Artsakh
Une Solution à Somme Nulle à l'Avantage de l'Azerbaïdjan
Article Signé de Michael Mensoian
le 16 juillet 2014 dans Armenian Weekly
Les négociations en cours concernant le conflit du Haut-Karabagh
(Artsakh), comme on s'y réfère généralement, sont devenues un jeu Ã
somme nulle qui favorise l'Azerbaïdjan ; c'est un fait auquel
apparemment, nous n'attachons pas assez d'importance. Dès le début,
les Principes de Madrid qui avaient fixé les paramètres des
négociations, ont subi des distorsions contraires aux intérêts
arméniens et à la déclaration d'indépendance de l'Artsakh. Ces
principes, soutenus par les États-Unis et l'Union Européenne par
l'intermédiaire de leurs représentants au Groupe de Minsk, une
structure créée pour piloter les négociations, font une place
injustifiée aux protestations de l'Azerbaïdjan dont l'intégrité
territoriale aurait été violée par l'Arménie.
C'est dans une large mesure de notre faute. Nous avons vaincu
l'Azerbaïdjan parce que ce pays s'efforçait d'empêcher les Arméniens
d'Artsakh de mener à bien leur déclaration d'indépendance. Depuis
cette époque (1994), nous avons permis non seulement que l'Azerbaïdjan
impose sa définition du problème, mais aussi sa solution. Le président
Ilham Aliyev, sans relche, a décrit l'Arménie à toute occasion et
partout, comme le voisin agresseur cherchant à lui prendre son
territoire et à réunir son peuple à celui de ses compatriotes
d'Arménie. C'est ainsi que Bakou a pu invoquer l'interdiction de tels
actes contenue dans le Chapitre premier, article 2, paragraphe 4 de la
Charte des Nations-Unies, qui stipule que " Tous les membres
s'interdiront ...de... recourir à la force contre l'intégrité
territoriale...de l'un des autres états...incompatible avec les
Objectifs de Nations-Unies ". Si telle est la question (une telle
interdiction obligeant la seule Arménie et non l'Artsakh), cela permet
à l'Azerbaïdjan et au Groupe de Minsk d'ignorer la déclaration
d'indépendance de l'Artsakh et leur permet aussi de dénier à ses
représentants le droit de prendre part aux négociations. Notons que
dans tous les rapports publiés relatifs au processus des négociations,
il n'y a absolument aucune référence, d'une manière ou d'une autre, Ã
la possibilité d'un statut ultime de l'Artsakh comme entité libre et
indépendante.
À chaque fois que des dirigeants étrangers ou leurs représentants
évoquent leur point de vue sur la question du Haut-Karabagh, ils
insistent sur l'importance d'une solution négociée. Une telle solution
est naturellement préférable à une solution militaire. Mais c'est
cependant une solution pro-azérie - qui commence par le retour aux
frontières d'avant 1991 - ce qui satisfait à la demande de
l'Azerbaïdjan de rétablissement de son intégrité territoriale. Nos
forces militaires une fois retirées de l'Artsakh et les forces de
défense de l'Artsakh démobilisées, elles seront remplacées par une
quelconque force internationale de maintien de la paix inefficace. À
ce stade, Aliyev pourra déjà se déclarer vainqueur, étant parvenu Ã
reprendre possession des terres occupées. À partir de là , il n'y
aurait plus besoin de négociations parce qu'il ne resterait plus rien
de substantiel à négocier. Il y a malheureusement cette solution Ã
somme nulle qui nous attend : l'Azerbaïdjan récupère son territoire et
les Arméniens de l'Artsakh perdent leur indépendance. C'est une
solution à somme nulle sans aucune possibilité de compromis. Ne nous y
trompons pas, la liberté de l'Artsakh est absolument nécessaire au
développement économique et politique futur de l'Arménie.
