LE HAUT-KARABAGH - UN GRAIN DE SABLE DANS LES ROUAGES GEOPOLITIQUES
Voix de la Russie
08 08 2014
Actuellement, dans le Haut-Karabagh, les hostilites recommencent. Les
politologues considèrent que le conflit ukrainien d'une ampleur plus
importante, attire l'attention vers soi, l'Azerbaïdjan reessaye de
redessiner la carte du monde...
Persecutes, chasses de leurs maisons, partis aux quatre coins du
monde, les Armeniens savent très bien ce que cela veut dire de ne
pas posseder sa maison. Et c'est le titre d'une chanson armenienne >, interpretee par Hayrik Mouradian.
Pour parler des problèmes de Haut-Karabagh, nous avons invite le
Directeur de Centre d'Etudes Francaises de l'Institut de l'Europe de
l'Academie des sciences de la Federation de Russie, Youri Roubinski.
La Voix de la Russie. Est-ce que vous pensez vraiment qu'on va
maintenant etre confronte a la reprise d'hostilites en Haut-Karabagh ?
Est-ce vraiment serieux ? Est-ce qu'on va de nouveau replonger dans la
confrontation militaire ? Et est-ce qu'il y a une possibilite d'issu
paisible ?
Yuri Rubinsky. J'espère que non, de tout mon coeur. C'est-a-dire
ce qu'il se passe en Haut-Karabagh, c'est un conflit ancien entre
l'Armenie et l'Azerbaïdjan, qui dure depuis la dissolution de l'Union
sovietique en 1991. Après une guerre courte mais violente et sanglante
il y a eu un cessez-le-feu, dans le cadre duquel la situation de fait
est que la region du Haut-Karabagh, Artsakh en armenien, reste une
region - historiquement et sur le plan ethnique - a majorite ecrasante
armenienne. Mais qui appartenait pendant longtemps, depuis la creation
de l'Union sovietique, a la republique voisine d'Azerbaïdjan.
Il y avait des Azeri, pas tellement dans le Haut-Karabagh, mais
autour. Parce que le Haut-Karabagh etait partage, divise par
un couloir de l'Armenie proprement dit. Au cours des hostilites
qui ont suivies la dissolution de l'Union sovietique, ce couloir a
pratiquement disparu, et la region du Haut-Karabagh s'est autoproclamee
Republique independante. Elle n'a ete reconnue par aucun Etat,
comme c'etait le cas d'ailleurs de la region de Chypre du Nord avec
les pouvoirs turcs. Dans ces conditions, il y a une partie peuple
d'Azeris, historiquement adjacent, dont l'Azerbaïdjan a perdu le
contrôle. Finalement, au coeur de la confrontation, trois pays ont ete
designes pour des raisons historiques, geopolitiques et culturelles.
Ils etaient designes par les Nations Unis pour veiller sur les
pourparlers entre les Armeniens et les Azeris sur le sujet du
Haut-Karabagh.
C'etaient la Russie, les Etats-Unis et la France. Qui constituent
le Groupe de Minsk (capitale de la Bielorussie, où le groupe c'est
constitue). Et depuis, ce groupe poursuit ses bons offices pour
trouver une solution a l'amiable, decider le sort du Haut-Karabagh et,
surtout, les rapports entre les deux voisins. Parce que ce problème
a ete considerablement complique par le sort triste des Armeniens
en Azerbaïdjan qui etaient pratiquement tous bannis, et parfois
dans des conditions atroces, et vice versa. Pour enjamber cet abime
d'incomprehension et d'hostilites, il s'agit pour les pays amis et les
responsables de trouver une solution a l'amiable, d'agir maintenant,
parce que de temps en temps, et tout dernièrement aussi, il y a eu
des echanges de coup de feu.
