La Croix, France
Jeudi 7 Novembre 2013
Un évêque transfrontière pour les Arméniens de la diaspora. Vicken
Aykazian; Figures d'Églises dans le monde (4/5)
Alors que le Conseil oecuménique des Églises réunit sa 10e Assemblée à
Busan, en Corée du Sud, « La Croix » propose chaque jour le portrait
d'une personnalité engagée en faveur de l'unité des chrétiens.
Aujourd'hui, Vicken Aykazian, archevêque de l'Église apostolique
arménienne d'Amérique du Nord. BUSAN (Corée du Sud), de notre envoyée
spéciale
LESEGRETAIN Claire
S'il y a une date que Vicken Aykazian n'oublie pas, c'est celle de son
arrivée aux États-Unis. « Le 24 janvier 2000 a changé ma vie! »
s'exclame-t-il. C'est à cette date qu'il est installé à Washington en
tant qu'archevêque des Arméniens d'Amérique du Nord (1,5 million de
personnes sur les 7 millions en diaspora).
Ce polyglotte qui parle couramment l'arabe, l'hébreu, l'arménien, le
turc, l'anglais et le français n'a cessé de se confronter à des
réalités différentes. Né à Siirt, dans le sud-est de la Turquie, en
1951, il a quitté son pays natal à l'ge de 16 ans, avec ses parents,
pour s'établir à Jérusalem. C'est au Patriarcat arménien de cette
ville qu'il commence ses études de théologie, avant de les poursuivre
au King's College de Londres, puis à Fribourg en Suisse, où il ne
parlait « pas un mot de français » à son arrivée. Ordonné prêtre en
1981, il a été « tellement pris » dès son ordination qu'il n'a jamais
trouvé le temps de publier son doctorat sur « Le rôle de l'évêque dans
le droit canon arménien ».
Il inaugure à Genève son ministère de prêtre. Ordonné évêque en 1992,
primat de l'Église arménienne de Suisse, il établit et organise
plusieurs communautés à Zurich, Berne et Lugano. Après quelques années
à Etchmiadzine, siège de l'Église apostolique en Arménie, où réside le
catholicos, l'archevêque Aykazian est envoyé à Washington.
Là, il prend davantage conscience de la sécularisation et de
l'assimilation des Arméniens. « Comme il n'y a que 250 églises
arméniennes sur tout le territoire des États-Unis, beaucoup
fréquentent des paroisses catholiques ou protestantes. Du fait des
mariages mixtes, les Arméniens renoncent peu à peu à leur identité, à
leur culture d'origine », regrette-t-il. Néanmoins, il considère aussi
cette confrontation à la modernité comme une « une chance, une
obligation à s'adapter », à la différence « des conservateurs qui ne
veulent rien changer à la liturgie en arménien classique ».
Ce même souci d'ouverture et d'adaptation motive en grande partie son
engagement oecuménique. Depuis deux ans, Vicken Aykazian préside le
groupement des Églises chrétiennes des États-Unis (Christian Churches
Together, CCT) dont l'Église catholique est également membre, et
participe à la Commission de mission et d'évangélisation du Conseil
oecuménique des Églises (COE). Il reste aussi très actif au sein du
Conseil national des Églises des États-Unis (NCC) dont il a été
président en 2006 et qui représente plus de 100 000 dénominations et
églises locales, soit 45 millions de chrétiens américains « Dès lors
que nous nous référons tous au même Dieu trinitaire, au même
Jésus-Christ, nous ne pouvons être crédibles face aux autres religions
que si nous parvenons d'abord à nous réconcilier entre chrétiens »,
estime-t-il.
Convaincu aussi que « les Églises ensemble ont du poids face au
gouvernement américain », l'archevêque Vicken Aykazian se réjouit que
les responsables catholiques, protestants et orthodoxes aux États-Unis
aient su « influencer le président Obama » pour qu'il renonce à lancer
une opération militaire en Syrie. Lui-même a participé à plusieurs
rencontres sur la Syrie, notamment à Genève, en octobre, en présence
de l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan et du médiateur
onusien dans le conflit syrien Lakhdar Brahimi. Il se joindra à une
nouvelle rencontre, le 17 novembre.
