LA TURQUIE EST EN TRAIN DE PERDRE LA GUERRE DE PROPAGANDE AVEC LES ARMENIENS DE SYRIE
PRESSE TURQUE
" Les barbus sont entrés dans notre maison. Ils parlaient le turc. Ils
ont raflé toutes nos affaires et ont demandé si nous avions des armes
". C'est ainsi que Serpouhie Titizyan, une réfugiée de Kessab,
village en majorité arménien du nord de la Syrie pris par les
combattants djihadistes le 21 mars, décrivait son épreuve a Agos,
l'hebdomadaire arménien basé a Istanbul.
La frêle octogénaire blâmait le premier ministre de Turquie Erdogan
d'avoir fait chuter Kessab. " Si Erdogan n'avait pas ouvert la voie
a tous ces personnages, ils ne seraient pas venus a Kessab ", a dit
Titizyan. " Que Allah lui ôte la vue " a-t-elle grondé dans un
autre entretien avec Aris Nalci, un blogueur Arménien de Turquie.
Mais les lecteurs du quotidien de masse Hurriyet, qui se targue
d'avoir obtenu le premier un entretien avec les sÅ"urs, ont eu droit
a une toute autre version des événements. Lorsqu'on lui a demandé
de répondre aux allégations selon lesquelles la Turquie avait
participé a la préparation de l'attaque contre Kessab, Serpouhie
aurait répondu : " si c'est le cas, pourquoi le gouvernement (turc)
nous viendrait-il en aide ? ".
Serpouhie et sa sÅ"ur Satenik sont devenues malgré elles les
instruments d'une guerre de propagande que le régime du président
syrien Bachar al-Assad et les membres de la diaspora arménienne
mènent contre la Turquie et ses protégés rebelles. Les combattants
islamistes avaient promis a ces femmes, qui se trouvaient parmi
une poignée de personnes âgés laissés en arrière, qu'ils les
aideraient a rejoindre leurs compatriotes de village dans les zones
contrôlées par le régime a Lattaquié et Tartus. Au lieu de cela,
elles ont été livrées toutes deux aux autorités turques dans la
province voisine de Hatay.
Les sÅ"urs ont depuis été réinstallés a Vakifli, le seul village
où vivent des Arméniens qui existe en Turquie après 1915.
C'est a cette époque que plus d'un million d'Arméniens ont été
massacrés par les Ottomans dans ce que la plupart des historiens
conviennent de désigner comme le premier génocide du 20ème
siècle. En grande partie, la violence se généralisa, des centaines
de milliers d'Arméniens déracinés de leur maison et contraints a
des " marches de la mort "vers les déserts syriens de Deir al-Zor.
Arrivant quelques semaines avant le 99ème anniversaire du génocide
du 24 avril, la campagne de Kessab e pouvait qu'affecter l'image de
la Turquie. C'est pour cela, écrit Robert Koptas, l'éditeur en
chef d'Agos, que depuis le début, la Turquie intervenait auprès
des combattants opposants pour les empêcher de marcher contre Kessab.
Qu'est-ce qui a provoqué ce changement ? Questionne-t-il. La plupart
des Arméniens, observe Koptas, donneraient la réponse raccourcie "
pour agresser les Arméniens ". Mais comme il le dit, toute atteinte
aux Arméniens de Kessab porterait atteinte également a la Turquie. La
raison la plus probable pour laquelle la Turquie ne s'est pas dressée
contre les rebelles cette fois-ci, c'est que le conflit prenait un
tour favorable au régime. Kessab constituerait pour les rebelles un
relais stratégique vers Lattaquié et un accès sans précédent a
la Méditerranée. Mais a quel prix ?
Les protestations selon lesquelles les djihadistes ont profané des
églises et décapité des Chrétiens a Kessab ont été démenties. Et
il n'y a eu qu'une seule perte de civil déclarée jusqu'a présent. Et
cependant, l'Armenian National Committee of America (Comité National
Arménien d'Amérique, ANCA), en a appelé au président Barak Obama
" pour presser immédiatement la Turquie d'arrêter de faciliter les
attaques contre les civils de Kessab, et pour enquêter sur l'aide
que la Turquie apporterait aux combattants étrangers associés a
des groupes que les USA désigne comme terroristes ". L'ANCA est a la
tête d'une campagne de longue date pour obtenir du Congrès des USA
qu'il reconnaisse formellement le Génocide arménien. Le président
arménien Serge Sarkissian a été prompt a établir des parallèles
avec 1915.
