TURQUIE : L'" HABITUS " NEGATIONNISTE, UN MOELE DE CITOYENNE
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=76070
Publié le : 09-10-2013
Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - Â" Le crime a été et
est toujours commis en notre nom et pour nous, au nom de l'islam et
de la Â" turcité Â", dont nous avons naturellement, si ce n'était
pas volontairement, hérité et dont nous jouissons des privilèges -
de nouveau indépendamment du fait que ce soit ou non notre choix -
en tant que non-Arméniens et non-chrétiens. Ainsi, inévitablement,
nous contribuons a cet habitus négationniste post-génocide,
pour nombre d'entre nous sans le vouloir. La reconnaissance du
génocide devrait donc commencer a un niveau personnel pour les
membres du groupe des auteurs, en ayant la volonté de porter la
responsabilité et le sentiment de honte pour le crime commis au
nom de l'identité ethnique et religieuse a laquelle nous sommes
attachés, et pour le bien du système dont nous faisons partie. Â"
Ayse Gunaysu, la militante turque des droits de l'homme, membre de
l'IHD, signe comme a l'accoutumée un texte coup de poing, destiné
a réveiller ses compatriotes turcs et kurdes, y compris ceux qui se
disent sensibilisés a la reconnaissance du génocide arménien de
1915. Le Collectif VAN vous propose la traduction de son article en
anglais, paru sur le site Armenian Weeklyle 2 octobre 2013.
Armenian Weekly
Gunaysu : commémorer le génocide dans un habitus négationniste
post-génocide
Par Ayse Gunaysu
2 octobre 2013
Dans son livre qui brosse un tableau détaillé de la facon
dont les non-musulmans étaient représentés dans l'industrie
cinématographique turque jusque dans les années 1980, Dilara Balcı,
raconte une anecdote qui éclaire très bien l'environnent dans
lequel les Arméniens, les descendants des survivants du génocide,
ont vécu en Turquie.
En 1979, feu Nubar Terziyan, l'un des plus grands acteurs du cinéma
turc, fit paraître une annonce dans plusieurs journaux turcs pour
exprimer ses condoléances suite a la mort d'Ayhan Isik, une autre
star turque, célèbre pour sa belle prestance. L'annonce disait :
Â" Ayhan, mon fils, le monde est éphémère, la mort est notre
destin a tous, pourtant tu ne mourras jamais, parce que tu vivras
toujours dans nos cÅ"urs et dans des millions d'autres cÅ"urs. C'est
une bénédiction pour toi. ... Ton oncle, Noubar Terziyan. Â"
Il n'a pas fallu beaucoup de temps avant que la famille d'Ayhan
IÅ~_ık transmette une contre-annonce a la presse, une déclaration
publique. Elle disait : Â" Une correction importante : il n'existe
aucun lien de quelque nature que ce soit entre l'annonce signée 'Ton
oncle, Noubar Terziyan' et notre bien-aimé Ayhan IÅ~_ık. ... Nous
sommes au regret de le mentionner, car nous l'estimons nécessaire. Â"
(http://www.radikal.com.tr/hayat/rumlar_fahise_ermeniler_pansiyoncu_yahudiler_tucca r-1149673)
Comme dans de nombreuses cultures, Â" fils Â" est un terme d'affection
en turc, utilisé par les anciens s'adressant a un jeune qu'ils
apprécient. Et Â" oncle Â" est son pendant, utilisé par un jeune
lorsqu'il s'adresse a une personne âgée proche et aimée. Malgré ce
fait bien connu, l'infime possibilité que quelqu'un puisse prendre
cela au sérieux et penser qu'Ayhan IÅ~_ık avait vraiment un lien
familial avec Terziyan a terrifié (et en même temps enragé) la
famille d'IÅ~_ık, a un point tel que le sentiment profond exprimé
au départ fut oublié et remplacé par une manifestation publique
de racisme.
