Agence France Presse
2 juin 2014 lundi 4:15 AM GMT
Les khans historiques de Bucarest renaissent de leurs cendres
Bucarest 2 juin 2014
Jadis passages obligés pour les marchands descendant à Bucarest, les
khans aux allures orientales du centre historique de la capitale
roumaine reprennent vie après des décennies d'abandon, grce à
d'ambitieux projets de rénovation.
Semblables aux caravansérails disséminés à travers l'Empire ottoman et
au-delà, les khans de Bucarest ont fleuri aux XVIIIème et XIXème
siècles dans cette ville charnière entre l'Orient et l'Occident,
accueillant des voyageurs venus des provinces roumaines mais aussi de
Serbie, de Bulgarie ou encore d'Allemagne.
Lieu d'échanges, les khans ont contribué au développement de la ville
car "les marchands étrangers ou roumains qui revenaient de leurs
voyages ont importé des idées architecturales modernes, s'attachant à
particulariser notamment les façades", explique à l'AFP l'historienne
de l'art Cezara Mucenic.
Ces constructions fortifiées, comportant des enclos pour les chevaux
et les bêtes de somme, des magasins au rez-de-chaussée et des chambres
au premier étage, se sont petit à petit transformées en hôtels plus
confortables.
- Incurie des autorités -
Demeurés des repères de la ville, les khans ont cependant dû affronter
pendant des décennies l'incurie des autorités et ont échappé de
justesse à la folie destructrice de l'ancien dictateur communiste
Nicolae Ceausescu.
C'est le cas de Hanul lui Manuc, le plus beau khan de Roumanie selon
les experts.
Erigé au centre de Bucarest en 1808 par Manuc Bey, un haut dignitaire
ottoman d'origine arménienne, Hanul lui Manuc a failli être rasé sur
ordre de Ceausescu, lors des travaux pour la construction du
gigantesque Palais du peuple, qui ont abouti dans les années 1980 à la
démolition de l'un des plus beaux quartiers résidentiels de la
capitale.
"L'architecte-en-chef de Bucarest de l'époque a eu l'inspiration de
dire à Ceausescu que le khan avait accueilli les premières réunions
des ouvriers communistes en 1920 et il a été épargné", se félicite son
propriétaire actuel Serban Cantacuzino, descendant d'une grande
famille princière roumaine, qui a récupéré le btiment de ses ancêtres
en justice après la chute du régime communiste.
M. Cantacuzino s'est investi avec passion pour redonner sa beauté
d'antan à ce joyau architectural.
"Quand j'ai lancé le chantier je pensais qu'une couche de peinture,
six mois de travaux tout au plus, suffiraient pour pouvoir rouvrir le
btiment au public", raconte-t-il à l'AFP.
Sept ans et près de 2 millions d'euros plus tard, la rénovation n'est
toujours pas achevée même si plusieurs restaurants et la cour
intérieure ont été rouverts, attirant des milliers de touristes par
jour.
"C'est un endroit unique, avec beaucoup d'éléments très intéressants
comme ces balcons ou cette allée" constituée de pavés en bois,
s'émerveille Dimitrios Rutis, un ingénieur grec de 27 ans venu avec
des amis prendre des photos.
A quelques centaines de mètres de là, un passage marchand rénové,
Hanul cu Tei, abrite aujourd'hui cafés et magasins d'art.
- Retrouver sa grandeur d'antan -
Et un autre khan, le Hanul Gabroveni, qui doit son nom aux nombreux
marchands originaires de la ville bulgare de Gabrovo qui y
descendaient, reprend lui aussi des couleurs.
Il était sur le point de s'effondrer lorsque la mairie de Bucarest et
le ministère de la Culture ont décidé d'une intervention d'urgence
pour le sauver.
"En entrant ici, en 2012, nous avons trouvé une énorme quantité de
détritus et de gravats. Les murs étaient très dégradés, plusieurs
voûtes ont dû être entièrement refaites", indique à l'AFP l'un des
architectes en charge du projet, Mihai Antoniu.
Passage entre deux rues marchandes, Hanul Gabroveni avait été érigé au
début du XIXème siècle et reconstruit après le "grand feu" qui a
ravagé Bucarest en 1847.
Durant des années, ce khan fut comme un "malade abandonné sur la table
d'opération", souligne Mme Mucenic en rappelant que Ceausescu fit
fermer les chantiers de restauration pour se concentrer sur la
construction du nouveau centre administratif de Bucarest.
Aujourd'hui, sa réhabilitation, qui s'accompagne de la création d'un
Centre culturel européen dans un btiment contigu, a bénéficié de sept
millions d'euros, dont 2,5 millions de fonds européens et de dons du
gouvernement norvégien.
"Il s'agit d'un projet pionnier, d'une très grande complexité, qui a
visé la création d'une nouvelle structure d'appui", même si
l'inclinaison des murs, de 30 cm par rapport à la verticale, a été
gardée, précise M. Antoniu.
Dans quelques mois, les monumentales portes en bois sculpté --des
copies de celles d'origine perdues à jamais-- seront rouvertes.
Les touristes pourront alors découvrir les magasins qui proposaient
des marchandises importées de Leipzig ou d'Istanbul ainsi que les
caves qui jadis abritaient tonneaux de vin et victuailles diverses.
"Hanul Gabroveni deviendra sans doute un symbole de la renaissance du
centre historique de la ville", souligne M. Antoniu. Pour ce jeune
architecte, la rénovation des khans permettra à Bucarest de retrouver
"sa grandeur d'antan".
