PRESSE TURQUE
Quelle Stratégie en Turquie pour 2015 ?
Rapprochant quelques indices les uns des autres, on entrevoit la
stratégie probable qui sera employée et les mesures qui seront prises
par le gouvernement du premier ministre Erdogan en vue de 2015, qui
marquera le 100ème anniversaire du Génocide arménien.
Le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoglu a visité la Suisse
en octobre et au cours de sa visite, il a parlé avec les autorités
suisses de la sensibilité turque sur une statue que les Arméniens
prévoient d'ériger à Genève. On peut déduire de cette " sensibilité "
que la position officielle du ministère des affaires étrangères sur
1915 n'a pas bougé d'un pouce.
Il faut également noter ce qu'a déclaré, à propos de 2015, le premier
ministre adjoint Bulent Aric, porte-parole du Parti Justice et
Développement (AKP) : " C'est tout à la fois l'année des Dardanelles
et d'un prétendu Génocide arménien. Nous y travaillons activement. Un
travail est entrepris par le biais de symposiums, de conférences, de
commissions, de publications et de documents. Mais nous avons
également entrepris certaines actions diplomatiques spécifiques qui
pourraient concerner le monde entier ".
On peut déduire aussi de sa déclaration que le gouvernement est tout à
fait déterminé à reprendre les clichés bien connus de la position
officielle de l'état dans ce domaine.
On savait déjà que nos partis politiques ne peuvent décider quoique ce
soit en commun, mais excepté le parti pro-kurde Paix et Démocratie
(BDP), il semble qu'ils soient cette fois d'accord sur la nécessité de
faire quelque chose pour 2015. Les membres du parti AKP au pouvoir et
les deux partis d'opposition se sont réunis au parlement et ont
discuté de ce qu'il convenait de faire pour contrer les "
revendications de Génocide arménien ", et ils se sont mis d'accord
pour les combattre.
S'agissant du Génocide arménien, ils ont facilement et rapidement
trouvé un consensus. L'Institut d'Histoire Turque (Turk Tarih Kurumu)
fait également des préparatifs pour 2015. Le président de
l'institution dit préparer pour 2015 un texte étendu sur les relations
arméniennes de la Turquie.
En outre, on peut clairement voir dans le discours d'Erdogan que la
possibilité d'une réconciliation est complètement exclue, mais aussi
que les non-musulmans sont totalement exclus de son discours. Il
décrit souvent la Turquie comme une mosaïque de diverses identités
ethniques. On peut souvent l'entendre évoquer les Arabes, les Kurdes,
les Turcs, les Circassiens et les Lazes. Mais lorsqu'il décrit cette
mosaïque, Erdogan ne mentionne jamais les non-musulmans de Turquie,
les Arméniens, Grecs, Juifs et Syriaques.
Rapprochant tous ces éléments de préparation aux discours du
gouvernement et d'Erdogan, on peut déduire que l'approche défensive
turque de négation du Génocide arménien ne sera pas changée en 2015.
Comme tout le reste, évidemment, 2015 n'est qu'un point secondaire
pour le gouvernement, qui s'efforce à présent de survivre à une
enquête de corruption en recourant à tous les moyens disponibles. Du
fait des actions entreprises pour arrêter l'enquête, le gouvernement a
pris ses distances avec la démocratie et l'état de droit. A moins que
le gouvernement ne prenne des dispositions inattendues, sans précédent
et radicales sur la question arménienne, tendant à réparer son image
dans l'arène internationale, il ne serait pas raisonnable d'espérer
des changements appréciables dans la position officielle de la Turquie
sur 1915.
En résumé, même si des améliorations très nettes ont été faites sur la
liberté d'expression concernant 1915, il reste très peu probable que
des changements soient apportés à la position officielle quant aux
pages sombres de l'histoire de la Turquie.
Orhan Kemal Cengiz
ToDaysZaman
Traduction Gilbert Béguian
dimanche 2 février 2014,
Stéphane (c)armenews.com
Quelle Stratégie en Turquie pour 2015 ?