Je reconnais qu'il m'est facile de dire que nous n'hésiterons pas Ã
défendre l'indépendance de l'Artsakh, mais regardons l'enjeu bien en
face : voulons nous être témoins de la transformation de l'Artsakh en
un autre Nakhitchevan, vidé de notre peuple et de nos oeuvres d'art ?
Le poids économique et politique de l'Arménie est malheureusement
limité. Sommes nous cependant à ce point privés d'esprit national et
de détermination pour protéger le futur de notre nation, que nous
restions assis sur nos fesses comme des mendiants attendant qu'on nous
dise ce qui est bon pour notre pays ? Honte à nous si nous n'avons
rien retenu des nombreuses leçons de notre passé, lorsque nous avons
remis notre cause dans les mains de gouvernements étrangers tels
l'Angleterre, la France, les États-Unis et même la Russie, pour
finalement être trahis par leur perfidie.
Cela dit, est-ce l'effet de la crainte de représailles russes ou de
notre timidité, ou sommes nous convaincus qu'il n'y a guère plus Ã
faire pour protéger nos intérêts nationaux ? Pourquoi nous sommes-nous
abstenus, à chaque fois que c'était possible, de présenter à la
communauté mondiale, la longue liste des raisons légitimes pour
lesquelles jamais aucun accord qui nie à l'Artsakh son indépendance
n'aura lieu ? À chaque fois (ce qui se produit souvent) que les
dirigeants azéris exhibent l'absence chez eux de la civilité politique
qui devrait régner entre nos deux nations (ce qui ne provoque
apparemment jamais aucune répercussion) , ou ignorent les normes
protocolaires internationales, Érevan, Stépanakert, les partis
politiques et les dirigeants des organisations de la diaspora,
devraient saisir cette occasion de remettre en question la
continuation des négociations avec un gouvernement qui dénie à ses
propres citoyens leurs droit humains fondamentaux. Un gouvernement Ã
qui il reste à mettre en place une forme de gouvernance démocratique
que Stépanakert a déjà mise en place depuis ses vingt ans
d'indépendance de fait. Un gouvernement responsable des pogroms non
provoqués de Soumgaït et de Bakou au cours desquels des Arméniens
innocents ont été sauvagement assassinés pour leurs seules origines
ethniques. Un gouvernement qui ne cesse de menacer de reprendre les
hostilités en se référant à sa capacité militaire toujours accrue. Un
gouvernement qui a obtenu l'extradition de Hongrie de Ramil Safarov,
l'assassin azéri emprisonné du Lieutenant Gurgen Margaryan, au moyen
de faux engagements, pour le couvrir d'honneurs et de cadeaux à son
retour comme un héros en Azerbaïdjan. Tel est le gouvernement qui a
engagé une guerre culturelle permanente par la destruction d'oeuvres
d'art séculaires, la plus infme étant la profanation et la
destruction totale du cimetière vieux d'un millénaire de Djoulfa dans
le Nakhitchevan avec ses irremplaçables khatchkars. Comment un
gouvernement qui prône la haine des Arméniens et de leur culture
peut-il croire que les Arméniens d'Artsakh, que ce soit par la
négociation ou par la menace d'une guerre, abandonnent leur liberté et
leur indépendance ? Comment les États-Unis, l'Union Européenne et
peut-être la Russie peuvent-ils accueillir l'idée que les Arméniens
d'Artsakh, après avoir autant sacrifié, seraient arrachés à leur
terre, même si l'Azerbaïdjan fou optait pour une solution militaire si
les négociations n'aboutissaient pas à la solution qu'il désire ?
Le succès en Artsakh représente notre première étape vers l'accession
à la justice qui nous est refusée depuis 100 ans.