'Géographie du génocide et négation'
L'humiliation de Noubar Terziyan et la réponse de la famille d'IÅ~_ık
ne furent que l'une des nombreuses manifestations quotidiennes de
la vie dans un Â" habitus négationniste post-génocide Â", comme
l'appelle Talin Suciyan dans sa thèse de doctorat a l'université
Louis et Maximilien de Munich. La thèse vise a Â" écrire une
histoire post-génocide de l'existence arménienne en Turquie, qui
est restée dans la géographie du génocide et de la négation : le
crime a continué a être reproduit par la négation, et la victime et
le témoin ont continué a vivre côte a côte, ainsi que les auteurs
(Ndt : du génocide). Le témoignage tant de la victime que du témoin
a été réduit au silence et nié, et comme le prouve la perfection du
crime, leurs souvenirs, leurs témoignages ont été bouleversés. Â"
Comme le prouve Suciyan de facon frappante en se fondant sur des
sources primaires arméniennes, cela s'est passé lorsque les foyers
arméniens qui subsistaient encore après le génocide, dispersés dans
les diverses provinces d'Asie mineure, ont été systématiquement
chassés des régions et concentrés a Istanbul, car l'on pensait
qu'ils pouvaient être plus facilement et directement contrôlés. Ils
étaient condamnés a mener leurs vies dans une Â" réalité,
banale et ordinaire d'un habitus négationniste post-génocide Â",
qui est Â" le contexte politique et social le plus invisible, les
réalités quotidiennes. Â" Cet habitus fut le cadre dans lequel des
actions, des pratiques et des politiques anti-arméniennes eurent
lieu et continuent a avoir lieu. Il Â" définit la vie économique,
sociale, culturelle et juridique des non-musulmans, en général,
et la vie d'autres groupes ethniques et religieux ou politiques,
dont les conflits avec l'Ã~Itat ne sont toujours pas résolus Â",
écrit Suciyan, faisant référence aux campagnes anti-arméniennes
qui Â" ont servi a reproduire l'anti-arménianisme dans le pays,
pour que les voix des victimes du génocide ne soient pas entendues
pendant des décennies, et pour réduire au silence ceux qui sont
restés en Turquie. Â" Elle poursuit, Â" Appeler les Arméniens a se
représenter eux-mêmes dans un climat anti-arménien, ne signifiait
pas uniquement ignorer l'annihilation de leur parents, mais ignorer
également le fait qu'ils étaient les enfants des survivants. Par
conséquent, les Arméniens en Turquie devaient devenir des parties
de l'habitus négationniste opérant au sein du cadre de ce même
habitus. Â" Suciyan remet en question la pertinence de la formule Â"
minorité-majorité Â" utilisée pour définir la question en Turquie :
Â" Il ne s'agit pas d'une simple question de conditions juridiques,
mais de l'habitus négationniste qui joue un rôle décisif, et
pas uniquement dans la production et la création de dispositifs
d'exclusion, il constitue également un modèle de citoyenneté et,
par conséquent, une réalité sociale incarnant un attachement
affectif a cette formation négationniste. Â"1
Cet Â" habitus Â" est diamétralement opposé a l'environnement
social, culturel et intellectuel post-holocauste en Allemagne, où
vous ne pouvez pas faire un pas dans une rue de Berlin, par exemple,
sans que le génocide juif ne vous soit rappelé.
Istanbul : la scène de crime
Mais alors, a quoi devrait ressembler une commémoration du génocide
réellement significatrice dans un tel habitus négationniste ? En
quoi devrait-elle être différente des commémorations qui ont lieu
ailleurs dans le monde ?
Istanbul -- où le génocide arménien est commémoré dans un
cadre privé depuis 2005, et sur la place publique depuis 2010 --
était la capitale de l'Empire ottoman et la scène du crime du
génocide arménien et du génocide d'autres populations chrétiennes
d'Anatolie. Aujourd'hui, c'est la ville et le centre d'affaires
le plus important du pays, et c'est toujours une scène de crime -
cette fois, de la négation du génocide.
Compte tenu de l'habitus négationniste post-génocide, il existe une
différence existentielle catégorique, un réel contraste, entre les
Arméniens et les musulmans sunnites en Turquie. Nous, une poignée
de personnes organisant ces commémorations, sommes les membres du
groupe des auteurs, aussi consciencieux, droits, ou même courageux
que nous nous sentions. La différence existentielle ne pourra jamais
être supprimée quand bien nous, Turcs et Kurdes, ferions les efforts
les plus altruistes, avec les meilleures intentions et la conscience
la plus propre. Nous faisons ce que nous avons choisi de faire de
notre propre gré et selon un choix de conscience, et le jour où nous
cesserons de le faire, nous serons en sécurité. Mais les familles de
Samatya, a Feriköy - et dans d'autres quartiers d'Istanbul, où est
concentrée la population arménienne qui va en diminuant - quels que
soient leur position politique, leurs choix et ce qu'elles font --
sont sous une menace constante, tout simplement en raison de leurs
noms, de ce qu'il est écrit sur leur certificat de naissance, en
raison de ce qu'elles sont. Elles subissent un bombardement constant
de négationnisme hideux, provenant de toutes sortes de médias et
elles sont exposées a des discours de haine pleuvant des chaînes de
télévision, d'Internet, et même de leurs voisins et du chauffeur de
taxi (comme ce fut le cas l'an dernier, lorsqu'une femme arménienne
fut battue par un chauffeur de taxi a Istanbul, tout simplement parce
qu'elle était Arménienne). La réalité existentielle des Arméniens
en Turquie est très bien décrite par Ayda Erbal dans son article
qu'elle a écrit après l'assassinat de Hrant Dink Nous sommes tous
des oxymorons ! [Nota CVAN : oxymorons ou oxymores, figure de style
qui réunit deux mots en apparence contradictoires] : Â" Soit vous
choisissez de rester cohérent et vous vous engagez politiquement
et vous risquez d'être tué en raison de votre engagement, soit
vous choisissez d'être réduit a une non-cohérence totale dans un
autre pays - ce qui est, bien sÃ"r, une manière plus subtile d'être
tué. Si vous êtes un intellectuel, un journaliste, un artiste ou un
écrivain en particulier, cette seconde manière d'être tué sans
cesse pendant toutes ces années où vous allez vous défaire et
vous refaire dans des cultures différentes, étrangères et parfois
hostiles, est la seule chose que vous partagerez avec d'autres heureux
(!) Arméniens du monde entier. Votre aptitude a survivre dans des
situations de mort partielle vous relie a vos compatriotes arméniens,
surtout s'ils proviennent du Moyen-Orient. Â"2
La reconnaissance commence a un niveau personnel
Il y a actuellement un débat en cours au sein d'un cercle assez
fermé de gens qui sont impliqués dans la dénommée Â" Question
arménienne Â", sur le thème est-ce que les Turcs et les Kurdes
ordinaires devraient se sentir coupables du génocide et avoir honte
d'être membres du groupe des auteurs du génocide ? L'argument
avancé est qu'une personne ne peut être accusée et considérée
comme coupable de ce que ses ancêtres ont fait.
