Vient de paraître
Aznavour : « Tant que battra mon coeur » pour la chanson et l'Arménie
Dans ce troisième opus des mémoires autobiographiques de Charles
Aznavour, dont le titre avait été utilisé par Mireille Darc en 2005,
l'écrivain nous entraîne une fois encore vers les chemins de la vie
avec sa quête du bonheur et la nostalgie du temps qui passe avec son
cortège d'amis disparus. Une quête intérieure révélant son intime, ses
coups de coeur, sa soif d'apprendre et de découvertes, son admiration
pour l'oeuvre de Céline et du maître Charles Trenet, d'Edith Piaf,
ainsi que sa part d'Arménien.
L'homme est pudique, modeste. Sous certains aspects il peut paraître
froid. Mais pour celui qui ne se soucie pas un seul instant de sa
postérité, il a cette spontanéité que peu ont. S'autocritiquant, je me
souviens qu'entre deux chansons au Royal Abert Hall, le 25 octobre, il
s'était livré au public en une minute suspendue de vérité : « Mes
défauts sont ma voix, ma taille, mes gestes, mon manque de culture et
d'éducation, ma franchise et mon manque de personnalité » avait-il dit
; mais sans ajouter qu'autodidacte, il possède une bibliothèque de
plusieurs milliers de livres, parmi lesquels ses chers dictionnaires
et encyclopédies qui ont participé à peaufiner son oeuvre populaire.
Ce qui l'intéresse « sans être passéiste », écrit-il « dans le mauvais
sens du terme, c'est le temps d'avant où il y a tant à apprendre.
[...] Si tu n'as pas de passé tu n'es rien ni personne », mais aussi
le temps présent et aller toujours de l'avant.
Statufié en Arménie, lui, tant honoré, avec seulement un Certificat
d'étude en poche, que d'ailleurs il a égaré, s'en remet à ses écrits,
sans oublier ses débuts plus que difficiles : « Chaque jour qui passe
me rapproche de mes anciennes chansons ; elles me ressemblent et, je
le crois, m'habillent parfaitement. Elles témoignent des grands
moments de ma vie et... oui, je le confesse, elles témoignent aussi
des grands moments de la vôtre... Pourquoi le nier, cher public, je
vous ai atrocement pillé ! Sans remords et sans honte et, au
contraire, avec une grande amitié, j'ai puisé dans vos amours, dans
vos joies, dans vos espoirs, je me suis imprégné de vos tristesses, de
vos problèmes et de vos déceptions... Ce qui fait de moi le premier
pirate du monde, et cela bien avant l'arrivée d'Internet ! »
Dans un des paragraphes, l'arménien refait surface. Contant l'épisode
d'un éventuel retour de sa famille en Arménie à l'appel de l'Arménie
soviétique après la seconde guerre mondiale, Charles explique que ses
parents avaient demandé leurs passeports pour ce retour en Mère
patrie, mais un imprévu de dernière minute, les en dissuaderont
in-extremis.
L'auteur-compositeur-interprète et comédien, fierté de la France et de
l'Arménie, chagrine malgré tout une partie non négligeable de la
communauté arménienne de par le monde par certaines de ses prises de
position en regard de la reconnaissance du génocide des Arméniens,
quand il dit « Je me fous du mot génocide ! » ; car pour lui ce qui
compte c'est l'ouverture de la frontière qui sépare la Turquie de
l'Arménie, actuellement exsangue. La question est : un homme aussi
illustre soit-il, peut-il contrarier le dessein légitime de tout un
peuple ? Car, quoi qu'il en soit, la question de l'ouverture des
frontières communes est sous tendue à l'abandon des terres historiques
du Haut-Karabagh tel que l'exige Ankara par fidélité fraternelle à
l'Azerbaïdjan. Une situation dès lors inextricable, mais qui en l'état
doit être bien aspectée par Moscou...
Le fils de Madame Knarig compte d'ailleurs se rendre en Turquie dès
qu'il en aura le loisir, comme en Israël où il se produira pour la
première fois à Tel Aviv le 23 novembre. Mais un concert `regretté`
par un groupe constitué sur Facebook, intitulé (Charles Aznavour :
s'il vous plait, ne vous produisez pas en Israël), qui appelle le
chanteur à annuler sa prestation et de ne pas aller déjeuner avec le
Président Shimon Perès qui, rappelons-le, estime que le génocide des
Arméniens est « une tragédie, mais pas un génocide ». Que feront le
chanteur et le diplomate ? Seul l'avenir nous le dira. Mais il est
fort à parier que Tel Aviv lui fera une standing ovation. Au mois
d'août dernier, le bassiste auteur-compositeur Roger Waters, membre
fondateur du groupe Pink Floyd, avait lancé un appel aux musiciens au
boycott culturel d'Israël pour « apartheid » et respect du droit
international et des principes universels des droits de l'homme.
Si Dieu est souvent présent dans l'ouvrage de l'artisan de la chanson,
on s'interroge sur la spiritualité de l'homme qui n'en dit mot.
D'ailleurs écrit-il, plaisamment, « Je n'assisterai pas à mon
enterrement ».
Tant que battra mon coeur, 180 pages - Éditions Don Quichotte, 17 euros
Jean Eckian
Charles Aznavour sera présent ce dimanche sur le plateau de Michel
Drucker Vivement dimanche dont l'invité d'honneur est Franck Dubosc.
