KURDISTAN
Pourquoi l'Occident doit soutenir le Kurdistan Par Akil Marceau
(Directeur de la représentation du Gouvernement Régional du
Kurdistan-Irak en France)
Longtemps considérés comme les damnés du Moyen-Orient parce que
persécutés sous les différents régimes qui se sont succédé à la tête
des Etat-nations qui se partagent le Kurdistan, depuis les accords de
Sykes-Picot et le dépeçage de l'Empire ottoman, les Kurdes émergent
aujourd'hui sur la scène régionale comme acteurs de premier plan.
Face à l'attaque des Djihadistes, qui occupent aujourd'hui le tiers du
territoire irakien, dans cette zone dont la ville de Mossoul
(l'ancienne Ninive) constitue la capitale, les Kurdes peuvent
constituer un rempart contre la barbarie rampante. Dans cet Etat de
barbarie (l'autoproclamé Etat islamique) qui affiche clairement ses
couleurs et mots d'ordres, les fanatiques se livrent à une véritable
chasse aux sorcières contre les Chrétiens, présents sur ces terres
depuis des millénaires.
Contre les Kurdes yézidis, ce groupe kurdophone non musulman du massif
montagneux de Sinjar, c'est une véritable campagne génocidaire qui est
mis en place : massacres massifs et systématiques, destruction de
lieux de culte, rapt et viols de femmes. Seule la loi du sabre règne
et les pensées obscurantistes tranchent, lapident et décapitent.
La région fédérale du Kurdistan, qui a désormais un millier de
kilomètres de frontières en commun avec ce nouvel >, jouit,
malgré les défis énormes auxquels elle est confrontée depuis une
dizaine d'années, d'une situation politiquement stable et enviable,
dans un Moyen-Orient où les zones de tension se multiplient. Mais la
situation des Kurdes aujourd'hui, face au projet djihadiste, ressemble
étrangement à celle des Espagnols qui se battaient contre le fascisme
dans les années 1930. Nous connaissons tous les conséquences
désastreuses de la victoire des fascistes sur plusieurs générations
d'Espagnols et sur l'Europe dans son ensemble.
Avec un soutien de la communauté internationale, le modèle kurde a
tous les atouts structurels pour réussir et servir d'exemple. Il est
économiquement viable grce à des ressources naturelles et à la
gestion de ces ressources, socialement paisible du fait d'une société
pluraliste où la diversité ethnique et religieuse est reconnue et
protégée par la loi. Cette terre du Kurdistan, qui couvre en grande
partie la Mésopotamie de l'antiquité, a donné naissance à la première
femme rabbin au XVII siècle, Asenath Barzani.
LE MODELE KURDE EST UN EXEMPLE
Sur le plan politique, le Kurdistan est dirigé par un gouvernement
d'union nationale large ; les diverses sensibilités et les courants
politiques variés, très majoritairement laïques, y participent. Onze
des cent onze sièges que compte le parlement kurde sont réservés aux
minorités (Assyro-Chaldéens, Arméniens et Turkmènes). Les femmes
constituent 36% au parlement dépassant leur quota de 30%. Depuis la
chute de l'ancienne dictature irakienne, en 2003, les Kurdes ont oeuvré
activement pour btir un Irak fédéral réconcilié avec lui-même et en
paix avec ses voisins. L'Irak, après plusieurs décennies de guerre
contre les pays voisins, un plan de génocide contre les Kurdes et des
massacres massifs contre les Chiites, méritait un projet politique
fédérateur mettant fin aux souffrances et instaurant une nouvelle ère
où toutes ses composantes pouvaient enfin s'exprimer librement.
Sur le plan économique, le climat de sécurité à l'intérieur des trois
gouvernorats, la qualité d'accueil, les exonérations de taxes et les
ressources financières grce à la manne pétrolière ont été autant
d'éléments pour constituer un environnement propice à attirer
massivement les investissements étrangers. Les investisseurs français
n'en sont pas en reste. Les fleurons de l'industrie française sont
présents sur le marché kurde : Lafarge, Orange, Total, Carrefour, etc.
Le Kurdistan c'est l'autre Irak qui fonctionne, où l'espoir règne.