Mais, est-ce que commettre personnellement un crime est une condition
préalable pour se sentir coupable ? Sommes-nous seulement responsables
des actes que nous commettons nous-mêmes, en particulier s'il ne
s'agit pas d'un cas isolé de meurtre mais d'un génocide, s'il s'agit
d'un crime contre l'humanité sur une échelle immense et inimaginable
d'atrocités, de pertes irrémédiables et de répercussions qui seront
ressenties a jamais par les descendants des victimes, transmises
de génération en génération, et ce dans le cadre assassin du
négationnisme ?
Une énorme quantité de richesse a été pillée et pas l'un de nous
ne peut être sÃ"r qu'il n'y ait pas eu un cas de propriété mal
acquise dans l'histoire de sa famille. Quand bien même nos familles
seraient sans soupcon a cet égard, nous sommes membres du groupe qui
a reproduit, répandu et renforcer sa dominance en tant que majorité,
en l'absence des Arméniens et des autres populations chrétiennes
exterminées dans ce but précisément. En d'autres termes, nous
sommes devenus, on a fait de nous, les outils qui ont permis au
génocide de réaliser son objectif. Le simple fait est qu'ils ont
été exterminés et que nous sommes ici pour vivre et prospérer.
Et surtout, le crime a été et est toujours commis en notre nom et
pour nous, au nom de l'islam et de la Â" turcité Â", dont nous avons
naturellement, si ce n'était pas volontairement, hérité et nous
jouissons des privilèges - de nouveau indépendamment du fait que ce
soit ou non notre choix - en tant que non-Arméniens et non-chrétiens.
Ainsi, inévitablement, nous contribuons a cet habitus négationniste
post-génocide, pour nombre d'entre nous sans le vouloir. La
reconnaissance du génocide devrait donc commencer a un niveau
personnel pour les membres du groupe des auteurs, en ayant la volonté
de porter la responsabilité et le sentiment de honte pour le crime
commis au nom de l'identité ethnique et religieuse a laquelle nous
sommes attachés, et pour le bien du système dont nous faisons partie.
Une responsabilité a plusieurs niveaux
De même que la gauche turque, surtout ceux qui dirigent les
initiatives pour la reconnaissance du génocide et sa commémoration,
nous portons une responsabilité particulière. Jusque récemment (en
termes historiques), nous avons fait débuter -- très confiants dans
notre rôle progressiste, l'avant-garde des forces révolutionnaires
-- l'histoire du socialisme de ce pays dans les années 1920 avec la
fondation du Parti communiste de Turquie, se composant d'intellectuels
turcs qui étaient complètement ignorants de l'héritage passé du
Dachnaksoutioun et du Parti Hentchak, ainsi que des mouvements ouvriers
grecs et juifs. Nous étions internationalistes, solidaires des masses
opprimées d'Amérique latine, d'Afrique et de l'Extrême-Orient,
mais inconscients de la Â" zone de génocide Â" au beau milieu de
laquelle nous vivions, incapables de voir l'oppression des voisins
non-musulmans et des Kurdes (ainsi que des Alevis) pourtant sous notre
nez. Nous étions antiracistes, mais le racisme était loin de nous --
aux Ã~Itats-Unis, en Afrique du Sud et ailleurs dans le monde.
Nous étions complètement aveugles a cet environnement raciste dans
lequel nous vivions. La négation du génocide, les discours de haine
anti-arméniens et non-musulmans, en général, la discrimination,
décrivant les non-musulmans comme des traîtres potentiels, tout
cela nous entourait, et pourtant nous ne l'avons pas vu pendant
de nombreuses décennies. Ainsi, nous avons contribué a l'habitus
négationniste. De nombreux intellectuels turcs font référence aux
Â" centaines de milliers de personnes défilant aux funérailles de
Hrant Dink Â" avec une note de fierté visible. Il a fallu que Hrant
Dink soit assassiné pour que ces centaines de milliers de personnes
sortent de leur long sommeil et se lèvent.
