EDITORIAL
Missak Manouchian : >
Elle était belle la cérémonie du 21 février au cours de laquelle le
président de la République a rendu un hommage digne du sacrifice
qu'ils ont consenti aux résistants du groupe Manouchian, >. Oui il était émouvant, le dépôt de gerbe de François
Hollande dans la clairière du Mont Valérien, sur le lieu même où 22
membres du réseau des Francs-tireurs Partisans de la Main d'OEuvre
immigrée et trois lycéens bretons ont été fusillés par l'armée
d'occupation. Par ce geste, et avec son discours, le chef de l'Etat a
voulu exprimer la reconnaissance de la nation envers ceux qui en ont
mérité, non pas par la naissance, mais par leur dévouement à la cause
sa liberté. Une symbolique ô combien parlante, en particulier pour un
président de gauche en ces temps de débats sur l'identité. Et on était
en droit d'attendre que dans l'esprit de cette manifestation de
gratitude à l'égard de ceux qui lui ont tout donné, et a fortiori
quand ils étaient étrangers, la patrie ouvre ce lieu de mémoire dédié
à ses grands hommes : le Panthéon.
Hélas, la démonstration s'est arrêtée à mi-chemin. Dans une logique
contraire à tout ce qui venait d'être proclamé, les portes du monument
se sont refermées sur le nez de ces immigrés qui méritaient de la
France par le sang versé. Tandis que dans la foulée, on y annonçait
l'entrée de résistants exclusivement français, dont deux d'ailleurs ne
furent pas tuées par les Allemands. Comment ne pas être frappé par ce
paradoxe ? Il ne s'agit certes pas là de discuter de la valeur des
personnalités choisies, dont les itinéraires incontestables sont en
tout point à la hauteur de la distinction qui leur a été accordée. Ni,
en ces circonstances, de faire un procès d'intention de mauvais aloi
au président de la République, qui sommes toute a souhaité de son
propre chef donner un éclat républicain au 70e anniversaire de
l'exécution du groupe Manouchian. Mais de s'interroger sur la
pertinence du double message de cette cérémonie qui a voulu honorer
les résistants d'origine étrangère, es qualité, et qui s'est soldé par
l'annonce d'une panthéonisation dont ils se sont vus exclus. Telle est
la rupture logique de cette commémoration qui a revêtu une dimension
frustrante pour les premiers tout en étant désagréable pour les
seconds, tous de nationalité françaises, qui n'avaient pas demandé à
se retrouver dans cette configuration quelque peu délicate, on le
comprendra.
Autre maladresse, les > prêtées à Missak Manouchian
dans le discours de François Hollande. Cette erreur de sa "plume" n'a
bien évidemment en soi rien de dramatique. Mais tout de même :
n'est-ce pas la moindre des choses, quand on veut rendre hommage à un
héros, que de respecter son histoire ? Manouchian n'avait pas d'>, aussi honorables et magnifiques fussent-elles. Il
était, comme cela a été également rappelé, d'origine arménienne,
rescapé du génocide de 1915 perpétré par la Turquie contre ses propres
ressortissants, du fait de leur appartenance ethnique et religieuse.
Et c'est aussi en raison de cette mémoire qu'il s'est identifié à ce
point au sort des victimes de l'entreprise d'extermination antisémite
organisée par les nazis et qu'il a pris part - de quelle façon ! - à
la Résistance. Il s'agit là d'une nuance importante dans la mesure où
elle participe du message politique propre au combat du groupe
Manouchian, composite en terme de nationalités et de religions. On > par ce que l'on fait. Et à ce titre ces étrangers ont été aussi
Français que les Français, voire plus. Et il aurait été beau et juste
d'aller au bout de l'hommage du 21 février et de proclamer, devant une
France en questionnement sur ses valeurs, que les immigrés qui sont
morts pour elle méritaient bien, eux aussi, de figurer au Panthéon. Du
moins l'initiative de François Hollande aura-t-elle peut-être permis
un premier pas dans cette direction, riche en symboles. Qu'il en soit
tout de même remercié.