Les Kurdes ont toujours joué et constitué cette force modératrice à
Bagdad grce à un duo présidentiel gagnant pour l'Irak et le Kurdistan
(le Président de la Région du Kurdistan M. Massoud Barzani et le
Président de la République pendant deux mandats M. Jalal Talabani,
deux vétérans de la vie politique kurde et irakienne). Certes, l'Irak
n'a pas connu une démocratie parfaite depuis la chute de Saddam
Hussein. Mais une démocratie imparfaite est mieux qu'une dictature
certaine.
Le pays kurde offre, en outre, un abri pour les réfugiés des pays
voisins. C'est le cas pour les Kurdes syriens qui ont fui par
centaines de milliers le conflit qui ravage leur pays depuis
maintenant plus de trois ans. Il accueillait déjà les Chrétiens fuyant
les autres villes irakiennes. Plusieurs centaines de milliers de
nouveaux réfugiés, Chrétiens et Musulmans, fuyant la zone de Mossoul
depuis un mois viennent gonfler leur nombre sur place ce qui constitue
une charge lourde pour les capacités d'accueil logistiques des
autorités kurdes.
La France, qui avait déjà protégé les Kurdes au lendemain de la
première guerre du golfe, en faisant adopter la résolution onusienne
N° 688, instaurant une zone de protection pour eux, est aujourd'hui de
nouveau à la pointe de la diplomatie européenne et internationale
contre le terrorisme djihadiste. L'aide humanitaire et militaire de la
France, qui se bat pour défendre des principes et des valeurs
instaurés par sa propre révolution, était attendue et est à saluer.
L'unanimité de la classe politique française pour défendre les valeurs
démocratiques universelles menacées ailleurs prouve, une fois de plus,
que ce pays reste toujours la patrie des droits de l'Homme. De toute
évidence, les démocrates qui livrent bataille contre l'obscurantisme
et l'intolérance dans le monde musulman peuvent compter sur elle.
Akil Marceau (Directeur de la représentation du Gouvernement Régional
du Kurdistan-Irak en France)
samedi 30 août 2014,
Stéphane (c)armenews.com
From: Baghdasarian
Pourquoi l'Occident doit soutenir le Kurdistan Par Akil Marceau
(Directeur de la représentation du Gouvernement Régional du
Kurdistan-Irak en France)
Longtemps considérés comme les damnés du Moyen-Orient parce que
persécutés sous les différents régimes qui se sont succédé à la tête
des Etat-nations qui se partagent le Kurdistan, depuis les accords de
Sykes-Picot et le dépeçage de l'Empire ottoman, les Kurdes émergent
aujourd'hui sur la scène régionale comme acteurs de premier plan.
Face à l'attaque des Djihadistes, qui occupent aujourd'hui le tiers du
territoire irakien, dans cette zone dont la ville de Mossoul
(l'ancienne Ninive) constitue la capitale, les Kurdes peuvent
constituer un rempart contre la barbarie rampante. Dans cet Etat de
barbarie (l'autoproclamé Etat islamique) qui affiche clairement ses
couleurs et mots d'ordres, les fanatiques se livrent à une véritable
chasse aux sorcières contre les Chrétiens, présents sur ces terres
depuis des millénaires.
Contre les Kurdes yézidis, ce groupe kurdophone non musulman du massif
montagneux de Sinjar, c'est une véritable campagne génocidaire qui est
mis en place : massacres massifs et systématiques, destruction de
lieux de culte, rapt et viols de femmes. Seule la loi du sabre règne
et les pensées obscurantistes tranchent, lapident et décapitent.
La région fédérale du Kurdistan, qui a désormais un millier de
kilomètres de frontières en commun avec ce nouvel >, jouit,
malgré les défis énormes auxquels elle est confrontée depuis une
dizaine d'années, d'une situation politiquement stable et enviable,
dans un Moyen-Orient où les zones de tension se multiplient. Mais la
situation des Kurdes aujourd'hui, face au projet djihadiste, ressemble
étrangement à celle des Espagnols qui se battaient contre le fascisme
dans les années 1930. Nous connaissons tous les conséquences
désastreuses de la victoire des fascistes sur plusieurs générations
d'Espagnols et sur l'Europe dans son ensemble.
