KASAB CONTRE KESSAB ET PROPAGANDE SUR LE LITTORAL SYRIEN
Daily Star
5 avril 2104
Par Martin Dick
The Daily Star
Photo Reuters/Stringer : Un rebelle pose pour une photo sur la plage
de Samra dans la province de Lattaquie près de la ville deKessab.
Beyrouth : une campagne de media social pour empecher un " genocide
des Armeniens " n'ait lieu dans la pittoresque station de montagne
de Kasab s'est recemment developpee, donnant un exemple ultime de la
facon dont les techniques de communication du 21ème siècle peuvent
egalement produire de l'information et de la desinformation. La
communaute armenienne de diaspora a ete choquee le mois dernier, quand
la ville de Kasab et ses alentours echappa au contrôle du regime,
suite a l'offensive " Al-Anfal " que les rebelles et les djihadistes
ont lance sur le littoral.
La liste des acteurs de la campagne est longue - d'un côte les troupes
de l'armee regulière syrienne et plusieurs groupes paramilitaires
et milices, auxquelles semblent s'ajouter les Forces Nationales de
Defense, le Hezbollah libanais, et le groupe Liberation Iskanderon,
dirige par un alaouite natif de Turquie de la province voisine de
l'autre côte de la frontière, appelee Hatay en Turquie.
Dans l'autre camp, une vague coalition de groupes : le Front Nusra
affilie a Al-Qaïda, plusieurs milices conservatrices islamistes,
and dans son rôle de soutien, principalement l'Armee Syrienne Libre.
Pour les Armeniens de Kasab et les Armeniens partout ailleurs, toutes
ces nuances n'ont aucune signification. Le regime et ceux qui le
soutiennent, qui tout en designant tous les insurges comme sous le
nom de " terroristes ", ont insiste sur l'aide active que la Turquie
apporte aux efforts militaires des rebelles, afin de reveiller les
vieilles peurs et l'hostilite endemique au voisin de la Syrie, dont
les predecesseurs ottomans ont massacre 1,5 million d'entre eux a
partir de 1915.
Les organisations armeniennes des Etats-Unis ont donne l'alarme sur
l'imminence d'un nouveau genocide a Kasab, la ville etant rapidement
tombee devant les rebelles. Les celebrites comme Kim Kardashian s'y
sont jointes, rendant immediatement accessible la campagne #SaveKessab
dans le monde, grâce a l'Armenienne d'Amerique de Californie du Sud
suivie sur Twitter par 20 millions de personnes. Pour l'essentiel,
le contenu visuel de la campagne de media - et particulièrement le
choix de photographes - illustrent a quel point les arguments soutenus
sur Internet peuvent etre faibles.
Tout horribles qu'elles soient a voir, les photos pechent cependant
parce qu'aucune d'entre elles n'a de lien avec les evenements de Kasab
de la fin du mois de mars 2014. Ironiquement, la plupart des victimes
montrees dans ces terribles decapitations, executions et atrocites,
sont des musulmans, tues par des musulmans ultra-extremistes, en
Syrie et ailleurs.
Mais le public, face a de telles images et autres accusations mises
en circulation, peut en tirer diverses impressions - " boucherie sur
les habitants de Kasab ", " destructions d'eglises ", et " nettoyage
ethnique ".
Les campagnes telles #saveKessab et autres propagandes ont provoque
une vive reaction, sur des fronts divers.
Un combattant d'Ansar al-Sham, la plus moderee des milices islamistes
engagee dans l'offensive sur le littoral, a mis en ligne une video dans
laquelle il declare qu'aucune atteinte n'a ete portee aux Armeniens
de Kasab.
Il a cite le comportement du Calife Omar du septième siècle, qui
n'a aucunement fait du mal aux Chretiens de Jerusalem lorsqu'il
s'est empare de la ville. Une multitude de sujets ont fait suite a
la sequence video sur Kasab, produits par des auteurs militants et
des chaînes de TV favorables a l'opposition, près des eglises où les
combattants avaient installe des gardes afin d'eviter le pillage
de ces lieux. Deux des quatre principaux groupes a la tete de ce
campagnes sont Ansar al-Sham et Ahrar al-Sham, tous deux membres du
Front Islamique, une alliance de sept grandes milices islamiques.
Le Front a fait sa propre declaration sur l'offensive du littoral,
critiquant la campagne de desinformation entourant le comportement
des insurges envers les civils. Pour la plupart, ces informations
en langue arabe n'ont pas la portee de celles qui concernent un "
nouveau genocide ".
