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A Amman, le rêve occidental de Manouk et Natali

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    La Croix, France
    Jeudi 17 Octobre 2013

    A Amman, le rêve occidental de Manouk et Natali

    Alors que l'archevêque arménien-catholique d'Alep a reproché, hier,
    aux Occidentaux d'encourager la fuite des chrétiens, de nombreuses
    familles chrétiennes de Syrie ne conçoivent plus de retourner vivre
    dans ce pays qu'elles ne reconnaissent plus. AMMAN (Jordanie), de
    notre envoyé spécial

    : MAIGRE François-Xavier


    À Alep, ces chrétiens arméniens habitaient une opulente demeure de
    cinq étages. Ils doivent aujourd'hui se contenter d'un pied-à-terre
    défraîchi, garni de meubles sans ge, sur les hauteurs d'Amman. Selon
    le Haut-Commissariat pour les réfugiés, la Jordanie accueille 600 000
    réfugiés syriens, mais ils seraient officieusement plus du double, à
    l'image de cette famille, à vivoter dans les villes du royaume. Ils
    ont beau avoir tout perdu, Manouk, 54 ans, et son épouse Natali, 45
    ans, ne regrettent en rien leur exil.

    « Nous avions commencé par quitter le quartier arménien d'Alep, devenu
    trop dangereux, pour nous installer chez des proches, raconte Natali.
    Les soldats de l'armée régulière en ont profité pour investir notre
    maison, qui leur offrait une position de tir stratégique. » Depuis de
    longs mois, Natali avait senti le vent tourner, quand ceux qu'elle
    nomme « les terroristes » ont déferlé sur la ville. « Peu à peu, les
    femmes qui conduisaient ont été montrées du doigt, des hommes en
    djellaba sont apparus et les enlèvements se sont multipliés. Les
    relations avec nos voisins musulmans ont commencé à changer dans de
    petits détails. On se soupçonnait mutuellement. Chacun s'enfermait
    chez soi. »
    Il y a neuf semaines, Natali et Manouk ont échoué à Amman avec leurs
    quatre enfants. Le périple a bien failli tourner au drame, quand
    l'autocar qui devait conduire une partie de la famille au Liban a
    brûlé. Avec leurs valises légères, ils ne subsistent que grce aux
    coupons alimentaires distribués par la Caritas, leurs propres
    économies n'étant pas faramineuses. Longtemps garagiste, Manouk a dû
    renoncer à son emploi au cours de la guerre pour pouvoir veiller sur
    son cadet, Anto, 7 ans, atteint d'une leucémie. « Grce à Dieu, il se
    porte mieux », précise sa mère, dont le poste d'assistante médicale
    lui permettait d'obtenir des médicaments, malgré la pénurie.
    Aujourd'hui, Anto a assisté à son premier jour de classe en Jordanie.

    Quant à ses soeurs, Verjine (22 ans), Sarin (21 ans) et Serli (13
    ans), elles n'imaginent plus vivre en Syrie. La guerre a eu raison de
    leur attachement à ce pays où leurs propres ancêtres s'étaient
    réfugiés après le génocide arménien de 1915. « Ce n'est plus chez nous
    », déplore leur mère, décontenancée par cet islam rigoriste qu'elle ne
    reconnaît plus. Il y a quelques années, se souvient avec nostalgie
    cette fervente chrétienne, « la ville entière s'illuminait la nuit de
    Pques ». Orpheline de cette harmonie perdue, elle tourne son regard
    vers l'Ouest. L'une de ses filles vient de se fiancer avec un Syrien
    qui vit en Allemagne. « Pour l'heure, nos demandes de visa n'ont pas
    abouti. Mais que ce soit en Allemagne ou au Canada, nous finirons par
    partir. »

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