La situation peut s'enflammer. Pour deux raisons : a côte, au
Moyen-Orient la terre flambe partout, en Irak, en Syrie, en Palestine,
entre Israël et Gaza. D'autre part, la Turquie est directement
impliquee, aussi bien dans les affaires du Moyen-Orient que dans les
relations entre la Syrie, qui parle la meme langue que la Turquie et
sont de meme appartenance religieuse (Islamique), et les Armeniens.
Il est evident que le Groupe de Minsk, dont la Russie et la France, ont
des responsabilites particulières pour eviter la tournure imprevisible
des evenements.
LVdlR. Est-ce que la Russie a un droit de regard, une marge de
manoeuvre par rapport a ce qui ce passe ? La Russie n'est pas
limitrophe par son territoire au territoire de Haut-Karabagh. Comment
peut-elle intervenir en faveur des Armeniens, qui se font persecuter
d'une facon ou d'une autre par la politique Azeri ? Peut-on faire
quelque chose pour eux ?
Yuri Roubinsky. La Russie se trouve dans une position delicate.
D'abord c'etait l'Etat continuateur a la fois de l'Empire russe
d'antan et de l'Union sovietique dont les deux Etats en litige ont
constitue des Republiques federes. Pour la Russie c'est un problème
particulièrement difficile.
D'une part, l'Armenie fait partie de l'Union douanière avec la Russie,
la Bielorussie et le Kazakhstan, et c'est un pays qui appartient
a la communaute des Etats independants, qui a pris la place de
l'Union Sovietique, mais dans un cadre très formel. Et surtout
l'Armenie abrite l'unique base militaire permanente de la Russie
dans la Transcaucasie. Dans la region qui compte trois republiques :
la Georgie, avec laquelle la Russie avait dernièrement de mauvaises
relations, l'Armenie et l'Azerbaïdjan. Le fait de la presence militaire
russe compte beaucoup. D'autre part, sur le plan economique, l'Armenie
est un pays enclave qui a ete soumis a un embargo, non seulement du
côte de ses voisins de l'Est Azerie mais aussi de la Turquie.
Pour la Russie evidement la solidarite avec le peuple Armenien,
qui a tellement souffert dans son histoire, c'est un devoir moral.
D'autre part, les Azeries et l'Azerbaïdjan sont des partenaires très
importants pour la Russie au niveau economique. Mais pas seulement
economique. La Russie est un pays de culture chretienne orthodoxe,
mais compte au moins 20% de musulmans. L'Azerbaïdjan est un pays laïc
et de tradition Islamique. Donc les musulmans russes, c'est-a-dire
citoyens de la Russie, ne peuvent pas ne pas ressentir a l'egard
de leur voisins Azeris une certaine solidarite. Au meme moment, au
moins 30-40% d'Armeniens originaires de l'Armenie historique vivent
en Russie. Il y en a pas mal en France, aux Etats-Unis et partout
ailleurs. C'est la tragedie du peuple Armenien et il faut en tenir
compte.
La Russie se trouve dans une situation delicate, difficile, mais qui
exige de Moscou une politique equilibree, qui puisse faire respecter
les interets des uns et des autres, et trouver une voie moyenne, qui
a mon avis est partagee par les autres membres du Groupe de Minsk,
y compris la France. La France aussi a une communaute armenienne
très importante.
LVdlR. Vous savez que Sergei Lavrov est partit au Kazakhstan en visite
officielle, et la aussi les questions du Haut-Karabagh se posent
forcement. Parce que la creation de la zone Eurasienne economique
sous-entend qu'il y a des pays qui vont en faire partie. Du coup,
l'Armenie et l'Azerbaïdjan sont obliges de se departager sur le
problème. La Russie s'est finalement portee garant de la participation
de l'Armenie et le Kazakhstan - de la participation de l'Azerbaïdjan.
Est-ce que le destin du Haut-Karabagh peut etre une pierre
d'achoppement dans les decisions politiques qui iraient dans le sens
du developpement de cette Union Eurasienne ?