Ã~Itant donné que nous sommes ceux qui ont pris la responsabilité
de commémorer le génocide, notre responsabilité est, de plus,
a plusieurs niveaux et multidimensionnelle.
Compte tenu des circonstances uniques en Turquie, tant du côté
des descendants des victimes que des bourreaux, une sensibilité et
une attention supplémentaire et délibérée devraient marquer nos
initiatives en Turquie - si, de fait, notre objectif est de réellement
commémorer le génocide arménien sur la scène du crime.
Il existe différentes conditions préalables importantes a cet égard.
Premièrement, ce qui est crucial c'est que les Arméniens en Turquie,
étant donné les circonstances existentielles ci-dessus mentionnées,
n'ont jamais été en mesure de commémorer collectivement leurs
propres morts, au cours des décennies d'habitus négationniste. Ils
ont été et sont toujours privés du droit le plus essentiel qui
est de rendre hommage et de prier pour leurs ancêtres victimes,
chaque année, le 24 avril.
En ce sens, les commémorations qui ont été organisées au cours de
ces dernières années, n'étaient pas Â" leurs Â" commémorations. Ils
n'y ont pris part qu'individuellement en tant que Â" participants
Â". Le fait que les activistes turcs des droits de l'homme aient
initié ces événements, est, en soi-même, une autre manifestation
de l'habitus négationniste. Comment et sous quelles conditions
les Arméniens de Turquie sont-ils autorisés a mener leurs vies
dans ce pays négationniste, devrait être l'une des principales
préoccupations tout en développant la forme et le contenu des
commémorations.
Deuxièmement, les organisateurs devraient garder a l'esprit l'écart
existentiel profond existant entre les deux parties, lorsque l'on
décide de la facon de commémorer. Les deux parties impliquées,
les Arméniens et les Turcs/Kurdes, ne sont pas et ne devraient pas
être pensées ou présentées sur un pied d'égalité, et elles ne
devraient pas être appelées a former un bloc uni de commémorateurs,
a s'étreindre mutuellement, comme une étape vers la soi-disant Â"
réconciliation Â".
Une véritable commémoration du génocide n'est pas un Â" événement
Â", une Â" manifestation Â" ou une Â" protestation politique Â"
qui nous donne, a nous descendants des auteurs, l'opportunité de
ressentir un certain sens d'accomplissement ou de catharsis, ou de
satisfaction, car nous avons fait notre Â" devoir Â". Le devoir ne
sera jamais accompli, car un génocide est un acte irréversible,
irréparable, irrécupérable et inoubliable. La commémoration ne
peut pas non plus être concue comme une réunion, une étreinte
mutuelle de Turcs et d'Arméniens, un affichage de prétendu Â"
partage de la peine et de la souffrance Â" qui mènerait a une sorte
de réconciliation. Car elle n'est pas une seule et même entité -
ce sont la peine et la souffrance des Arméniens et la honte et la
responsabilité des Turcs/Kurdes du côté des populations musulmanes
d'Anatolie, des descendants des bourreaux.
Par conséquent, une vraie commémoration des victimes du génocide
doit jeter les bases pour les Arméniens, et uniquement pour les
Arméniens, de pouvoir commémorer leurs morts, les sans sépultures,
les âmes errantes, toujours a l'agonie face au négationnisme. Et
nous, les populations musulmanes de Turquie, n'avons aucun droit
de Â" commémorer Â", et nous devrions simplement exprimer notre
responsabilité dans ce négationnisme toujours en cours et ce lourd
fardeau de la honte, car nous sommes membre du groupe des auteurs.
NdT : en latin, habitus est un mot masculin définissant une manière
d'être, une allure générale, une tenue, une disposition d'esprit.
Cette définition est a l'origine des divers emplois du mot habitus en
philosophie et sociologie. La notion d'habitus a été popularisée
en France par le sociologue Pierre Bourdieu et met en évidence les
mécanismes d'inégalité sociale. (source Wikipedia).
Notes
[1] Talin Suciyan, Survivre a l'ordinaire : les Arméniens en Turquie,
des années 1930 a 1950("Surviving the Ordinary: the Armenians
in Turkey, 1930's to 1950"). Thèse de doctorat en philosophie non
publiée, a l'Institut des Ã~Itudes sur le Proche et le Moyen-Orient,
2003.
2 Ayda Erbal, "We are all Oxymorons"
Ã~Idition spéciale d'Armenian Weekly, 2008 et
surhttp://azadalik.wordpress.com/2013/01/21/we-are-all-oxymorons,
le 24 septembre 2013.
