Charlie Hebdo (Satire), France
23 juillet 2014
Andranik a disparu
23 Jul 2014
Nariné et Andranik Margaryan arrivent en France en mai 2013 avec leurs
deux enfants de 9 et 10 ans et déposent une demande d'asile. Mais
l'Arménie, malgré la foultitude de rapports d'ONG décrivant une
situation épouvantable, tant sur le plan du respect des droits de
l'homme que de la corruption, qui règne à tous les échelons de
l'administration et du pouvoir, est considérée comme un pays sûr par
l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), qui
déboute la famille de sa demande.
Un troisième enfant naît, aujourd'hui gé de 4 mois. Fin avril 2014,
la famille est assignée à résidence pour deux périodes de
quarante-cinq jours. Début juin, Andranik, le père, refuse de signer
des documents permettant à la préfecture d'Ille-et-Vilaine d'obtenir
un laissez-passer consulaire aux fins d'expulsion. Il est alors placé
en rétention à Rennes, mais libéré par le tribunal administratif.
Convoqué vendredi 4 juillet à la gendarmerie de
Saint-Pierre-de-Plesguen (35), où vit la famille, il est à nouveau
arrêté et envoyé derrière les grillages du centre de rétention de
Rennes. Les services du préfet font alors preuve d'une incroyable
célérité : pas question qu'Andranik soit présenté une seconde fois
devant un juge administratif qui risquerait de désavouer encore le
préfet et de libérer le jeune père ! Aussi, dès le lundi 7 juillet, il
est conduit, sans argent ni papiers d'identité, à l'aéroport du
Bourget en compagnie d'un compatriote, lui aussi expulsable. Une
militante témoigne : > La preuve par l'absurde de
la stupidité insondable d'une politique (?) d'immigration qui brise
les vies et les familles. La preuve de l'embarras -- ou du cynisme -- de
ceux chargés de la mettre en oeuvre !
Un charter privé, spécialement affrété pour l'occasion, fait escale à
Lyon pour embarquer d'autres Arméniens, puis débarque tout le monde à
Erevan.
Andranik laisse ici une femme seule et trois enfants, dont un nouveau-né...
Le 9 juillet -- soit deux jours plus tard, mais trop tard --, le
tribunal administratif de Rennes condamne effectivement la préfecture
d'Ille-et-Vilaine pour cette expulsion illégale -- puisque
l'administration n'a pas attendu le passage devant le tribunal
administratif pour accomplir sa sale besogne -- et annule le placement
en centre de rétention !
Il faut donc réussir à faire revenir Andranik en Bretagne, auprès de
sa famille, comme le proposait le flic de l'escorte, sauf que...
Depuis le 7 juillet, pas plus Nariné que le comité de soutien qui
tente de protéger la famille n'ont de nouvelles. Andranik a disparu
immédiatement après son retour forcé en Arménie, où il risque sa vie.
Personne ne sait ce qu'il est devenu ! À Saint-Pierre-de-Plesguen, une
épouse et trois enfants se demandent s'ils reverront un jour leur mari
et père...
RESF
http://www.charliehebdo.fr/news/expulse-1241.html
23 juillet 2014
Andranik a disparu
23 Jul 2014
Nariné et Andranik Margaryan arrivent en France en mai 2013 avec leurs
deux enfants de 9 et 10 ans et déposent une demande d'asile. Mais
l'Arménie, malgré la foultitude de rapports d'ONG décrivant une
situation épouvantable, tant sur le plan du respect des droits de
l'homme que de la corruption, qui règne à tous les échelons de
l'administration et du pouvoir, est considérée comme un pays sûr par
l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), qui
déboute la famille de sa demande.
Un troisième enfant naît, aujourd'hui gé de 4 mois. Fin avril 2014,
la famille est assignée à résidence pour deux périodes de
quarante-cinq jours. Début juin, Andranik, le père, refuse de signer
des documents permettant à la préfecture d'Ille-et-Vilaine d'obtenir
un laissez-passer consulaire aux fins d'expulsion. Il est alors placé
en rétention à Rennes, mais libéré par le tribunal administratif.
Convoqué vendredi 4 juillet à la gendarmerie de
Saint-Pierre-de-Plesguen (35), où vit la famille, il est à nouveau
arrêté et envoyé derrière les grillages du centre de rétention de
Rennes. Les services du préfet font alors preuve d'une incroyable
célérité : pas question qu'Andranik soit présenté une seconde fois
devant un juge administratif qui risquerait de désavouer encore le
préfet et de libérer le jeune père ! Aussi, dès le lundi 7 juillet, il
est conduit, sans argent ni papiers d'identité, à l'aéroport du
Bourget en compagnie d'un compatriote, lui aussi expulsable. Une
militante témoigne : > La preuve par l'absurde de
la stupidité insondable d'une politique (?) d'immigration qui brise
les vies et les familles. La preuve de l'embarras -- ou du cynisme -- de
ceux chargés de la mettre en oeuvre !
Un charter privé, spécialement affrété pour l'occasion, fait escale à
Lyon pour embarquer d'autres Arméniens, puis débarque tout le monde à
Erevan.
Andranik laisse ici une femme seule et trois enfants, dont un nouveau-né...
Le 9 juillet -- soit deux jours plus tard, mais trop tard --, le
tribunal administratif de Rennes condamne effectivement la préfecture
d'Ille-et-Vilaine pour cette expulsion illégale -- puisque
l'administration n'a pas attendu le passage devant le tribunal
administratif pour accomplir sa sale besogne -- et annule le placement
en centre de rétention !
Il faut donc réussir à faire revenir Andranik en Bretagne, auprès de
sa famille, comme le proposait le flic de l'escorte, sauf que...
Depuis le 7 juillet, pas plus Nariné que le comité de soutien qui
tente de protéger la famille n'ont de nouvelles. Andranik a disparu
immédiatement après son retour forcé en Arménie, où il risque sa vie.
Personne ne sait ce qu'il est devenu ! À Saint-Pierre-de-Plesguen, une
épouse et trois enfants se demandent s'ils reverront un jour leur mari
et père...
RESF
http://www.charliehebdo.fr/news/expulse-1241.html