Yuri Roubinsky. Question très pertinente, parce que l'Union Eurasienne,
qui verra le jour formellement l'annee prochaine, comprend des pays de
tradition chretienne : la Russie, la Bielorussie et l'Armenie qui est
candidate. Et un pays comme le Kazakhstan où il y a quand meme une part
islamique assez importante. Dans ces conditions, vous pouvez imaginer
que la comprehension des uns et des autres pour des protagonistes
dans le conflit pourrait avoir des nuances. Mais en fait, c'est sûr
et certain qu'il n'y aura pas de conflit serieux entre les membres de
l'Union douanière et la future Union Eurasienne sur ce sujet, parce
que chacun, que ce soit Moscou ou Astana (capitale du Kazakhstan), ou
Minsk qui a donne son nom au groupe des interlocuteurs privilegies,
sauront trouver des moyens, des formules suffisamment souples pour
satisfaire les deux parties et eviter le pire.
De toute facon, l'Union Sovietique au moment de sa dissolution a evite
le pire, contrairement a beaucoup d'autres empires europeens, dont
l'empire francais, sans parler de l'empire britannique, portugais,
belge, hollandais etc. Elle a quand meme evite le sort triste et
tragique de l'ex-Yougoslavie qui a sombre dans une guerre de > avec des resultats catastrophiques qui se font
ressentir jusqu'a aujourd'hui. Mais il y a eu des degâts, par ci par
la, dont le Haut-Karabagh. Il y en a eu d'autres, la Transnistrie
russophone du côte de la Moldavie, egalement le problème des conflits
internes en Tadjikistan... et j'en passe.
La Russie a quand meme su faire la transition >
d'une facon a mon avis plus confortable, si on peut dire, moins
onereuse que les autres. Je ne parle pas evidemment des sujets
delicats comme les guerres d'Indochine ou d'Algerie, il y en avait
d'autres. La Russie a evite cela jusqu'a present, et elle est
profondement interessee a faire de meme dans l'avenir.
http://french.ruvr.ru/radio_broadcast/5646129/275659955/
Voix de la Russie
08 08 2014
Actuellement, dans le Haut-Karabagh, les hostilites recommencent. Les
politologues considèrent que le conflit ukrainien d'une ampleur plus
importante, attire l'attention vers soi, l'Azerbaïdjan reessaye de
redessiner la carte du monde...
Persecutes, chasses de leurs maisons, partis aux quatre coins du
monde, les Armeniens savent très bien ce que cela veut dire de ne
pas posseder sa maison. Et c'est le titre d'une chanson armenienne >, interpretee par Hayrik Mouradian.
Pour parler des problèmes de Haut-Karabagh, nous avons invite le
Directeur de Centre d'Etudes Francaises de l'Institut de l'Europe de
l'Academie des sciences de la Federation de Russie, Youri Roubinski.
La Voix de la Russie. Est-ce que vous pensez vraiment qu'on va
maintenant etre confronte a la reprise d'hostilites en Haut-Karabagh ?
Est-ce vraiment serieux ? Est-ce qu'on va de nouveau replonger dans la
confrontation militaire ? Et est-ce qu'il y a une possibilite d'issu
paisible ?
Yuri Rubinsky. J'espère que non, de tout mon coeur. C'est-a-dire
ce qu'il se passe en Haut-Karabagh, c'est un conflit ancien entre
l'Armenie et l'Azerbaïdjan, qui dure depuis la dissolution de l'Union
sovietique en 1991. Après une guerre courte mais violente et sanglante
il y a eu un cessez-le-feu, dans le cadre duquel la situation de fait
est que la region du Haut-Karabagh, Artsakh en armenien, reste une
region - historiquement et sur le plan ethnique - a majorite ecrasante
armenienne. Mais qui appartenait pendant longtemps, depuis la creation
de l'Union sovietique, a la republique voisine d'Azerbaïdjan.