Si le président Serge Sarkissian et le ministre des affaires
étrangères Nalbandian sont contraints par le protocole à ne pas
répondre avec vigueur aux transgressions constantes par l'Azerbaïdjan
le long de la ligne de contact ou aux tentatives continuelles du
président Aliyev d'embrouiller la question et de réviser l'histoire Ã
sa façon, purement et simplement, alors, des officiels pré-désignés
peuvent y répondre. Les partis politiques, ensemble et chacun pour son
compte, peuvent répondre comme il convient, tout comme peuvent se
permettre les dirigeants de notre diaspora à l'étranger. Une stratégie
offensive efficace est possible par la création d'un front uni pour
répondre à la constante production par l'Azerbaïdjan de désinformation
ou de fausses nouvelles. Les mises au point devraient ne provenir que
d'une source unique afin que sans tarder, un message précis et
pertinent soit émis. Le ton de toutes les réponses devrait être celui
d'un parti pris de paix, mais devrait refléter la ferme résolution des
Arméniens d'Artsakh à ne pas se laisser intimider par les menaces de
recours à la force. Tel est le message que les États-Unis et l'Union
Européenne doivent entendre. Il se pourrait que la Russie soit notre
alliée le cas échéant mais la Russie n'est pas notre maître. Bien que
les organisations de la diaspora poursuivent leur action vitale
tendant à améliorer la vie de nos frères et soeurs d'Artsakh et au
développement de son économie , qui bénéficiera à la fin de ces
travaux à la fin, si l'Artsakh nous est arraché une deuxième fois au
cours d'un même siècle ?
Remarquons qu'avec toute la pression mise par la Russie sur l'Ukraine,
son président nouvellement élu, Petro Poroshenko, a signé un agrément
avec l'Union Européenne. Bien que cette signature ne lui donnera rien
qui puisse équilibrer ses capacités militaires en face de celles des
insurgés pro Russie (probablement militaires russes ou anciens de
l'armée russe) et des forces russes de l'autre côté de la frontière,
l'accord a tout de même été passé.
Je reconnais qu'il m'est facile de dire que nous n'hésiterons pas Ã
défendre l'indépendance de l'Artsakh, mais regardons l'enjeu bien en
face : voulons nous être témoins de la transformation de l'Artsakh en
un autre Nakhitchevan, vidé de notre peuple et de nos oeuvres d'art ?
La perte de l'Artsakh serait un désastre politique et psychologique Ã
l'échelle d'un séisme. L'Arménie serait renvoyée au rang des fantômes
politiques. Oubliées les préoccupations pour la reconnaissance du
Génocide ; ou la restitution par la Turquie des biens de l'Église ; ou
tout accord significatif sur un programme d'indemnisation ; ou espérer
que les dirigeants de Géorgie amélioreront la qualité de vie des
Javarkhahayer. Si nous ne pouvons pas finir comme il convient le
travail en Artsakh, quels objectifs du Hay Tahd seront nous capables
d'atteindre ?
Au cours de ces deux décennies d'assauts continuels de désinformation
faits par Bakou, ni Erevan ni Stépanakert n'ont mené une quelconque
contre offensive. Il est temps pour Erevan de réfuter avec force la
charge constante d'agressions de Bakou. L'Arménie devrait étayer son
soutien envers les Arméniens d'Artsakh, entraînés dans une guerre pour
leur survie par le gouvernement d'Azerbaïdjan. Le pilonnage sans
distinction des zones peuplées par les civils par les Azéris auraient
continué sans relche sans l'intervention de l'Arménie. Les militaires
azéris n'avaient aucun scrupule à déverser des obus d'artillerie
depuis la forteresse de Chouchi dans la montagne, sur les civils sans
défense de la ville de Stépanakert en contrebas. Encore aujourd'hui,
les tireurs embusqués azéris abattent les villageois travaillant leur
terre dans la région au long de la frontière est de l'Artsakh, ou
faisant paître leur troupeau ou travaillant leur champ au nord est de
l'Arménie (région de Tavouch), qui partage une frontière commune avec
l'Azerbaïdjan. Tout cela se produit sans aucune répercussion pour
l'Azerbaïdjan. Erevan devrait développer un mémoire qui réduirait Ã
néant l'utilisation erronée faite par l'Azerbaïdjan du principe de
l'intégrité territoriale dans le contexte de la question de l'Artsakh.
