SYRIE : LES ARMES CHIMIQUES ET LE ROLE DE L'ARABIE SAOUDITE
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=75369
Publie le : 05-09-2013
Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - En marge de la guerre
civile qui fait rage en Syrie, se deroule une autre guerre, non moins
importante : celle de l'information. Ou de la desinformation selon le
point de vue adopte. Il nous a semble interessant de completer notre
rubrique News - qui fait une large part aux informations diffusees
par la presse francaise classique - par la traduction d'un article de
Mintpressnews.com, organisme anglophone qui se presente comme soucieux
de proposer une source alternative d'information et d'analyse. En la
matière, le web regorge de sites trompeurs, cache-sexe de personnages
douteux aux idees bien eloignees de celles defendues par le Collectif
VAN. L'une des auteures de l'article traduit ci-dessous etant une
journaliste travaillant regulièrement pour l'Associated Press, Dale
Gavlak, nous esperons avoir reduit les risques de servir de relais
a des nebuleuses tendancieuses. Pour ce qui est de l'information en
elle-meme - a savoir la responsabilite de l'Arabie Saoudite dans le
gazage de la population syrienne de Ghouta - nous ne pouvons bien sûr
pas la verifier. Pas plus que les affirmations adverses. Mais comme
ces dernières, elle merite d'etre entendue. Une seule certitude : la
Syrie est devenue le terrain de jeu de puissances qui s'y opposent en
prenant en otage la population civile. Celle-ci est la seule victime
des actes de barbarie commis par les uns et/ou les autres. Et elle ne
sera pas epargnee en cas d'intervention militaire occidentale. Bien
au contraire. Le Collectif VAN vous propose la traduction d'un article
en anglais paru sur le site Mintpress Newsle 29 août 2013.
Mintpress News
EXCLUSIF : les Syriens de Ghouta affirment que l'Arabie Saoudite a
fourni les rebelles pour l'attaque aux armes chimiques
Les rebelles et les residents locaux de Ghouta accusent le prince
saoudien Bandar bin Sultan d'avoir fourni des armes chimiques a un
groupe de rebelles lie a Al-Qaïda.
Par Dale Gavlak et Yahya Ababneh | 29 août 2013
Clarification : Dale Gavlak a aide a faire des recherches et
a rediger cet article, mais elle n'etait pas sur le terrain en
Syrie. Le journaliste Yahya Ababneh, qui a collabore a la redaction
de cet article, etait le correspondant sur le terrain a Ghouta et
il a parle directement aux rebelles, aux membres de leurs familles,
aux victimes de l'attaque chimique et aux residents sur place.
Gavlak est le correspondant de MintPress News Middle East et elle
a travaille en free-lance pour l'AP a Amman, Jordanie, en tant que
correspondante pendant presque dix ans. Cet article n'est pas un
article d'Associated Press ; il est, de fait, en exclusivite sur
MintPress News.
Ghouta, Syrie - Alors que la machine de guerre menee par les Etats-Unis
se prepare a intervenir en Syrie, suite a l'attaque chimique de
la semaine dernière, les USA et leurs allies se trompent peut-etre
de coupable.
C'est ce que semblent indiquer des interviews avec des gens a Damas
et Ghouta, une banlieue de la capitale syrienne, où l'organisation
humanitaire Medecins sans Frontières a rapporte qu'au moins 355
personnes sont mortes la semaine dernière, a cause de ce qu'elle
croit etre un agent neurotoxique.
Les USA, la Grande-Bretagne et la France, ainsi que la Ligue Arabe,
ont accuse le regime du president syrien Bachar al-Assad d'avoir mene
une attaque a l'arme chimique, qui a vise principalement des civils.