Parlant a la Haye en marge du Sommet Nucléaire Mondial, Sarkissian
a déclaré : " Nous nous souvenons tous très bien de l'histoire de
Kessab. Malheureusement, au cours des siècles passés, elle n'a pas
échappé a l'enfer des déportations des Arméniens ".
Des célébrités, Arméniennes d'Amérique comme Kim Kardashian et
Cher se sont engagées dans des tweets pour " Sauver Kessab ".
La Turquie dément avoir joué aucun rôle dans la chute de
Kessab. Dans une déclaration du 6 avril, le ministre des affaires
étrangères a dit avoir pris des " mesures immédiates pour assurer
que les personnes a Kessab soient hors de danger ". Les autorités
turques se sont coordonnées avec le Patriarcat arménien [ !] afin de
faciliter le passage des Arméniens qui souhaitaient venir en Turquie
[ !!].
Quelques 18 Arméniens de Kessab ont été conduits en Turquie et ont
rejoint les sÅ"urs Titizyan a Vakifli, où le Croissant Rouge Turc
a pris soin d'eux. L'éditeur d'Agos Koptas pense cependant qu'il
s'agit plus d'une opération de relations publiques que d'une mission
humanitaire a proprement parler. " Il n(y a pas de doute pour ce qui
nous concerne, l'assaut contre Kessab a été lancé depuis le sol
turc ", a dit Koptas a Al-Monitor, reprenant les dires de témoins
a la frontière turco-syrienne. " La Turquie est a présent dans une
situation extrêmement difficile et elle essaie de réparer son image
", a-t-il dit.
Il est facile de voir pourquoi les actes de la Turquie ont entraîné
une telle controverse. Les horreurs de 1915 ne sont jamais loin de
la mémoire collective des Arméniens. Ã~@ Kessab, qui surplombe
la Turquie, le sentiment pour la Turquie n'est pas l'attirance,
mais l'aversion ", rappelle Nigol Bezjian, un cinéaste Arménien de
Syrie dont le fils passe ses vacances d'été a Kessab. " De ce que
je me rappelle, il y avait des récits sur le génocide et il y avait
des discussions sur des violences inhumaines, mais il y avait aussi
un sentiment de fierté a Kessab, avec d'autres villages - Aramo,
Ghnemieh et Yacoubieh - de continuer a être peuplée d'Arméniens
après le génocide ", a dit Bezjian a Al-Monitor.
La Turquie nie qu'il y ait eu un génocide, et a dépensé des
millions de dollars dans une campagne largement vouée a l'échec
pour promouvoir sa propre version qui propose que, emportés dans
le chaos de l'empire ottoman finissant, les Arméniens sont pour la
plupart morts de faim et de maladie.
La crédibilité d'Ankara envers les Arméniens s'est trouvée 'autant
plus diminuée lorsqu'elle a mis au rancart un ensemble de protocoles
qu'elle a signés avec l'Arménie en octobre 2009, supposés conduire
a l'établissement de relations diplomatiques et la réouverture de
la frontière fermée au temps de la république soviétique.
L'encre des documents a peine sèche, la Turquie déclara qu'ils ne
pourraient être suivis d'effet sans que l'Arménie ne se retire au
moins de quelques uns des territoires qu'elle a pris a l'Azerbaïdjan
au cours d'une guerre meurtrière de six-ans pour l'enclave disputée
du Haut-Karabagh qui se termina en 1994. Le ministre de la Turquie
pour les affaires européennes, Mevlut Cavusoglu, a soutenu au cours
d'un récent entretien que l'Arménie avait exprimé " une promesse
verbale de se retirer des territoires qu'elle occupe " avant que
les protocoles aient été signés. " Mais ils n'ont pas tenu leur
promesse ; c'est de la faute des Arméniens ", a-t-il insisté. Mais
les diplomates occidentaux proches des négociations disent que le
Haut-Karabagh n'en ont jamais fait partie. Il n'y en a aucune mention
dans les protocoles, et il est largement supposé que la volte-face
de la Turquie était le résultat de menaces de l'Azerbaïdjan de
suspendre les ventes vitales de gaz et de pétrole.