Mais un certain nombre d'affirmations contraires, emises sur des
sites en langue anglaise, infirmant par le detail les allegations
d'atrocites, ont egalement ete faites. Un media militant anti-regime
qui a couvert quelques unes des batailles faisant rage au nord de
Lattaquie, celle de Kasab y comprise, a dit au Daily Star avoir eu
connaissance d'une seule " violation ", celle d'un combattant rebelle
trop zele qui a enleve une croix de l'une des eglises de Kasab.
Il decrit le combattant comme faisant partie d'une minorite
non-syrienne du Front Nusra qui avait profite du chaos regnant a
Kasab au cours des tous premiers jours de la prise de Kesab. Depuis
lors, les groupes rebelles se sont efforces de maintenir l'ordre,
en organisant des patrouilles et emettant des instructions selon
lesquelles les commerces de la ville ne devraient pas etre touches.
" Les groupes combattants ont clairement fait savoir que les personnes
qui abattraient la croix seraient punies pour cet acte ", a-t-il dit.
Entre temps, un petit nombre d'Armeniens âges reste a Kasab, dit ce
militant. " Ce sont essentiellement des personnes qui ne veulent pas
s'en aller, ou qui pensent n'avoir nulle part où aller, elles sont
donc restees ", a dit le militant. " Ils etaient effrayes au debut,
mais les combattants leur ont dit que leur securite serait assuree.
Mais ils ne veulent pas etre photographies, et restent dans l'ombre ".
Le militant dit qu'avec d'autres civils de la region de Kasab, ils
courent le risque d'etre blesses ou tues s'ils restent a Kasab.
Il a dit que dans certains cas particuliers, des familles locales,
parmi lesquelles des Alaouites, ont demande aux rebelles de les
transporter dans des zones en securite. Le militant a dit qu'alors que
la grande majorite des residents de Kasab ont trouve refuge a Lataquie,
un faible nombre d'entre eux qui ont differe leur exil ont finalement
ete escortes par les rebelles en Turquie, avec leur consentement.
L'ironie la plus grande est sans doute qu'alors que l'emotion envers
Kasab et les Armeniens etait a son comble, une autre communaute -
les Turkmènes - est celle qui subissait vraiment la violence du fait
de leur identite, au milieu d'une hysterie antiturque et anti-Turquie
palpable.
Les residents d'un groupe de localites près de Kasab ont eux-aussi
subi des deplacements, et beaucoup parmi eux sont des Turkmènes, et
la communaute a deja subi deux meurtres horribles. Peu de temps après
que Kasab soit tombee devant les rebelles, les corps d'un adolescent
et d'un jeune homme ont ete trouves jetes dans un jardin public dans
les faubourgs a majorite turkmène d'Ali Jamal de Lattaquie.
Et aucune campagne internet ne s'est developpee pour denoncer la
violence ethnique contre les Turkmènes de la Syrie du nord-ouest.
Kasab est victime de la geographie, non de son ethnicite - c'est
la ville la plus proche d'un poste frontière, la ville au centre
d'une region avec des douzaines de localites avoisinantes, elle
est près d'un important poste d'observation militaire, et elle
est proche du village de Samra, où se trouve la limite dramatique
du territoire de la Syrie - un a-pic raide au-dessus d'une gorge,
coincee vers le sud par une falaise escarpee, avec au nord, tout de
suite, le territoire turc. Avant la guerre, si quelqu'un s'engageait
ou se perdait sur quelques centaines de mètres dans cette direction,
les gardes-frontières ouvraient poliment des tirs de sommation pour
encourager a la retraite.
Les Armeniens de Kasab ont certainement ete soumis a plus d'entrevues
qu'a l'oppression, mais l'effet des rumeurs a l'ancienne mode est
multiplie par des campagnes a sensation sur Internet, entretenant la
tension. Combien de personnes ont-elles aussi entendu les efforts de
demystification est autre sujet, et difficile a evaluer.
L'une des pires photos de la serie de " sauvez Kasab " est celle
du cadavre sanglant d'une jeune femme etendue sur un lit, avec une
croix labouree sur la gorge. Elle a ete egalement employee l'an passe
pour une sequence de desinformation sur une jeune fille chretienne
soi-disant tuee a Alep, et rapidement dementie ensuite, par des
personnes qui relevèrent avec jubilation qu'il s'agissait d'un clip
de publicite canadien remontant a 2005.
La seule certitude, a peu près, est que les Armeniens de Kasab
affrontent a present directement la guerre, tout comme leurs
compatriotes dans diverses villes - Alep, Damas, Homs, Hassakeh,
Qamishli et ailleurs - et tout comme des millions d'autres Syriens
deplaces.