Des navires de guerre americains sont stationnes en mer Mediterranee
pour lancer des frappes militaires contre la Syrie, pour la punir
d'avoir mene une attaque chimique de grande envergure. Les Etats-Unis
et les autres ne sont pas interesses a examiner tout signe de preuve
contraire, et le secretaire d'Etat americain, John Kerry a declare
lundi que la culpabilite d'Assad etait " un jugement ... deja clair
aux yeux du monde. "
Cependant, d'après de nombreuses interviews avec les medecins, les
residents de Ghouta, les combattants rebelles et leurs familles, une
image differente apparaît. Ils sont nombreux a penser que certains
rebelles ont recu des armes chimiques du chef du renseignement
saoudien, le prince Bandar bin Sultan, et que ce sont eux les
responsables de l'attaque mortelle au gaz.
" Mon fils est venu me demander il y a deux semaines, ce que je pensais
qu'etaient les armes qu'on lui avait demande de transporter ", a dit
Abu Abdel-Moneim, le père d'un rebelle se battant pour deloger Assad,
et qui vit a Ghouta.
Abdel-Moneim a dit que son fils et 12 autres rebelles ont ete tues a
l'interieur d'un tunnel utilise pour entreposer des armes fournies par
un militant saoudien, connu sous le nom d'Abu Ayesha, et qui menait
le bataillon de rebelles. Le père a decrit les armes comme ayant une
" structure en forme de tube " tandis que d'autres ressemblaient a des
" enormes bouteilles de gaz. "
Les gens de Ghouta ont dit que les rebelles utilisaient des mosquees
et des residences privees pour dormir et stockaient leurs armes dans
les tunnels.
Abdel-Moneim a dit que son fils et d'autres sont morts pendant
l'attaque chimique. Ce meme jour, le groupe militant Jabhat al-Nusra,
qui est lie a Al-Qaïda, a annonce qu'il attaquerait de la meme facon
les civils au c~\ur du fief d'Assad, Latakia, sur la côte ouest,
par represailles.
" Ils ne nous ont pas dit ce qu'etaient ces armes ni comment les
utiliser ", s'est plainte une femme combattante appelee 'K.' " Nous
ne savions pas que c'etaient des armes chimiques. Nous n'avons jamais
imagine que c'etaient des armes chimiques. "
" Lorsque que le prince saoudien Bandar donne de telles armes a des
gens, il doit les donner a des gens qui savent les manipuler et les
utiliser ", a-t-elle prevenu. Elle, comme d'autres Syriens, ne veut
pas reveler son nom par peur de represailles.
Un leader rebelle bien connu a Ghouta, du nom de 'J', est d'accord. "
Les militants de Jabhat al-Nusra ne coopèrent pas avec les autres
rebelles, sauf quand il s'agit des combats sur le terrain. Ils ne
donnent pas d'informations secrètes. Ils ont simplement utilise
des rebelles ordinaires pour transporter et manipuler ce materiel
", dit-il.
" Nous etions très curieux au sujet de ces armes. Et malheureusement,
certains combattants ne les ont pas manipulees correctement et ont
declenche les explosions ", a dit 'J'.
Les medecins qui ont traite les victimes de l'attaque chimique ont
prevenu les intervieweurs de faire attention en posant des questions
sur qui, exactement, etait responsable de cette attaque mortelle.
L'association humanitaire Medecins sans Frontières a ajoute que les
aides sanitaires qui ont aide les 3600 patients ont aussi developpe
des symptômes similaires, incluant une bouche ecumante, une detresse
respiratoire, des convulsions et des troubles de la vision. Le groupe
n'a pas ete en mesure de verifier l'information de facon independante.
Plus d'une dizaine de rebelles interroges ont indique que leurs
salaires provenaient du gouvernement saoudien.
Implication saoudienne
Dans un article recent du Business Insider, le journaliste Geoffrey
Ingersoll a souligne le rôle du prince Bandar au cours de ces deux ans
et demi de guerre civile en Syrie. De nombreux observateurs pensent
que Bandar, qui a des liens très etroits avec Washington, a ete au
c~\ur de cette pression americaine pour faire la guerre a Assad.
