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Une Solution à Somme Nulle à l'Avantage de l'Azerbaïdjan

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    Artsakh
    Une Solution à Somme Nulle à l'Avantage de l'Azerbaïdjan


    Article Signé de Michael Mensoian

    le 16 juillet 2014 dans Armenian Weekly

    Les négociations en cours concernant le conflit du Haut-Karabagh
    (Artsakh), comme on s'y réfère généralement, sont devenues un jeu à
    somme nulle qui favorise l'Azerbaïdjan ; c'est un fait auquel
    apparemment, nous n'attachons pas assez d'importance. Dès le début,
    les Principes de Madrid qui avaient fixé les paramètres des
    négociations, ont subi des distorsions contraires aux intérêts
    arméniens et à la déclaration d'indépendance de l'Artsakh. Ces
    principes, soutenus par les États-Unis et l'Union Européenne par
    l'intermédiaire de leurs représentants au Groupe de Minsk, une
    structure créée pour piloter les négociations, font une place
    injustifiée aux protestations de l'Azerbaïdjan dont l'intégrité
    territoriale aurait été violée par l'Arménie.

    C'est dans une large mesure de notre faute. Nous avons vaincu
    l'Azerbaïdjan parce que ce pays s'efforçait d'empêcher les Arméniens
    d'Artsakh de mener à bien leur déclaration d'indépendance. Depuis
    cette époque (1994), nous avons permis non seulement que l'Azerbaïdjan
    impose sa définition du problème, mais aussi sa solution. Le président
    Ilham Aliyev, sans relche, a décrit l'Arménie à toute occasion et
    partout, comme le voisin agresseur cherchant à lui prendre son
    territoire et à réunir son peuple à celui de ses compatriotes
    d'Arménie. C'est ainsi que Bakou a pu invoquer l'interdiction de tels
    actes contenue dans le Chapitre premier, article 2, paragraphe 4 de la
    Charte des Nations-Unies, qui stipule que " Tous les membres
    s'interdiront ...de... recourir à la force contre l'intégrité
    territoriale...de l'un des autres états...incompatible avec les
    Objectifs de Nations-Unies ". Si telle est la question (une telle
    interdiction obligeant la seule Arménie et non l'Artsakh), cela permet
    à l'Azerbaïdjan et au Groupe de Minsk d'ignorer la déclaration
    d'indépendance de l'Artsakh et leur permet aussi de dénier à ses
    représentants le droit de prendre part aux négociations. Notons que
    dans tous les rapports publiés relatifs au processus des négociations,
    il n'y a absolument aucune référence, d'une manière ou d'une autre, à
    la possibilité d'un statut ultime de l'Artsakh comme entité libre et
    indépendante.

    À chaque fois que des dirigeants étrangers ou leurs représentants
    évoquent leur point de vue sur la question du Haut-Karabagh, ils
    insistent sur l'importance d'une solution négociée. Une telle solution
    est naturellement préférable à une solution militaire. Mais c'est
    cependant une solution pro-azérie - qui commence par le retour aux
    frontières d'avant 1991 - ce qui satisfait à la demande de
    l'Azerbaïdjan de rétablissement de son intégrité territoriale. Nos
    forces militaires une fois retirées de l'Artsakh et les forces de
    défense de l'Artsakh démobilisées, elles seront remplacées par une
    quelconque force internationale de maintien de la paix inefficace. À
    ce stade, Aliyev pourra déjà se déclarer vainqueur, étant parvenu à
    reprendre possession des terres occupées. À partir de là, il n'y
    aurait plus besoin de négociations parce qu'il ne resterait plus rien
    de substantiel à négocier. Il y a malheureusement cette solution à
    somme nulle qui nous attend : l'Azerbaïdjan récupère son territoire et
    les Arméniens de l'Artsakh perdent leur indépendance. C'est une
    solution à somme nulle sans aucune possibilité de compromis. Ne nous y
    trompons pas, la liberté de l'Artsakh est absolument nécessaire au
    développement économique et politique futur de l'Arménie.

    Je reconnais qu'il m'est facile de dire que nous n'hésiterons pas à
    défendre l'indépendance de l'Artsakh, mais regardons l'enjeu bien en
    face : voulons nous être témoins de la transformation de l'Artsakh en
    un autre Nakhitchevan, vidé de notre peuple et de nos oeuvres d'art ?

    Le poids économique et politique de l'Arménie est malheureusement
    limité. Sommes nous cependant à ce point privés d'esprit national et
    de détermination pour protéger le futur de notre nation, que nous
    restions assis sur nos fesses comme des mendiants attendant qu'on nous
    dise ce qui est bon pour notre pays ? Honte à nous si nous n'avons
    rien retenu des nombreuses leçons de notre passé, lorsque nous avons
    remis notre cause dans les mains de gouvernements étrangers tels
    l'Angleterre, la France, les États-Unis et même la Russie, pour
    finalement être trahis par leur perfidie.

