histoire-Turquie-Arméniens-France
La communauté arménienne de France pas dupe des condoléances turques ( AFP)
Les membres de la communauté arménienne de France, Ã l'image du
chanteur Charles Aznavour, ont dénoncé jeudi les `condoléances` de
l'Etat turc aux petits-enfants des Arméniens massacrés en 1915, y
voyant non la reconnaissance du génocide mais de la `condescendance`
ou `un piège`.
Des cérémonies étaient organisées dans plusieurs villes pour
commémorer le début des massacres le 24 avril 1915, en présence du
président François Hollande à Paris.
Le chef de l'Etat a jugé que les condoléances du Premier ministre turc
Recep Tayyip Erdogan constituaient `une évolution` mais qu'elles ne
suffisaient pas. Plaidant `pour une reconnaissance par le monde
entier` de ce génocide, il annoncé qu'il se rendrait le 24 avril 2015
à Erevan pour son centième anniversaire.
Pour Charles Aznavour, les `condoléances` présentées mercredi par le
Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan ne valent pas
reconnaissance du génocide et `encore moins` excuses. Il faut y lire
`une simple volonté personnelle de se montrer un homme politique
prétendument +ouvert+`.
Le Conseil de coordination des organisations arméniennes de France
(CCAF) dénonce une `opération de communication` pour éviter d'avoir Ã
reconnaître le génocide, terme que l'Etat turc se refuse toujours Ã
employer. `On ne présente pas des condoléances 99 ans ans après un
génocide`, souligne Mourad Papazian, co-président du CCAF.
A Lyon où vit une importante communauté, après une cérémonie
religieuse, entre 1.000 et 2.000 personnes ont défilé dans le
centre-ville vers le Mémorial du génocide, derrière une banderole
réclamant `justice pour le peuple arménien`. Dans le cortège, beaucoup
de jeunes criaient `Turquie assassin`.
Georges Képénékian, premier adjoint au maire Gérard Collomb, estime
qu'il ne faut pas `qu'un mot remplace un autre` : `la grandeur d'un
Etat, c'est assumer son histoire et permettre aux victimes de trouver
la sérénité`.
Ses parents arméniens avaient fui l'empire ottoman avant leur arrivée
en France en 1921-22. Evoquant `Willy Brandt, chancelier de la
République fédérale d'Allemagne, qui s'était agenouillé devant le
mémorial du ghetto de Varsovie en 1970`, l'élu fait le rêve d'un geste
similaire d'Erdogan dans le désert de Mésopotamie.
- 'Le mot qui manque' -
`Ils pourraient prendre part à leur responsabilité plutôt que prendre
part à notre souffrance !`, critique un porte-parole du Centre
National de la Mémoire Arménienne inauguré récemment à Décines
(Rhône), Daniel Meguerditchian, qualifiant le geste d'Erdogan de
`condescendant`.
Vartan Balian, petit-fils de survivants du génocide, se sent `insulté`
: `Imaginez des +condoléances+ des Allemands en 2044 après un siècle
de négationnisme, voilà ce que ressentent les Arméniens aujourd'hui`,
dit-il, ajoutant qu'ils `ne sont pas dupes de ces fausses
repentances`.
A Strasbourg, une trentaine d'Arméniens se sont rassemblés au
centre-ville, brandissant des pancartes accusant la Turquie de `nier`
le génocide. `Ce qu'a dit (M. Erdogan) ne suffit pas. Il a voulu
calmer le jeu juste avant les 100 ans`, jugeait Hamlet Housepian, tout
en reconnaissant `une avancée`. `Pour nous, c'est un piège, il n'a pas
prononcé le mot génocide. C'est le mot qui manque`, lançait Artur
Boghosyan, un lycéen.
A Rennes, une centaine de personnes se sont rassemblées devant la mairie.
Pour Vigen Arakelyan, responsable de la communauté locale,
l'initiative d'Erdogan `ne compte pas beaucoup. Parce qu'il n'a pas
utilisé le mot génocide`.
A Marseille, 1.300 personnes selon la police ont manifesté dans le
calme devant le consultat de Turquie. Vartan Arzoumanian, porte-parole
de l'Association pour la recherche et l'archivage de la mémoire
arménienne, parle d'une `stratégie de diversion` destinée à `brouiller
les cartes`, tout en s'inquiétant de la commission d'historiens
évoquée par Erdogan, `alors que ce génocide ne fait aucun doute`.
L'association `Nouvelle Génération Arménienne` en France crie enfin Ã
la `stratégie négationniste` : `Le Premier ministre parle de +période
difficile+, de +nécessité de compassion mutuelle entre Arméniens et
Turcs+, comme si les Arméniens avaient eux aussi leur part de
responsabilité`.
`C'est la première fois depuis 99 ans que la Turquie présente des
condoléances aux descendants des victimes. Il s'agit donc d'un pas sur
le chemin de la reconnaissance`, a estimé de son côté Patrick
Devedjian, député UMP issu d'une famille arménienne. Pour lui, M.
Erdogan, contraint à une évolution par l'opinion turque et mondiale,
`essaye de noyer le poisson` en reconnaissant le drame sans le
qualifier.
