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L'ombre de la Turquie derrière le triple assassinat de Paris

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    REVUE DE PRESSE
    L'ombre de la Turquie derrière le triple assassinat de Paris

    Le principal suspect, Ömer Güney,aurait agi pour des commanditaires
    liés à l'appareil sécuritaire de l'État turc.

    Le président de la République française effectue une visite d'État en
    Turquie lundi et mardi prochains. Un sujet embarrassant sera du voyage
    ; il s'agit d'Ömer Güney, unique suspect du triple assassinat du 147,
    rue La Fayette, près de la gare du Nord à Paris, le 9 janvier 2013.
    Trois militantes kurdes, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Soylemez
    avaient été découvertes froidement exécutées de plusieurs balles dans
    la tête au premier étage de cet immeuble haussmannien, dans le local
    du Centre d'information du Kurdistan, chargé de la propagande de la
    rébellion du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

    En détention provisoire à Fresnes, Ömer Güney, qui se trouvait sur
    place à l'heure du crime, clame son innocence depuis un an mais de
    nouveaux éléments troublants renforcent la piste de commanditaires en
    Turquie. Et mènent au c`ur de l'État turc. Un enregistrement sonore
    avec trois voix a été anonymement publié ces jours-ci sur Internet.
    L'une est attribuée à Ömer Güney, les deux autres à des agents du MIT,
    les services de renseignements turcs. La discussion porte notamment
    sur la reconnaissance des lieux où les meurtres de cadres du PKK
    réfugiés en Europe sont prévus et sur les services de renseignements
    français. Ömer Güney assure qu'il fait l'objet de leur part « d'une
    filature intense ». Un autre document mis en ligne est présenté comme
    étant une note d'information du MIT. Datée 18 novembre 2012, elle fait
    mention d'un individu, désigné par nom de code « La Source », à qui 6
    000 ont été remis afin qu'il pare aux dépenses nécessaires à la
    suppression de Sakine Cansiz.

    Un profil d'agent infiltré Ces pièces sont-elles authentiques ? Leur
    expertise sera déterminante. Elles sont en tout cas prises très au
    sérieux par les milieux kurdes. « Après avoir écouté cet
    enregistrement, nous pouvons affirmer avec certitude qu'il s'agit bien
    de la voix d'Ömer Güney », affirme la Fédération des associations
    kurdes de France. Les personnes qui ont côtoyé ce ressortissant turc
    qui disait se passionner par la cause kurde reconnaissent même ses
    tics de langage. De son côté, le MIT a indiqué dans un communiqué
    qu'il n'avait « absolument rien à voir avec les meurtres ». Pour
    Gülten Kisanak, coprésidente du Parti pour la paix et la démocratie,
    la vitrine politique du PKK en Turquie, la tuerie de Paris a donc «
    bien été planifiée et organisée en coordination avec des
    fonctionnaires de l'État turc ». Le fait que le MIT ne dise mot sur la
    nature des documents suscite la suspicion. « Si les documents ne
    proviennent pas du MIT, alors d'où viennent-ils, s'est interrogé le
    député pro-kurde, Altan Tan. Si vous êtes incapables d'y répondre, il
    ne vous reste plus qu'à fermer la boutique. »

    La mise en cause du MIT va bien au-delà de l'accusation de
    l'implication d'un organisme de l'État. C'est ce service qui a été
    chargé par le premier ministre turc de conduire des pourparlers avec
    le PKK. Les discussions, chance historique de mettre fin à un conflit
    qui a fait plus de 40 000 morts depuis 1984, ont été rendues publiques
    quelques jours avant le carnage parisien. Elles sont menées par le
    patron du MIT, Hakan Fidan, l'homme de confiance de Recep Tayyip
    Erdogan. Crimes commandités par le négociateur ? Par un groupuscule
    nationaliste opposé à la paix et niché à l'intérieur de l'agence ?
    Rumeurs destinées à distiller le poison du doute afin de saper les
    négociations ? Autant de questions toujours sans réponse. Le timing de
    la publication de la bande audio et du document écrit surgit également
    en pleine guerre entre le premier ministre, qui cherche par tous les
    moyens à étouffer un gigantesque scandale de corruption, et la
    confrérie religieuse de Fethullah Gülen, qu'il accuse d'être derrière
    l'offensive judiciaire contre ses proches. Viser Hakan Fidan, c'est
    donc atteindre par ricochet Recep Tayyip Erdogan.

    Ces derniers rebondissements renforcent en tout cas le profil d'agent
    infiltré d'Ömer Güney qui apparaît après un an d'enquête. Ce Turc qui
    avait su se rendre indispensable dans la communauté kurde de la
    banlieue parisienne avait, au mieux, des accointances avec les Loups
    Gris, les milices d'extrême droite et a effectué au moins trois
    mystérieux voyages dans son pays d'origine dans les mois précédents
    les meurtres. Muni de cinq téléphones portables, il communiquait avec
    des interlocuteurs secrets en Turquie par l'intermédiaire de
    messageries... Ankara n'a fourni jusqu'à présent aucun renseignement
    susceptible d'éclaircir ces zones d'ombre. À Paris, l'entourage du
    président français considère qu'il « n'y a pas aujourd'hui de preuves
    d'une implication des services turcs ». « J'espère que François
    Hollande aura le courage de mettre le sujet sur la table, déclare,
    pour sa part, Antoine Comte, avocat de la partie civile. Depuis
    l'affaire Ben Barka, la France est incapable de désigner un État
    coupable d'un assassinat politique. »

    Par Laure Marchand

    Publié le 24/01/2014 à 08:12

    LE FIGARO

    samedi 25 janvier 2014,
    Stéphane ©armenews.com

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