels liens,
quelles affaires puisque la Turquie exerce un blocus criminel envers
l'Arménie ? Personne ne semble se poser la question. Autre exemple, la
Fondation Hrant Dink qui organise régulièrement des échanges
journalistiques entre la Turquie et l'Arménie visant à développer « la
connaissance historique, les relations arméno-turques, la culture et
les arts » et où l'un des objectifs principaux est, paraît-il, « la
normalisation des relations arméno-turques ». Dans l'un comme dans
l'autre de ces deux exemples, un des éléments frappants, c'est
l'espèce d'égalisation morale et abstraite entre les participants de
part et d'autre comme si on ne savait pas qu'un des deux Etats nie la
réalité passé, présente et future de l'autre ainsi que son droit à
l'existence. Un autre élément frappant, c'est le soutien de ce type
d'initiative par des instances tierces qui promeuvent une certaine
vision libérale de l'Histoire et une négation de la primauté du
politique (en tout cas pour les autres !), l'USAID - l'administration
américaine en charge de l'aide au développement - dans le premier cas,
la fondation Heinrich Böll - la fondation politique des Verts
allemands - dans le second cas.
§
A l'aune de ces quatre éléments, quels est l'objectif tactique actuel
du négationnisme turc. Eh bien, il me semble que cet objectif peut
être résumé de la manière suivante : il s'agit désormais pour Ankara
de parvenir à une espèce de tolérance sociétale de l'affirmation du
génocide sans que cela n'implique aucune reconnaissance politique de
la part de l'Etat et a fortiori aucune conséquence en terme moral,
financier ou territorial.
Je souscrirai volontiers à l'analogie faite par l'historienne Claire
Mouradian, spécialiste du monde russe et soviétique. Il est probable
que la Turquie s'oriente vers une « solution » qui ressemble à celle
du 20ème Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique, congrès au
cours duquel furent reconnus et dénoncés les crimes staliniens pour
mieux raffermir ce qui aurait été un communisme des origines, immaculé
et vierge de toute déviance stalinienne. C'est la fameuse «
rectification sans dommage » tentée par le stalinien Anastase Mikoyan.
Pour parvenir à ce but, la méthode employée par la Turquie, c'est de
se retirer des éléments du problème pour apparaître comme l'entité «
au-dessus de la mêlée » organisant une certaine liberté contrôlée de
la parole sur la question arménienne. Ankara joue avec les variables
de contrôle de cette « liberté » en attisant si besoin des éléments «
extrémistes » - à partir de structures formellement indépendantes,
déportées et renforcées par l'argent azéri - ou en favorisant si
nécessaire des initiatives « positives » factices qui éludent la
question politique centrale - celle de la responsabilité de l'Etat -
derrière des considérations d'échange en phase avec l'idéologie
libérale dominante (les islamistes sont libéraux d'un point de vue
économique).
Cette tactique mis en place par le régime AKP à propos du génocide des
Arméniens est hautement compatible avec une autre de ses entreprises,
celle de se départir du kémalisme. En une phrase, le négationnisme
outrancier et martial, c'était celui du CHP et de ses avatars. Ce
négationnisme actuel, plus implicite et insidieux permet au régime de
se présenter comme plus libéral et tolérant et même comme
anti-système.
Ainsi, en novembre 2011, les fameuses « excuses » prononcées par
Erdogan à propos des massacres du Dersim lui ont permis d'attaquer
directement le CHP. Je vous prie de m'excuser de me citer mais, à
l'époque, j'avais écris à ce sujet : « Il ne faut donc pas s'attendre
au même type d'excuses - par ailleurs à bon compte - vis-à-vis du
Génocide des Arméniens. Car si les deux opérations furent assez
similaires d'un point de vue opérationnel, si ceux qui participèrent
au premier furent aussi impliqués dans le second, comme par exemple
l'infme Sükrü Kaya, là s'arrête la similitude et le contexte des deux
tueries fut en fait assez différent : Les massacres du Dersim furent
essentiellement un acte d'affirmation de la République turque et on
peut donc faire confiance à Erdogan pour les fustiger ; le Génocide
des Arméniens fut l'acte de création de la nation turque dont il ne
faut pas escompter qu'il soit regretté par n'importe lequel des
dirigeants passés ou actuels de Turquie. ». Eh bien, je ne
retrancherai pas une ligne à ce diagnostic.
Il est d'ailleurs tout à fait intéressant de noter que, selon Hamit
Bozarslan, le dénigrement de Mustafa Kemal s'accompagne d'une actuelle
remise à l'honneur de celui qui fut un temps son rival politique,
Enver Pacha, et surtout d'Abdülhamid.