    Cela dit, est-ce l'effet de la crainte de représailles russes ou de
    notre timidité, ou sommes nous convaincus qu'il n'y a guère plus à
    faire pour protéger nos intérêts nationaux ? Pourquoi nous sommes-nous
    abstenus, à chaque fois que c'était possible, de présenter à la
    communauté mondiale, la longue liste des raisons légitimes pour
    lesquelles jamais aucun accord qui nie à l'Artsakh son indépendance
    n'aura lieu ? À chaque fois (ce qui se produit souvent) que les
    dirigeants azéris exhibent l'absence chez eux de la civilité politique
    qui devrait régner entre nos deux nations (ce qui ne provoque
    apparemment jamais aucune répercussion) , ou ignorent les normes
    protocolaires internationales, Érevan, Stépanakert, les partis
    politiques et les dirigeants des organisations de la diaspora,
    devraient saisir cette occasion de remettre en question la
    continuation des négociations avec un gouvernement qui dénie à ses
    propres citoyens leurs droit humains fondamentaux. Un gouvernement à
    qui il reste à mettre en place une forme de gouvernance démocratique
    que Stépanakert a déjà mise en place depuis ses vingt ans
    d'indépendance de fait. Un gouvernement responsable des pogroms non
    provoqués de Soumgaït et de Bakou au cours desquels des Arméniens
    innocents ont été sauvagement assassinés pour leurs seules origines
    ethniques. Un gouvernement qui ne cesse de menacer de reprendre les
    hostilités en se référant à sa capacité militaire toujours accrue. Un
    gouvernement qui a obtenu l'extradition de Hongrie de Ramil Safarov,
    l'assassin azéri emprisonné du Lieutenant Gurgen Margaryan, au moyen
    de faux engagements, pour le couvrir d'honneurs et de cadeaux à son
    retour comme un héros en Azerbaïdjan. Tel est le gouvernement qui a
    engagé une guerre culturelle permanente par la destruction d'oeuvres
    d'art séculaires, la plus infme étant la profanation et la
    destruction totale du cimetière vieux d'un millénaire de Djoulfa dans
    le Nakhitchevan avec ses irremplaçables khatchkars. Comment un
    gouvernement qui prône la haine des Arméniens et de leur culture
    peut-il croire que les Arméniens d'Artsakh, que ce soit par la
    négociation ou par la menace d'une guerre, abandonnent leur liberté et
    leur indépendance ? Comment les États-Unis, l'Union Européenne et
    peut-être la Russie peuvent-ils accueillir l'idée que les Arméniens
    d'Artsakh, après avoir autant sacrifié, seraient arrachés à leur
    terre, même si l'Azerbaïdjan fou optait pour une solution militaire si
    les négociations n'aboutissaient pas à la solution qu'il désire ?

    Le succès en Artsakh représente notre première étape vers l'accession
    à la justice qui nous est refusée depuis 100 ans.

    Si le président Serge Sarkissian et le ministre des affaires
    étrangères Nalbandian sont contraints par le protocole à ne pas
    répondre avec vigueur aux transgressions constantes par l'Azerbaïdjan
    le long de la ligne de contact ou aux tentatives continuelles du
    président Aliyev d'embrouiller la question et de réviser l'histoire à
    sa façon, purement et simplement, alors, des officiels pré-désignés
    peuvent y répondre. Les partis politiques, ensemble et chacun pour son
    compte, peuvent répondre comme il convient, tout comme peuvent se
    permettre les dirigeants de notre diaspora à l'étranger. Une stratégie
    offensive efficace est possible par la création d'un front uni pour
    répondre à la constante production par l'Azerbaïdjan de désinformation
    ou de fausses nouvelles. Les mises au point devraient ne provenir que
    d'une source unique afin que sans tarder, un message précis et
    pertinent soit émis. Le ton de toutes les réponses devrait être celui
    d'un parti pris de paix, mais devrait refléter la ferme résolution des
    Arméniens d'Artsakh à ne pas se laisser intimider par les menaces de
    recours à la force. Tel est le message que les États-Unis et l'Union
    Européenne doivent entendre. Il se pourrait que la Russie soit notre
    alliée le cas échéant mais la Russie n'est pas notre maître. Bien que
    les organisations de la diaspora poursuivent leur action vitale
    tendant à améliorer la vie de nos frères et soeurs d'Artsakh et au
    développement de son économie , qui bénéficiera à la fin de ces
    travaux à la fin, si l'Artsakh nous est arraché une deuxième fois au
    cours d'un même siècle ?