Il y avait des Azeri, pas tellement dans le Haut-Karabagh, mais
autour. Parce que le Haut-Karabagh etait partage, divise par
un couloir de l'Armenie proprement dit. Au cours des hostilites
qui ont suivies la dissolution de l'Union sovietique, ce couloir a
pratiquement disparu, et la region du Haut-Karabagh s'est autoproclamee
Republique independante. Elle n'a ete reconnue par aucun Etat,
comme c'etait le cas d'ailleurs de la region de Chypre du Nord avec
les pouvoirs turcs. Dans ces conditions, il y a une partie peuple
d'Azeris, historiquement adjacent, dont l'Azerbaïdjan a perdu le
contrôle. Finalement, au coeur de la confrontation, trois pays ont ete
designes pour des raisons historiques, geopolitiques et culturelles.
Ils etaient designes par les Nations Unis pour veiller sur les
pourparlers entre les Armeniens et les Azeris sur le sujet du
Haut-Karabagh.
C'etaient la Russie, les Etats-Unis et la France. Qui constituent
le Groupe de Minsk (capitale de la Bielorussie, où le groupe c'est
constitue). Et depuis, ce groupe poursuit ses bons offices pour
trouver une solution a l'amiable, decider le sort du Haut-Karabagh et,
surtout, les rapports entre les deux voisins. Parce que ce problème
a ete considerablement complique par le sort triste des Armeniens
en Azerbaïdjan qui etaient pratiquement tous bannis, et parfois
dans des conditions atroces, et vice versa. Pour enjamber cet abime
d'incomprehension et d'hostilites, il s'agit pour les pays amis et les
responsables de trouver une solution a l'amiable, d'agir maintenant,
parce que de temps en temps, et tout dernièrement aussi, il y a eu
des echanges de coup de feu.
La situation peut s'enflammer. Pour deux raisons : a côte, au
Moyen-Orient la terre flambe partout, en Irak, en Syrie, en Palestine,
entre Israël et Gaza. D'autre part, la Turquie est directement
impliquee, aussi bien dans les affaires du Moyen-Orient que dans les
relations entre la Syrie, qui parle la meme langue que la Turquie et
sont de meme appartenance religieuse (Islamique), et les Armeniens.
Il est evident que le Groupe de Minsk, dont la Russie et la France, ont
des responsabilites particulières pour eviter la tournure imprevisible
des evenements.
LVdlR. Est-ce que la Russie a un droit de regard, une marge de
manoeuvre par rapport a ce qui ce passe ? La Russie n'est pas
limitrophe par son territoire au territoire de Haut-Karabagh. Comment
peut-elle intervenir en faveur des Armeniens, qui se font persecuter
d'une facon ou d'une autre par la politique Azeri ? Peut-on faire
quelque chose pour eux ?
Yuri Roubinsky. La Russie se trouve dans une position delicate.
D'abord c'etait l'Etat continuateur a la fois de l'Empire russe
d'antan et de l'Union sovietique dont les deux Etats en litige ont
constitue des Republiques federes. Pour la Russie c'est un problème
particulièrement difficile.
D'une part, l'Armenie fait partie de l'Union douanière avec la Russie,
la Bielorussie et le Kazakhstan, et c'est un pays qui appartient
a la communaute des Etats independants, qui a pris la place de
l'Union Sovietique, mais dans un cadre très formel. Et surtout
l'Armenie abrite l'unique base militaire permanente de la Russie
dans la Transcaucasie. Dans la region qui compte trois republiques :
la Georgie, avec laquelle la Russie avait dernièrement de mauvaises
relations, l'Armenie et l'Azerbaïdjan. Le fait de la presence militaire
russe compte beaucoup. D'autre part, sur le plan economique, l'Armenie
est un pays enclave qui a ete soumis a un embargo, non seulement du
côte de ses voisins de l'Est Azerie mais aussi de la Turquie.
Pour la Russie evidement la solidarite avec le peuple Armenien,
qui a tellement souffert dans son histoire, c'est un devoir moral.
D'autre part, les Azeries et l'Azerbaïdjan sont des partenaires très
importants pour la Russie au niveau economique. Mais pas seulement
economique. La Russie est un pays de culture chretienne orthodoxe,
mais compte au moins 20% de musulmans. L'Azerbaïdjan est un pays laïc
et de tradition Islamique. Donc les musulmans russes, c'est-a-dire
citoyens de la Russie, ne peuvent pas ne pas ressentir a l'egard
de leur voisins Azeris une certaine solidarite. Au meme moment, au
moins 30-40% d'Armeniens originaires de l'Armenie historique vivent
en Russie. Il y en a pas mal en France, aux Etats-Unis et partout
ailleurs. C'est la tragedie du peuple Armenien et il faut en tenir
compte.
La Russie se trouve dans une situation delicate, difficile, mais qui
exige de Moscou une politique equilibree, qui puisse faire respecter
les interets des uns et des autres, et trouver une voie moyenne, qui
a mon avis est partagee par les autres membres du Groupe de Minsk,
y compris la France. La France aussi a une communaute armenienne
très importante.
LVdlR. Vous savez que Sergei Lavrov est partit au Kazakhstan en visite
officielle, et la aussi les questions du Haut-Karabagh se posent
forcement. Parce que la creation de la zone Eurasienne economique
sous-entend qu'il y a des pays qui vont en faire partie. Du coup,
l'Armenie et l'Azerbaïdjan sont obliges de se departager sur le
problème. La Russie s'est finalement portee garant de la participation
de l'Armenie et le Kazakhstan - de la participation de l'Azerbaïdjan.
Est-ce que le destin du Haut-Karabagh peut etre une pierre
d'achoppement dans les decisions politiques qui iraient dans le sens
du developpement de cette Union Eurasienne ?
Yuri Roubinsky. Question très pertinente, parce que l'Union Eurasienne,
qui verra le jour formellement l'annee prochaine, comprend des pays de
tradition chretienne : la Russie, la Bielorussie et l'Armenie qui est
candidate. Et un pays comme le Kazakhstan où il y a quand meme une part
islamique assez importante. Dans ces conditions, vous pouvez imaginer
que la comprehension des uns et des autres pour des protagonistes
dans le conflit pourrait avoir des nuances. Mais en fait, c'est sûr
et certain qu'il n'y aura pas de conflit serieux entre les membres de
l'Union douanière et la future Union Eurasienne sur ce sujet, parce
que chacun, que ce soit Moscou ou Astana (capitale du Kazakhstan), ou
Minsk qui a donne son nom au groupe des interlocuteurs privilegies,
sauront trouver des moyens, des formules suffisamment souples pour
satisfaire les deux parties et eviter le pire.
De toute facon, l'Union Sovietique au moment de sa dissolution a evite
le pire, contrairement a beaucoup d'autres empires europeens, dont
l'empire francais, sans parler de l'empire britannique, portugais,
belge, hollandais etc. Elle a quand meme evite le sort triste et
tragique de l'ex-Yougoslavie qui a sombre dans une guerre de > avec des resultats catastrophiques qui se font
ressentir jusqu'a aujourd'hui. Mais il y a eu des degâts, par ci par
la, dont le Haut-Karabagh. Il y en a eu d'autres, la Transnistrie
russophone du côte de la Moldavie, egalement le problème des conflits
internes en Tadjikistan... et j'en passe.
La Russie a quand meme su faire la transition >
d'une facon a mon avis plus confortable, si on peut dire, moins
onereuse que les autres. Je ne parle pas evidemment des sujets
delicats comme les guerres d'Indochine ou d'Algerie, il y en avait
d'autres. La Russie a evite cela jusqu'a present, et elle est
profondement interessee a faire de meme dans l'avenir.
http://french.ruvr.ru/radio_broadcast/5646129/275659955/