Ingersoll se referait a un article du journal britannique Daily
Telegraph concernant des discussions secrètes entre Russes et
Saoudiens, alleguant que Bandar avait offert au president russe
Vladimir Poutine du petrole bon marche s'il abandonnait Assad.
" Le prince Bandar a promis de proteger la base navale russe en
Syrie, si le regime d'Assad etait renverse, mais il a aussi laisse
entendre qu'il y aurait des attaques terroristes de Tchetchènes lors
des Jeux Olympiques d'hiver a Sotchi, s'il n'y avait pas d'accord ",
a ecrit Ingersoll.
" Je peux vous donner une garantie de proteger les Jeux Olympiques
d'hiver l'an prochain. Les groupes tchetchènes qui menacent la securite
des ces jeux sont sous notre contrôle ", aurait dit Bandar aux Russes.
" De meme que les responsables saoudiens, les USA auraient donne le
feu vert au renseignement saoudien pour mener ces discussions avec
la Russie, ce qui n'est pas une surprise ", a ecrit Ingersoll.
" Bandar a ete eduque aux Etats-Unis, tant d'un point de vue militaire
qu'universitaire, il a ete un ambassadeur saoudien très influent aux
USA, et la CIA l'adore ", a-t-il ajoute.
Selon le journal britannique Independent, c'est l'agence
de renseignement du prince Bandar qui a en premier lance des
allegations d'utilisation de gaz sarin par le regime, a l'attention
des Occidentaux, en fevrier dernier.
The Wall Street Journal a recemment ecrit que la CIA avait compris que
l'Arabie Saoudite etait " serieuse " quant au renversement d'Assad,
lorsque le roi saoudien a nomme le prince Bandar pour conduire cette
mission.
" Ils pensaient que le prince Bandar, un veteran des intrigues
diplomatiques a Washington et du monde arabe, pourrait faire ce que
la CIA ne pouvait pas faire : donner de l'argent et des armes en
quantite, wasta, mot arabe pour des dessous-de-table ", comme l'a
dit un diplomate americain.
Le WSJ a rapporte que Bandar faisait avancer son objectif prioritaire
en politique etrangère, qui est de mettre en echec Assad et ses allies
l'Iran et le Hezbollah.
Dans ce but, Bandar a exhorte Washington a soutenir un programme pour
armer et entraîner les rebelles sur une base militaire qui serait
situee en Jordanie.
L'article de journal indique qu'il a rencontre " des Jordaniens qui
n'etaient pas très a l'aise avec cette idee de base chez eux " :
Ses rencontres a Amman avec le roi Abdullah de Jordanie ont parfois
dure huit heures de suite. " Le roi plaisantait : 'Oh, Bandar revient
? Liberons deux jours pour la reunion' ", a dit une personne habituee
a ces reunions.
La Jordanie est financièrement dependante de l'Arabie Saoudite, ce qui
donne un fort moyen de pression aux Saoudiens. Un centre d'operations
en Jordanie a ouvert a l'ete 2012, comprenant une piste d'atterrissage
et des entrepôts pour les armes. Les Saoudiens ont fourni des AK-47
et des munitions, a rapporte le WSJ, citant des responsables arabes.
Si officiellement l'Arabie Saoudite dit soutenir des rebelles plus
moderes, le journal a indique que " des fonds et des armes etaient
achemines secrètement a l'intention des radicaux, tout simplement
pour contrer l'influence des rivaux islamistes soutenus par le Qatar. "
Mais les rebelles interviewes ont dit que les militants d'Al-Qaïda
se battant en Syrie, parlaient de Bandar en disant " al-Habib " ou
'le cheri'.