    Remarquons qu'avec toute la pression mise par la Russie sur l'Ukraine,
    son président nouvellement élu, Petro Poroshenko, a signé un agrément
    avec l'Union Européenne. Bien que cette signature ne lui donnera rien
    qui puisse équilibrer ses capacités militaires en face de celles des
    insurgés pro Russie (probablement militaires russes ou anciens de
    l'armée russe) et des forces russes de l'autre côté de la frontière,
    l'accord a tout de même été passé.

    Je reconnais qu'il m'est facile de dire que nous n'hésiterons pas à
    défendre l'indépendance de l'Artsakh, mais regardons l'enjeu bien en
    face : voulons nous être témoins de la transformation de l'Artsakh en
    un autre Nakhitchevan, vidé de notre peuple et de nos oeuvres d'art ?
    La perte de l'Artsakh serait un désastre politique et psychologique à
    l'échelle d'un séisme. L'Arménie serait renvoyée au rang des fantômes
    politiques. Oubliées les préoccupations pour la reconnaissance du
    Génocide ; ou la restitution par la Turquie des biens de l'Église ; ou
    tout accord significatif sur un programme d'indemnisation ; ou espérer
    que les dirigeants de Géorgie amélioreront la qualité de vie des
    Javarkhahayer. Si nous ne pouvons pas finir comme il convient le
    travail en Artsakh, quels objectifs du Hay Tahd seront nous capables
    d'atteindre ?

    Au cours de ces deux décennies d'assauts continuels de désinformation
    faits par Bakou, ni Erevan ni Stépanakert n'ont mené une quelconque
    contre offensive. Il est temps pour Erevan de réfuter avec force la
    charge constante d'agressions de Bakou. L'Arménie devrait étayer son
    soutien envers les Arméniens d'Artsakh, entraînés dans une guerre pour
    leur survie par le gouvernement d'Azerbaïdjan. Le pilonnage sans
    distinction des zones peuplées par les civils par les Azéris auraient
    continué sans relche sans l'intervention de l'Arménie. Les militaires
    azéris n'avaient aucun scrupule à déverser des obus d'artillerie
    depuis la forteresse de Chouchi dans la montagne, sur les civils sans
    défense de la ville de Stépanakert en contrebas. Encore aujourd'hui,
    les tireurs embusqués azéris abattent les villageois travaillant leur
    terre dans la région au long de la frontière est de l'Artsakh, ou
    faisant paître leur troupeau ou travaillant leur champ au nord est de
    l'Arménie (région de Tavouch), qui partage une frontière commune avec
    l'Azerbaïdjan. Tout cela se produit sans aucune répercussion pour
    l'Azerbaïdjan. Erevan devrait développer un mémoire qui réduirait à
    néant l'utilisation erronée faite par l'Azerbaïdjan du principe de
    l'intégrité territoriale dans le contexte de la question de l'Artsakh.
    Bien que le principe de Responsabilité de Protéger (R2P) se réfère à
    un gouvernement protégeant une minorité ethnique de sa juridiction
    contre les attaques, il ne devrait pas empêcher l'Arménie d'invoquer
    le R2P pour protéger son peuple dans un pays étranger dont le
    gouvernement a entrepris de tuer sans distinction des civils Arméniens
    innocents. Des spécialistes expérimentés du droit peuvent étayer le
    droit de l' Arménie d'être venue en aide des Arméniens de l'Artsakh
    par référence à ce principe nouvellement élaboré ; ou le principe
    d'Intervention (Militaire) Consensuelle ; ou le principe
    d'Intervention Humanitaire. Nous ne devrions pas hésiter à interpréter
    tous principes ou concepts qui renforcent notre position par rapport à
    l'Azerbaïdjan. Il n'est pas temps d'attendre stoïquement qu'un miracle
    se produise.

    De la même façon, Stépanakert doit faire valoir que les Arméniens
    d'Artsakh avait le droit à déclarer leur indépendance.
    L'auto-détermination est un principe accepté du droit international.
    Il faut insister sur le fait que même la constitution soviétique
    prévoyait l'usage de ce droit ; ou même le recours à la sécession. Si
    l'Artsakh avait le droit de déclarer son indépendance, il est par
    suite normal qu'il soit partie aux négociations qui concernent ses
    limites finales, un programme d'indemnisation, et le calendrier de sa
    reconnaissance en tant qu' entité libre et indépendante. Le succès en
    Artsakh représente notre première étape vers l'accession à la justice
    qui nous est refusée depuis 100 ans. Il faut garder en l'esprit l'idée
    prudente de Voltaire pour qui le mieux est l'ennemi du bien.

    Traduction Gilbert Béguian pour Armenews

    mardi 22 juillet 2014,
    Jean Eckian (c)armenews.com

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