§
Alors que faire face à ce nouveau visage du négationnisme et que
peut-on espérer ? Eh bien, dans une certaine mesure, il incite à un
optimisme raisonné. Non pas qu'il s'agisse d'accorder une once de
crédit à la bonne volonté de l'Etat turc, mais plutôt de considérer
que la voie qu'il a choisi constitue peut-être sur le long terme une
erreur stratégique. Pour continuer avec l'analogie avec l'URSS, cette
erreur pourrait être de même nature que celle du 20ème congrès du PC,
où pour reprendre les mots d'Humbert-Droz, des staliniens ont voulu «
liquider le stalinisme par des méthodes staliniennes ». Ou, pour
prendre un exemple plus proche de nous dans le temps, un Gorbatchev a
voulu libéraliser le système soviétique pour le sauver.
Ça ne marche tout simplement pas car lorsqu'un système totalitaire -
ce que fut la conception kémaliste de la Turquie - desserre la bride,
il libère des dynamiques dont il sous-estime généralement l'importance
et qui peuvent finir par l'emporter. Bien évidemment, l'avenir n'étant
pas écrit, la question qui se pose pour nous est de savoir comment
accompagner le mouvement, le favoriser, sachant qu'en tant que simples
citoyens ne s'appuyant sur aucune structure étatique et qu'en tant
qu'extérieurs à la Turquie, nos moyens d'actions sont évidemment
limités. Car le risque existe très fortement que la population turque
jette finalement le kémalisme dans les poubelles de l'Histoire sans
pour autant reconnaître que l'identité turque est née d'un crime
inouï.
Il me semble que dans ce contexte, la ligne de conduite qui devrait
être la nôtre est de ne pas rentrer dans la politique des biçim et des
shows mise en place par Ankara et pour Ankara mais de prendre au mot
l'Etat turc quant à son prétendu libéralisme social. La parole est
libre en Turquie ? Parlons aux simples citoyens turcs et
encourageons-les à mettre en avant leurs identités particulières :
identités particulières de nature ethnique, de nature religieuse, de
nature sociale ou même de nature sexuelle - on peut par exemple songer
au mouvement LGBT. Il serait intéressant, afin de mettre un terme à un
nationalisme qui bride tout espoir d'évolution, que les citoyens de
Turquie se considèrent d'abord musulmans ou alévis ou chrétiens,
d'abord kurdes ou lazes ou zazas, d'abord cadres supérieurs ou
ouvriers, d'abord bobos ou yuppies ou gays avant qu'ils ne se
considèrent turcs.
Je ne crois pas que la question turque - c'est-à-dire la question de
cet Etat construit sur le crime et son déni - prendra fin en 2015.
2015 ne doit pas être une fin, ce doit être le début d'un processus
qui durera bien plus longtemps. On sait que le mot d'ordre des
nationalistes turcs du début du 20ème siècle - nationalistes dont
l'origine turque était d'ailleurs douteuse - était « turquification,
islamisation, occidentalisation ». C'était bien évidemment un oxymore
car les deux premiers termes contredisent le troisième. Ce fut aussi,
sur plus de 500 ans, un processus violent dont on n'a pas idée
aujourd'hui et dont le génocide arménien n'a constitué que le
paroxysme final.
Notre objectif de reconnaissance de ce génocide passe par la mise en
`uvre du processus contraire afin que progressivement les populations
d'Asie mineure - Anatolie et Arménie occidentale - considèrent qu'il
n'est finalement pas si « heureux d'être Turc », comme le prétend le
fameux slogan « ne mutlu türküm diyene » ; qu'il n'est finalement pas
si heureux d'être en quelque sorte tenu pour caution solidaire d'un
Etat criminel tout en constatant qu'on en fut victime en ce que cette
identité turque résultt précisément de l'effacement d'identités
antérieures.
Ces populations ainsi édifiées redeviendront-elles alors grecques,
kurdes, arabes, arméniennes ? Rien n'est moins sûr. D'une part parce
qu'il n'est pas certains que les identités ethniques soient promises à
un grand avenir. Et d'autre part - pour ce qui est de l'identité
arménienne - parce que son regain d'attractivité sera en grande partie
lié à ce que l'Etat arménien saura offrir, notamment en matière de
respect des libertés et des droits fondamentaux. C'est bien sûr un
autre sujet mais vous comprendrez donc qu'il y a loin de la coupe aux
lèvres.
Je vous remercie de votre attention.
Laurent Leylekian
http://eurotopie.leylekian.eu/2013/04/la-negation-du-genocide-armenien-et-les.html
mardi 14 mai 2013,
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