Suivre le direct ICI entre 14h10 et 16h15
dimanche 10 novembre 2013,
Jean Eckian ©armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article'626
Aznavour : « Tant que battra mon coeur » pour la chanson et l'Arménie
Dans ce troisième opus des mémoires autobiographiques de Charles
Aznavour, dont le titre avait été utilisé par Mireille Darc en 2005,
l'écrivain nous entraîne une fois encore vers les chemins de la vie
avec sa quête du bonheur et la nostalgie du temps qui passe avec son
cortège d'amis disparus. Une quête intérieure révélant son intime, ses
coups de coeur, sa soif d'apprendre et de découvertes, son admiration
pour l'oeuvre de Céline et du maître Charles Trenet, d'Edith Piaf,
ainsi que sa part d'Arménien.
L'homme est pudique, modeste. Sous certains aspects il peut paraître
froid. Mais pour celui qui ne se soucie pas un seul instant de sa
postérité, il a cette spontanéité que peu ont. S'autocritiquant, je me
souviens qu'entre deux chansons au Royal Abert Hall, le 25 octobre, il
s'était livré au public en une minute suspendue de vérité : « Mes
défauts sont ma voix, ma taille, mes gestes, mon manque de culture et
d'éducation, ma franchise et mon manque de personnalité » avait-il dit
; mais sans ajouter qu'autodidacte, il possède une bibliothèque de
plusieurs milliers de livres, parmi lesquels ses chers dictionnaires
et encyclopédies qui ont participé à peaufiner son oeuvre populaire.
Ce qui l'intéresse « sans être passéiste », écrit-il « dans le mauvais
sens du terme, c'est le temps d'avant où il y a tant à apprendre.
[...] Si tu n'as pas de passé tu n'es rien ni personne », mais aussi
le temps présent et aller toujours de l'avant.
Statufié en Arménie, lui, tant honoré, avec seulement un Certificat
d'étude en poche, que d'ailleurs il a égaré, s'en remet à ses écrits,
sans oublier ses débuts plus que difficiles : « Chaque jour qui passe
me rapproche de mes anciennes chansons ; elles me ressemblent et, je
le crois, m'habillent parfaitement. Elles témoignent des grands
moments de ma vie et... oui, je le confesse, elles témoignent aussi
des grands moments de la vôtre... Pourquoi le nier, cher public, je
vous ai atrocement pillé ! Sans remords et sans honte et, au
contraire, avec une grande amitié, j'ai puisé dans vos amours, dans
vos joies, dans vos espoirs, je me suis imprégné de vos tristesses, de
vos problèmes et de vos déceptions... Ce qui fait de moi le premier
pirate du monde, et cela bien avant l'arrivée d'Internet ! »
Dans un des paragraphes, l'arménien refait surface. Contant l'épisode
d'un éventuel retour de sa famille en Arménie à l'appel de l'Arménie
soviétique après la seconde guerre mondiale, Charles explique que ses
parents avaient demandé leurs passeports pour ce retour en Mère
patrie, mais un imprévu de dernière minute, les en dissuaderont
in-extremis.
L'auteur-compositeur-interprète et comédien, fierté de la France et de
l'Arménie, chagrine malgré tout une partie non négligeable de la
communauté arménienne de par le monde par certaines de ses prises de
position en regard de la reconnaissance du génocide des Arméniens,
quand il dit « Je me fous du mot génocide ! » ; car pour lui ce qui
compte c'est l'ouverture de la frontière qui sépare la Turquie de
l'Arménie, actuellement exsangue. La question est : un homme aussi
illustre soit-il, peut-il contrarier le dessein légitime de tout un
peuple ? Car, quoi qu'il en soit, la question de l'ouverture des
frontières communes est sous tendue à l'abandon des terres historiques
du Haut-Karabagh tel que l'exige Ankara par fidélité fraternelle à
l'Azerbaïdjan. Une situation dès lors inextricable, mais qui en l'état
doit être bien aspectée par Moscou...
Le fils de Madame Knarig compte d'ailleurs se rendre en Turquie dès
qu'il en aura le loisir, comme en Israël où il se produira pour la
première fois à Tel Aviv le 23 novembre. Mais un concert `regretté`
par un groupe constitué sur Facebook, intitulé (Charles Aznavour :
s'il vous plait, ne vous produisez pas en Israël), qui appelle le
chanteur à annuler sa prestation et de ne pas aller déjeuner avec le
Président Shimon Perès qui, rappelons-le, estime que le génocide des
Arméniens est « une tragédie, mais pas un génocide ». Que feront le
chanteur et le diplomate ? Seul l'avenir nous le dira. Mais il est
fort à parier que Tel Aviv lui fera une standing ovation. Au mois
d'août dernier, le bassiste auteur-compositeur Roger Waters, membre
fondateur du groupe Pink Floyd, avait lancé un appel aux musiciens au
boycott culturel d'Israël pour « apartheid » et respect du droit
international et des principes universels des droits de l'homme.
Si Dieu est souvent présent dans l'ouvrage de l'artisan de la chanson,
on s'interroge sur la spiritualité de l'homme qui n'en dit mot.
D'ailleurs écrit-il, plaisamment, « Je n'assisterai pas à mon
enterrement ».
Tant que battra mon coeur, 180 pages - Éditions Don Quichotte, 17 euros
Jean Eckian
Charles Aznavour sera présent ce dimanche sur le plateau de Michel
Drucker Vivement dimanche dont l'invité d'honneur est Franck Dubosc.
Suivre le direct ICI entre 14h10 et 16h15
dimanche 10 novembre 2013,
Jean Eckian ©armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article'626