Bien que le principe de Responsabilité de Protéger (R2P) se réfère Ã
un gouvernement protégeant une minorité ethnique de sa juridiction
contre les attaques, il ne devrait pas empêcher l'Arménie d'invoquer
le R2P pour protéger son peuple dans un pays étranger dont le
gouvernement a entrepris de tuer sans distinction des civils Arméniens
innocents. Des spécialistes expérimentés du droit peuvent étayer le
droit de l' Arménie d'être venue en aide des Arméniens de l'Artsakh
par référence à ce principe nouvellement élaboré ; ou le principe
d'Intervention (Militaire) Consensuelle ; ou le principe
d'Intervention Humanitaire. Nous ne devrions pas hésiter à interpréter
tous principes ou concepts qui renforcent notre position par rapport Ã
l'Azerbaïdjan. Il n'est pas temps d'attendre stoïquement qu'un miracle
se produise.
De la même façon, Stépanakert doit faire valoir que les Arméniens
d'Artsakh avait le droit à déclarer leur indépendance.
L'auto-détermination est un principe accepté du droit international.
Il faut insister sur le fait que même la constitution soviétique
prévoyait l'usage de ce droit ; ou même le recours à la sécession. Si
l'Artsakh avait le droit de déclarer son indépendance, il est par
suite normal qu'il soit partie aux négociations qui concernent ses
limites finales, un programme d'indemnisation, et le calendrier de sa
reconnaissance en tant qu' entité libre et indépendante. Le succès en
Artsakh représente notre première étape vers l'accession à la justice
qui nous est refusée depuis 100 ans. Il faut garder en l'esprit l'idée
prudente de Voltaire pour qui le mieux est l'ennemi du bien.
Traduction Gilbert Béguian pour Armenews
mardi 22 juillet 2014,
Jean Eckian (c)armenews.com
Une Solution à Somme Nulle à l'Avantage de l'Azerbaïdjan
Article Signé de Michael Mensoian
le 16 juillet 2014 dans Armenian Weekly
Les négociations en cours concernant le conflit du Haut-Karabagh
(Artsakh), comme on s'y réfère généralement, sont devenues un jeu Ã
somme nulle qui favorise l'Azerbaïdjan ; c'est un fait auquel
apparemment, nous n'attachons pas assez d'importance. Dès le début,
les Principes de Madrid qui avaient fixé les paramètres des
négociations, ont subi des distorsions contraires aux intérêts
arméniens et à la déclaration d'indépendance de l'Artsakh. Ces
principes, soutenus par les États-Unis et l'Union Européenne par
l'intermédiaire de leurs représentants au Groupe de Minsk, une
structure créée pour piloter les négociations, font une place
injustifiée aux protestations de l'Azerbaïdjan dont l'intégrité
territoriale aurait été violée par l'Arménie.
C'est dans une large mesure de notre faute. Nous avons vaincu
l'Azerbaïdjan parce que ce pays s'efforçait d'empêcher les Arméniens
d'Artsakh de mener à bien leur déclaration d'indépendance. Depuis
cette époque (1994), nous avons permis non seulement que l'Azerbaïdjan
impose sa définition du problème, mais aussi sa solution. Le président
Ilham Aliyev, sans relche, a décrit l'Arménie à toute occasion et
partout, comme le voisin agresseur cherchant à lui prendre son
territoire et à réunir son peuple à celui de ses compatriotes
d'Arménie. C'est ainsi que Bakou a pu invoquer l'interdiction de tels
actes contenue dans le Chapitre premier, article 2, paragraphe 4 de la
Charte des Nations-Unies, qui stipule que " Tous les membres
s'interdiront ...de... recourir à la force contre l'intégrité
territoriale...de l'un des autres états...incompatible avec les
Objectifs de Nations-Unies ". Si telle est la question (une telle
interdiction obligeant la seule Arménie et non l'Artsakh), cela permet
à l'Azerbaïdjan et au Groupe de Minsk d'ignorer la déclaration
d'indépendance de l'Artsakh et leur permet aussi de dénier à ses
représentants le droit de prendre part aux négociations. Notons que
dans tous les rapports publiés relatifs au processus des négociations,
il n'y a absolument aucune référence, d'une manière ou d'une autre, Ã
la possibilité d'un statut ultime de l'Artsakh comme entité libre et
indépendante.
