Agence France Presse
25 janvier 2014 samedi 8:30 PM GMT
Hollande lundi en Turquie, un pays en pleine crise politique
PARIS 25 jan 2014
François Hollande est attendu lundi en Turquie pour une visite d'Etat
de deux jours, la première d'un président français depuis 22 ans, qui
s'annonce délicate sur fond de relations bilatérales houleuses et de
profonde crise politique à Ankara.
Pour le chef de l'Etat, ce déplacement qui succède à celui de François
Mitterrand en 1992 et sera son premier à l'étranger depuis l'annonce
de sa séparation avec sa compagne Valérie Trierweiler, doit être
l'occasion de raviver une relation politique et surtout économique en
panne.
D'où la présence à ses côtés de sept ministres, parmi lesquels Laurent
Fabius (Affaires étrangères), Arnaud Montebourg (Redressement
productif) ou Jean-Yves Le Drian (Défense), et d'une délégation de
responsables économiques et d'entreprises d'une quarantaine de
membres.
Nicolas Sarkozy avait fait de son hostilité à l'adhésion de la Turquie
à l'Union européenne un argument de politique intérieure, provoquant
la fureur du Premier ministre turc, l'islamo-conservateur Recep Tayyip
Erdogan. Le vote de lois françaises reconnaissant le génocide arménien
ou réprimant sa négation a également lourdement pesé sur la relation.
Une période de glaciation s'en est suivie, plombant aussi les échanges
commerciaux. La part de marché française en Turquie a chuté de 6 à 3%
entre 2009 et 2012 alors que cette puissance émergente a vu son PIB
par habitant tripler entre 2002 et 2012. Sur ce point, explique-t-on
dans l'entourage du président français, Paris entend donc se livrer à
"un travail de rattrapage".
C'est le message que délivrera François Hollande aux milieux
d'affaires turcs qu'il rencontrera mardi à Istanbul, au deuxième
journée de sa visite. Après une année 2013 plutôt fructueuse pour les
entreprises françaises avec la conclusion de 15 milliards d'euros de
contrats en Turquie, une série d'accords seront signés dans les
domaines du nucléaire civil, des infrastructures ou de la lutte contre
les contrefaçons.
Dans les pas de Barroso
La relance de la relation politique, au coeur de la première journée
de la visite qui s'effectuera dans la capitale politique, Ankara,
s'annonce autrement plus périlleuse.
Le pouvoir turc a répliqué ces dernières semaines par des purges sans
précédent dans les milieux judiciaires et policiers à la mise en cause
de plusieurs dizaines de ses proches soupçonnés de corruption par la
justice turque.
Se gardant de cautionner le régime par sa visite, François Hollande
devrait inscrire ses pas dans ceux du président de la Commission
européenne, José Manuel Barroso. Celui-ci encourageait encore mardi
Recep Tayyip Erdogan, en visite à Bruxelles, à "poursuivre les
réformes nécessaires" en vue de garantir le respect de l'Etat de
droit, condition sine qua non d'un rapprochement avec l'UE.
"La justice (turque) ne peut pas outrepasser son mandat", avait
toutefois répliqué le Premier ministre turc, accusé de vouloir mettre
au pas le système judiciaire de son pays.
Dans ce contexte, Paris entend privilégier une relation "sincère,
claire et directe". Le processus de négociation avec l'Union
européenne ne pourra prospérer que si Ankara tient ses engagements
"sur l'Etat de droit, la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la
justice et le respect des libertés fondamentales", souligne-t-on
encore à l'Elysée.
Au-delà de ces questions, nul doute que François Hollande sera
interrogé sur sa position de principe à l'égard d'une future adhésion
de la Turquie à l'UE. Jusqu'à présent, le président français s'est
borné à constater que cette question ne se poserait pas concrètement
pendant son quinquennat puisque les Européens ont exclu une adhésion
avant 2020.
Le président Hollande rencontrera aussi la veuve du journaliste Hrant
Dink qui, oeuvrant à la réconciliation entre Turcs et Arméniens, a été
assassiné par un ultra nationaliste turc le 19 janvier 2007.
Membre de l'Otan, la Turquie est concernée au premier chef par les
crises régionales et notamment le conflit en Syrie, l'Iran, l'Irak, et
plus largement le monde arabe, le Caucase et Chypre, autant de crises
dont François Hollande devrait également s'entretenir avec ses
interlocuteurs turcs. Quelque 700.000 réfugiés syriens ont été
accueillis en Turquie.