Peter Oborne, qui a ecrit jeudi un article dans le Daily Telegraph, a
emis quelques mots de prudence quant a la precipitation de Washington
a punir le regime d'Assad par ces soi-disant frappes " limitees "
qui ne signifient pas renverser le leader syrien, mais reduire sa
capacite a utiliser des armes chimiques :
Considerez ce fait : les seuls beneficiaires de cette atrocite ont
ete les rebelles, qui precedemment perdaient la guerre, et qui ont
maintenant la Grande-Bretagne et l'Amerique pretes a intervenir a leurs
côtes. S'il y a peu de doutes quant a l'utilisation d'armes chimique,
il existe un doute quant a qui les a utilisees.
Il est important de se souvenir qu'Assad a ete accuse d'avoir utilise
un gaz poison contre des civils auparavant. Mais en cette occasion,
Carla del Ponte, commissaire pour la Syrie a l'ONU, avait conclu
que c'etaient les rebelles, et non Assad, qui etaient probablement
responsables.
©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 3 septembre
2013 - www.collectifvan.org
Certaines informations contenues dans cet article n'ont pu etre
verifiees independamment. Mint Press News continuera a fournir des
informations supplementaires et des mises a jour.
Dale Gavlak est la correspondente de Mint Press News pour
le Moyen-Orient et elle a ecrit des articles a partir d'Amman
(Jordanie), pour Associated Press, NPR et BBC. Experte en affaires
moyen-orientales, Gavlak couvre la region du Levant, ecrit sur
des sujets comprenant la politique, les questions sociales et
les tendances economiques. Dale est titulaire d'un M.A. en Etudes
sur le Proche-Orient de l'universite de Chicago. Contactez Dale a
[email protected]
Yahya Ababneh est un journaliste jordanien freelance et il prepare
actuellement un master en journalisme ; il a couvert les evenements en
Jordanie, au Liban, en Arabie Saoudite, en Russie et en Lybie. Ses
articles sont parus sur Amman Net, Saraya News, Gerasa News et
ailleurs.
Nota CVAN : Le site Rue89 - qui critique cet article - presente
neanmoins le site en ces termes " Le site Mint Press est recent
(un an et demi), mais n'a pas mauvaise reputation ".
Retour a la rubrique
Source/Lien : Mintpress News
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=75369
Publie le : 05-09-2013
Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - En marge de la guerre
civile qui fait rage en Syrie, se deroule une autre guerre, non moins
importante : celle de l'information. Ou de la desinformation selon le
point de vue adopte. Il nous a semble interessant de completer notre
rubrique News - qui fait une large part aux informations diffusees
par la presse francaise classique - par la traduction d'un article de
Mintpressnews.com, organisme anglophone qui se presente comme soucieux
de proposer une source alternative d'information et d'analyse. En la
matière, le web regorge de sites trompeurs, cache-sexe de personnages
douteux aux idees bien eloignees de celles defendues par le Collectif
VAN. L'une des auteures de l'article traduit ci-dessous etant une
journaliste travaillant regulièrement pour l'Associated Press, Dale
Gavlak, nous esperons avoir reduit les risques de servir de relais
a des nebuleuses tendancieuses. Pour ce qui est de l'information en
elle-meme - a savoir la responsabilite de l'Arabie Saoudite dans le
gazage de la population syrienne de Ghouta - nous ne pouvons bien sûr
pas la verifier. Pas plus que les affirmations adverses. Mais comme
ces dernières, elle merite d'etre entendue. Une seule certitude : la
Syrie est devenue le terrain de jeu de puissances qui s'y opposent en
prenant en otage la population civile. Celle-ci est la seule victime
des actes de barbarie commis par les uns et/ou les autres. Et elle ne
sera pas epargnee en cas d'intervention militaire occidentale. Bien
au contraire. Le Collectif VAN vous propose la traduction d'un article
en anglais paru sur le site Mintpress Newsle 29 août 2013.
Mintpress News
EXCLUSIF : les Syriens de Ghouta affirment que l'Arabie Saoudite a
fourni les rebelles pour l'attaque aux armes chimiques
Les rebelles et les residents locaux de Ghouta accusent le prince
saoudien Bandar bin Sultan d'avoir fourni des armes chimiques a un
groupe de rebelles lie a Al-Qaïda.