©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 9 octobre
2013 - www.collectifvan.org
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Source/Lien : Armenian Weekly
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=76070
Publié le : 09-10-2013
Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - Â" Le crime a été et
est toujours commis en notre nom et pour nous, au nom de l'islam et
de la Â" turcité Â", dont nous avons naturellement, si ce n'était
pas volontairement, hérité et dont nous jouissons des privilèges -
de nouveau indépendamment du fait que ce soit ou non notre choix -
en tant que non-Arméniens et non-chrétiens. Ainsi, inévitablement,
nous contribuons a cet habitus négationniste post-génocide,
pour nombre d'entre nous sans le vouloir. La reconnaissance du
génocide devrait donc commencer a un niveau personnel pour les
membres du groupe des auteurs, en ayant la volonté de porter la
responsabilité et le sentiment de honte pour le crime commis au
nom de l'identité ethnique et religieuse a laquelle nous sommes
attachés, et pour le bien du système dont nous faisons partie. Â"
Ayse Gunaysu, la militante turque des droits de l'homme, membre de
l'IHD, signe comme a l'accoutumée un texte coup de poing, destiné
a réveiller ses compatriotes turcs et kurdes, y compris ceux qui se
disent sensibilisés a la reconnaissance du génocide arménien de
1915. Le Collectif VAN vous propose la traduction de son article en
anglais, paru sur le site Armenian Weeklyle 2 octobre 2013.
Armenian Weekly
Gunaysu : commémorer le génocide dans un habitus négationniste
post-génocide
Par Ayse Gunaysu
2 octobre 2013
Dans son livre qui brosse un tableau détaillé de la facon
dont les non-musulmans étaient représentés dans l'industrie
cinématographique turque jusque dans les années 1980, Dilara Balcı,
raconte une anecdote qui éclaire très bien l'environnent dans
lequel les Arméniens, les descendants des survivants du génocide,
ont vécu en Turquie.
En 1979, feu Nubar Terziyan, l'un des plus grands acteurs du cinéma
turc, fit paraître une annonce dans plusieurs journaux turcs pour
exprimer ses condoléances suite a la mort d'Ayhan Isik, une autre
star turque, célèbre pour sa belle prestance. L'annonce disait :
Â" Ayhan, mon fils, le monde est éphémère, la mort est notre
destin a tous, pourtant tu ne mourras jamais, parce que tu vivras
toujours dans nos cÅ"urs et dans des millions d'autres cÅ"urs. C'est
une bénédiction pour toi. ... Ton oncle, Noubar Terziyan. Â"
Il n'a pas fallu beaucoup de temps avant que la famille d'Ayhan
IÅ~_ık transmette une contre-annonce a la presse, une déclaration
publique. Elle disait : Â" Une correction importante : il n'existe
aucun lien de quelque nature que ce soit entre l'annonce signée 'Ton
oncle, Noubar Terziyan' et notre bien-aimé Ayhan IÅ~_ık. ... Nous
sommes au regret de le mentionner, car nous l'estimons nécessaire. Â"
(http://www.radikal.com.tr/hayat/rumlar_fahise_ermeniler_pansiyoncu_yahudiler_tucca r-1149673)
Comme dans de nombreuses cultures, Â" fils Â" est un terme d'affection
en turc, utilisé par les anciens s'adressant a un jeune qu'ils
apprécient. Et Â" oncle Â" est son pendant, utilisé par un jeune
lorsqu'il s'adresse a une personne âgée proche et aimée. Malgré ce
fait bien connu, l'infime possibilité que quelqu'un puisse prendre
cela au sérieux et penser qu'Ayhan IÅ~_ık avait vraiment un lien
familial avec Terziyan a terrifié (et en même temps enragé) la
famille d'IÅ~_ık, a un point tel que le sentiment profond exprimé
au départ fut oublié et remplacé par une manifestation publique
de racisme.