En dépit du gel des relations officielles entre la Turquie et
l'Arménie, les initiatives de la société civile pour cicatriser
les plaies du passé se multiplient.
Un nombre croissant d'universitaires et d'intellectuels turcs
rejettent la thèse officielle de ce qui s'est passé en 1915. Une
commémoration de la tragédie sera faite le 24 avril sur la place
Taksim d'Istanbul. Ã~@ présent, nombreux sont ceux qui craignent que
l'ingérence dans les faits concernant Kessab annuleront ces progrès.
Quelques intellectuels arméniens, de leur côté, craignent que
la désinformation autour de Kessab puissent contrarier la cause
arménienne.
" Kessab est au cÅ"ur et dans l'esprit de la communauté arménienne
de Syrie, une singularité de survie que nous avions avant le
génocide. La perdre est un peu comme une rature finale ", expliquait
Elyse Semerdjian, qui enseigne l'histoire du Moyen Orient et de l'Islam
au Whitman College, dans un entretien a Al-Monitor. Mais Semerdjian
ne veut pas nécessairement lier les événements de Kessab a ceux de
1915 " pour attaquer le rôle de la Turquie dans le conflit syrien,
ou autrement créer de l'agitation en vue de la reconnaissance du
Génocide arménien". Elle a dit " la reconnaissance du Génocide est
une noble cause, mais elle ne faut pas qu'elle altère la crédibilité
des Arméniens sur les droits de l'homme ".
Bezjian est d'avis que la communauté arménienne ne peut pas se
permettre d'être manipulée par les parties au conflit. " Lorsque les
choses allaient bien, et qu'Assad allait en vacances avec Erdogan,
tous les livres sur le Génocide arménien étaient saisis sans les
librairies par les agents des services secrets syriens ", rappelle
Bezjian ". a présent, les choses ayant pris une tournure différente,
Assad parle du génocide pour justifier sa propre conduite ".
Amberin Zaman
Al Monitor
8 avril 2014
http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2014/04/turkey-syrian-conflict-armenian-genocide-kassab-propaganda.html
Traduction Gilbert Béguian
vendredi 25 avril 2014, Stéphane ©armenews.com
PRESSE TURQUE
" Les barbus sont entrés dans notre maison. Ils parlaient le turc. Ils
ont raflé toutes nos affaires et ont demandé si nous avions des armes
". C'est ainsi que Serpouhie Titizyan, une réfugiée de Kessab,
village en majorité arménien du nord de la Syrie pris par les
combattants djihadistes le 21 mars, décrivait son épreuve a Agos,
l'hebdomadaire arménien basé a Istanbul.
La frêle octogénaire blâmait le premier ministre de Turquie Erdogan
d'avoir fait chuter Kessab. " Si Erdogan n'avait pas ouvert la voie
a tous ces personnages, ils ne seraient pas venus a Kessab ", a dit
Titizyan. " Que Allah lui ôte la vue " a-t-elle grondé dans un
autre entretien avec Aris Nalci, un blogueur Arménien de Turquie.
Mais les lecteurs du quotidien de masse Hurriyet, qui se targue
d'avoir obtenu le premier un entretien avec les sÅ"urs, ont eu droit
a une toute autre version des événements. Lorsqu'on lui a demandé
de répondre aux allégations selon lesquelles la Turquie avait
participé a la préparation de l'attaque contre Kessab, Serpouhie
aurait répondu : " si c'est le cas, pourquoi le gouvernement (turc)
nous viendrait-il en aide ? ".
Serpouhie et sa sÅ"ur Satenik sont devenues malgré elles les
instruments d'une guerre de propagande que le régime du président
syrien Bachar al-Assad et les membres de la diaspora arménienne
mènent contre la Turquie et ses protégés rebelles. Les combattants
islamistes avaient promis a ces femmes, qui se trouvaient parmi
une poignée de personnes âgés laissés en arrière, qu'ils les
aideraient a rejoindre leurs compatriotes de village dans les zones
contrôlées par le régime a Lattaquié et Tartus. Au lieu de cela,
elles ont été livrées toutes deux aux autorités turques dans la
province voisine de Hatay.
Les sÅ"urs ont depuis été réinstallés a Vakifli, le seul village
où vivent des Arméniens qui existe en Turquie après 1915.