Par Dale Gavlak et Yahya Ababneh | 29 août 2013
Clarification : Dale Gavlak a aide a faire des recherches et
a rediger cet article, mais elle n'etait pas sur le terrain en
Syrie. Le journaliste Yahya Ababneh, qui a collabore a la redaction
de cet article, etait le correspondant sur le terrain a Ghouta et
il a parle directement aux rebelles, aux membres de leurs familles,
aux victimes de l'attaque chimique et aux residents sur place.
Gavlak est le correspondant de MintPress News Middle East et elle
a travaille en free-lance pour l'AP a Amman, Jordanie, en tant que
correspondante pendant presque dix ans. Cet article n'est pas un
article d'Associated Press ; il est, de fait, en exclusivite sur
MintPress News.
Ghouta, Syrie - Alors que la machine de guerre menee par les Etats-Unis
se prepare a intervenir en Syrie, suite a l'attaque chimique de
la semaine dernière, les USA et leurs allies se trompent peut-etre
de coupable.
C'est ce que semblent indiquer des interviews avec des gens a Damas
et Ghouta, une banlieue de la capitale syrienne, où l'organisation
humanitaire Medecins sans Frontières a rapporte qu'au moins 355
personnes sont mortes la semaine dernière, a cause de ce qu'elle
croit etre un agent neurotoxique.
Les USA, la Grande-Bretagne et la France, ainsi que la Ligue Arabe,
ont accuse le regime du president syrien Bachar al-Assad d'avoir mene
une attaque a l'arme chimique, qui a vise principalement des civils.
Des navires de guerre americains sont stationnes en mer Mediterranee
pour lancer des frappes militaires contre la Syrie, pour la punir
d'avoir mene une attaque chimique de grande envergure. Les Etats-Unis
et les autres ne sont pas interesses a examiner tout signe de preuve
contraire, et le secretaire d'Etat americain, John Kerry a declare
lundi que la culpabilite d'Assad etait " un jugement ... deja clair
aux yeux du monde. "
Cependant, d'après de nombreuses interviews avec les medecins, les
residents de Ghouta, les combattants rebelles et leurs familles, une
image differente apparaît. Ils sont nombreux a penser que certains
rebelles ont recu des armes chimiques du chef du renseignement
saoudien, le prince Bandar bin Sultan, et que ce sont eux les
responsables de l'attaque mortelle au gaz.
" Mon fils est venu me demander il y a deux semaines, ce que je pensais
qu'etaient les armes qu'on lui avait demande de transporter ", a dit
Abu Abdel-Moneim, le père d'un rebelle se battant pour deloger Assad,
et qui vit a Ghouta.
Abdel-Moneim a dit que son fils et 12 autres rebelles ont ete tues a
l'interieur d'un tunnel utilise pour entreposer des armes fournies par
un militant saoudien, connu sous le nom d'Abu Ayesha, et qui menait
le bataillon de rebelles. Le père a decrit les armes comme ayant une
" structure en forme de tube " tandis que d'autres ressemblaient a des
" enormes bouteilles de gaz. "
Les gens de Ghouta ont dit que les rebelles utilisaient des mosquees
et des residences privees pour dormir et stockaient leurs armes dans
les tunnels.
Abdel-Moneim a dit que son fils et d'autres sont morts pendant
l'attaque chimique. Ce meme jour, le groupe militant Jabhat al-Nusra,
qui est lie a Al-Qaïda, a annonce qu'il attaquerait de la meme facon
les civils au c~\ur du fief d'Assad, Latakia, sur la côte ouest,
par represailles.
" Ils ne nous ont pas dit ce qu'etaient ces armes ni comment les
utiliser ", s'est plainte une femme combattante appelee 'K.' " Nous
ne savions pas que c'etaient des armes chimiques. Nous n'avons jamais
imagine que c'etaient des armes chimiques. "
" Lorsque que le prince saoudien Bandar donne de telles armes a des
gens, il doit les donner a des gens qui savent les manipuler et les
utiliser ", a-t-elle prevenu. Elle, comme d'autres Syriens, ne veut
pas reveler son nom par peur de represailles.
Un leader rebelle bien connu a Ghouta, du nom de 'J', est d'accord. "
Les militants de Jabhat al-Nusra ne coopèrent pas avec les autres
rebelles, sauf quand il s'agit des combats sur le terrain. Ils ne
donnent pas d'informations secrètes. Ils ont simplement utilise
des rebelles ordinaires pour transporter et manipuler ce materiel
", dit-il.
" Nous etions très curieux au sujet de ces armes. Et malheureusement,
certains combattants ne les ont pas manipulees correctement et ont
declenche les explosions ", a dit 'J'.
Les medecins qui ont traite les victimes de l'attaque chimique ont
prevenu les intervieweurs de faire attention en posant des questions
sur qui, exactement, etait responsable de cette attaque mortelle.
L'association humanitaire Medecins sans Frontières a ajoute que les
aides sanitaires qui ont aide les 3600 patients ont aussi developpe
des symptômes similaires, incluant une bouche ecumante, une detresse
respiratoire, des convulsions et des troubles de la vision. Le groupe
n'a pas ete en mesure de verifier l'information de facon independante.
Plus d'une dizaine de rebelles interroges ont indique que leurs
salaires provenaient du gouvernement saoudien.
Implication saoudienne
Dans un article recent du Business Insider, le journaliste Geoffrey
Ingersoll a souligne le rôle du prince Bandar au cours de ces deux ans
et demi de guerre civile en Syrie. De nombreux observateurs pensent
que Bandar, qui a des liens très etroits avec Washington, a ete au
c~\ur de cette pression americaine pour faire la guerre a Assad.
Ingersoll se referait a un article du journal britannique Daily
Telegraph concernant des discussions secrètes entre Russes et
Saoudiens, alleguant que Bandar avait offert au president russe
Vladimir Poutine du petrole bon marche s'il abandonnait Assad.
" Le prince Bandar a promis de proteger la base navale russe en
Syrie, si le regime d'Assad etait renverse, mais il a aussi laisse
entendre qu'il y aurait des attaques terroristes de Tchetchènes lors
des Jeux Olympiques d'hiver a Sotchi, s'il n'y avait pas d'accord ",
a ecrit Ingersoll.
" Je peux vous donner une garantie de proteger les Jeux Olympiques
d'hiver l'an prochain. Les groupes tchetchènes qui menacent la securite
des ces jeux sont sous notre contrôle ", aurait dit Bandar aux Russes.
" De meme que les responsables saoudiens, les USA auraient donne le
feu vert au renseignement saoudien pour mener ces discussions avec
la Russie, ce qui n'est pas une surprise ", a ecrit Ingersoll.
" Bandar a ete eduque aux Etats-Unis, tant d'un point de vue militaire
qu'universitaire, il a ete un ambassadeur saoudien très influent aux
USA, et la CIA l'adore ", a-t-il ajoute.
Selon le journal britannique Independent, c'est l'agence
de renseignement du prince Bandar qui a en premier lance des
allegations d'utilisation de gaz sarin par le regime, a l'attention
des Occidentaux, en fevrier dernier.
The Wall Street Journal a recemment ecrit que la CIA avait compris que
l'Arabie Saoudite etait " serieuse " quant au renversement d'Assad,
lorsque le roi saoudien a nomme le prince Bandar pour conduire cette
mission.
" Ils pensaient que le prince Bandar, un veteran des intrigues
diplomatiques a Washington et du monde arabe, pourrait faire ce que
la CIA ne pouvait pas faire : donner de l'argent et des armes en
quantite, wasta, mot arabe pour des dessous-de-table ", comme l'a
dit un diplomate americain.