À chaque fois que des dirigeants étrangers ou leurs représentants
évoquent leur point de vue sur la question du Haut-Karabagh, ils
insistent sur l'importance d'une solution négociée. Une telle solution
est naturellement préférable à une solution militaire. Mais c'est
cependant une solution pro-azérie - qui commence par le retour aux
frontières d'avant 1991 - ce qui satisfait à la demande de
l'Azerbaïdjan de rétablissement de son intégrité territoriale. Nos
forces militaires une fois retirées de l'Artsakh et les forces de
défense de l'Artsakh démobilisées, elles seront remplacées par une
quelconque force internationale de maintien de la paix inefficace. À
ce stade, Aliyev pourra déjà se déclarer vainqueur, étant parvenu Ã
reprendre possession des terres occupées. À partir de là , il n'y
aurait plus besoin de négociations parce qu'il ne resterait plus rien
de substantiel à négocier. Il y a malheureusement cette solution Ã
somme nulle qui nous attend : l'Azerbaïdjan récupère son territoire et
les Arméniens de l'Artsakh perdent leur indépendance. C'est une
solution à somme nulle sans aucune possibilité de compromis. Ne nous y
trompons pas, la liberté de l'Artsakh est absolument nécessaire au
développement économique et politique futur de l'Arménie.
Je reconnais qu'il m'est facile de dire que nous n'hésiterons pas Ã
défendre l'indépendance de l'Artsakh, mais regardons l'enjeu bien en
face : voulons nous être témoins de la transformation de l'Artsakh en
un autre Nakhitchevan, vidé de notre peuple et de nos oeuvres d'art ?
Le poids économique et politique de l'Arménie est malheureusement
limité. Sommes nous cependant à ce point privés d'esprit national et
de détermination pour protéger le futur de notre nation, que nous
restions assis sur nos fesses comme des mendiants attendant qu'on nous
dise ce qui est bon pour notre pays ? Honte à nous si nous n'avons
rien retenu des nombreuses leçons de notre passé, lorsque nous avons
remis notre cause dans les mains de gouvernements étrangers tels
l'Angleterre, la France, les États-Unis et même la Russie, pour
finalement être trahis par leur perfidie.
Cela dit, est-ce l'effet de la crainte de représailles russes ou de
notre timidité, ou sommes nous convaincus qu'il n'y a guère plus Ã
faire pour protéger nos intérêts nationaux ? Pourquoi nous sommes-nous
abstenus, à chaque fois que c'était possible, de présenter à la
communauté mondiale, la longue liste des raisons légitimes pour
lesquelles jamais aucun accord qui nie à l'Artsakh son indépendance
n'aura lieu ? À chaque fois (ce qui se produit souvent) que les
dirigeants azéris exhibent l'absence chez eux de la civilité politique
qui devrait régner entre nos deux nations (ce qui ne provoque
apparemment jamais aucune répercussion) , ou ignorent les normes
protocolaires internationales, Érevan, Stépanakert, les partis
politiques et les dirigeants des organisations de la diaspora,
devraient saisir cette occasion de remettre en question la
continuation des négociations avec un gouvernement qui dénie à ses
propres citoyens leurs droit humains fondamentaux. Un gouvernement Ã
qui il reste à mettre en place une forme de gouvernance démocratique
que Stépanakert a déjà mise en place depuis ses vingt ans
d'indépendance de fait. Un gouvernement responsable des pogroms non
provoqués de Soumgaït et de Bakou au cours desquels des Arméniens
innocents ont été sauvagement assassinés pour leurs seules origines
ethniques. Un gouvernement qui ne cesse de menacer de reprendre les