'Géographie du génocide et négation'
L'humiliation de Noubar Terziyan et la réponse de la famille d'IÅ~_ık
ne furent que l'une des nombreuses manifestations quotidiennes de
la vie dans un Â" habitus négationniste post-génocide Â", comme
l'appelle Talin Suciyan dans sa thèse de doctorat a l'université
Louis et Maximilien de Munich. La thèse vise a Â" écrire une
histoire post-génocide de l'existence arménienne en Turquie, qui
est restée dans la géographie du génocide et de la négation : le
crime a continué a être reproduit par la négation, et la victime et
le témoin ont continué a vivre côte a côte, ainsi que les auteurs
(Ndt : du génocide). Le témoignage tant de la victime que du témoin
a été réduit au silence et nié, et comme le prouve la perfection du
crime, leurs souvenirs, leurs témoignages ont été bouleversés. Â"
Comme le prouve Suciyan de facon frappante en se fondant sur des
sources primaires arméniennes, cela s'est passé lorsque les foyers
arméniens qui subsistaient encore après le génocide, dispersés dans
les diverses provinces d'Asie mineure, ont été systématiquement
chassés des régions et concentrés a Istanbul, car l'on pensait
qu'ils pouvaient être plus facilement et directement contrôlés. Ils
étaient condamnés a mener leurs vies dans une Â" réalité,
banale et ordinaire d'un habitus négationniste post-génocide Â",
qui est Â" le contexte politique et social le plus invisible, les
réalités quotidiennes. Â" Cet habitus fut le cadre dans lequel des
actions, des pratiques et des politiques anti-arméniennes eurent
lieu et continuent a avoir lieu. Il Â" définit la vie économique,
sociale, culturelle et juridique des non-musulmans, en général,
et la vie d'autres groupes ethniques et religieux ou politiques,
dont les conflits avec l'Ã~Itat ne sont toujours pas résolus Â",
écrit Suciyan, faisant référence aux campagnes anti-arméniennes
qui Â" ont servi a reproduire l'anti-arménianisme dans le pays,
pour que les voix des victimes du génocide ne soient pas entendues
pendant des décennies, et pour réduire au silence ceux qui sont
restés en Turquie. Â" Elle poursuit, Â" Appeler les Arméniens a se
représenter eux-mêmes dans un climat anti-arménien, ne signifiait
pas uniquement ignorer l'annihilation de leur parents, mais ignorer
également le fait qu'ils étaient les enfants des survivants. Par
conséquent, les Arméniens en Turquie devaient devenir des parties
de l'habitus négationniste opérant au sein du cadre de ce même
habitus. Â" Suciyan remet en question la pertinence de la formule Â"
minorité-majorité Â" utilisée pour définir la question en Turquie :
Â" Il ne s'agit pas d'une simple question de conditions juridiques,
mais de l'habitus négationniste qui joue un rôle décisif, et
pas uniquement dans la production et la création de dispositifs
d'exclusion, il constitue également un modèle de citoyenneté et,
par conséquent, une réalité sociale incarnant un attachement
affectif a cette formation négationniste. Â"1
Cet Â" habitus Â" est diamétralement opposé a l'environnement
social, culturel et intellectuel post-holocauste en Allemagne, où
vous ne pouvez pas faire un pas dans une rue de Berlin, par exemple,
sans que le génocide juif ne vous soit rappelé.
Istanbul : la scène de crime
Mais alors, a quoi devrait ressembler une commémoration du génocide
réellement significatrice dans un tel habitus négationniste ? En
quoi devrait-elle être différente des commémorations qui ont lieu
ailleurs dans le monde ?
Istanbul -- où le génocide arménien est commémoré dans un
cadre privé depuis 2005, et sur la place publique depuis 2010 --
était la capitale de l'Empire ottoman et la scène du crime du
génocide arménien et du génocide d'autres populations chrétiennes
d'Anatolie. Aujourd'hui, c'est la ville et le centre d'affaires
le plus important du pays, et c'est toujours une scène de crime -
cette fois, de la négation du génocide.
Compte tenu de l'habitus négationniste post-génocide, il existe une
différence existentielle catégorique, un réel contraste, entre les
Arméniens et les musulmans sunnites en Turquie. Nous, une poignée
de personnes organisant ces commémorations, sommes les membres du
groupe des auteurs, aussi consciencieux, droits, ou même courageux
que nous nous sentions. La différence existentielle ne pourra jamais
être supprimée quand bien nous, Turcs et Kurdes, ferions les efforts
les plus altruistes, avec les meilleures intentions et la conscience
la plus propre. Nous faisons ce que nous avons choisi de faire de
notre propre gré et selon un choix de conscience, et le jour où nous
cesserons de le faire, nous serons en sécurité. Mais les familles de
Samatya, a Feriköy - et dans d'autres quartiers d'Istanbul, où est
concentrée la population arménienne qui va en diminuant - quels que
soient leur position politique, leurs choix et ce qu'elles font --
sont sous une menace constante, tout simplement en raison de leurs
noms, de ce qu'il est écrit sur leur certificat de naissance, en
raison de ce qu'elles sont. Elles subissent un bombardement constant
de négationnisme hideux, provenant de toutes sortes de médias et
elles sont exposées a des discours de haine pleuvant des chaînes de
télévision, d'Internet, et même de leurs voisins et du chauffeur de
taxi (comme ce fut le cas l'an dernier, lorsqu'une femme arménienne
fut battue par un chauffeur de taxi a Istanbul, tout simplement parce
qu'elle était Arménienne). La réalité existentielle des Arméniens
en Turquie est très bien décrite par Ayda Erbal dans son article
qu'elle a écrit après l'assassinat de Hrant Dink Nous sommes tous
des oxymorons ! [Nota CVAN : oxymorons ou oxymores, figure de style
qui réunit deux mots en apparence contradictoires] : Â" Soit vous
choisissez de rester cohérent et vous vous engagez politiquement
et vous risquez d'être tué en raison de votre engagement, soit
vous choisissez d'être réduit a une non-cohérence totale dans un
autre pays - ce qui est, bien sÃ"r, une manière plus subtile d'être
tué. Si vous êtes un intellectuel, un journaliste, un artiste ou un
écrivain en particulier, cette seconde manière d'être tué sans
cesse pendant toutes ces années où vous allez vous défaire et
vous refaire dans des cultures différentes, étrangères et parfois
hostiles, est la seule chose que vous partagerez avec d'autres heureux
(!) Arméniens du monde entier. Votre aptitude a survivre dans des
situations de mort partielle vous relie a vos compatriotes arméniens,
surtout s'ils proviennent du Moyen-Orient. Â"2
La reconnaissance commence a un niveau personnel
Il y a actuellement un débat en cours au sein d'un cercle assez
fermé de gens qui sont impliqués dans la dénommée Â" Question
arménienne Â", sur le thème est-ce que les Turcs et les Kurdes
ordinaires devraient se sentir coupables du génocide et avoir honte
d'être membres du groupe des auteurs du génocide ? L'argument
avancé est qu'une personne ne peut être accusée et considérée
comme coupable de ce que ses ancêtres ont fait.
