ARMENIE : LES ESPOIRS DES PRO-EUROPEENS DOUCHES PAR LA REALPOLITIK D'EREVAN
Armenie-UE-Russie-diplomatie-commerce
EREVAN, 18 sept 2013 (AFP) - La decision de l'Armenie de rejoindre
l'Union douanière menee par la Russie suscite la colère des
pro-Europeens, pour lesquels la "realpolitik" d'Erevan a eu raison
des espoirs de modernisation et de democratisation du pays.
Debut septembre, de nombreux Armeniens ont ete pris de court en
apprenant que leur president, Serge Sarkissian, en visite a Moscou,
avait accepte que son pays rejoigne l'Union douanière pour l'heure
composee de la Russie, du Belarus et du Kazakhstan.
Car après de longues negociations, l'Armenie, au côte de la Georgie
et de la Moldavie, devait sceller en novembre a Vilnius un accord
de libre-echange avec l'UE, qui aurait constitue un premier pas vers
une integration future au bloc europeen.
Ce revirement a pousse des Armeniens a descendre dans la rue.
"Nous sommes venus ici pour dire que nous ne le permettrons pas",
a declare lors d'une recente manifestation Lusine Hovsepian, 34 ans.
"S'il faut choisir entre l'UE et cette union douanière, nous choisiront
l'Europe, plus developpee, plus democratique".
Les preoccupations autour du territoire du Nagorny-Karabakh, region
separatiste d'Azerbaïdjan peuplee majoritairement d'Armeniens, et les
pressions exercees par la Russie, allie dans la region de l'Armenie,
semblent avoir eu raison des espoirs de rapprochement avec l'Europe.
Pressions de Moscou
"Il est clair que si on depend de la Russie militairement,
economiquement et politiquement (...), il est impossible de rejoindre
une autre zone economique", a commente Tatoul Hakobian, un analyste
a la Fondation Civilitas, basee a Erevan.
L'Armenie depend beaucoup de la Russie pour ses approvisionnements en
armement, qu'elle considère comme vitaux pour maintenir l'equilibre
face a l'Azerbaïdjan voisin, riche de son petrole, sur la question
du Nagorny-Karabakh.
Alors qu'Erevan se rapprochait de Bruxelles, Moscou a envoye une
serie de messages sans equivoque a son allie, augmentant le prix du
gaz livre a la petite republique caucasienne et annoncant un enorme
contrat de vente d'armes a Bakou.
"L'Armenie rejoint l'Union douanière non comme un partenaire a
part entière mais comme un mendiant humilie et malheureux", a lance
recemment lors d'un meeting politique Levon Ter-Petrossian, qui fut
le le premier president armenien après l'independance du pays et est
aujourd'hui un des chefs de file de l'opposition.
Le parti au pouvoir argue pour sa part que l'integration a l'Union
douanière, un projet soutenu par le president russe Vladimir Poutine
qui milite pour une integration toujours plus etroite des pays de
l'ex-URSS, fait sens.
"L'Armenie continue simplement d'approfondir ses liens avec un
partenaire strategique conformement a ses interets economiques et
politiques", a declare a l'AFP le depute Edouard Charmazanov.
L'Armenie, le plus proche allie de Moscou dans le Caucase, a une
importante diaspora en Russie, dont les transferts d'argent vers le
pays on atteint l'an dernier 1,5 milliard de dollars.
Selon le sociologue Gevorg Pogossian, c'est la raison pour laquelle
55% d'Armeniens sont en faveur de liens plus etroits avec la Russie.
"Vous n'avez pas besoin de visa pour vous rendre la-bas et il n'y a
pas la barrière linguistique", dit-il. Beaucoup d'Armeniens parlent
le russe, appris a l'epoque sovietique.
"Le facteur decisif toutefois est que le bien-etre d'un grand nombre
de familles depend de ces transferts d'argent", ajoute le sociologue.
"Un tel accord ne peut etre dans les interets de l'Armenie car cela ne
va pas nous aider a resoudre nos principaux problèmes : la corruption,
les monopoles economiques et l'absence de concurrence politique",
retorque Armen Martirossian, du parti d'opposition Heritage liberal
de l'Armenie.
"L'Armenie, en choisissant l'Union douanière plutôt que des accords
avec l'UE, restera un pays d'oligarques et de monopoles comme la
Russie", affirme-t-il.