Le WSJ a rapporte que Bandar faisait avancer son objectif prioritaire
en politique etrangère, qui est de mettre en echec Assad et ses allies
l'Iran et le Hezbollah.
Dans ce but, Bandar a exhorte Washington a soutenir un programme pour
armer et entraîner les rebelles sur une base militaire qui serait
situee en Jordanie.
L'article de journal indique qu'il a rencontre " des Jordaniens qui
n'etaient pas très a l'aise avec cette idee de base chez eux " :
Ses rencontres a Amman avec le roi Abdullah de Jordanie ont parfois
dure huit heures de suite. " Le roi plaisantait : 'Oh, Bandar revient
? Liberons deux jours pour la reunion' ", a dit une personne habituee
a ces reunions.
La Jordanie est financièrement dependante de l'Arabie Saoudite, ce qui
donne un fort moyen de pression aux Saoudiens. Un centre d'operations
en Jordanie a ouvert a l'ete 2012, comprenant une piste d'atterrissage
et des entrepôts pour les armes. Les Saoudiens ont fourni des AK-47
et des munitions, a rapporte le WSJ, citant des responsables arabes.
Si officiellement l'Arabie Saoudite dit soutenir des rebelles plus
moderes, le journal a indique que " des fonds et des armes etaient
achemines secrètement a l'intention des radicaux, tout simplement
pour contrer l'influence des rivaux islamistes soutenus par le Qatar. "
Mais les rebelles interviewes ont dit que les militants d'Al-Qaïda
se battant en Syrie, parlaient de Bandar en disant " al-Habib " ou
'le cheri'.
Peter Oborne, qui a ecrit jeudi un article dans le Daily Telegraph, a
emis quelques mots de prudence quant a la precipitation de Washington
a punir le regime d'Assad par ces soi-disant frappes " limitees "
qui ne signifient pas renverser le leader syrien, mais reduire sa
capacite a utiliser des armes chimiques :
Considerez ce fait : les seuls beneficiaires de cette atrocite ont
ete les rebelles, qui precedemment perdaient la guerre, et qui ont
maintenant la Grande-Bretagne et l'Amerique pretes a intervenir a leurs
côtes. S'il y a peu de doutes quant a l'utilisation d'armes chimique,
il existe un doute quant a qui les a utilisees.
Il est important de se souvenir qu'Assad a ete accuse d'avoir utilise
un gaz poison contre des civils auparavant. Mais en cette occasion,
Carla del Ponte, commissaire pour la Syrie a l'ONU, avait conclu
que c'etaient les rebelles, et non Assad, qui etaient probablement
responsables.
©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 3 septembre
2013 - www.collectifvan.org
Certaines informations contenues dans cet article n'ont pu etre
verifiees independamment. Mint Press News continuera a fournir des
informations supplementaires et des mises a jour.
Dale Gavlak est la correspondente de Mint Press News pour
le Moyen-Orient et elle a ecrit des articles a partir d'Amman
(Jordanie), pour Associated Press, NPR et BBC. Experte en affaires
moyen-orientales, Gavlak couvre la region du Levant, ecrit sur
des sujets comprenant la politique, les questions sociales et
les tendances economiques. Dale est titulaire d'un M.A. en Etudes
sur le Proche-Orient de l'universite de Chicago. Contactez Dale a
[email protected]
Yahya Ababneh est un journaliste jordanien freelance et il prepare
actuellement un master en journalisme ; il a couvert les evenements en
Jordanie, au Liban, en Arabie Saoudite, en Russie et en Lybie. Ses
articles sont parus sur Amman Net, Saraya News, Gerasa News et
ailleurs.
Nota CVAN : Le site Rue89 - qui critique cet article - presente
neanmoins le site en ces termes " Le site Mint Press est recent
(un an et demi), mais n'a pas mauvaise reputation ".
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