Mais, est-ce que commettre personnellement un crime est une condition
préalable pour se sentir coupable ? Sommes-nous seulement responsables
des actes que nous commettons nous-mêmes, en particulier s'il ne
s'agit pas d'un cas isolé de meurtre mais d'un génocide, s'il s'agit
d'un crime contre l'humanité sur une échelle immense et inimaginable
d'atrocités, de pertes irrémédiables et de répercussions qui seront
ressenties a jamais par les descendants des victimes, transmises
de génération en génération, et ce dans le cadre assassin du
négationnisme ?
Une énorme quantité de richesse a été pillée et pas l'un de nous
ne peut être sÃ"r qu'il n'y ait pas eu un cas de propriété mal
acquise dans l'histoire de sa famille. Quand bien même nos familles
seraient sans soupcon a cet égard, nous sommes membres du groupe qui
a reproduit, répandu et renforcer sa dominance en tant que majorité,
en l'absence des Arméniens et des autres populations chrétiennes
exterminées dans ce but précisément. En d'autres termes, nous
sommes devenus, on a fait de nous, les outils qui ont permis au
génocide de réaliser son objectif. Le simple fait est qu'ils ont
été exterminés et que nous sommes ici pour vivre et prospérer.
Et surtout, le crime a été et est toujours commis en notre nom et
pour nous, au nom de l'islam et de la Â" turcité Â", dont nous avons
naturellement, si ce n'était pas volontairement, hérité et nous
jouissons des privilèges - de nouveau indépendamment du fait que ce
soit ou non notre choix - en tant que non-Arméniens et non-chrétiens.
Ainsi, inévitablement, nous contribuons a cet habitus négationniste
post-génocide, pour nombre d'entre nous sans le vouloir. La
reconnaissance du génocide devrait donc commencer a un niveau
personnel pour les membres du groupe des auteurs, en ayant la volonté
de porter la responsabilité et le sentiment de honte pour le crime
commis au nom de l'identité ethnique et religieuse a laquelle nous
sommes attachés, et pour le bien du système dont nous faisons partie.
Une responsabilité a plusieurs niveaux
De même que la gauche turque, surtout ceux qui dirigent les
initiatives pour la reconnaissance du génocide et sa commémoration,
nous portons une responsabilité particulière. Jusque récemment (en
termes historiques), nous avons fait débuter -- très confiants dans
notre rôle progressiste, l'avant-garde des forces révolutionnaires
-- l'histoire du socialisme de ce pays dans les années 1920 avec la
fondation du Parti communiste de Turquie, se composant d'intellectuels
turcs qui étaient complètement ignorants de l'héritage passé du
Dachnaksoutioun et du Parti Hentchak, ainsi que des mouvements ouvriers
grecs et juifs. Nous étions internationalistes, solidaires des masses
opprimées d'Amérique latine, d'Afrique et de l'Extrême-Orient,
mais inconscients de la Â" zone de génocide Â" au beau milieu de
laquelle nous vivions, incapables de voir l'oppression des voisins
non-musulmans et des Kurdes (ainsi que des Alevis) pourtant sous notre
nez. Nous étions antiracistes, mais le racisme était loin de nous --
aux Ã~Itats-Unis, en Afrique du Sud et ailleurs dans le monde.
Nous étions complètement aveugles a cet environnement raciste dans
lequel nous vivions. La négation du génocide, les discours de haine
anti-arméniens et non-musulmans, en général, la discrimination,
décrivant les non-musulmans comme des traîtres potentiels, tout
cela nous entourait, et pourtant nous ne l'avons pas vu pendant
de nombreuses décennies. Ainsi, nous avons contribué a l'habitus
négationniste. De nombreux intellectuels turcs font référence aux
Â" centaines de milliers de personnes défilant aux funérailles de
Hrant Dink Â" avec une note de fierté visible. Il a fallu que Hrant
Dink soit assassiné pour que ces centaines de milliers de personnes
sortent de leur long sommeil et se lèvent.