C'est a cette époque que plus d'un million d'Arméniens ont été
massacrés par les Ottomans dans ce que la plupart des historiens
conviennent de désigner comme le premier génocide du 20ème
siècle. En grande partie, la violence se généralisa, des centaines
de milliers d'Arméniens déracinés de leur maison et contraints a
des " marches de la mort "vers les déserts syriens de Deir al-Zor.
Arrivant quelques semaines avant le 99ème anniversaire du génocide
du 24 avril, la campagne de Kessab e pouvait qu'affecter l'image de
la Turquie. C'est pour cela, écrit Robert Koptas, l'éditeur en
chef d'Agos, que depuis le début, la Turquie intervenait auprès
des combattants opposants pour les empêcher de marcher contre Kessab.
Qu'est-ce qui a provoqué ce changement ? Questionne-t-il. La plupart
des Arméniens, observe Koptas, donneraient la réponse raccourcie "
pour agresser les Arméniens ". Mais comme il le dit, toute atteinte
aux Arméniens de Kessab porterait atteinte également a la Turquie. La
raison la plus probable pour laquelle la Turquie ne s'est pas dressée
contre les rebelles cette fois-ci, c'est que le conflit prenait un
tour favorable au régime. Kessab constituerait pour les rebelles un
relais stratégique vers Lattaquié et un accès sans précédent a
la Méditerranée. Mais a quel prix ?
Les protestations selon lesquelles les djihadistes ont profané des
églises et décapité des Chrétiens a Kessab ont été démenties. Et
il n'y a eu qu'une seule perte de civil déclarée jusqu'a présent. Et
cependant, l'Armenian National Committee of America (Comité National
Arménien d'Amérique, ANCA), en a appelé au président Barak Obama
" pour presser immédiatement la Turquie d'arrêter de faciliter les
attaques contre les civils de Kessab, et pour enquêter sur l'aide
que la Turquie apporterait aux combattants étrangers associés a
des groupes que les USA désigne comme terroristes ". L'ANCA est a la
tête d'une campagne de longue date pour obtenir du Congrès des USA
qu'il reconnaisse formellement le Génocide arménien. Le président
arménien Serge Sarkissian a été prompt a établir des parallèles
avec 1915.
Parlant a la Haye en marge du Sommet Nucléaire Mondial, Sarkissian
a déclaré : " Nous nous souvenons tous très bien de l'histoire de
Kessab. Malheureusement, au cours des siècles passés, elle n'a pas
échappé a l'enfer des déportations des Arméniens ".
Des célébrités, Arméniennes d'Amérique comme Kim Kardashian et
Cher se sont engagées dans des tweets pour " Sauver Kessab ".
La Turquie dément avoir joué aucun rôle dans la chute de
Kessab. Dans une déclaration du 6 avril, le ministre des affaires
étrangères a dit avoir pris des " mesures immédiates pour assurer
que les personnes a Kessab soient hors de danger ". Les autorités
turques se sont coordonnées avec le Patriarcat arménien [ !] afin de
faciliter le passage des Arméniens qui souhaitaient venir en Turquie
[ !!].
Quelques 18 Arméniens de Kessab ont été conduits en Turquie et ont
rejoint les sÅ"urs Titizyan a Vakifli, où le Croissant Rouge Turc
a pris soin d'eux. L'éditeur d'Agos Koptas pense cependant qu'il
s'agit plus d'une opération de relations publiques que d'une mission
humanitaire a proprement parler. " Il n(y a pas de doute pour ce qui
nous concerne, l'assaut contre Kessab a été lancé depuis le sol
turc ", a dit Koptas a Al-Monitor, reprenant les dires de témoins
a la frontière turco-syrienne. " La Turquie est a présent dans une
situation extrêmement difficile et elle essaie de réparer son image
", a-t-il dit.
Il est facile de voir pourquoi les actes de la Turquie ont entraîné
une telle controverse. Les horreurs de 1915 ne sont jamais loin de
la mémoire collective des Arméniens. Ã~@ Kessab, qui surplombe
la Turquie, le sentiment pour la Turquie n'est pas l'attirance,
mais l'aversion ", rappelle Nigol Bezjian, un cinéaste Arménien de
Syrie dont le fils passe ses vacances d'été a Kessab. " De ce que
je me rappelle, il y avait des récits sur le génocide et il y avait
des discussions sur des violences inhumaines, mais il y avait aussi
un sentiment de fierté a Kessab, avec d'autres villages - Aramo,
Ghnemieh et Yacoubieh - de continuer a être peuplée d'Arméniens
après le génocide ", a dit Bezjian a Al-Monitor.