hostilités en se référant à sa capacité militaire toujours accrue. Un
gouvernement qui a obtenu l'extradition de Hongrie de Ramil Safarov,
l'assassin azéri emprisonné du Lieutenant Gurgen Margaryan, au moyen
de faux engagements, pour le couvrir d'honneurs et de cadeaux à son
retour comme un héros en Azerbaïdjan. Tel est le gouvernement qui a
engagé une guerre culturelle permanente par la destruction d'oeuvres
d'art séculaires, la plus infme étant la profanation et la
destruction totale du cimetière vieux d'un millénaire de Djoulfa dans
le Nakhitchevan avec ses irremplaçables khatchkars. Comment un
gouvernement qui prône la haine des Arméniens et de leur culture
peut-il croire que les Arméniens d'Artsakh, que ce soit par la
négociation ou par la menace d'une guerre, abandonnent leur liberté et
leur indépendance ? Comment les États-Unis, l'Union Européenne et
peut-être la Russie peuvent-ils accueillir l'idée que les Arméniens
d'Artsakh, après avoir autant sacrifié, seraient arrachés à leur
terre, même si l'Azerbaïdjan fou optait pour une solution militaire si
les négociations n'aboutissaient pas à la solution qu'il désire ?
Le succès en Artsakh représente notre première étape vers l'accession
à la justice qui nous est refusée depuis 100 ans.
Si le président Serge Sarkissian et le ministre des affaires
étrangères Nalbandian sont contraints par le protocole à ne pas
répondre avec vigueur aux transgressions constantes par l'Azerbaïdjan
le long de la ligne de contact ou aux tentatives continuelles du
président Aliyev d'embrouiller la question et de réviser l'histoire Ã
sa façon, purement et simplement, alors, des officiels pré-désignés
peuvent y répondre. Les partis politiques, ensemble et chacun pour son
compte, peuvent répondre comme il convient, tout comme peuvent se
permettre les dirigeants de notre diaspora à l'étranger. Une stratégie
offensive efficace est possible par la création d'un front uni pour
répondre à la constante production par l'Azerbaïdjan de désinformation
ou de fausses nouvelles. Les mises au point devraient ne provenir que
d'une source unique afin que sans tarder, un message précis et
pertinent soit émis. Le ton de toutes les réponses devrait être celui
d'un parti pris de paix, mais devrait refléter la ferme résolution des
Arméniens d'Artsakh à ne pas se laisser intimider par les menaces de
recours à la force. Tel est le message que les États-Unis et l'Union
Européenne doivent entendre. Il se pourrait que la Russie soit notre
alliée le cas échéant mais la Russie n'est pas notre maître. Bien que
les organisations de la diaspora poursuivent leur action vitale
tendant à améliorer la vie de nos frères et soeurs d'Artsakh et au
développement de son économie , qui bénéficiera à la fin de ces
travaux à la fin, si l'Artsakh nous est arraché une deuxième fois au
cours d'un même siècle ?
Remarquons qu'avec toute la pression mise par la Russie sur l'Ukraine,
son président nouvellement élu, Petro Poroshenko, a signé un agrément
avec l'Union Européenne. Bien que cette signature ne lui donnera rien
qui puisse équilibrer ses capacités militaires en face de celles des
insurgés pro Russie (probablement militaires russes ou anciens de
l'armée russe) et des forces russes de l'autre côté de la frontière,
l'accord a tout de même été passé.
Je reconnais qu'il m'est facile de dire que nous n'hésiterons pas Ã
défendre l'indépendance de l'Artsakh, mais regardons l'enjeu bien en
face : voulons nous être témoins de la transformation de l'Artsakh en
un autre Nakhitchevan, vidé de notre peuple et de nos oeuvres d'art ?
