l'Humanité, France
22 fev 2014
Affiche rouge: Arsène Tchakarian : « Notre première action »
Arsène Tchakarian est le dernier membre encore en vie du groupe
Manouchian. Après la Libération, il a passé sa vie à chercher et Ã
écrire sur la période la plus marquante de son existence. Extrait de
son témoignage à lire en intégralité dans le hors-série de l'Humanité,
où il se remémore une action opérée avec Missak Manouchian et Marcel
Rayman?:
«¯C'est Manouchian qui m'a amené avenue Mathurin-Moreau. Dans cette
rue débouchant sur la place du Colonel-Fabien, Ã l'endroit où se
dresse aujourd'hui le siège du PCF, se tenaient à l'époque des
baraques en bois. Celles des MOI¨` la Main-d'Å'uvre immigrée `, des
organisations communistes par nationalité (arménienne, juive
polonaise, juive roumaine, italienne¦)
(...) Ensemble, les trois s'en vont pour leur premier coup d'éclat Ã
Levallois-Perret. (¦) Michel (Marcel Rayman) nous montre un petit
hôtel, ordinaire, duquel sortent une vingtaine de feldgendarmes. Nous
étions en fait en repérage. Marcel Rayman me dit?: `Toi, Charles
(Arsène ` NDLR), tu seras à environ quinze mètres. Au moment où ils
partiront, tu jetteras la grenade bien au milieu.' Je réfléchis un
peu. Sur le front, on tue des Allemands, mais comme artilleur, je ne
vois que l'obus partir. LÃ, ils seront bien face à moi. Marcel
explique que Georges (Missak ` NDLR) aura un pistolet, qu'il sera Ã
environ vingt mètres de moi. Le mercredi 17¯mars, nous arrivons sur
place. Alors que je suis en train de me préparer, Manouchian court
vers moi. Il me dit?: `File la grenade?!' Je lui demande pourquoi. Il
me dit que l'on n'a qu'un pistolet au lieu de deux, que ce sera Marcel
qui l'aura. Il voulait absolument jeter la grenade lui-même. Je vois
Manouchian se mettre à courir. Avec son imperméable qui vole derrière
lui, on dirait un oiseau. Il jette la grenade pile au milieu. Cinq ou
six secondes après, c'est l'explosion. Je vois un adjudant qui
commence à se lever. Il avait un pistolet assez long. Il repère
Manouchian, qui s'enfuit. Il commence à le poursuivre. Il fait à peine
dix pas que Marcel Rayman, coincé dans un coin de rue, l'abat. (¦) »
http://www.humanite.fr/politique/affiche-rouge-arsene-tchakarian-notre-premiere-act-559690
22 fev 2014
Affiche rouge: Arsène Tchakarian : « Notre première action »
Arsène Tchakarian est le dernier membre encore en vie du groupe
Manouchian. Après la Libération, il a passé sa vie à chercher et Ã
écrire sur la période la plus marquante de son existence. Extrait de
son témoignage à lire en intégralité dans le hors-série de l'Humanité,
où il se remémore une action opérée avec Missak Manouchian et Marcel
Rayman?:
«¯C'est Manouchian qui m'a amené avenue Mathurin-Moreau. Dans cette
rue débouchant sur la place du Colonel-Fabien, Ã l'endroit où se
dresse aujourd'hui le siège du PCF, se tenaient à l'époque des
baraques en bois. Celles des MOI¨` la Main-d'Å'uvre immigrée `, des
organisations communistes par nationalité (arménienne, juive
polonaise, juive roumaine, italienne¦)
(...) Ensemble, les trois s'en vont pour leur premier coup d'éclat Ã
Levallois-Perret. (¦) Michel (Marcel Rayman) nous montre un petit
hôtel, ordinaire, duquel sortent une vingtaine de feldgendarmes. Nous
étions en fait en repérage. Marcel Rayman me dit?: `Toi, Charles
(Arsène ` NDLR), tu seras à environ quinze mètres. Au moment où ils
partiront, tu jetteras la grenade bien au milieu.' Je réfléchis un
peu. Sur le front, on tue des Allemands, mais comme artilleur, je ne
vois que l'obus partir. LÃ, ils seront bien face à moi. Marcel
explique que Georges (Missak ` NDLR) aura un pistolet, qu'il sera Ã
environ vingt mètres de moi. Le mercredi 17¯mars, nous arrivons sur
place. Alors que je suis en train de me préparer, Manouchian court
vers moi. Il me dit?: `File la grenade?!' Je lui demande pourquoi. Il
me dit que l'on n'a qu'un pistolet au lieu de deux, que ce sera Marcel
qui l'aura. Il voulait absolument jeter la grenade lui-même. Je vois
Manouchian se mettre à courir. Avec son imperméable qui vole derrière
lui, on dirait un oiseau. Il jette la grenade pile au milieu. Cinq ou
six secondes après, c'est l'explosion. Je vois un adjudant qui
commence à se lever. Il avait un pistolet assez long. Il repère
Manouchian, qui s'enfuit. Il commence à le poursuivre. Il fait à peine
dix pas que Marcel Rayman, coincé dans un coin de rue, l'abat. (¦) »
http://www.humanite.fr/politique/affiche-rouge-arsene-tchakarian-notre-premiere-act-559690