2 juin 2014 lundi 4:15 AM GMT
Les khans historiques de Bucarest renaissent de leurs cendres
Bucarest 2 juin 2014
Jadis passages obligés pour les marchands descendant à Bucarest, les
khans aux allures orientales du centre historique de la capitale
roumaine reprennent vie après des décennies d'abandon, grce à
d'ambitieux projets de rénovation.
Semblables aux caravansérails disséminés à travers l'Empire ottoman et
au-delà, les khans de Bucarest ont fleuri aux XVIIIème et XIXème
siècles dans cette ville charnière entre l'Orient et l'Occident,
accueillant des voyageurs venus des provinces roumaines mais aussi de
Serbie, de Bulgarie ou encore d'Allemagne.
Lieu d'échanges, les khans ont contribué au développement de la ville
car "les marchands étrangers ou roumains qui revenaient de leurs
voyages ont importé des idées architecturales modernes, s'attachant à
particulariser notamment les façades", explique à l'AFP l'historienne
de l'art Cezara Mucenic.
Ces constructions fortifiées, comportant des enclos pour les chevaux
et les bêtes de somme, des magasins au rez-de-chaussée et des chambres
au premier étage, se sont petit à petit transformées en hôtels plus
confortables.
- Incurie des autorités -
Demeurés des repères de la ville, les khans ont cependant dû affronter
pendant des décennies l'incurie des autorités et ont échappé de
justesse à la folie destructrice de l'ancien dictateur communiste
Nicolae Ceausescu.
C'est le cas de Hanul lui Manuc, le plus beau khan de Roumanie selon
les experts.
Erigé au centre de Bucarest en 1808 par Manuc Bey, un haut dignitaire
ottoman d'origine arménienne, Hanul lui Manuc a failli être rasé sur
ordre de Ceausescu, lors des travaux pour la construction du
gigantesque Palais du peuple, qui ont abouti dans les années 1980 à la
démolition de l'un des plus beaux quartiers résidentiels de la
capitale.
"L'architecte-en-chef de Bucarest de l'époque a eu l'inspiration de
dire à Ceausescu que le khan avait accueilli les premières réunions
des ouvriers communistes en 1920 et il a été épargné", se félicite son
propriétaire actuel Serban Cantacuzino, descendant d'une grande
famille princière roumaine, qui a récupéré le btiment de ses ancêtres
en justice après la chute du régime communiste.
M. Cantacuzino s'est investi avec passion pour redonner sa beauté
d'antan à ce joyau architectural.
"Quand j'ai lancé le chantier je pensais qu'une couche de peinture,
six mois de travaux tout au plus, suffiraient pour pouvoir rouvrir le
btiment au public", raconte-t-il à l'AFP.
Sept ans et près de 2 millions d'euros plus tard, la rénovation n'est
toujours pas achevée même si plusieurs restaurants et la cour
intérieure ont été rouverts, attirant des milliers de touristes par
jour.
"C'est un endroit unique, avec beaucoup d'éléments très intéressants
comme ces balcons ou cette allée" constituée de pavés en bois,
s'émerveille Dimitrios Rutis, un ingénieur grec de 27 ans venu avec
des amis prendre des photos.
A quelques centaines de mètres de là, un passage marchand rénové,
Hanul cu Tei, abrite aujourd'hui cafés et magasins d'art.
- Retrouver sa grandeur d'antan -
Et un autre khan, le Hanul Gabroveni, qui doit son nom aux nombreux
marchands originaires de la ville bulgare de Gabrovo qui y
descendaient, reprend lui aussi des couleurs.
Il était sur le point de s'effondrer lorsque la mairie de Bucarest et
le ministère de la Culture ont décidé d'une intervention d'urgence
pour le sauver.
"En entrant ici, en 2012, nous avons trouvé une énorme quantité de
détritus et de gravats. Les murs étaient très dégradés, plusieurs
voûtes ont dû être entièrement refaites", indique à l'AFP l'un des
architectes en charge du projet, Mihai Antoniu.
Passage entre deux rues marchandes, Hanul Gabroveni avait été érigé au
début du XIXème siècle et reconstruit après le "grand feu" qui a
ravagé Bucarest en 1847.
Durant des années, ce khan fut comme un "malade abandonné sur la table
d'opération", souligne Mme Mucenic en rappelant que Ceausescu fit
fermer les chantiers de restauration pour se concentrer sur la
construction du nouveau centre administratif de Bucarest.
Aujourd'hui, sa réhabilitation, qui s'accompagne de la création d'un
Centre culturel européen dans un btiment contigu, a bénéficié de sept
millions d'euros, dont 2,5 millions de fonds européens et de dons du
gouvernement norvégien.
"Il s'agit d'un projet pionnier, d'une très grande complexité, qui a
visé la création d'une nouvelle structure d'appui", même si
l'inclinaison des murs, de 30 cm par rapport à la verticale, a été
gardée, précise M. Antoniu.
Dans quelques mois, les monumentales portes en bois sculpté --des
copies de celles d'origine perdues à jamais-- seront rouvertes.
Les touristes pourront alors découvrir les magasins qui proposaient
des marchandises importées de Leipzig ou d'Istanbul ainsi que les
caves qui jadis abritaient tonneaux de vin et victuailles diverses.
"Hanul Gabroveni deviendra sans doute un symbole de la renaissance du
centre historique de la ville", souligne M. Antoniu. Pour ce jeune
architecte, la rénovation des khans permettra à Bucarest de retrouver
"sa grandeur d'antan".