Traduction Gilbert Beguian pour Armenews.com
lundi 7 avril 2014, Jean Eckian (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=98791
Daily Star
5 avril 2104
Par Martin Dick
The Daily Star
Photo Reuters/Stringer : Un rebelle pose pour une photo sur la plage
de Samra dans la province de Lattaquie près de la ville deKessab.
Beyrouth : une campagne de media social pour empecher un " genocide
des Armeniens " n'ait lieu dans la pittoresque station de montagne
de Kasab s'est recemment developpee, donnant un exemple ultime de la
facon dont les techniques de communication du 21ème siècle peuvent
egalement produire de l'information et de la desinformation. La
communaute armenienne de diaspora a ete choquee le mois dernier, quand
la ville de Kasab et ses alentours echappa au contrôle du regime,
suite a l'offensive " Al-Anfal " que les rebelles et les djihadistes
ont lance sur le littoral.
La liste des acteurs de la campagne est longue - d'un côte les troupes
de l'armee regulière syrienne et plusieurs groupes paramilitaires
et milices, auxquelles semblent s'ajouter les Forces Nationales de
Defense, le Hezbollah libanais, et le groupe Liberation Iskanderon,
dirige par un alaouite natif de Turquie de la province voisine de
l'autre côte de la frontière, appelee Hatay en Turquie.
Dans l'autre camp, une vague coalition de groupes : le Front Nusra
affilie a Al-Qaïda, plusieurs milices conservatrices islamistes,
and dans son rôle de soutien, principalement l'Armee Syrienne Libre.
Pour les Armeniens de Kasab et les Armeniens partout ailleurs, toutes
ces nuances n'ont aucune signification. Le regime et ceux qui le
soutiennent, qui tout en designant tous les insurges comme sous le
nom de " terroristes ", ont insiste sur l'aide active que la Turquie
apporte aux efforts militaires des rebelles, afin de reveiller les
vieilles peurs et l'hostilite endemique au voisin de la Syrie, dont
les predecesseurs ottomans ont massacre 1,5 million d'entre eux a
partir de 1915.
Les organisations armeniennes des Etats-Unis ont donne l'alarme sur
l'imminence d'un nouveau genocide a Kasab, la ville etant rapidement
tombee devant les rebelles. Les celebrites comme Kim Kardashian s'y
sont jointes, rendant immediatement accessible la campagne #SaveKessab
dans le monde, grâce a l'Armenienne d'Amerique de Californie du Sud
suivie sur Twitter par 20 millions de personnes. Pour l'essentiel,
le contenu visuel de la campagne de media - et particulièrement le
choix de photographes - illustrent a quel point les arguments soutenus
sur Internet peuvent etre faibles.
Tout horribles qu'elles soient a voir, les photos pechent cependant
parce qu'aucune d'entre elles n'a de lien avec les evenements de Kasab
de la fin du mois de mars 2014. Ironiquement, la plupart des victimes
montrees dans ces terribles decapitations, executions et atrocites,
sont des musulmans, tues par des musulmans ultra-extremistes, en
Syrie et ailleurs.
Mais le public, face a de telles images et autres accusations mises
en circulation, peut en tirer diverses impressions - " boucherie sur
les habitants de Kasab ", " destructions d'eglises ", et " nettoyage
ethnique ".
Les campagnes telles #saveKessab et autres propagandes ont provoque
une vive reaction, sur des fronts divers.
Un combattant d'Ansar al-Sham, la plus moderee des milices islamistes
engagee dans l'offensive sur le littoral, a mis en ligne une video dans
laquelle il declare qu'aucune atteinte n'a ete portee aux Armeniens
de Kasab.
Il a cite le comportement du Calife Omar du septième siècle, qui
n'a aucunement fait du mal aux Chretiens de Jerusalem lorsqu'il
s'est empare de la ville. Une multitude de sujets ont fait suite a
la sequence video sur Kasab, produits par des auteurs militants et
des chaînes de TV favorables a l'opposition, près des eglises où les
combattants avaient installe des gardes afin d'eviter le pillage
de ces lieux. Deux des quatre principaux groupes a la tete de ce
campagnes sont Ansar al-Sham et Ahrar al-Sham, tous deux membres du
Front Islamique, une alliance de sept grandes milices islamiques.
Le Front a fait sa propre declaration sur l'offensive du littoral,
critiquant la campagne de desinformation entourant le comportement
des insurges envers les civils. Pour la plupart, ces informations
en langue arabe n'ont pas la portee de celles qui concernent un "
nouveau genocide ".