Par Mariam HAROUTIOUNIAN
jeudi 19 septembre 2013, Stephane ©armenews.com
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
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EREVAN, 18 sept 2013 (AFP) - La decision de l'Armenie de rejoindre
l'Union douanière menee par la Russie suscite la colère des
pro-Europeens, pour lesquels la "realpolitik" d'Erevan a eu raison
des espoirs de modernisation et de democratisation du pays.
Debut septembre, de nombreux Armeniens ont ete pris de court en
apprenant que leur president, Serge Sarkissian, en visite a Moscou,
avait accepte que son pays rejoigne l'Union douanière pour l'heure
composee de la Russie, du Belarus et du Kazakhstan.
Car après de longues negociations, l'Armenie, au côte de la Georgie
et de la Moldavie, devait sceller en novembre a Vilnius un accord
de libre-echange avec l'UE, qui aurait constitue un premier pas vers
une integration future au bloc europeen.
Ce revirement a pousse des Armeniens a descendre dans la rue.
"Nous sommes venus ici pour dire que nous ne le permettrons pas",
a declare lors d'une recente manifestation Lusine Hovsepian, 34 ans.
"S'il faut choisir entre l'UE et cette union douanière, nous choisiront
l'Europe, plus developpee, plus democratique".
Les preoccupations autour du territoire du Nagorny-Karabakh, region
separatiste d'Azerbaïdjan peuplee majoritairement d'Armeniens, et les
pressions exercees par la Russie, allie dans la region de l'Armenie,
semblent avoir eu raison des espoirs de rapprochement avec l'Europe.
Pressions de Moscou
"Il est clair que si on depend de la Russie militairement,
economiquement et politiquement (...), il est impossible de rejoindre
une autre zone economique", a commente Tatoul Hakobian, un analyste
a la Fondation Civilitas, basee a Erevan.
L'Armenie depend beaucoup de la Russie pour ses approvisionnements en
armement, qu'elle considère comme vitaux pour maintenir l'equilibre
face a l'Azerbaïdjan voisin, riche de son petrole, sur la question
du Nagorny-Karabakh.
Alors qu'Erevan se rapprochait de Bruxelles, Moscou a envoye une
serie de messages sans equivoque a son allie, augmentant le prix du
gaz livre a la petite republique caucasienne et annoncant un enorme
contrat de vente d'armes a Bakou.
"L'Armenie rejoint l'Union douanière non comme un partenaire a
part entière mais comme un mendiant humilie et malheureux", a lance
recemment lors d'un meeting politique Levon Ter-Petrossian, qui fut
le le premier president armenien après l'independance du pays et est
aujourd'hui un des chefs de file de l'opposition.
Le parti au pouvoir argue pour sa part que l'integration a l'Union
douanière, un projet soutenu par le president russe Vladimir Poutine
qui milite pour une integration toujours plus etroite des pays de
l'ex-URSS, fait sens.
"L'Armenie continue simplement d'approfondir ses liens avec un
partenaire strategique conformement a ses interets economiques et
politiques", a declare a l'AFP le depute Edouard Charmazanov.
L'Armenie, le plus proche allie de Moscou dans le Caucase, a une
importante diaspora en Russie, dont les transferts d'argent vers le
pays on atteint l'an dernier 1,5 milliard de dollars.
Selon le sociologue Gevorg Pogossian, c'est la raison pour laquelle
55% d'Armeniens sont en faveur de liens plus etroits avec la Russie.
"Vous n'avez pas besoin de visa pour vous rendre la-bas et il n'y a
pas la barrière linguistique", dit-il. Beaucoup d'Armeniens parlent
le russe, appris a l'epoque sovietique.
"Le facteur decisif toutefois est que le bien-etre d'un grand nombre
de familles depend de ces transferts d'argent", ajoute le sociologue.
"Un tel accord ne peut etre dans les interets de l'Armenie car cela ne
va pas nous aider a resoudre nos principaux problèmes : la corruption,
les monopoles economiques et l'absence de concurrence politique",
retorque Armen Martirossian, du parti d'opposition Heritage liberal
de l'Armenie.
"L'Armenie, en choisissant l'Union douanière plutôt que des accords
avec l'UE, restera un pays d'oligarques et de monopoles comme la
Russie", affirme-t-il.
Par Mariam HAROUTIOUNIAN
jeudi 19 septembre 2013, Stephane ©armenews.com
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress