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Pour leurs proches en Irak, les Yazidis de France sortent du silence

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    IRAK
    Pour leurs proches en Irak, les Yazidis de France sortent du silence


    (AFP) - Ils étaient jusqu'à présent "discrets", évitant à tout prix
    d'"attirer les regards". Les Yazidis de France, minorité kurdophone
    non musulmane, ont décidé de briser le silence pour aider leurs
    proches, pris au piège par les jihadistes en Irak.

    "On a subi tellement de persécutions dans l'histoire et dans nos pays
    d'origine que nous avons préféré rester discrets, ne pas attirer les
    regards en venant en Europe", explique Anthony Chamon, 24 ans, Yazidi
    originaire du Kurdistan syrien arrivé à Paris à l'ge de cinq ans.

    L'offensive, fin juin, des combattants de l'Etat islamique (EI) en
    Irak, obligeant des centaines de milliers de Yazidis à fuir sous une
    chaleur écrasante vers les monts Sinjar, a changé la donne. Les images
    de l'exil de cette minorité, qui représente à peine 3% de la
    population irakienne, ont fait le tour du monde.

    La discrétion que s'imposaient les Yazidis de France, qui ne sont que
    quelques milliers, ne pouvait plus durer, selon Anthony Chamon, dont
    le prénom yazidi est en réalité "Hemin". Après avoir "appris l'arabe
    et porté des prénoms musulmans" en Orient, "on nous a dit que ce
    serait mieux d'avoir un prénom français à notre arrivée ici, que ce
    serait plus facile pour l'intégration", raconte le jeune homme. Mais
    "quand je me regarde dans un miroir, j'ai du mal à voir Anthony".

    Attaché à ses origines, il a décidé avec Barfo Tamoyan, 24 ans
    également, de fonder la première Association des Yazidis de France
    pour venir en aide à leurs proches et sensibliser l'opinion publique.

    Samedi, plusieurs organisations appellent ainsi à manifester à Paris
    pour "condamner les massacres de l'Etat islamique en Orient" et
    appeler les gouvernements à "renforcer l'aide aux réfugiés".

    Les associations kurdes, turques, chaldéennes ou arméniennes seront
    pour la première fois réunies derrière ce même mot d'ordre, auquel se
    joint la toute jeune Association des Yazidis de France après avoir
    organisé quelques petits rassemblements ces dernières semaines à Paris
    et en province.

    'Une vie de comète' -

    "L'association a été créée dans une situation d'urgence", reconnaît
    Anthony, étudiant en droit, mais "on sait bien que ce drame prendra
    fin tôt ou tard, et je ne veux pas que l'association ait une vie de
    comète".

    "Il nous faudra organiser des évènements, avoir un lieu de culte en
    région parisienne, réunir la communauté éparpillée un peu partout en
    France, accueillir les réfugiés", énumère-t-il. "Nous faire
    connaître."

    Peu connu, "le Yazidisme est une religion monothéiste qui, pour
    certains scientifiques, remonte au IXe siècle, et pour d'autres, au
    XIIe", explique à l'AFP Lucine Brutti-Japharova, une spécialiste de
    cette minorité. Ils vénèrent l'archange Malak Raus, appelé parfois
    "Chaytan" (diable, en arabe). Ils parlent un dialecte kurde, le
    "kurmandji", "mais il est difficile de définir leur identité",
    ajoute-t-elle, rappellant qu'après les persécutions ottomanes, entre
    autres, "les Yazidis se sont retranchés dans les montagnes pour
    préserver leur culture".

    L'arrivée jeudi soir d'une quarantaine de réfugiés, des chrétiens
    d'Irak, dans un avion humanitaire français à Paris a donné de faux
    espoir aux familles yazidis. "J'espérais qu'il y ait des Yazidis dans
    cet avion", souffle Barfo Tamoyan, qui a quitté l'Arménie il y a neuf
    ans.

    "Il faut que nous nous rassemblions", suggère dans un français
    hésitant la jeune femme, qui dit se sentir "carrément toute seule à
    Laon (Aisne)" où seules deux familles Yazidis sont présentes.

    Un isolement qui complique la tche pour vivre et perpétuer leur
    religion, dépourvue de livre sacré et dont la transmission est
    uniquement orale. La religion yazidie oblige ses membres à se marier
    entre eux pour ne pas en être déchus. "Le mariage mixte est vécu comme
    une offense", confie Barfo Tamoyan, mariée à un Yazidi, et mère de
    deux enfants. "On ne devient pas yazidi, on naît yazidi."

    dimanche 24 août 2014,
    Stéphane (c)armenews.com



    From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
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