Ara Toranian
dimanche 23 février 2014,
Ara (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article - 520
Missak Manouchian : >
Elle était belle la cérémonie du 21 février au cours de laquelle le
président de la République a rendu un hommage digne du sacrifice
qu'ils ont consenti aux résistants du groupe Manouchian, >. Oui il était émouvant, le dépôt de gerbe de François
Hollande dans la clairière du Mont Valérien, sur le lieu même où 22
membres du réseau des Francs-tireurs Partisans de la Main d'OEuvre
immigrée et trois lycéens bretons ont été fusillés par l'armée
d'occupation. Par ce geste, et avec son discours, le chef de l'Etat a
voulu exprimer la reconnaissance de la nation envers ceux qui en ont
mérité, non pas par la naissance, mais par leur dévouement à la cause
sa liberté. Une symbolique ô combien parlante, en particulier pour un
président de gauche en ces temps de débats sur l'identité. Et on était
en droit d'attendre que dans l'esprit de cette manifestation de
gratitude à l'égard de ceux qui lui ont tout donné, et a fortiori
quand ils étaient étrangers, la patrie ouvre ce lieu de mémoire dédié
à ses grands hommes : le Panthéon.
Hélas, la démonstration s'est arrêtée à mi-chemin. Dans une logique
contraire à tout ce qui venait d'être proclamé, les portes du monument
se sont refermées sur le nez de ces immigrés qui méritaient de la
France par le sang versé. Tandis que dans la foulée, on y annonçait
l'entrée de résistants exclusivement français, dont deux d'ailleurs ne
furent pas tuées par les Allemands. Comment ne pas être frappé par ce
paradoxe ? Il ne s'agit certes pas là de discuter de la valeur des
personnalités choisies, dont les itinéraires incontestables sont en
tout point à la hauteur de la distinction qui leur a été accordée. Ni,
en ces circonstances, de faire un procès d'intention de mauvais aloi
au président de la République, qui sommes toute a souhaité de son
propre chef donner un éclat républicain au 70e anniversaire de
l'exécution du groupe Manouchian. Mais de s'interroger sur la
pertinence du double message de cette cérémonie qui a voulu honorer
les résistants d'origine étrangère, es qualité, et qui s'est soldé par
l'annonce d'une panthéonisation dont ils se sont vus exclus. Telle est
la rupture logique de cette commémoration qui a revêtu une dimension
frustrante pour les premiers tout en étant désagréable pour les
seconds, tous de nationalité françaises, qui n'avaient pas demandé à
se retrouver dans cette configuration quelque peu délicate, on le
comprendra.
Autre maladresse, les > prêtées à Missak Manouchian
dans le discours de François Hollande. Cette erreur de sa "plume" n'a
bien évidemment en soi rien de dramatique. Mais tout de même :
n'est-ce pas la moindre des choses, quand on veut rendre hommage à un
héros, que de respecter son histoire ? Manouchian n'avait pas d'>, aussi honorables et magnifiques fussent-elles. Il
était, comme cela a été également rappelé, d'origine arménienne,
rescapé du génocide de 1915 perpétré par la Turquie contre ses propres
ressortissants, du fait de leur appartenance ethnique et religieuse.
Et c'est aussi en raison de cette mémoire qu'il s'est identifié à ce
point au sort des victimes de l'entreprise d'extermination antisémite
organisée par les nazis et qu'il a pris part - de quelle façon ! - à
la Résistance. Il s'agit là d'une nuance importante dans la mesure où
elle participe du message politique propre au combat du groupe
Manouchian, composite en terme de nationalités et de religions. On > par ce que l'on fait. Et à ce titre ces étrangers ont été aussi
Français que les Français, voire plus. Et il aurait été beau et juste
d'aller au bout de l'hommage du 21 février et de proclamer, devant une
France en questionnement sur ses valeurs, que les immigrés qui sont
morts pour elle méritaient bien, eux aussi, de figurer au Panthéon. Du
moins l'initiative de François Hollande aura-t-elle peut-être permis
un premier pas dans cette direction, riche en symboles. Qu'il en soit
tout de même remercié.
Ara Toranian
dimanche 23 février 2014,
Ara (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article - 520