Avec un soutien de la communauté internationale, le modèle kurde a
tous les atouts structurels pour réussir et servir d'exemple. Il est
économiquement viable grce à des ressources naturelles et à la
gestion de ces ressources, socialement paisible du fait d'une société
pluraliste où la diversité ethnique et religieuse est reconnue et
protégée par la loi. Cette terre du Kurdistan, qui couvre en grande
partie la Mésopotamie de l'antiquité, a donné naissance à la première
femme rabbin au XVII siècle, Asenath Barzani.
LE MODELE KURDE EST UN EXEMPLE
Sur le plan politique, le Kurdistan est dirigé par un gouvernement
d'union nationale large ; les diverses sensibilités et les courants
politiques variés, très majoritairement laïques, y participent. Onze
des cent onze sièges que compte le parlement kurde sont réservés aux
minorités (Assyro-Chaldéens, Arméniens et Turkmènes). Les femmes
constituent 36% au parlement dépassant leur quota de 30%. Depuis la
chute de l'ancienne dictature irakienne, en 2003, les Kurdes ont oeuvré
activement pour btir un Irak fédéral réconcilié avec lui-même et en
paix avec ses voisins. L'Irak, après plusieurs décennies de guerre
contre les pays voisins, un plan de génocide contre les Kurdes et des
massacres massifs contre les Chiites, méritait un projet politique
fédérateur mettant fin aux souffrances et instaurant une nouvelle ère
où toutes ses composantes pouvaient enfin s'exprimer librement.
Sur le plan économique, le climat de sécurité à l'intérieur des trois
gouvernorats, la qualité d'accueil, les exonérations de taxes et les
ressources financières grce à la manne pétrolière ont été autant
d'éléments pour constituer un environnement propice à attirer
massivement les investissements étrangers. Les investisseurs français
n'en sont pas en reste. Les fleurons de l'industrie française sont
présents sur le marché kurde : Lafarge, Orange, Total, Carrefour, etc.
Le Kurdistan c'est l'autre Irak qui fonctionne, où l'espoir règne.
Les Kurdes ont toujours joué et constitué cette force modératrice à
Bagdad grce à un duo présidentiel gagnant pour l'Irak et le Kurdistan
(le Président de la Région du Kurdistan M. Massoud Barzani et le
Président de la République pendant deux mandats M. Jalal Talabani,
deux vétérans de la vie politique kurde et irakienne). Certes, l'Irak
n'a pas connu une démocratie parfaite depuis la chute de Saddam
Hussein. Mais une démocratie imparfaite est mieux qu'une dictature
certaine.
Le pays kurde offre, en outre, un abri pour les réfugiés des pays
voisins. C'est le cas pour les Kurdes syriens qui ont fui par
centaines de milliers le conflit qui ravage leur pays depuis
maintenant plus de trois ans. Il accueillait déjà les Chrétiens fuyant
les autres villes irakiennes. Plusieurs centaines de milliers de
nouveaux réfugiés, Chrétiens et Musulmans, fuyant la zone de Mossoul
depuis un mois viennent gonfler leur nombre sur place ce qui constitue
une charge lourde pour les capacités d'accueil logistiques des
autorités kurdes.
La France, qui avait déjà protégé les Kurdes au lendemain de la
première guerre du golfe, en faisant adopter la résolution onusienne
N° 688, instaurant une zone de protection pour eux, est aujourd'hui de
nouveau à la pointe de la diplomatie européenne et internationale
contre le terrorisme djihadiste. L'aide humanitaire et militaire de la
France, qui se bat pour défendre des principes et des valeurs
instaurés par sa propre révolution, était attendue et est à saluer.
L'unanimité de la classe politique française pour défendre les valeurs
démocratiques universelles menacées ailleurs prouve, une fois de plus,
que ce pays reste toujours la patrie des droits de l'Homme. De toute
évidence, les démocrates qui livrent bataille contre l'obscurantisme
et l'intolérance dans le monde musulman peuvent compter sur elle.
Akil Marceau (Directeur de la représentation du Gouvernement Régional
du Kurdistan-Irak en France)
samedi 30 août 2014,
Stéphane (c)armenews.com
From: Baghdasarian