Ã~Itant donné que nous sommes ceux qui ont pris la responsabilité
de commémorer le génocide, notre responsabilité est, de plus,
a plusieurs niveaux et multidimensionnelle.
Compte tenu des circonstances uniques en Turquie, tant du côté
des descendants des victimes que des bourreaux, une sensibilité et
une attention supplémentaire et délibérée devraient marquer nos
initiatives en Turquie - si, de fait, notre objectif est de réellement
commémorer le génocide arménien sur la scène du crime.
Il existe différentes conditions préalables importantes a cet égard.
Premièrement, ce qui est crucial c'est que les Arméniens en Turquie,
étant donné les circonstances existentielles ci-dessus mentionnées,
n'ont jamais été en mesure de commémorer collectivement leurs
propres morts, au cours des décennies d'habitus négationniste. Ils
ont été et sont toujours privés du droit le plus essentiel qui
est de rendre hommage et de prier pour leurs ancêtres victimes,
chaque année, le 24 avril.
En ce sens, les commémorations qui ont été organisées au cours de
ces dernières années, n'étaient pas Â" leurs Â" commémorations. Ils
n'y ont pris part qu'individuellement en tant que Â" participants
Â". Le fait que les activistes turcs des droits de l'homme aient
initié ces événements, est, en soi-même, une autre manifestation
de l'habitus négationniste. Comment et sous quelles conditions
les Arméniens de Turquie sont-ils autorisés a mener leurs vies
dans ce pays négationniste, devrait être l'une des principales
préoccupations tout en développant la forme et le contenu des
commémorations.
Deuxièmement, les organisateurs devraient garder a l'esprit l'écart
existentiel profond existant entre les deux parties, lorsque l'on
décide de la facon de commémorer. Les deux parties impliquées,
les Arméniens et les Turcs/Kurdes, ne sont pas et ne devraient pas
être pensées ou présentées sur un pied d'égalité, et elles ne
devraient pas être appelées a former un bloc uni de commémorateurs,
a s'étreindre mutuellement, comme une étape vers la soi-disant Â"
réconciliation Â".
Une véritable commémoration du génocide n'est pas un Â" événement
Â", une Â" manifestation Â" ou une Â" protestation politique Â"
qui nous donne, a nous descendants des auteurs, l'opportunité de
ressentir un certain sens d'accomplissement ou de catharsis, ou de
satisfaction, car nous avons fait notre Â" devoir Â". Le devoir ne
sera jamais accompli, car un génocide est un acte irréversible,
irréparable, irrécupérable et inoubliable. La commémoration ne
peut pas non plus être concue comme une réunion, une étreinte
mutuelle de Turcs et d'Arméniens, un affichage de prétendu Â"
partage de la peine et de la souffrance Â" qui mènerait a une sorte
de réconciliation. Car elle n'est pas une seule et même entité -
ce sont la peine et la souffrance des Arméniens et la honte et la
responsabilité des Turcs/Kurdes du côté des populations musulmanes
d'Anatolie, des descendants des bourreaux.
Par conséquent, une vraie commémoration des victimes du génocide
doit jeter les bases pour les Arméniens, et uniquement pour les
Arméniens, de pouvoir commémorer leurs morts, les sans sépultures,
les âmes errantes, toujours a l'agonie face au négationnisme. Et
nous, les populations musulmanes de Turquie, n'avons aucun droit
de Â" commémorer Â", et nous devrions simplement exprimer notre
responsabilité dans ce négationnisme toujours en cours et ce lourd
fardeau de la honte, car nous sommes membre du groupe des auteurs.
NdT : en latin, habitus est un mot masculin définissant une manière
d'être, une allure générale, une tenue, une disposition d'esprit.
Cette définition est a l'origine des divers emplois du mot habitus en
philosophie et sociologie. La notion d'habitus a été popularisée
en France par le sociologue Pierre Bourdieu et met en évidence les
mécanismes d'inégalité sociale. (source Wikipedia).
Notes
[1] Talin Suciyan, Survivre a l'ordinaire : les Arméniens en Turquie,
des années 1930 a 1950("Surviving the Ordinary: the Armenians
in Turkey, 1930's to 1950"). Thèse de doctorat en philosophie non
publiée, a l'Institut des Ã~Itudes sur le Proche et le Moyen-Orient,
2003.
2 Ayda Erbal, "We are all Oxymorons"
Ã~Idition spéciale d'Armenian Weekly, 2008 et
surhttp://azadalik.wordpress.com/2013/01/21/we-are-all-oxymorons,
le 24 septembre 2013.
©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 9 octobre
2013 - www.collectifvan.org
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Source/Lien : Armenian Weekly