Jeudi 7 Novembre 2013
Un évêque transfrontière pour les Arméniens de la diaspora. Vicken
Aykazian; Figures d'Églises dans le monde (4/5)
Alors que le Conseil oecuménique des Églises réunit sa 10e Assemblée à
Busan, en Corée du Sud, « La Croix » propose chaque jour le portrait
d'une personnalité engagée en faveur de l'unité des chrétiens.
Aujourd'hui, Vicken Aykazian, archevêque de l'Église apostolique
arménienne d'Amérique du Nord. BUSAN (Corée du Sud), de notre envoyée
spéciale
LESEGRETAIN Claire
S'il y a une date que Vicken Aykazian n'oublie pas, c'est celle de son
arrivée aux États-Unis. « Le 24 janvier 2000 a changé ma vie! »
s'exclame-t-il. C'est à cette date qu'il est installé à Washington en
tant qu'archevêque des Arméniens d'Amérique du Nord (1,5 million de
personnes sur les 7 millions en diaspora).
Ce polyglotte qui parle couramment l'arabe, l'hébreu, l'arménien, le
turc, l'anglais et le français n'a cessé de se confronter à des
réalités différentes. Né à Siirt, dans le sud-est de la Turquie, en
1951, il a quitté son pays natal à l'ge de 16 ans, avec ses parents,
pour s'établir à Jérusalem. C'est au Patriarcat arménien de cette
ville qu'il commence ses études de théologie, avant de les poursuivre
au King's College de Londres, puis à Fribourg en Suisse, où il ne
parlait « pas un mot de français » à son arrivée. Ordonné prêtre en
1981, il a été « tellement pris » dès son ordination qu'il n'a jamais
trouvé le temps de publier son doctorat sur « Le rôle de l'évêque dans
le droit canon arménien ».
Il inaugure à Genève son ministère de prêtre. Ordonné évêque en 1992,
primat de l'Église arménienne de Suisse, il établit et organise
plusieurs communautés à Zurich, Berne et Lugano. Après quelques années
à Etchmiadzine, siège de l'Église apostolique en Arménie, où réside le
catholicos, l'archevêque Aykazian est envoyé à Washington.
Là, il prend davantage conscience de la sécularisation et de
l'assimilation des Arméniens. « Comme il n'y a que 250 églises
arméniennes sur tout le territoire des États-Unis, beaucoup
fréquentent des paroisses catholiques ou protestantes. Du fait des
mariages mixtes, les Arméniens renoncent peu à peu à leur identité, à
leur culture d'origine », regrette-t-il. Néanmoins, il considère aussi
cette confrontation à la modernité comme une « une chance, une
obligation à s'adapter », à la différence « des conservateurs qui ne
veulent rien changer à la liturgie en arménien classique ».
Ce même souci d'ouverture et d'adaptation motive en grande partie son
engagement oecuménique. Depuis deux ans, Vicken Aykazian préside le
groupement des Églises chrétiennes des États-Unis (Christian Churches
Together, CCT) dont l'Église catholique est également membre, et
participe à la Commission de mission et d'évangélisation du Conseil
oecuménique des Églises (COE). Il reste aussi très actif au sein du
Conseil national des Églises des États-Unis (NCC) dont il a été
président en 2006 et qui représente plus de 100 000 dénominations et
églises locales, soit 45 millions de chrétiens américains « Dès lors
que nous nous référons tous au même Dieu trinitaire, au même
Jésus-Christ, nous ne pouvons être crédibles face aux autres religions
que si nous parvenons d'abord à nous réconcilier entre chrétiens »,
estime-t-il.
Convaincu aussi que « les Églises ensemble ont du poids face au
gouvernement américain », l'archevêque Vicken Aykazian se réjouit que
les responsables catholiques, protestants et orthodoxes aux États-Unis
aient su « influencer le président Obama » pour qu'il renonce à lancer
une opération militaire en Syrie. Lui-même a participé à plusieurs
rencontres sur la Syrie, notamment à Genève, en octobre, en présence
de l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan et du médiateur
onusien dans le conflit syrien Lakhdar Brahimi. Il se joindra à une
nouvelle rencontre, le 17 novembre.