La perte de l'Artsakh serait un désastre politique et psychologique Ã
l'échelle d'un séisme. L'Arménie serait renvoyée au rang des fantômes
politiques. Oubliées les préoccupations pour la reconnaissance du
Génocide ; ou la restitution par la Turquie des biens de l'Église ; ou
tout accord significatif sur un programme d'indemnisation ; ou espérer
que les dirigeants de Géorgie amélioreront la qualité de vie des
Javarkhahayer. Si nous ne pouvons pas finir comme il convient le
travail en Artsakh, quels objectifs du Hay Tahd seront nous capables
d'atteindre ?
Au cours de ces deux décennies d'assauts continuels de désinformation
faits par Bakou, ni Erevan ni Stépanakert n'ont mené une quelconque
contre offensive. Il est temps pour Erevan de réfuter avec force la
charge constante d'agressions de Bakou. L'Arménie devrait étayer son
soutien envers les Arméniens d'Artsakh, entraînés dans une guerre pour
leur survie par le gouvernement d'Azerbaïdjan. Le pilonnage sans
distinction des zones peuplées par les civils par les Azéris auraient
continué sans relche sans l'intervention de l'Arménie. Les militaires
azéris n'avaient aucun scrupule à déverser des obus d'artillerie
depuis la forteresse de Chouchi dans la montagne, sur les civils sans
défense de la ville de Stépanakert en contrebas. Encore aujourd'hui,
les tireurs embusqués azéris abattent les villageois travaillant leur
terre dans la région au long de la frontière est de l'Artsakh, ou
faisant paître leur troupeau ou travaillant leur champ au nord est de
l'Arménie (région de Tavouch), qui partage une frontière commune avec
l'Azerbaïdjan. Tout cela se produit sans aucune répercussion pour
l'Azerbaïdjan. Erevan devrait développer un mémoire qui réduirait Ã
néant l'utilisation erronée faite par l'Azerbaïdjan du principe de
l'intégrité territoriale dans le contexte de la question de l'Artsakh.
Bien que le principe de Responsabilité de Protéger (R2P) se réfère Ã
un gouvernement protégeant une minorité ethnique de sa juridiction
contre les attaques, il ne devrait pas empêcher l'Arménie d'invoquer
le R2P pour protéger son peuple dans un pays étranger dont le
gouvernement a entrepris de tuer sans distinction des civils Arméniens
innocents. Des spécialistes expérimentés du droit peuvent étayer le
droit de l' Arménie d'être venue en aide des Arméniens de l'Artsakh
par référence à ce principe nouvellement élaboré ; ou le principe
d'Intervention (Militaire) Consensuelle ; ou le principe
d'Intervention Humanitaire. Nous ne devrions pas hésiter à interpréter
tous principes ou concepts qui renforcent notre position par rapport Ã
l'Azerbaïdjan. Il n'est pas temps d'attendre stoïquement qu'un miracle
se produise.
De la même façon, Stépanakert doit faire valoir que les Arméniens
d'Artsakh avait le droit à déclarer leur indépendance.
L'auto-détermination est un principe accepté du droit international.
Il faut insister sur le fait que même la constitution soviétique
prévoyait l'usage de ce droit ; ou même le recours à la sécession. Si
l'Artsakh avait le droit de déclarer son indépendance, il est par
suite normal qu'il soit partie aux négociations qui concernent ses
limites finales, un programme d'indemnisation, et le calendrier de sa
reconnaissance en tant qu' entité libre et indépendante. Le succès en
Artsakh représente notre première étape vers l'accession à la justice
qui nous est refusée depuis 100 ans. Il faut garder en l'esprit l'idée
prudente de Voltaire pour qui le mieux est l'ennemi du bien.
Traduction Gilbert Béguian pour Armenews
mardi 22 juillet 2014,
Jean Eckian (c)armenews.com