Rapprochant quelques indices les uns des autres, on entrevoit la
stratégie probable qui sera employée et les mesures qui seront prises
par le gouvernement du premier ministre Erdogan en vue de 2015, qui
marquera le 100ème anniversaire du Génocide arménien.
Le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoglu a visité la Suisse
en octobre et au cours de sa visite, il a parlé avec les autorités
suisses de la sensibilité turque sur une statue que les Arméniens
prévoient d'ériger à Genève. On peut déduire de cette " sensibilité "
que la position officielle du ministère des affaires étrangères sur
1915 n'a pas bougé d'un pouce.
Il faut également noter ce qu'a déclaré, à propos de 2015, le premier
ministre adjoint Bulent Aric, porte-parole du Parti Justice et
Développement (AKP) : " C'est tout à la fois l'année des Dardanelles
et d'un prétendu Génocide arménien. Nous y travaillons activement. Un
travail est entrepris par le biais de symposiums, de conférences, de
commissions, de publications et de documents. Mais nous avons
également entrepris certaines actions diplomatiques spécifiques qui
pourraient concerner le monde entier ".
On peut déduire aussi de sa déclaration que le gouvernement est tout à
fait déterminé à reprendre les clichés bien connus de la position
officielle de l'état dans ce domaine.
On savait déjà que nos partis politiques ne peuvent décider quoique ce
soit en commun, mais excepté le parti pro-kurde Paix et Démocratie
(BDP), il semble qu'ils soient cette fois d'accord sur la nécessité de
faire quelque chose pour 2015. Les membres du parti AKP au pouvoir et
les deux partis d'opposition se sont réunis au parlement et ont
discuté de ce qu'il convenait de faire pour contrer les "
revendications de Génocide arménien ", et ils se sont mis d'accord
pour les combattre.
S'agissant du Génocide arménien, ils ont facilement et rapidement
trouvé un consensus. L'Institut d'Histoire Turque (Turk Tarih Kurumu)
fait également des préparatifs pour 2015. Le président de
l'institution dit préparer pour 2015 un texte étendu sur les relations
arméniennes de la Turquie.
En outre, on peut clairement voir dans le discours d'Erdogan que la
possibilité d'une réconciliation est complètement exclue, mais aussi
que les non-musulmans sont totalement exclus de son discours. Il
décrit souvent la Turquie comme une mosaïque de diverses identités
ethniques. On peut souvent l'entendre évoquer les Arabes, les Kurdes,
les Turcs, les Circassiens et les Lazes. Mais lorsqu'il décrit cette
mosaïque, Erdogan ne mentionne jamais les non-musulmans de Turquie,
les Arméniens, Grecs, Juifs et Syriaques.
Rapprochant tous ces éléments de préparation aux discours du
gouvernement et d'Erdogan, on peut déduire que l'approche défensive
turque de négation du Génocide arménien ne sera pas changée en 2015.
Comme tout le reste, évidemment, 2015 n'est qu'un point secondaire
pour le gouvernement, qui s'efforce à présent de survivre à une
enquête de corruption en recourant à tous les moyens disponibles. Du
fait des actions entreprises pour arrêter l'enquête, le gouvernement a
pris ses distances avec la démocratie et l'état de droit. A moins que
le gouvernement ne prenne des dispositions inattendues, sans précédent
et radicales sur la question arménienne, tendant à réparer son image
dans l'arène internationale, il ne serait pas raisonnable d'espérer
des changements appréciables dans la position officielle de la Turquie
sur 1915.
En résumé, même si des améliorations très nettes ont été faites sur la
liberté d'expression concernant 1915, il reste très peu probable que
des changements soient apportés à la position officielle quant aux
pages sombres de l'histoire de la Turquie.
Orhan Kemal Cengiz
ToDaysZaman
Traduction Gilbert Béguian
dimanche 2 février 2014,
Stéphane (c)armenews.com