25 janvier 2014 samedi 8:30 PM GMT
Hollande lundi en Turquie, un pays en pleine crise politique
PARIS 25 jan 2014
François Hollande est attendu lundi en Turquie pour une visite d'Etat
de deux jours, la première d'un président français depuis 22 ans, qui
s'annonce délicate sur fond de relations bilatérales houleuses et de
profonde crise politique à Ankara.
Pour le chef de l'Etat, ce déplacement qui succède à celui de François
Mitterrand en 1992 et sera son premier à l'étranger depuis l'annonce
de sa séparation avec sa compagne Valérie Trierweiler, doit être
l'occasion de raviver une relation politique et surtout économique en
panne.
D'où la présence à ses côtés de sept ministres, parmi lesquels Laurent
Fabius (Affaires étrangères), Arnaud Montebourg (Redressement
productif) ou Jean-Yves Le Drian (Défense), et d'une délégation de
responsables économiques et d'entreprises d'une quarantaine de
membres.
Nicolas Sarkozy avait fait de son hostilité à l'adhésion de la Turquie
à l'Union européenne un argument de politique intérieure, provoquant
la fureur du Premier ministre turc, l'islamo-conservateur Recep Tayyip
Erdogan. Le vote de lois françaises reconnaissant le génocide arménien
ou réprimant sa négation a également lourdement pesé sur la relation.
Une période de glaciation s'en est suivie, plombant aussi les échanges
commerciaux. La part de marché française en Turquie a chuté de 6 à 3%
entre 2009 et 2012 alors que cette puissance émergente a vu son PIB
par habitant tripler entre 2002 et 2012. Sur ce point, explique-t-on
dans l'entourage du président français, Paris entend donc se livrer à
"un travail de rattrapage".
C'est le message que délivrera François Hollande aux milieux
d'affaires turcs qu'il rencontrera mardi à Istanbul, au deuxième
journée de sa visite. Après une année 2013 plutôt fructueuse pour les
entreprises françaises avec la conclusion de 15 milliards d'euros de
contrats en Turquie, une série d'accords seront signés dans les
domaines du nucléaire civil, des infrastructures ou de la lutte contre
les contrefaçons.
Dans les pas de Barroso
La relance de la relation politique, au coeur de la première journée
de la visite qui s'effectuera dans la capitale politique, Ankara,
s'annonce autrement plus périlleuse.
Le pouvoir turc a répliqué ces dernières semaines par des purges sans
précédent dans les milieux judiciaires et policiers à la mise en cause
de plusieurs dizaines de ses proches soupçonnés de corruption par la
justice turque.
Se gardant de cautionner le régime par sa visite, François Hollande
devrait inscrire ses pas dans ceux du président de la Commission
européenne, José Manuel Barroso. Celui-ci encourageait encore mardi
Recep Tayyip Erdogan, en visite à Bruxelles, à "poursuivre les
réformes nécessaires" en vue de garantir le respect de l'Etat de
droit, condition sine qua non d'un rapprochement avec l'UE.
"La justice (turque) ne peut pas outrepasser son mandat", avait
toutefois répliqué le Premier ministre turc, accusé de vouloir mettre
au pas le système judiciaire de son pays.
Dans ce contexte, Paris entend privilégier une relation "sincère,
claire et directe". Le processus de négociation avec l'Union
européenne ne pourra prospérer que si Ankara tient ses engagements
"sur l'Etat de droit, la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la
justice et le respect des libertés fondamentales", souligne-t-on
encore à l'Elysée.
Au-delà de ces questions, nul doute que François Hollande sera
interrogé sur sa position de principe à l'égard d'une future adhésion
de la Turquie à l'UE. Jusqu'à présent, le président français s'est
borné à constater que cette question ne se poserait pas concrètement
pendant son quinquennat puisque les Européens ont exclu une adhésion
avant 2020.
Le président Hollande rencontrera aussi la veuve du journaliste Hrant
Dink qui, oeuvrant à la réconciliation entre Turcs et Arméniens, a été
assassiné par un ultra nationaliste turc le 19 janvier 2007.
Membre de l'Otan, la Turquie est concernée au premier chef par les
crises régionales et notamment le conflit en Syrie, l'Iran, l'Irak, et
plus largement le monde arabe, le Caucase et Chypre, autant de crises
dont François Hollande devrait également s'entretenir avec ses
interlocuteurs turcs. Quelque 700.000 réfugiés syriens ont été
accueillis en Turquie.