Par Philomène BOUILLON
AFP
samedi 26 avril 2014,
Stéphane ©armenews.com
La communauté arménienne de France pas dupe des condoléances turques ( AFP)
Les membres de la communauté arménienne de France, Ã l'image du
chanteur Charles Aznavour, ont dénoncé jeudi les `condoléances` de
l'Etat turc aux petits-enfants des Arméniens massacrés en 1915, y
voyant non la reconnaissance du génocide mais de la `condescendance`
ou `un piège`.
Des cérémonies étaient organisées dans plusieurs villes pour
commémorer le début des massacres le 24 avril 1915, en présence du
président François Hollande à Paris.
Le chef de l'Etat a jugé que les condoléances du Premier ministre turc
Recep Tayyip Erdogan constituaient `une évolution` mais qu'elles ne
suffisaient pas. Plaidant `pour une reconnaissance par le monde
entier` de ce génocide, il annoncé qu'il se rendrait le 24 avril 2015
à Erevan pour son centième anniversaire.
Pour Charles Aznavour, les `condoléances` présentées mercredi par le
Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan ne valent pas
reconnaissance du génocide et `encore moins` excuses. Il faut y lire
`une simple volonté personnelle de se montrer un homme politique
prétendument +ouvert+`.
Le Conseil de coordination des organisations arméniennes de France
(CCAF) dénonce une `opération de communication` pour éviter d'avoir Ã
reconnaître le génocide, terme que l'Etat turc se refuse toujours Ã
employer. `On ne présente pas des condoléances 99 ans ans après un
génocide`, souligne Mourad Papazian, co-président du CCAF.
A Lyon où vit une importante communauté, après une cérémonie
religieuse, entre 1.000 et 2.000 personnes ont défilé dans le
centre-ville vers le Mémorial du génocide, derrière une banderole
réclamant `justice pour le peuple arménien`. Dans le cortège, beaucoup
de jeunes criaient `Turquie assassin`.
Georges Képénékian, premier adjoint au maire Gérard Collomb, estime
qu'il ne faut pas `qu'un mot remplace un autre` : `la grandeur d'un
Etat, c'est assumer son histoire et permettre aux victimes de trouver
la sérénité`.
Ses parents arméniens avaient fui l'empire ottoman avant leur arrivée
en France en 1921-22. Evoquant `Willy Brandt, chancelier de la
République fédérale d'Allemagne, qui s'était agenouillé devant le
mémorial du ghetto de Varsovie en 1970`, l'élu fait le rêve d'un geste
similaire d'Erdogan dans le désert de Mésopotamie.
- 'Le mot qui manque' -
`Ils pourraient prendre part à leur responsabilité plutôt que prendre
part à notre souffrance !`, critique un porte-parole du Centre
National de la Mémoire Arménienne inauguré récemment à Décines
(Rhône), Daniel Meguerditchian, qualifiant le geste d'Erdogan de
`condescendant`.
Vartan Balian, petit-fils de survivants du génocide, se sent `insulté`
: `Imaginez des +condoléances+ des Allemands en 2044 après un siècle
de négationnisme, voilà ce que ressentent les Arméniens aujourd'hui`,
dit-il, ajoutant qu'ils `ne sont pas dupes de ces fausses
repentances`.
A Strasbourg, une trentaine d'Arméniens se sont rassemblés au
centre-ville, brandissant des pancartes accusant la Turquie de `nier`
le génocide. `Ce qu'a dit (M. Erdogan) ne suffit pas. Il a voulu
calmer le jeu juste avant les 100 ans`, jugeait Hamlet Housepian, tout
en reconnaissant `une avancée`. `Pour nous, c'est un piège, il n'a pas
prononcé le mot génocide. C'est le mot qui manque`, lançait Artur
Boghosyan, un lycéen.
A Rennes, une centaine de personnes se sont rassemblées devant la mairie.
Pour Vigen Arakelyan, responsable de la communauté locale,
l'initiative d'Erdogan `ne compte pas beaucoup. Parce qu'il n'a pas
utilisé le mot génocide`.
A Marseille, 1.300 personnes selon la police ont manifesté dans le
calme devant le consultat de Turquie. Vartan Arzoumanian, porte-parole
de l'Association pour la recherche et l'archivage de la mémoire
arménienne, parle d'une `stratégie de diversion` destinée à `brouiller
les cartes`, tout en s'inquiétant de la commission d'historiens
évoquée par Erdogan, `alors que ce génocide ne fait aucun doute`.
L'association `Nouvelle Génération Arménienne` en France crie enfin Ã
la `stratégie négationniste` : `Le Premier ministre parle de +période
difficile+, de +nécessité de compassion mutuelle entre Arméniens et
Turcs+, comme si les Arméniens avaient eux aussi leur part de
responsabilité`.
`C'est la première fois depuis 99 ans que la Turquie présente des
condoléances aux descendants des victimes. Il s'agit donc d'un pas sur
le chemin de la reconnaissance`, a estimé de son côté Patrick
Devedjian, député UMP issu d'une famille arménienne. Pour lui, M.
Erdogan, contraint à une évolution par l'opinion turque et mondiale,
`essaye de noyer le poisson` en reconnaissant le drame sans le
qualifier.
Par Philomène BOUILLON
AFP
samedi 26 avril 2014,
Stéphane ©armenews.com