Mais un certain nombre d'affirmations contraires, emises sur des
sites en langue anglaise, infirmant par le detail les allegations
d'atrocites, ont egalement ete faites. Un media militant anti-regime
qui a couvert quelques unes des batailles faisant rage au nord de
Lattaquie, celle de Kasab y comprise, a dit au Daily Star avoir eu
connaissance d'une seule " violation ", celle d'un combattant rebelle
trop zele qui a enleve une croix de l'une des eglises de Kasab.
Il decrit le combattant comme faisant partie d'une minorite
non-syrienne du Front Nusra qui avait profite du chaos regnant a
Kasab au cours des tous premiers jours de la prise de Kesab. Depuis
lors, les groupes rebelles se sont efforces de maintenir l'ordre,
en organisant des patrouilles et emettant des instructions selon
lesquelles les commerces de la ville ne devraient pas etre touches.
" Les groupes combattants ont clairement fait savoir que les personnes
qui abattraient la croix seraient punies pour cet acte ", a-t-il dit.
Entre temps, un petit nombre d'Armeniens âges reste a Kasab, dit ce
militant. " Ce sont essentiellement des personnes qui ne veulent pas
s'en aller, ou qui pensent n'avoir nulle part où aller, elles sont
donc restees ", a dit le militant. " Ils etaient effrayes au debut,
mais les combattants leur ont dit que leur securite serait assuree.
Mais ils ne veulent pas etre photographies, et restent dans l'ombre ".
Le militant dit qu'avec d'autres civils de la region de Kasab, ils
courent le risque d'etre blesses ou tues s'ils restent a Kasab.
Il a dit que dans certains cas particuliers, des familles locales,
parmi lesquelles des Alaouites, ont demande aux rebelles de les
transporter dans des zones en securite. Le militant a dit qu'alors que
la grande majorite des residents de Kasab ont trouve refuge a Lataquie,
un faible nombre d'entre eux qui ont differe leur exil ont finalement
ete escortes par les rebelles en Turquie, avec leur consentement.
L'ironie la plus grande est sans doute qu'alors que l'emotion envers
Kasab et les Armeniens etait a son comble, une autre communaute -
les Turkmènes - est celle qui subissait vraiment la violence du fait
de leur identite, au milieu d'une hysterie antiturque et anti-Turquie
palpable.
Les residents d'un groupe de localites près de Kasab ont eux-aussi
subi des deplacements, et beaucoup parmi eux sont des Turkmènes, et
la communaute a deja subi deux meurtres horribles. Peu de temps après
que Kasab soit tombee devant les rebelles, les corps d'un adolescent
et d'un jeune homme ont ete trouves jetes dans un jardin public dans
les faubourgs a majorite turkmène d'Ali Jamal de Lattaquie.
Et aucune campagne internet ne s'est developpee pour denoncer la
violence ethnique contre les Turkmènes de la Syrie du nord-ouest.
Kasab est victime de la geographie, non de son ethnicite - c'est
la ville la plus proche d'un poste frontière, la ville au centre
d'une region avec des douzaines de localites avoisinantes, elle
est près d'un important poste d'observation militaire, et elle
est proche du village de Samra, où se trouve la limite dramatique
du territoire de la Syrie - un a-pic raide au-dessus d'une gorge,
coincee vers le sud par une falaise escarpee, avec au nord, tout de
suite, le territoire turc. Avant la guerre, si quelqu'un s'engageait
ou se perdait sur quelques centaines de mètres dans cette direction,
les gardes-frontières ouvraient poliment des tirs de sommation pour
encourager a la retraite.
Les Armeniens de Kasab ont certainement ete soumis a plus d'entrevues
qu'a l'oppression, mais l'effet des rumeurs a l'ancienne mode est
multiplie par des campagnes a sensation sur Internet, entretenant la
tension. Combien de personnes ont-elles aussi entendu les efforts de
demystification est autre sujet, et difficile a evaluer.
L'une des pires photos de la serie de " sauvez Kasab " est celle
du cadavre sanglant d'une jeune femme etendue sur un lit, avec une
croix labouree sur la gorge. Elle a ete egalement employee l'an passe
pour une sequence de desinformation sur une jeune fille chretienne
soi-disant tuee a Alep, et rapidement dementie ensuite, par des
personnes qui relevèrent avec jubilation qu'il s'agissait d'un clip
de publicite canadien remontant a 2005.
La seule certitude, a peu près, est que les Armeniens de Kasab
affrontent a present directement la guerre, tout comme leurs
compatriotes dans diverses villes - Alep, Damas, Homs, Hassakeh,
Qamishli et ailleurs - et tout comme des millions d'autres Syriens
deplaces.
Traduction Gilbert Beguian pour Armenews.com
lundi 7 avril 2014, Jean Eckian (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=98791