GENOCIDE ARMENIEN : ON NE VEUT PAS D'UNE RECONNAISSANCE AU RABAIS
REVUE DE PRESSE
Les condoléances présentées par le Premier ministre turc sont bien
loin d'une reconnaissance du génocide, regrettent les associations
de défense de la cause arménienne. Interview.
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a présenté mercredi
23 avril les condoléances de la Turquie "aux petits-enfants des
Arméniens" victimes des massacres survenus sous l'empire ottoman,
entre 1915 et 1917. Pour Tania Babanazarian, responsable au Bureau
francais de la cause arménienne (BFCA), il s'agit d'une déclaration
stratégique, qui intervient a la veille des commémorations du
génocide arménien.
Cette déclaration est-elle un premier pas vers une reconnaissance
du génocide arménien par la Turquie ?
Absolument pas. Certes, c'est la première fois que la Turquie parle
de "condoléances", mais il n'y a pas du tout de revirement dans le
fond. Quand on lit en détail le contenu du communiqué, on se rend
compte que les propos d'Erdogan restent inchangés. On joue simplement
sur les mots, on brouille les pistes. Déja, lors de la visite de
Francois Hollande a Ankara en janvier dernier, c'était la même chose.
Erdogan ne fait jamais référence au génocide. Il parle seulement de
"massacres" de populations. On ne qualifie jamais le crime de guerre
comme tel. C'est la thèse véhiculée par la Turquie depuis 99 ans !
Pourquoi a-t-il fait cette déclaration aujourd'hui ?
Cette déclaration est d'autant plus mal venue qu'elle intervient a la
veille des commémorations du génocide, et a un an du centenaire. On
s'y attendait. Cette déclaration s'ancre dans une stratégie bien
réfléchie orchestrée par Ankara. Erdogan veut apaiser la société
civile, surtout que demain, il y a une commémoration place Taksim a
Istanbul. Et puis tous les pays reconnaissent peu a peu le génocide,
Erdogan est bien obligé de s'adapter. Tout ca fait partie d'un
stratagème pour redorer son image sur la scène internationale.
Une fois le génocide reconnu, quelle sera l'étape suivante ?
Une fois que le génocide sera reconnu, une fois que la Turquie aura
demandé pardon, le dossier ne sera pas clos, loin de la. C'est vrai
qu'on parle souvent de la reconnaissance du génocide, on se bat pour
cela. Mais le peuple arménien a aussi toujours exigé que justice
soit faite. La reconnaissance doit aller de pair avec des réparations
financières, territoriales, qu'il faudra définir. Ce qui est sÃ"r,
c'est qu'on ne veut pas d'une reconnaissance au rabais.
Propos recueillis par Juliette Deborde - Le Nouvel Observateur
vendredi 25 avril 2014, Stéphane ©armenews.com
From: A. Papazian
REVUE DE PRESSE
Les condoléances présentées par le Premier ministre turc sont bien
loin d'une reconnaissance du génocide, regrettent les associations
de défense de la cause arménienne. Interview.
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a présenté mercredi
23 avril les condoléances de la Turquie "aux petits-enfants des
Arméniens" victimes des massacres survenus sous l'empire ottoman,
entre 1915 et 1917. Pour Tania Babanazarian, responsable au Bureau
francais de la cause arménienne (BFCA), il s'agit d'une déclaration
stratégique, qui intervient a la veille des commémorations du
génocide arménien.
Cette déclaration est-elle un premier pas vers une reconnaissance
du génocide arménien par la Turquie ?
Absolument pas. Certes, c'est la première fois que la Turquie parle
de "condoléances", mais il n'y a pas du tout de revirement dans le
fond. Quand on lit en détail le contenu du communiqué, on se rend
compte que les propos d'Erdogan restent inchangés. On joue simplement
sur les mots, on brouille les pistes. Déja, lors de la visite de
Francois Hollande a Ankara en janvier dernier, c'était la même chose.
Erdogan ne fait jamais référence au génocide. Il parle seulement de
"massacres" de populations. On ne qualifie jamais le crime de guerre
comme tel. C'est la thèse véhiculée par la Turquie depuis 99 ans !
Pourquoi a-t-il fait cette déclaration aujourd'hui ?
Cette déclaration est d'autant plus mal venue qu'elle intervient a la
veille des commémorations du génocide, et a un an du centenaire. On
s'y attendait. Cette déclaration s'ancre dans une stratégie bien
réfléchie orchestrée par Ankara. Erdogan veut apaiser la société
civile, surtout que demain, il y a une commémoration place Taksim a
Istanbul. Et puis tous les pays reconnaissent peu a peu le génocide,
Erdogan est bien obligé de s'adapter. Tout ca fait partie d'un
stratagème pour redorer son image sur la scène internationale.
Une fois le génocide reconnu, quelle sera l'étape suivante ?
Une fois que le génocide sera reconnu, une fois que la Turquie aura
demandé pardon, le dossier ne sera pas clos, loin de la. C'est vrai
qu'on parle souvent de la reconnaissance du génocide, on se bat pour
cela. Mais le peuple arménien a aussi toujours exigé que justice
soit faite. La reconnaissance doit aller de pair avec des réparations
financières, territoriales, qu'il faudra définir. Ce qui est sÃ"r,
c'est qu'on ne veut pas d'une reconnaissance au rabais.
Propos recueillis par Juliette Deborde - Le Nouvel Observateur
vendredi 25 avril 2014, Stéphane ©armenews.com
From: A. Papazian