La Turquie nie qu'il y ait eu un génocide, et a dépensé des
millions de dollars dans une campagne largement vouée a l'échec
pour promouvoir sa propre version qui propose que, emportés dans
le chaos de l'empire ottoman finissant, les Arméniens sont pour la
plupart morts de faim et de maladie.
La crédibilité d'Ankara envers les Arméniens s'est trouvée 'autant
plus diminuée lorsqu'elle a mis au rancart un ensemble de protocoles
qu'elle a signés avec l'Arménie en octobre 2009, supposés conduire
a l'établissement de relations diplomatiques et la réouverture de
la frontière fermée au temps de la république soviétique.
L'encre des documents a peine sèche, la Turquie déclara qu'ils ne
pourraient être suivis d'effet sans que l'Arménie ne se retire au
moins de quelques uns des territoires qu'elle a pris a l'Azerbaïdjan
au cours d'une guerre meurtrière de six-ans pour l'enclave disputée
du Haut-Karabagh qui se termina en 1994. Le ministre de la Turquie
pour les affaires européennes, Mevlut Cavusoglu, a soutenu au cours
d'un récent entretien que l'Arménie avait exprimé " une promesse
verbale de se retirer des territoires qu'elle occupe " avant que
les protocoles aient été signés. " Mais ils n'ont pas tenu leur
promesse ; c'est de la faute des Arméniens ", a-t-il insisté. Mais
les diplomates occidentaux proches des négociations disent que le
Haut-Karabagh n'en ont jamais fait partie. Il n'y en a aucune mention
dans les protocoles, et il est largement supposé que la volte-face
de la Turquie était le résultat de menaces de l'Azerbaïdjan de
suspendre les ventes vitales de gaz et de pétrole.
En dépit du gel des relations officielles entre la Turquie et
l'Arménie, les initiatives de la société civile pour cicatriser
les plaies du passé se multiplient.
Un nombre croissant d'universitaires et d'intellectuels turcs
rejettent la thèse officielle de ce qui s'est passé en 1915. Une
commémoration de la tragédie sera faite le 24 avril sur la place
Taksim d'Istanbul. Ã~@ présent, nombreux sont ceux qui craignent que
l'ingérence dans les faits concernant Kessab annuleront ces progrès.
Quelques intellectuels arméniens, de leur côté, craignent que
la désinformation autour de Kessab puissent contrarier la cause
arménienne.
" Kessab est au cÅ"ur et dans l'esprit de la communauté arménienne
de Syrie, une singularité de survie que nous avions avant le
génocide. La perdre est un peu comme une rature finale ", expliquait
Elyse Semerdjian, qui enseigne l'histoire du Moyen Orient et de l'Islam
au Whitman College, dans un entretien a Al-Monitor. Mais Semerdjian
ne veut pas nécessairement lier les événements de Kessab a ceux de
1915 " pour attaquer le rôle de la Turquie dans le conflit syrien,
ou autrement créer de l'agitation en vue de la reconnaissance du
Génocide arménien". Elle a dit " la reconnaissance du Génocide est
une noble cause, mais elle ne faut pas qu'elle altère la crédibilité
des Arméniens sur les droits de l'homme ".
Bezjian est d'avis que la communauté arménienne ne peut pas se
permettre d'être manipulée par les parties au conflit. " Lorsque les
choses allaient bien, et qu'Assad allait en vacances avec Erdogan,
tous les livres sur le Génocide arménien étaient saisis sans les
librairies par les agents des services secrets syriens ", rappelle
Bezjian ". a présent, les choses ayant pris une tournure différente,
Assad parle du génocide pour justifier sa propre conduite ".
Amberin Zaman
Al Monitor
8 avril 2014
http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2014/04/turkey-syrian-conflict-armenian-genocide-kassab-propaganda.html
Traduction Gilbert Béguian
vendredi 25 avril 2014, Stéphane ©armenews.com